00:00Et comme tous les samedis et dimanches matin désormais depuis la rentrée, je vous propose l'archive Sud Radio,
00:05l'actualité revisitée par des archives d'un grand acteur, d'un grand homme politique ou d'un grand événement historique.
00:11Et ce matin, ce n'est pas le contenu du film qui résonne avec l'actualité, mais son titre.
00:16Sorti dans les salles noires en 1994, il évoque ce sentiment étrange que nous partageons tous aujourd'hui,
00:21dans cette ambiance morose, faussement excitante.
00:24La sensation d'avoir déjà entendu les mêmes informations, lu les mêmes journaux, aperçu les mêmes bandeaux que les chaînes d'information en continu nous dévoilent,
00:32la même déclaration politique et les mêmes arguments.
00:35Comme si nous étions coincés en réalité, quelque part entre retour vers le futur et un jour sans fin.
00:40Et cette impression que sur la grande scène de théâtre qui est l'actualité, chacun surjoue.
00:45L'indignation calibrée, la compassion envahissante, la révolution de salon.
00:49En somme, de tout cela se dégage la sensation d'une grosse fatigue, une idée originale de Bertrand Blier,
00:56co-écrit avec Jacques Audiard et un quatuor de luxe à l'affiche,
01:00Philippe Noiret, Michel Blanc, Josiane Balasco et Carole Bouquet.
01:04La première fois que la troupe du Snow Blondite se retrouve depuis les bronzés qui font du ski en 1979,
01:09c'est la première fois aussi que Carole Bouquet, femme fatale des années 80, se risque à la comédie.
01:14Avec succès d'ailleurs. Parce que souvenez-vous de cette scène culte dans ce film où, face à Michel Blanc,
01:19elle répond à une avance maladroite par une gifle magistrale avant de lancer ?
01:24La réponse vous suffit ? Ou faut que je développe ?
01:26Le film, lui, raconte l'histoire d'un Michel Blanc, victime d'un sosie.
01:29Patrick qui, lui, vole peu à peu son identité, sa carrière, sa vie.
01:34Et Michel Blanc se sent dépossédé, trahi.
01:36Il finit même par sombrer.
01:38Et c'est alors qu'apparaît une scène fantastique.
01:40Philippe Noiret, lui aussi, floué par un double.
01:43Ensemble, il zère sur les Champs-Elysées, jusqu'à cette scène mémorable où Noiret,
01:48costume marron et ne papillon rouge, vide sans sac avec une colère jubilatoire.
01:52Le cinéma, les acteurs, la bouffe, la déception, un grand pétage de câbles,
01:57mais filmé comme une libération.
01:59Grosse fatigue, 1994, Michel Blanc, Philippe Noiret,
02:03un titre qui, 30 ans plus tard, dit tout de notre humeur collective.
02:06Vous savez ce qu'il y avait là avant ? Un cinéma.
02:12Et là, un autre cinéma.
02:14Là où on vendait de l'aventure de l'humour et du rêve,
02:16on vend de la nourriture préchiée.
02:18Il en reste quand même des salles.
02:20Ah oui, ça pourra en rester, il en reste.
02:22Vous avez jeté un oeil sur les programmes ?
02:23Vous envoyez beaucoup des films français ?
02:25I'm going to tell you something, guy.
02:28Listen to me, listen to me, piece of shit.
02:30You fuck-up shit.
02:33Voilà ce qu'on entend maintenant.
02:36Il sent le sapin, le cinéma français.
02:39On va tous finir déguisés en souris dans leur parc à la con.
02:42Vous ne pourriez pas que vous exagérez un peu ?
02:44Mais putain de bordel, du nom de Dieu !
02:46Ça vous arrive jamais de regarder les chiffres ?
02:48Non, ben vous devriez, parce qu'ils sont pas rassurants des chiffres.
02:52Vous voulez que je vous montre à quoi il ressemble le cinéma français ?
02:56Venez, le voilà.
03:00Il est là-dessous.
03:01Maintenant, c'est le soldat inconnu, le cinéma français.
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