00:00En début de matinée, vous en avez l'habitude désormais, chaque samedi, chaque dimanche, après le Sud Radio auprès de chez vous, c'est le moment de l'archive Sud Radio,
00:07un moment où on prend le temps de revisiter l'actualité par les grands films, les grands acteurs et les grands politiques de ces dernières années.
00:13Et comment cette semaine ne pas revenir sur ce fameux 10 septembre ?
00:16Un mouvement qui au départ, et j'insiste sur cette précaution, traduisait le ras-le-bol d'une France épuisée.
00:22Spectacle politique médiocre, travail mal considéré, salaire insuffisant.
00:26Et puis, entre l'idée de Paz et ce que c'est devenu, un cheval de Troie pour les rêves révolutionnaires de l'extrême gauche vite récupérée par l'ultra-gauche,
00:34dont la joie ne se mesure qu'au blocage réussi, au sabotage spectaculaire et aux manifestations qui dégénèrent.
00:40Bref, une récupération misérable au détriment de cette France silencieuse et courageuse qui se lève tôt et rentre tard.
00:47En observant cette mascarade, ses représentants syndicaux et ses têtes d'affiche de la manif des grands soirs,
00:52j'ai repensé à un vieux film, Un idiot à Paris, 1967, signé Serge Corbert.
00:58A l'affiche, une brochette de talent, Bernard Blier, Jean Lefebvre, Robert Dalban, et sa réplique inoubliable, notamment dans ce film.
01:05Je suis un ancien combattant, militant socialiste et bistrot.
01:07C'est te dire si dans ma vie j'en ai entendu des conneries.
01:10Mais dès comme ça, jamais.
01:11Alors le pitch est simple, après une nuit trop arrosée, un ouvrier agricole, Jean Lefebvre, se réveille à Paris, perdu.
01:17Il croise alors un mandataire en viande, M. Dessertine, joué par Bernard Blier, qui le prend sous son aile.
01:23Et dans une scène culte au milieu des carcasses de viande, les ouvriers déclenchent une grève générale.
01:28Surprise, s'il vous plaît.
01:29Alors Blier, patron en costume trois pièces grises et cravate sévère, pousse une gueulante sous son chapeau feutre pour les faire reprendre le boulot.
01:35Sous la plume d'Odiard, évidemment, c'est toute une vérité sociale en réalité qui surgit.
01:40La cruauté d'un poste salarié, pas riche, pas pauvre, juste de quoi se payer le minimum syndical pour ne pas se révolter.
01:46Le tiercé, le petit week-end en station balnéaire et la petite auto.
01:50Et là, difficile de ne pas y voir un miroir d'aujourd'hui.
01:53Qui n'a pas eu ce holker devant le chiffre d'en haut et celui d'en bas devant sa fiche de paix.
01:58Qui n'a pas buté sur les charges incompréhensibles qu'on nous répète à longueur de journée.
02:01Et qui ne s'est pas demandé en sortant d'un bureau après un entrosien d'embauche.
02:04Tiens, mais on a parlé en brut ou on a parlé en net.
02:08Bref, une leçon de patronat d'un autre temps sur une mélodie tristement actuelle.
02:12C'est Bernard Blier, un idiot à Paris, 1967.
02:14Une grève surprise, bravo.
02:1830 tonnes de barbac sur le carreau alors qu'on meurt de faim à Chandernagore.
02:22Hourra.
02:24Monsieur Graffouillère, vous êtes un meneur et vos petits camarades des inconscients.
02:30Vous semblez oublier en effet, mes amis, que vous n'êtes que des salariés.
02:34C'est-à-dire les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste.
02:38Des chômeurs en puissance.
02:39Le chômage.
02:43Le chômage et son cortège de misère.
02:47Y avez-vous pensé ?
02:48Non, oui, j'avoue.
02:50Fini la petite auto.
02:53Fini les vacances au crotois.
02:56Fini le tiercé.
02:57C'est pourquoi, mes amis, si vous avez des revendications de salaire à formuler,
03:02vous m'adressez une note écrite et je la fous au panier et on n'en parle plus.
03:05Nous sommes bien d'accord ?
03:06Oui, oui, oui, oui.
03:07Alors, on est plus gros et un peu vite !
03:11Moi, je m'appelle Léon Dessertine.
03:14Qu'est-ce que t'attends pour t'enlever, toi ?
03:15Un palais ou une paire de tarte ?
03:18Comme toi, je suis parti de rien.
03:21Aujourd'hui, on m'appelle l'empereur de la viande.
03:23On me craint et on a raison.
03:25Je ne sais pas pour savoir ce que je leur en fais baver.
03:27Je les mets nos knoutes.
03:28Mais qui ça ?
03:29Tous.
03:30Parce que tu comprends.
03:31Il y a nous, les petits de l'assistance.
03:34Puis il y a les autres, les inutiles, les surnuméraires.
03:38Entre eux et nous, pas de quartier, c'est la guerre sainte.
03:40Il faudra que ça se termine dans un vin de sang.
03:42Je ne savais pas.
03:43Si, si.
03:45Petite pépite de l'archive Sud Radio en ce samedi matin.
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