Le succès de la saga Conjuring ? Les Warren n'évoluent pas !

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Transcript

00:00C'est un film qui fait crier, trembler, mais c'est surtout un film qui remplit les cinémas.

00:07Conjuring 4, dernier né de la franchise.

00:11Simon Rio, vous allez disséquer pour nous le succès du phénomène Conjuring.

00:16Est-ce que vous acceptez cette mission ?

00:18J'accepte de le faire avec une élégance et une dignité sans égale dans le paysage audiovisuel français.

00:23Je suis bien d'accord.

00:24Alors, oui, effectivement, à l'heure où on parle, le quatrième épisode canonique de la saga Conjuring,

00:29du Conjuring Verse, est un succès mondial, planétaire.

00:33Je ne vous donne pas les chiffres parce qu'ils vont changer entre le moment où nous enregistrons

00:35et celui où vous nous découvrez.

00:37Donnez-moi cette lampe avant de continuer.

00:39Merci, vous êtes bien urbaine.

00:40Et donc, voilà, mais c'est absolument incroyable dans à peu près tous les territoires où il est exploité.

00:45Et donc, on avait envie de se demander pourquoi.

00:46Alors, est-ce que c'est parce que c'est le film le plus réussi de la franchise ?

00:49Non.

00:49Donc, comment ça se fait ?

00:51Je crois qu'il y a plusieurs raisons.

00:52Tout d'abord, il y a l'époque dans laquelle on est.

00:54C'est un peu tartare à la crème ce que je vais dire, mais ce n'est pas fondamentalement faux.

00:56En général, quand les temps sont troublés et qu'on a tous besoin de l'exomile,

01:00on aime bien voir des films d'horreur.

01:01Je crois que ça fonctionne pas mal en ce moment.

01:04Et puis, et d'ailleurs, on a pu le voir parce qu'il y a beaucoup d'autres films d'horreur

01:07qui ont cartonné cette année.

01:08Donc, il y a bien quelque chose de l'ordre du Zidgeist, de l'air du temps.

01:12Et puis, je crois qu'il y a quelque chose d'assez intéressant.

01:14Vous savez, au moment de Marvel, lorsque ça marchait du feu de Dieu,

01:17on se disait, ça marche parce que tout d'un coup,

01:19les gens avaient envie de cette sérialisation, de cette narration intriquée.

01:22Et bien, je crois qu'en fait, il y avait peut-être, et je me mets dedans,

01:25une grosse erreur de diagnostic générale.

01:27Non, non, les gens ne voulaient pas des narrations intriquées.

01:29Ils voulaient juste retrouver les mêmes personnages.

01:31Ils ne voulaient pas d'évolution.

01:32La preuve, quand Marvel, à un moment, a dit,

01:34allez hop, on a fini notre phase 48, on zigouille tout le monde et on repart avec des nouveaux,

01:38et bien, ça s'est mis à caler.

01:38C'est comme un super saup, quoi.

01:40Voilà, ça s'est mis à caler au box-office.

01:41À l'inverse, Conjuring a toujours dit, oh là là, les Warren, ils ne vont pas changer.

01:45Ils sont toujours aussi croyants, ils sont toujours aussi gentils,

01:48ils gagnent toujours à la fin.

01:49Il n'y a pas une once d'évolution chez eux.

01:50Et je pense que c'est pour ça que les gens les apprécient.

01:53Justement parce que ça n'évolue pas.

01:55C'est totalement déprimant comme diagnostic.

01:57Et ça permet de traumatiser les enfants, Frédéric.

01:59Ça permet de traumatiser les enfants.

02:01Pas tellement.

02:01Les enfants, ils sont dans un train fantôme.

02:03Ils ont deux, trois jumpscares.

02:04Ils sont assez contents.

02:06Mais là où je rejoins Simon, ce qui est ahurissant,

02:08le film dure 2h10.

02:10Je pense que pendant une heure et quart,

02:11c'est la plus longue exposition de l'histoire du cinéma.

02:14C'est-à-dire, on a le droit à une série télé,

02:16une sorte de sitcom tiède.

02:18Où on sent que la seule jubilation qu'ils ont,

02:21c'est à filmer les Warrens dans les années 80.

02:23Leurs amis, leurs copains, leurs fils.

02:26Une histoire d'amour absolument improbable

02:28avec le genre idéal.

02:29Pour finalement, à la fin, activer le train fantôme.

02:32Et là, en fait, ce qui est très étonnant,

02:34parce qu'il faut quand même voir que le film,

02:35jusqu'à son générique, se réclame de l'exorciste.

02:37Donc c'est un peu à l'exorciste

02:39ce que la musique d'ascenseur, on va dire,

02:42à la musique.

02:43C'est-à-dire que ça a totalement décliné.

02:44Totalement décliné, aseptisé.

02:46Et à la fin, en fait, les effets d'horreur

02:48sont tellement invraisemblables mélangés les uns aux autres

02:50qu'en fait, il n'y a plus aucune échelle.

02:53Et en fait, on pourrait nous raconter

02:53que les personnages sont vivants, morts,

02:55qu'ils font n'importe quoi.

02:56On serait toujours dans le même effet.

02:57Donc l'effroi n'est pas là.

02:58Et on a regardé un très bel épisode de Madame Esservie.

03:03Ça aurait été génial que ça ne vienne jamais, l'horreur.

03:05Ça reste là-dessus.

03:06Mais il faut signaler quand même qu'il y a un travail

03:08des équipes cascades qui doivent être spécialisées

03:10dans les escaliers.

03:11Je ne sais pas si j'ai déjà vu un film

03:12où autant de gens tombent dans autant d'escaliers.

03:14Je ne sais pas si j'ai vu un film.

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