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  • il y a 1 jour
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Un simple accident est le dernier film du réalisateur iranien Jafar Panaï, opposant la dictature théocratique qui sévit en Iran.
00:07Il a été condamné par deux fois à de la prison. C'est d'ailleurs son expérience carcérale qui va l'inspirer pour un simple accident.
00:14Un homme croit reconnaître son tortionnaire, l'enlève et déclenche une spirale vertigineuse entre la soif de vengeance et justice.
00:21Frédéric, comment allez-vous sortir de ce film ?
00:23Oui, vous avez raison de rappeler quand même que Jafar Panaï a fait deux séjours en prison.
00:26Il a été condamné en 2010 à 10 ans de prison. Il en a fait à diverses périodes.
00:33Et il a été surtout condamné pendant un temps à ne plus pouvoir exercer, ne plus pouvoir écrire, ne plus pouvoir, pour, quelle était la cause ?
00:40Pour cause de propagande politique. C'est important parce qu'effectivement, quand il a été en prison, avant qu'il ne soit libéré après avoir entamé une grève de la faim,
00:48en début 2023, après sept mois de prison, il avait été avec des co-détenus qui eux-mêmes étaient des prisonniers politiques.
00:54Et donc, il y a une expérience carcérale, une expérience avec des gens autour de lui qui lui ont donné envie d'écrire ce film,
01:01qui est une sorte de synthèse des conversations, de ce qui a alimenté aussi ses réflexions pendant son séjour carcéral.
01:08Et ce film est la synthèse de ça. Et il le traite de deux manières.
01:11D'un côté, la question, vous le disiez, la question un petit peu de la fable absurde.
01:16Farce absurde. Pourquoi ? Parce qu'on ne sait pas si le type qu'il vient de retrouver est effectivement son bourreau.
01:22Alors, on va agréger autour de soi d'anciens prisonniers de propagande politique qui ont été victimes par ce bourreau.
01:28Et on va leur demander, est-ce qu'à ton avis, c'est le bon bourreau ?
01:31Et ça, c'est le côté farce absurde.
01:32Et puis à ça, il met l'autre chose, c'est une fable morale.
01:34Une fable morale sur la vengeance, la justice, la vérité, qu'est-ce qu'on en fait ?
01:39Et je vais donc vous montrer un extrait qui se passe dans le désert.
01:43Et c'est un extrait, vous allez voir, un personnage, voilà, ils sont en train de se demander, vous voyez, hors champ.
01:48Il y a une tombe qui a été creusée, mais elle est hors champ.
01:49Elle reste là et on se pose tous la question de qu'est-ce qu'on va faire de ce...
01:53Qu'est-ce qu'on va faire de cet homme ?
01:55Et chacun a une position dans la société.
01:57Chacun a un endroit où il se situe dans cette société.
02:01Et le personnage interroge chacun, dit ses quatre vérités, comme au théâtre, aux uns et aux autres,
02:06pour essayer lui-même de savoir ce qu'il désire réellement.
02:10Et je vous laisse un petit peu écouter.
02:36Tu parlais de théâtre, mais il y a un côté, en attendant Godot, il y a ce temps qui passe.
02:47C'est cité dans le film, en attendant Godot et cité dans le film par un des personnages.
02:50Il y a quelque chose qui m'inquiète avec notre Simon, c'est qu'il est étrangement silencieux,
02:56il retourne ses blagues, qu'est-ce qu'il se passe ?
02:59Qu'est-ce qu'il se passe ?
03:00Il se passe que moi, je suis comme vous, j'ai été absolument bouleversé par le film
03:04parce qu'il se trouve que je n'aime pas beaucoup le régime des Mollards.
03:07Et bien le film m'a montré que j'avais raison, dis donc.
03:09Quel beau film !
03:11Vous êtes en train de dire que c'était une palme politique et pas une palme du cinéma ?
03:14C'est ça que vous êtes en train de dire ? J'essaye de les retenir en face.
03:17Il me semble que c'est une palme de bon élève et c'est terrible parce que je crois que Frédéric l'a terriblement illustré.
03:22C'est-à-dire que s'il avait trouvé le film...
03:24Je vous arrête avant le massacre.
03:26Vous voulez un duel ? Est-ce que vous voulez un duel ?
03:28Évidemment que je veux un duel.
03:29Ok, lancez.
03:31À vos risques et périls.
03:32Reprends le bon élève.
03:33Alors, si le film était aussi réussi que tu sembles nous le dire,
03:36je pense que tu n'aurais pas eu besoin à ce point-là de nous rappeler le parcours édifiant de son metteur en scène,
03:41la théâtralité et finalement la mécanique du film.
03:44Tu nous aurais parlé de cinéma.
03:45C'est un très mauvais argument.
03:46Pardon, je suis désolé.
03:48Je t'en prie.
03:48On raconte Jafar Panaï, où il en est aujourd'hui.
03:50On fait ça toujours au cercle.
03:51On est toujours en train de raconter le parcours d'un cinéaste.
03:54Je raconte son parcours.
03:55Je raconte d'où vient l'écriture de ce film.
03:57Et alors, comment ça se fait qu'un récit qui, je veux dire, dans ce qu'il me propose,
04:01est quelque chose d'aussi ambigu, violent, terrible,
04:05me paraît à ce point-là toujours si sûr de lui, fort d'une ligne claire ?
04:09Il n'y a pas un moment de doute pour moi dans ce film.
04:11Mais à mon avis, tu confonds l'écriture et la mise en scène.
04:14Le geste de mise en scène est sûr.
04:16Mais c'est le film qui l'écriture.
04:17C'est un geste de mise en scène extrêmement sûr.
04:19Il sait où il va.
04:19Il sait ce qu'il a à filmer.
04:20Et en même temps, l'écriture ménage constamment du trouble, de l'indécision.
04:25C'est un film sur l'indécision.
04:26Mais la surligne, c'est terrible, c'est très scolaire.
04:30Ah oui, alors est-ce qu'à la fin du film, tu es capable de dire exactement où en sont les personnages ?
04:35Où en sont les personnages avec cette question morale ?
04:37Où en sont les personnages avec cette question sur la justice et sur la vérité ?
04:41Parce que c'est très important dans le film aussi, sur la vérité, ce qui a eu lieu, ce qui les habite les uns et les autres.
04:45C'est un film où les personnages sont sans cesse traversés par des doutes.
04:49Et ce qui est très beau d'ailleurs, c'est que c'est dans le collectif qu'ils vont interroger leurs propres doutes sur ces questions-là.
04:54C'est quand même les grandes questions de la tragédie.
04:56Je ne crois pas du tout que le film n'ait de certitude.
04:58Ou alors celle de Panaï, il ne me semble sert d'une certitude que dans son geste.
05:05Une sérénité du geste.
05:06Peut-être son film le plus...
05:07Oui, c'est le premier juif de l'année, on est encore un petit peu affleuré-moucheté.
05:09Mais tu vois, moi qui avais des réserves sur les graines du figuier sauvage,
05:12il y a néanmoins quelque chose que je trouvais très puissant dans le film.
05:15C'est qu'effectivement, il y avait quantité de moments où j'avais l'impression que le sol se dérobait sous mes pieds.
05:19Et en fait, moi, spectateur, j'avais du travail à faire.
05:21Moi, spectateur, je devais me demander où on en était.
05:23Où est-ce qu'on en était dans cette bascule ou pas ou quoi ?
05:26Ici, justement, j'ai l'impression d'être devant, oui, un écho dans l'attendant Godot
05:29qui est vraiment très bien fait, mais qui ne m'intéresse pas beaucoup plus que ça.
05:33Pardon, il faut que je réponde à ça.
05:33Mais qui est très méritant.
05:34Dan Arpetschlein.
05:35Non, ce qui est très important, c'est que le film, effectivement, est une construction mentale,
05:39est une construction d'écriture.
05:41Mais le film va vers du viscéral.
05:44Le film va vers quelque chose de très viscéral.
05:46Et moi, je pense que le long plan, à la fin, il interroge en puissance le spectateur.
05:50Il interroge en puissance le spectateur, même viscéralement, sur ses propres actions,
05:55sa propre mauvaise conscience, la façon dont il est en train de regarder cette chose.
05:59Non, je pense que c'est un film qui, comme ça, a été un peu critiqué parce qu'on l'a trouvé simple.
06:04Mais cette simplicité, c'est, à mon avis, c'est un aboutissement artistique.
06:07C'est l'aboutissement d'un geste.
06:09Est-ce que, de toi à moi, ça ne manque quand même pas de quelques teffeurs et d'un mur de son dans le désert ?
06:13Non, mais franchement, est-ce qu'on a parlé de la mise en scène de ce film suffisamment ?
06:17Mais franchement, tu nous as très bien montré le travail du hors-champ dans cette séquence-là.
06:24Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'il y a du hors-champ dans toutes les séquences
06:27et que ce n'est jamais la même utilisation scématographique.
06:29C'est une leçon de hors-champ.
06:33Il y a du son dans le désert et il y a du son dans le plan final.
06:36Non, mais Gostamand, il joue avec ça.
06:39Je laisse Lucille trancher.
06:40Moi, je trouve que Fred donne le bâton pour se faire battre auprès de Simon
06:47en introduisant le film comme tu l'as fait.
06:50Parce que, de fait, c'est quelque chose qu'on peut reprocher à ce type de cinéma
06:54qui est d'imposer...
06:55Il y a plein d'autres films pour lesquels c'est le cas,
06:58qui ne sont pas aussi bons que le Jafar Panaï,
07:00mais pour lesquels ça impose d'emblée une espèce de position,
07:03de clarté morale évidente.
07:06Mais c'est impossible d'en parler.
07:08Je suis d'accord avec toi.
07:09On est dans une émission, on est obligés d'expliquer Louis Vien, ce film.
07:12Je trouve le film excellent.
07:12Mais je vois que Simon, qui est un nanar notoire,
07:15évidemment, si on lui dit qu'il faut aimer,
07:17parce que, attends, Jafar Panaï, il a fait de la prison,
07:20il va dire, non, moi, je n'aime pas.
07:21Tu vois, c'est un truc de joute verbale, finalement.
07:24Tout ça, je fais du méta-cercle, j'adore.
07:26Jafar Panaï
07:27Jafar Panaï
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