Deux adolescents placés en détention provisoire après l'agression la semaine dernière d'un policier à Tourcoing (Nord) ont été libérés mercredi 17 septembre, une décision critiquée par les ministres démissionnaires Gérald Darmanin et Bruno Retailleau et des syndicats policiers.
00:00Revenons à présent sur cette colère qui monte à Tourcoing, colère des policiers après la remise en liberté sous contrôle judiciaire de deux adolescents accusés d'avoir passé à tabin un policier de la BAC.
00:09Une décision qui scandalise les syndicats. Mathias Tesson du service police-justice de BFMTV nous a rejoint et nous accueillons Benoît Aristidou, secrétaire départemental du syndicat Unité Police.
00:19Un rassemblement est prévu ce vendredi devant le commissariat Tourcoing auquel vous participerez. Vous connaissez bien le policier qui a été attaqué, il est père de famille.
00:27Ma première question, comment va-t-il aujourd'hui ?
00:30Alors, psychologiquement, c'est très dur pour lui. Je l'ai eu hier soir au téléphone. Il se remet de ses blessures physiques. Il a toujours forcément le nez cassé et une dent cassée.
00:40Néanmoins, il n'arrive toujours pas à faire des nuits complètes et réparatrices puisqu'il revoit la scène régulièrement et le côté psychologique a un fort impact sur sa santé actuellement.
00:51Cette décision du juge des libertés et de la détention, elle a fait bondir les syndicats et c'est pour ça qu'il y aura ce rassemblement.
00:58Les deux jeunes suspects ont donc été remis en liberté mais avec un contrôle judiciaire strict.
01:03Donc en clair, le majeur, il a des obligations de pointage, une interdiction de paraître à Tourcoing, une mesure d'éloignement dans un autre département
01:11et le mineur lui fait l'objet d'un placement en centre éducatif renforcé. Il a l'interdiction aussi de paraître à Tourcoing.
01:16Toutes ces mesures-là, elles ne vous semblent pas suffisantes ?
01:20Non, ce n'est pas suffisant puisqu'on n'envoie pas le signal fort et l'électrochoc qui devrait être envoyé à ces jeunes délinquants
01:27qui sont de plus en plus jeunes d'ailleurs. Ce que réclame notre syndicat depuis des années, c'est des peines minimales.
01:33Et tant qu'on n'aura pas ces peines minimales...
01:34Enfin là, il n'a pas encore été jugé en l'occurrence, donc on ne peut pas réclamer une peine minimale.
01:37Je pense que ça méritait une comparution immédiate et au moins le maintien de la détention provisoire
01:43pour qu'on envoie un signal fort puisque là, aujourd'hui, finalement, tout le monde se retrouve dehors
01:48et les policiers, eux, ce qu'ils ressentent en premier, c'est de la colère.
01:51C'est la première chose qui nous vient tout de suite quand on apprend cette décision.
01:58Et ensuite, ça laisse place à ce qu'on appellerait la résiliation.
02:03Chez nous, quelque part, on n'en peut plus. Il n'y a même plus d'étonnement non plus
02:06puisque ça devient presque la norme d'être dehors dès le lendemain d'une agression.
02:11Et ça devient très compliqué.
02:12Si on ne met pas un stop aujourd'hui assez dur tout de suite et assez ferme,
02:19effectivement, à la délinquance, et je vous dis qu'il est très très jeune maintenant,
02:23je pense qu'on va vers une société qui va être de plus en plus violente
02:28et on n'arrivera plus à un moment à protéger la République.
02:30On comprend que vous plaidez pour envoyer un message.
02:33Mathias Tesson, si les deux jeunes suspects aujourd'hui échappent à la détention,
02:37d'abord c'est parce qu'ils sont primo-délinquants
02:39et parce qu'il y a des textes en France qui les protègent.
02:41Oui, absolument. La philosophie de ces textes, c'est que la détention,
02:44ça doit rester l'exception en France.
02:46Donc en fait, ce magistrat, ce juge des libertés et de la détention,
02:50il s'est posé quelques questions.
02:52Il s'est demandé si un contrôle judiciaire ne pouvait pas permettre
02:55d'empêcher des pressions, d'empêcher une concertation entre tous les suspects,
03:00d'empêcher une réitération des faits et d'empêcher tout simplement une fuite.
03:03Parce qu'en fait, ce magistrat, il doit répondre à ces questions
03:06et si la réponse est non, là, il pourra placer éventuellement la personne
03:11en détention provisoire.
03:13Mais en l'espèce, il avait d'autres mesures dans le cadre d'un contrôle judiciaire
03:17qui, selon lui, étaient suffisantes pour qu'aucun risque ne soit encouru
03:22en termes de réitération des faits, de fuite ou de concertation
03:26entre tous ces suspects.
03:29C'est pour ça qu'ils ont appliqué ce contrôle judiciaire
03:32et non pas une détention provisoire.
03:34A noter simplement que pour ce qui concerne le majeur,
03:36le parquet de Lille a décidé de faire appel de cette décision.
03:38Il y aura donc une nouvelle audience pour de nouveau statuer
03:41sur le contrôle judiciaire ou sur la détention provisoire.
03:43Donc il pourrait retourner potentiellement en détention provisoire.
03:46Cette décision, elle a fait réagir le garde des Sceaux, Gérald Darmanin,
03:48qui a dit que la loi était obsolète, qu'elle n'était plus à la hauteur
03:51de la violence de la société.
03:53Est-ce qu'il faut changer la loi ?
03:55En clair, est-ce que toute personne aujourd'hui
03:56qui agresse un policier, un gendarme,
03:58doit automatiquement aller en détention provisoire ?
04:01Oui, ça fait des années qu'Unité dit que
04:05dès qu'on touche un flic, il faut une réponse rapide
04:09et effectivement, ça doit passer par une détention provisoire
04:11et des peines fermes.
04:12Parce que je pense qu'aujourd'hui, si on ne respecte plus déjà
04:14ceux qui protègent la République,
04:16notre pays va sa perte malheureusement.
04:20On voit très bien que les actes sont de plus en plus violents dehors
04:23et si même les garants de la sécurité des concitoyens
04:27sont plus protégés, à ce moment-là,
04:29je ne vois pas comment on va malheureusement sauver ce pays.
04:32C'est votre message à Sébastien Lecornu,
04:34au futur gouvernement.
04:36Merci beaucoup, rassemblement, ce midi à Tourcoing,
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