00:00Sud Radio, c'est bon à savoir, en un an, la France a perdu quelques 1800 distributeurs automatiques de billets.
00:09Mais la tendance va-t-elle s'inverser ?
00:12En tout cas, depuis plusieurs mois, des banques mettent en commun des distributeurs de billets pour ne pas déserter les zones rurales.
00:18Bonjour Nathalie Janson.
00:20Oui, bonjour.
00:21Et merci d'être avec nous sur Sud Radio ce matin.
00:24Vous êtes économiste, spécialiste de la banque libre et de la régulation bancaire.
00:28Alors, expliquez-nous, pour qu'on comprenne bien, comment elle fonctionne, cette mutualisation des distributeurs de billets ?
00:35Eh bien, en fait, le phénomène est assez français, parce qu'en France, on a une tradition.
00:42En fait, ce sont les banques qui ont eu le privilège exclusif de gérer les distributeurs de billets.
00:50Ce qui n'est pas du tout un modèle qui est courant à l'étranger.
00:54Et ça vient, en fait, de l'idée que finalement, c'est distribué des billets, c'est un peu un service public.
01:00Et donc, il doit être gratuit.
01:02Donc, en raison de cette situation, ça veut dire qu'en fait, les clients, en général, n'ont pas eu l'habitude de payer pour retirer l'argent.
01:10Alors, même si on l'a quand même, parce qu'on sait bien qu'aujourd'hui, votre banque, elle vous dit qu'il vaut mieux retirer dans son réseau qu'au réseau extérieur.
01:19Bon, ça, c'est assez récent par rapport à l'histoire des guichets, enfin des retraits.
01:24Et donc, aujourd'hui, où il y a moins de retraits de billets, les distributeurs, en fait, coûtent cher à maintenir.
01:33Et la question se pose de comment concilier à la fois la rentabilité d'un distributeur de billets et le fait qu'il y a des endroits où, en fait, on n'a pas assez de retraits pour qu'en fait, on ait cette rentabilité.
01:48Et c'est donc dans les communes, en général, où il n'y a pas beaucoup d'habitants, que se pose cette question.
01:54Donc, c'est la réponse qu'ont trouvées, effectivement, les banques.
01:58C'était de se dire, plutôt que d'avoir des distributeurs de chacune des banques, des grands noms des banques françaises dans une commune où, en fait, elles n'arrivent pas à le maintenir en termes de rentabilité,
02:10eh bien, il vaut mieux, en fait, mutualiser pour, donc, c'est une initiative qui s'appelle Cash Services et, en fait, c'est l'idée d'avoir...
02:18Qui rassemble notamment la Société Générale, BNP Paribas et Crédit Mutuel Alliance Fédérale, voilà.
02:23Tout à fait. Et c'est, en fait, un moyen, effectivement, de concilier à la fois, avoir quand même, pour les habitants, avoir quand même des points de retrait d'argent liquide, mais en maintenant une rentabilité.
02:37– Ça veut dire qu'en gros, l'idée, là, c'est de maintenir des distributeurs de billets déjà existants ou on va en créer de nouveaux ?
02:47– A priori, c'est plutôt d'en avoir... Parce que souvent, ça arrive dans des communes où il y en a vraiment déjà plus. Donc, non, c'est plutôt d'en installer des nouveaux.
02:58Et là, il y a eu, effectivement, ces initiatives. Alors, il n'y a pas que celles-là. Il y a des communes qui, elles, essayent de voir si elles peuvent subventionner pour, en fait, avoir des dabs.
03:13Mais ce n'est pas toujours le cas. Je crois qu'il y avait eu, en exemple, qui avait été repris dans la presse d'une commune, effectivement, qui avait tenté d'en installer un.
03:22C'était, je crois que c'était quelque part dans le 94. Voilà, je ne sais plus le nom de la ville, mais il y avait à peu près à peine 2 000 habitants.
03:34Et en fait, le coût, c'était à peu près plus de 50 000 euros. Alors, pour l'installation et pour le maintien annuel, c'est plus de 10 000 euros par an.
03:44Et en fait, à la fin, ils se sont dit qu'ils ne pouvaient pas le faire. Donc, ça, effectivement, après, c'est à la commune de savoir si, effectivement, elle peut être capable de soutenir un coût de cet ordre.
03:56Et souvent, elles ne peuvent pas. Donc, effectivement, cette initiative des banques est bienvenue. Par ailleurs, on a aussi des opérateurs indépendants.
04:03Parce qu'elle ne coûte pas, dans ces cas-là, aux communes ou aux habitants ?
04:07Oui, parce que la mutualisation, effectivement, évite ce coût pour la commune. Et après, effectivement, vous avez la possibilité d'avoir des opérateurs indépendants,
04:18comme il existe, comme je disais, dans beaucoup de pays. Quand vous allez au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Allemagne, il y a plein de pays où, en fait, vous avez des opérateurs indépendants.
04:27Donc, chez nous, par exemple, c'est l'Oumis, ceux qui font, vous savez, les transferts de fonds, qui proposent aussi ce service.
04:33C'est-à-dire, il y a des machines qui permettent de retirer de l'argent liquide. Mais, effectivement, eux, facturent.
04:40Ce qui, en fait, évite d'avoir ce problème de rentabilité qui se pose lorsque c'est un distributeur de la marque, de la banque,
04:48puisque, en plus, les frais interbancaires qu'ils peuvent récupérer, en fait, sont plafonnés.
04:52Donc, en fait, c'est ce modèle-là qui a atteint une limite, effectivement, puisque, aujourd'hui, on n'est plus dans un modèle de cash très développé.
05:02Et donc, on a un problème de rentabilité.
05:04Effectivement. Et actuellement, on a à peu près autour de 1 000 distributeurs de billets automatiques mutualisés.
05:09L'objectif, c'est 3 000, déjà, dès la fin de l'année.
05:13Merci beaucoup, Nathalie Janson, pour toutes vos explications. Je vous souhaite une très belle journée.
05:17Vous êtes économiste, spécialiste de la banque libre et de la régulation bancaire.
05:216h54, dans un instant, on accueille Maxime Liedoy.
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