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  • il y a 2 mois
Une reconstitution des événements ayant mené à la mort du jeune Thomas, poignardé lors d'un bal à Crépol, dans la Drôme en novembre 2023, débute ce lundi 22 septembre.

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Transcription
00:00Une reconstitution numérique du crime de Crépol a commencé ce matin au palais de justice de Valence.
00:06Reconstitution numérique et on va faire de la pédagogie judiciaire.
00:10Voilà, pourquoi cette reconstitution ? Pourquoi numérique ? Comment ça marche ?
00:14On va en parler avec Raphaël Grabli, spécialiste des questions numériques,
00:17Boris Karlamoff du service police-justice de BFMTV.
00:20Mais d'abord on va tout de suite aller sur place retrouver Romain Ituin au palais de justice de Valence.
00:24Pourquoi une reconstitution numérique, Romain, et pas en réel ?
00:30Eh bien écoutez, c'est une décision qui a été prise par mesure de sécurité d'une part
00:36et aussi pour éviter de parasiter ce petit village de Crépol.
00:40Donc voilà, cette reconstitution numérique, elle est basée sur une modélisation en 3D de toute la scène de crime,
00:47basée sur les constatations des enquêteurs ainsi que les interrogatoires qui ont été menées.
00:53Et les 14 personnes mises en examen vont défiler à la barre durant les 15 prochains jours
01:00pour exprimer leur version des faits, leur point de vue.
01:03Un avocat des partis civils nous décrit un petit peu ce fonctionnement.
01:08Écoutez-le.
01:10Vous imaginez une sorte de jeu vidéo avec des personnages qui vont se déplacer.
01:15Évidemment, le terme de jeu vidéo, c'est ce qui s'approche le plus en termes d'images, de ce que l'on voit.
01:21Mais je pense que personne ne perd de l'esprit ce à quoi correspondent en réalité les images auxquelles on assiste
01:29et que l'on participe à reconstituer.
01:31Voilà, jeu vidéo, c'est pas forcément la bonne expression.
01:34Effectivement, on va rappeler les faits.
01:35Novembre 2023, Crépole, petit village du nord de la Drôme, on est à quelques kilomètres de Romand-sur-Isère.
01:40Balle du village, il touche à sa fin.
01:42Thomas est poignardé, il meurt, il a 16 ans.
01:4414 suspects sont mis en examen dans ce dossier.
01:479 sont en prison pour homicide volontaire ou tentative d'homicide volontaire en bande organisée.
01:52Et en fait, tous sont là, au palais de justice de Valence, avec quelques 50 partis civils.
01:58C'est pas la première fois qu'on reconstitue numériquement un crime, Raphaël Grabli.
02:03Est-ce que vous pouvez nous expliquer très simplement comment ça fonctionne ?
02:06Alors, de façon extrêmement simple, et avec les images qu'on va vous diffuser,
02:10c'est un appareil, tout simplement un laser.
02:13Voilà, c'est exactement ce qu'on voit apparaître à l'écran.
02:15C'est une sorte de caméra qui va scanner l'environnement avec du laser.
02:20Ça prend quelques minutes, quelques dizaines de minutes sur des scènes de crime parfois très importantes
02:24et qui va ensuite déterminer au millimètre près l'emplacement de chaque objet, de chaque mur, de chaque fenêtre
02:31et qui va permettre, en fait, de créer un double numérique, un double en trois dimensions de la scène de crime
02:37qui peut ensuite être exploité.
02:38Alors, ça fait des dizaines d'années, 25 ans que ce type de technologie est utilisé.
02:43Il y a aussi des nouveautés, ce qui permet aussi dans l'exploitation, notamment grâce à de la réalité virtuelle.
02:47C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous couplez ce modèle 3D avec un casque de réalité virtuelle
02:51et ça permet, en fait, de revivre la scène en temps réel.
02:55Comme ça, voilà.
02:56Exactement, voilà.
02:56Et de resituer ce qui était présent.
02:58Et typiquement, un usage très concret.
03:00Vous avez un témoin qui vous dit, oui, mais à 10 mètres au sol, j'ai vu un couteau.
03:05En reconstituant la scène, vous mettez le casque, par exemple, ou sur un écran,
03:08l'enquêteur va pouvoir lui dire, attendez, oui, sauf qu'entre vous et le couteau,
03:12sur mon modèle numérique, il y a une table, donc vous ne pouviez pas avoir ce couteau.
03:15Et donc, ça permet tout simplement de pouvoir vérifier et corroborer certains témoignages
03:20en plus de reconstituer tout l'environnement et d'y accéder à n'importe quel moment.
03:25Ça, c'est très important.
03:26Donc, un expert judiciaire s'est rendu à Crépaule, il a numérisé la scène.
03:29Et lorsqu'on va confronter, évidemment, ces images à tous ces gens qui sont au tribunal de Valence
03:34pour deux semaines, eh bien, vont peut-être être mis en évidence un certain nombre d'incohérences.
03:40Oui, absolument. L'objectif, aujourd'hui, c'est de mettre en lumière les circonstances exactes du drabe,
03:44alors qu'on va le rappeler, les deux magistrats instructeurs, deux ans après les faits,
03:47ignorent toujours qui est l'auteur des coups de couteau mortel qui ont été portés au jeune Thomas.
03:53Donc, mettre en évidence d'éventuelles incohérences dans le récit de tous ces protagonistes,
03:58à la lumière des éléments matériels.
04:00S'il y a un ami en examen qui dit « moi, je me trouvais à cette position-là, devant moi, il y avait une table,
04:05je n'ai pas pu porter des coups de couteau »,
04:06eh bien, regardez, il n'y avait pas de table, monsieur, devant vous, comme le montre la scène en 3D.
04:11Donc, c'est l'avantage de cette technologie.
04:12C'est un acte d'enquête, d'instruction qui est, somme toute, classique.
04:16Ce qui est assez inédit, c'est la forme, puisque d'habitude, une reconstitution, on se rend sur le terrain.
04:20Là, souvenez-vous, le drame s'est noué en pleine nuit.
04:22Donc, ça va être très compliqué pour les enquêteurs de déterminer les responsabilités de chacun.
04:27C'est un coût, une reconstitution.
04:28Il faut mobiliser énormément de gendarmes.
04:30Et puis, on connaît la tension qui règne dans ce village,
04:33avec des risques, peut-être, pour les personnes qui ont été mises en examen,
04:37si d'aventure, il y a des personnes qui souhaitent s'en prendre à elles.
04:39Donc, on a fait le choix, aujourd'hui, de ne pas se transporter sur les lieux,
04:42mais bien de faire appel à la technologie.
04:44C'est la technologie au service de la justice.
04:45Et qui peut aider, en fait, à mieux comprendre les choses,
04:47notamment sur cette histoire de vision nocturne.
04:49Ah oui, exactement. En fait, on peut paramétrer l'éclairage après coup.
04:52Donc, on peut simuler, en fait, certaines heures.
04:55Effectivement, il y a tout l'aspect d'État.
04:56Et avant des reconstitutions, ça se soldait par un album photo.
04:59Aujourd'hui, et c'est ça qui est le plus important,
05:01c'est qu'on peut se mettre à n'importe quel point de vue dans l'espace.
05:04On peut se mettre au plafond ou à la place de n'importe quelle personne qui aurait témoigné.
05:09Boris, c'est important de le rappeler, tout le monde est là.
05:11Oui, les 14.
05:12Et les 14 mises en examen.
05:14Les parties civiles, ça fait combien de...
05:1553 parties civiles et 5 victimes,
05:18celles qui ont eu le plus de blessures sévères qui seront présentes,
05:22les mis en examen en ordre de se rendre au tribunal judiciaire pour au moins 15 jours.
05:27En revanche, les parties civiles, c'est au bon vouloir de chacune de ces parties civiles.
05:30Évidemment, on peut aisément l'imaginer avant vouloir assister à ces expertises
05:34et à cette reconstitution numérique.
05:36Et chacun, en fait, va être interrogé jour après jour.
05:38Et ça va rajouter, enrichir ce film, en fait.
05:41Le dossier de l'instruction.
05:42Ce dossier, mais en images, en 3D.
05:44Il y aura la consultation bénévolement de ces films en 3D,
05:46mais il y aura également un interrogatoire de la part des deux magistrats instructeurs.
05:49On va rappeler que ces mises en examen, ils peuvent, s'ils le souhaitent, garder le silence.
05:52Mais on va les interroger sur la chronologie précise des faits,
05:56leur rôle ce soir-là, les circonstances.
05:59Et puis surtout, l'objectif principal pour les magistrats instructeurs,
06:01c'est de savoir qui a porté ces coups de couteau mortels aux jeunes Thomas,
06:05j'ai de 16 ans.
06:06Donc, au moment des faits, c'était il y a maintenant quasiment deux ans.
06:09Donc, dans cette scène, il y a des avatars.
06:11Et les personnes qui ont été présentes sur place se mettent aussi dans la position
06:15où elles étaient le jour où ça s'est passé ?
06:16Absolument, oui.
06:17En fait, vous pourrez re-simuler en permanence chaque père-dieu de personnes
06:22qui étaient sur la scène de crime pour vérifier s'ils pouvaient bien voir quelque chose ou pas.
06:27Avec la luminosité, en augmentant un tout petit peu, en baissant la luminosité,
06:30ça permet vraiment de rejouer en fait la scène à l'infini.
06:33Romain Etuin, vous avez des précisions sur la façon dont vont se dérouler ces 15 jours ?
06:42Bien, tout à fait.
06:43D'abord, il faut savoir que pour l'instant, les prévenus ne sont pas encore entendus.
06:47Un avocat de la Défense nous confiait qu'aujourd'hui, c'était plutôt des témoins de la scène
06:51qui allaient s'exprimer.
06:52Mais les prévenus, ils vont commencer à s'exprimer normalement en milieu de semaine.
06:57Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en fait, chaque prévenu aura un laps de temps différent
07:03selon le moment où il était dans la soirée.
07:06C'est-à-dire que selon le niveau d'engagement des prévenus,
07:10on va cranter telle ou telle temporalité pour chaque prévenu.
07:15Et puis surtout, ils auront beaucoup de temps pour s'exprimer
07:17puisqu'un autre avocat des parties civiles nous disait que chaque prévenu
07:21pourra à peu près s'exprimer durant toute une demi-journée.
07:24Donc, il va vraiment y avoir la possibilité, en effet, de confronter les versions des faits
07:28et surtout, vous l'avez dit, les incohérences potentielles.
07:31Raphaël, est-ce que l'intelligence artificielle déterminera demain qui est le criminel
07:35comme il y a une médecine prédictive ?
07:37Il y aura peut-être une criminologie prédictive ?
07:40Alors, en tout cas, c'est un outil.
07:41Donc, clairement, si on entre...
07:43Alors, il y a déjà des logiciels qui le font, mais sur de l'imagerie, c'est plus lourd.
07:46Si on entre certaines données, effectivement, l'intelligence artificielle
07:48pourra aider à proposer peut-être des scénarios plus favorables, plus vraisemblables.
07:52Après, non, ce n'est pas l'intelligence artificielle qui dira qui est le coupable.
07:55Ça restera, évidemment, une charge, et heureusement, humaine.
07:58Merci à tous.
07:59On suivra, évidemment, ce que donne cette reconstitution numérique,
08:02inédite par son ampleur, ça ne va durer qu'un jour.
08:03Merci également à Louis Léger, depuis Valence.
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