- il y a 2 mois
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, était l'invitée du Face à Face sur RMC et BFMTV ce jeudi 18 septembre.
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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Marie-Lise Léon.
00:03Bonjour.
00:04Vous êtes la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France.
00:08Vous êtes en tête évidemment de cette mobilisation aujourd'hui.
00:11Beaucoup de questions à vous poser, mais déjà au fond un mot, le succès,
00:15puisque tout le monde le dit, le nombre de cortèges qui ont déjà été annoncés,
00:19250 dans toute la France, 900 000 personnes qui sont attendues,
00:23ne serait-ce que par le ministère de l'Intérieur.
00:27Et pourquoi ? Et pourquoi et contre qui ?
00:29Alors, j'espère que c'est une journée qui va se passer vraiment de la façon dont vous le présentez,
00:37de façon massive, avec une grande participation des travailleurs et des travailleuses,
00:42dans beaucoup de lieux.
00:43On a plus de 200 lieux de rassemblements, de manifestations qui ont été recensés.
00:47Et le pourquoi pour la CFDT, comme pour l'intersyndicale,
00:51c'est pour un budget qui soit juste socialement, fiscalement et écologiquement.
00:56Donc, on a beaucoup contesté des pistes qui avaient été évoquées par François Bayrou.
01:03Il y en a qui ont été abandonnées, comme la suppression des jours férieux,
01:06mais ça ne suffit pas.
01:07Et le message que l'on veut envoyer aujourd'hui,
01:10c'est que le monde du travail ne peut pas être le seul contributeur aux efforts
01:14qui vont être demandés dans la construction du budget.
01:17On veut un budget de justice.
01:19On veut de la justice et on veut que les efforts soient répartis équitablement.
01:22Je précise que cette date, comme celle d'ailleurs de mercredi dernier,
01:26la mobilisation bloquant tout, avait été prévue alors que François Bayrou était encore Premier ministre
01:33et que son budget était sur la table.
01:36Est-ce qu'aujourd'hui, cette mobilisation est donc une sorte de rapport de force avec le nouveau Premier ministre ?
01:42C'est une façon de dire, le monde du travail a bien l'intention de peser,
01:45il a bien l'intention de s'exprimer.
01:47On a beaucoup, beaucoup de colère depuis le 15 juillet qui s'est manifestée de façon dispersée.
01:55Aujourd'hui, l'intersyndicale, elle offre un cadre dans de bonnes conditions.
01:59On veut pouvoir organiser des défilés qui permettent cette expression de la colère
02:04et de dire, on est là pour travailler dans de bonnes conditions.
02:08On veut pouvoir vivre dignement de notre travail.
02:10Et ce n'est pas possible que les travailleurs et les travailleuses soient les seuls à payer la note et la facture.
02:17On a des efforts à faire, il faut qu'ils soient justement répartis.
02:20Et on va regarder un par un, effectivement, chacun, chacune des nouvelles pistes pour ce budget.
02:26Aussi la question des taxes, la question de la suspension éventuelle de la réforme des retraites.
02:30Mais d'abord un mot sur cet inter-syndicale, comme vous dites.
02:32C'est effectivement, ça faisait longtemps qu'on ne vous avait pas vu ensemble les uns et les autres.
02:36Vous serez main dans la main avec la CGT, avec FO, avec Sudrail.
02:40Qu'est-ce qui vous a motivé à être ensemble et à faire bloc ?
02:44L'inter-syndicale, elle se manifeste par des mobilisations.
02:50On l'a fait en inter-syndicale au mois de décembre, au moment du budget, déjà en 2024.
02:58Donc on a régulièrement des échanges.
03:02Le sujet de la préparation du budget, c'est un sujet extrêmement important pour le monde du travail.
03:07On s'est dit, il faut qu'on puisse se mobiliser ensemble.
03:11Donc ça fait partie des moments importants où il faut qu'on puisse être rassemblés
03:16pour contester des mesures qui sont profondément injustes, sur lesquelles on reviendra,
03:20et pour dire qu'on veut construire.
03:23Le message aujourd'hui, ce n'est pas uniquement qu'on est contre l'ensemble des mesures qui ont été mises sur la table.
03:30C'est une chose, mais on veut pouvoir aussi proposer des nouvelles orientations et des nouvelles mesures.
03:35Évidemment, s'il y a 900 000 personnes dans la rue, peut-être même un million,
03:40certains syndicats l'évoquent, pour vous, ce sera un succès ?
03:42Oui, ça sera un succès.
03:43Moi, je pense que c'est important de pouvoir faire cette démonstration du nombre d'un membre du travail
03:49qui nous dit, quand je vais rencontrer les salariés, les agents des fonctions publiques,
03:54les fonctionnaires me disent, on en a marre d'être stigmatisés,
03:57on en a marre de considérer qu'on ne fait rien et qu'on n'est pas utile au service public.
04:02Les salariés qui nous disent, moi, je n'arrive pas à vivre dignement de mon travail,
04:05aujourd'hui, et cet après-midi notamment à Paris, on permet de pouvoir avoir cette expression.
04:10Certains blocages ont déjà eu lieu ce matin, et le ministre de l'Intérieur a dit redouter
04:14entre 5 000 et 10 000 casseurs. Est-ce que vous le ressentez aussi ?
04:18Ça fait partie des éléments qui peuvent perturber,
04:21mais nous, je pense que c'est important de dire qu'on offre un cadre sécurisé.
04:26Les organisations syndicales, elles s'organisent pour sécuriser les cortèges,
04:30et après, chacun son rôle. C'est aussi du rôle du ministre de l'Intérieur.
04:36Mais est-ce qu'on peut encore manifester calmement dans ce pays ?
04:39Moi, j'espère. J'espère. Et je ne veux pas que les menaces de violence soient dissuasives
04:45pour les personnes qui ont légitimement des choses à dire dans les cortèges syndicaux.
04:50Vous espérez que ça n'en décourage pas certains ? Lorsque vous voyez que le préfet de police de Paris,
04:54pour le parcours parisien, recommande aux commerçants de baisser le rideau, de rester fermé.
05:02Est-ce que ce n'est pas déjà une forme, là, pour le coup, d'échec sur le calme que vous espérez ?
05:06Lui, il prend les précautions qu'il considère nécessaires.
05:10Nous, on organise aussi, avec le service d'ordre, la protection des personnes qui seront dans le cortège.
05:16Chacun son rôle. Je dis, j'ai envie de dire, chacun son rôle.
05:19Mais chacun son rôle. Je ne veux pas que les menaces de votre ressort.
05:22Oui, mais j'assume totalement la responsabilité des organisations syndicales.
05:26Ça fait partie de notre responsabilité lorsqu'on appelle à une date, qu'on organise des cortèges,
05:31d'assurer la sécurité de ceux qui veulent défiler dans de bonnes conditions.
05:34Et on sera au rendez-vous.
05:35Les colères, elles sont... Quand vous dites qu'on sera au rendez-vous, pardon ?
05:38On sera au rendez-vous de la sécurité aussi.
05:40De la sécurité aussi.
05:40De la sécurité dans le cortège.
05:41Vos services d'ordre sont dans les starting blocks.
05:43On est complètement responsables et on sait comment faire.
05:48Donc, vous dites ce matin à ceux qui nous écoutent et qui nous regardent, venez, il n'y a pas de risque.
05:52Venez, parce qu'on a tout mis en œuvre pour que ça se passe dans de bonnes conditions.
05:56Et que moi, je pense que c'est important que le message des salariés, des agents puissent passer
06:02et qu'on puisse être en ombre dans les mobilisations et les manifestations.
06:05Marie-Lise Léon, vous avez parlé des différentes colères.
06:07Elles touchent d'ailleurs désormais à peu près tous les domaines et toute la France.
06:10Il y aura même les pharmaciens qui seront boutiques fermées aujourd'hui, ce qui n'a pas été vu depuis bien longtemps.
06:17Il y a aussi la question du rapport aux services publics.
06:20Vous êtes favorable à quel type de mesures ?
06:23Vous avez dit, on est contre ce qu'il y avait dans le budget initialement.
06:26Vous, vous le feriez comment ?
06:27D'abord, sur la question des économies.
06:28Est-ce que vous partagez l'inquiétude d'un François Bayrou ou d'un Sébastien Lecornu aujourd'hui
06:34sur le fait qu'il faut faire des économies et qu'il y a un problème de dette ?
06:38Il y a un problème de dette, il y a un problème de déficit.
06:41Il y a un travail à faire spécifiquement sur la construction du budget 2026.
06:44Et c'est pour ça qu'on fait aussi des propositions.
06:47Alors, je dis, on est aujourd'hui, c'est un appel de contestation de ce qui a pu être mis sur la table.
06:51C'est aussi un appel à la construction d'un budget plus juste fiscalement, écologiquement.
06:56On a besoin d'investissements sur la transition écologique et socialement.
07:01Je l'ai évoqué en juillet lorsqu'il y a eu l'ensemble des annonces.
07:06Ça a été un musée des horreurs pour le monde du travail.
07:09On nous a dit qu'il fallait taper sur les arrêts maladie, qu'il fallait des jours fériés à supprimer,
07:17qu'il fallait travailler sur le temps de travail, etc.
07:21Donc, il y avait un catalogue totalement inadmissible pour le monde du travail.
07:24Nous, on a des propositions effectivement très concrètes sur des économies.
07:28La question des dépenses aujourd'hui publiques sur les aides aux entreprises.
07:32Je ne dis pas qu'il ne faut pas d'aide aux entreprises.
07:35Aujourd'hui, on est sur un budget conséquent, un budget important de l'État,
07:39avec des aides directes et indirectes de plus de 200 milliards d'euros.
07:43Il y a besoin de regarder.
07:45Vous les supprimez ou vous demandez une contrepartie ?
07:47Non, je ne supprime pas. Je veux savoir à quoi ça sert, comment c'est utilisé, comment c'est évalué
07:52et est-ce qu'il y a véritablement des contrôles ?
07:55Aujourd'hui, on est dans un maquis, il y a des centaines de dispositifs différents.
08:01Ce sont des montants colossaux.
08:04Et aujourd'hui, les entreprises, il faut qu'elles comprennent qu'elles doivent rendre des comptes.
08:08On ne peut pas uniquement demander aux citoyens ou aux travailleurs de contribuer
08:11parce qu'il y a un effort à faire particulier.
08:13Je pense que du côté des entreprises aussi...
08:14Vous avez déjà obtenu l'annulation de la suppression évoquée des deux jours fériés.
08:19Vous demandez à ce qu'il y ait plus de contrôle sur les aides aux entreprises.
08:22Vous entendez quand même que de l'autre côté, on a un Patrick Martin, le patron du MEDEF,
08:26qui dit « oui, mais si on nous met trop à contribution, nous pourrions nous aussi nous mobiliser, nous les patrons ».
08:33Oui, ça le regarde.
08:36Mais je trouve qu'à un moment, on ne peut pas avoir des discours d'appel à la stabilité, à la responsabilité
08:41et ne pas vouloir assumer sa part de responsabilité.
08:44Aujourd'hui, je reviens sur la question des aides publiques.
08:47On a un peu plus de 200 milliards d'euros qui sont distribués.
08:50Et les entreprises, elles nous disent, les employeurs nous disent « circulez, il n'y a rien à voir ».
08:54Ce n'est pas possible.
08:55Ce n'est pas possible à un moment où démocratiquement, en plus, on sent qu'il y a des tensions
08:59et qu'il y a de plus en plus de difficultés à consentir à faire des efforts.
09:04On ne peut pas expliquer qu'il y en a qui s'en exonèrent complètement.
09:06Patrick Martin qui, d'un côté, effectivement, dit « attention, si on touche aux impôts des entreprises,
09:10nous pourrions nous mobiliser ».
09:11Et qui, de l'autre côté, vous invite, vous et les autres organisations syndicales, à reprendre le dialogue.
09:17Ils vous proposent de le retrouver au MEDEF.
09:18Oui, parce qu'on va...
09:19Ça, ça fait partie aussi du dialogue.
09:21J'ai déjà...
09:22On a déjà accepté.
09:22Il y a plein d'organisations syndicales qui ont aussi dit qu'elles étaient OK.
09:26Parce qu'on a...
09:27Mais ce dialogue, il existe depuis longtemps.
09:29C'est un dialogue en continu que l'on a.
09:31Et je pense qu'aujourd'hui, pour la CFDT, nous, on portera le besoin impératif d'avoir des négociations sur la question des jeunes.
09:39Aujourd'hui, l'insertion des jeunes dans l'emploi est de plus en plus difficile.
09:44Le taux d'emploi des jeunes recule.
09:46Et c'est une vraie difficulté.
09:47Et je pense qu'à un moment où on a beaucoup parlé de retraite, où on parle beaucoup de retraités et de boomers,
09:52je pense qu'on a besoin de s'occuper aussi des plus jeunes et de leur donner des signaux d'insertion, d'inclusion.
09:58On a parlé des retraités et des boomers.
10:00L'idée, à nouveau, c'est aussi, par exemple, ce que demande le Parti Socialiste, une suspension de la réforme des retraites.
10:05Est-ce que vous y êtes favorable ?
10:06Nous, on y est favorable pour une raison simple, c'est qu'il y a eu un conclave.
10:09Le patronat a fait en sorte que ça n'aboutisse pas.
10:12Et aujourd'hui, s'il doit y avoir des nouvelles discussions, on revient à avant le conclave.
10:17Une négociation, il y a des principes et il y a des règles.
10:20L'un des principes, c'est lorsque une partie dit non, la négo, elle s'arrête et après l'heure, ce n'est plus l'heure.
10:27Donc, s'il doit y avoir des discussions qui reprennent sur la question des retraites, ça se fait avec une suspension de l'évolution, notamment du décalage de l'âge.
10:35Donc, s'il y a suspension, vous accepterez de discuter ?
10:37Nous, on discutera parce qu'il y a des vrais enjeux.
10:40Les enjeux qui ont été traités dans le conclave, ils existent toujours.
10:43Les femmes, elles sont toujours les premières victimes de cette réforme du décalage de l'âge légal.
10:48La question de la pénibilité, elle existe toujours.
10:51Les personnes qui travaillent dans des boussures pénibles, qu'elles soient aides à domicile, aides-soignantes ou carreleurs ou peintres en bâtiment, ils ont toujours les mêmes problèmes.
11:00Donc, moi, ma boussole, c'est comment on répond à leur situation.
11:04On n'a pas pu aboutir, malheureusement, il y a quelques semaines.
11:08S'il y a des discussions qui reprennent, on est OK.
11:11On suspend et on est OK pour discuter.
11:13Pas dans n'importe quelle condition.
11:14Ce Zuckman, Marie-Lise Léon, est-ce que vous y êtes favorable ?
11:18Alors, moi, mon organisation y est favorable.
11:21Moi, j'y suis très favorable parce que ça fait partie des éléments, justement, de justice.
11:25Et quand on dit qu'il faut faire des efforts, il faut que tout le monde envoie le signal qui fait des efforts en fonction de ses moyens.
11:31Je voudrais que vous écoutiez, Marie-Lise Léon, les propos hier de Nicolas Dufour, que c'est le patron de la BPI, la Banque Publique d'Investissement.
11:38Il était à mon micro sur AMC. Écoutez.
11:40C'est un truc complètement absurde, en réalité.
11:45Il faut voir à quel point ça panique les entrepreneurs avec lesquels je vis depuis 12 ans.
11:48On vient leur expliquer qu'on va leur prendre 2% de leur boîte tous les ans.
11:51C'est invraisemblable.
11:52Et 2%, d'ailleurs, pourquoi pas 3 ? Pourquoi pas 4 ?
11:55Il a fait son calcul en disant qu'il nous manque 20 milliards.
11:5720 milliards, ça fait 2.
11:58Le problème, d'ailleurs, c'est qu'il ne manque pas du tout 20 milliards.
12:02Il manque 150 milliards pour stabiliser la dette française.
12:05Donc, ça n'a aucun sens, tout ça.
12:07D'abord, ça n'arrivera jamais.
12:09C'est uniquement fait pour hystériser le débat.
12:12Et donc, le plus tôt que ce débat s'arrête, le mieux ce sera pour les entrepreneurs.
12:15Est-ce que vous entendez sa crainte sur le développement des entreprises et l'innovation ?
12:18J'entends sa crainte.
12:19Je pense qu'en tant que patron de BPI France, il sort de son rôle de faire ce type de commentaires publiquement.
12:26Et j'entends sa crainte.
12:30Mais on ne peut pas rentrer dans un débat en ayant peur de voir une mesure se mettre en place,
12:36en ayant ce type d'arguments totalement caricaturaux.
12:39Je pense que ça tue le débat et qu'on a besoin d'un débat serein,
12:43posé sur cette question du partage des efforts et de la contribution des plus hauts revenus.
12:48Et ce n'est pas en faisant ce type de déclaration que ça élève le débat.
12:51Mais qu'est-ce que vous répondez à la question de, lui-même disait,
12:54si vous supprimez 2% d'une entreprise à un patron chaque année,
12:58au bout de 10 ans, il y a 20% qui est sorti de son giron.
13:03Il disait même, au fond, moi BPI, je devrais m'en réjouir,
13:06puisque ça reviendra sans doute dans le giron de l'État.
13:07Ça revient à une forme de nationalisation.
13:09Non, après, la taxe Zuckman, elle a été proposée, elle est sur la table.
13:13Il peut bien entendu y avoir un certain nombre d'aménagements.
13:16Là, on parle, la taxe Zuckman, originellement,
13:19on parle des personnes qui ont plus de 100 millions de patrimoine.
13:22C'est 1 800 contribuables qui pourraient être mis à contribution.
13:28Je ne crois pas une seconde qu'on aille vers ce type de dérive.
13:33Et ce qu'il décrit, je pense qu'il décrit une situation qui n'arrivera pas
13:36pour faire peur, parce qu'il ne veut pas qu'il débat.
13:39Et je pense qu'aujourd'hui, l'opinion publique y est favorable.
13:42Et donc, on a besoin d'un débat posé, étayé.
13:45Il y a des études très sérieuses qui ont été faites, qui prouvent que
13:49mettre en place ce type de taxes, non, ça ne fera pas fuir les plus riches de France.
13:54Donc, on a besoin d'un vrai débat.
13:58Sur les 25 familles, les plus riches, dans le fameux classement du magazine Challenge,
14:02il y en a déjà 10 qui vivent à l'étranger, soit en Suisse, soit à Dubaï.
14:05Oui.
14:05Donc, en fait...
14:06Donc, autant que les autres partent aussi ?
14:07Non, ce n'est pas une question qu'elles partent, c'est une question qu'elles puissent contribuer.
14:12Et moi, je pense qu'il n'y aura pas d'effet automatique de départ.
14:16Il n'y aura pas d'effet automatique, ce n'est pas vrai.
14:18Les études qui ont été faites sur ce sujet, elles prouvent l'inverse.
14:21Donc, je pense qu'on n'a pas besoin ni de caricatures, ni de mensonges dans le débat public.
14:25Est-ce que vous lui avez dit à Sébastien Lecornu, lorsque il vous a reçu ?
14:28Vous avez été d'ailleurs une des premières personnes qu'il ait reçu,
14:31alors qu'il a été nommé à Matignon.
14:32Ce qui montre aussi qu'il veut sans doute travailler avec vous.
14:36Je pense qu'on a eu un échange assez instructif.
14:40On a travaillé sur cette question.
14:41On lui a dit qu'il fallait faire un partage des efforts et une taxation des plus hauts revenus et patrimoine.
14:48On lui a dit aussi qu'il fallait regarder du côté des aides publiques aux entreprises.
14:53Et il a convenu qu'il fallait effectivement regarder de près cette question.
14:58Et puis, on lui a dit qu'il y avait un impératif.
15:00C'était ne pas faire cette nouvelle réforme de l'assurance chômage qui est prévue,
15:04qui nous a été demandée par François Iberoux à l'époque,
15:08qu'il y ait un nouvel effort demandé aux demandeurs d'emploi,
15:10alors qu'ils ont fait tous les efforts.
15:13L'État s'est empressé de prendre 12 milliards d'euros dans les poches de l'unité, la caisse de chômage.
15:20Et je pense que ça, c'est aussi un des messages forts qu'on a passés pour qu'ils renoncent à cette réforme.
15:25Quelle suite, Marie-Lise Léon ?
15:27Est-ce que c'est une journée ? Est-ce qu'il y en aura d'autres ?
15:29On va déjà attendre que la journée se termine.
15:32On va voir comment ça se passe, comment ça se déroule, comment on réussit à mobiliser.
15:36Après, j'ai envie de dire, la balle, elle sera du côté du gouvernement et du Premier ministre.
15:42Et des responsables politiques qui vont devoir constituer un budget, y contribuer,
15:48faire preuve aussi de capacité de faire bouger les lignes.
15:51Et quand j'entends des responsables, notamment du Bloc Central, qui expliquent que les efforts à faire,
15:57c'est surtout de la part des autres formations politiques, je suis assez inquiète sur leur réelle capacité à comprendre
16:03qu'aujourd'hui, quand on parle d'aide aux entreprises, quand on parle de fiscalité,
16:07ça veut dire qu'il faut qu'ils abandonnent des dogmes, des années.
16:12Donc les dogmes, ça suffit.
16:15Les dogmes, c'est pas de hausse d'impôt.
16:17Pas de hausse d'impôt, ça fait partie des mantras depuis des années et des années.
16:22On voit que ça nous a...
16:24Et les diminutions d'impôt qu'il y a eu pendant plusieurs années, elles nous ont amené à cette situation.
16:28C'est qu'aujourd'hui, on a un déficit qui est largement dû.
16:31Pour vous, cette dette, c'est pas pour le confort des boomers, comme le disait François Bayrou,
16:36c'est parce qu'on a stoppé la hausse d'impôt.
16:38Il y a eu une politique, il n'y a pas eu de hausse d'impôt, il y a eu des baisses d'impôt.
16:41Il n'y a pas eu de compensation, il n'y a pas eu de nouvelle recette.
16:43Aujourd'hui, on est dans un état de fait qu'il y a besoin de remettre de l'impôt pour ceux qui le peuvent.
16:51Et c'est là qu'il faut travailler sur c'est quoi une mesure de justice fiscale.
16:56Et donc, aujourd'hui, moi, je trouve que c'est pas juste que des milliardaires payent moins d'impôts en proportion que des infirmières.
17:02Marie-Lise Léon, vous dites, la balle est dans le camp désormais du Premier ministre et du futur gouvernement.
17:08Ça veut dire que vous n'avez pas, dans vos intersidicales, déjà évoqué la suite du mouvement ?
17:14La suite du mouvement, on l'évoque après la journée d'aujourd'hui.
17:16Donc, on va prendre le temps de regarder et de mesurer ce qui a pu se passer aujourd'hui.
17:24Et puis, on va aussi attendre de la part des responsables politiques.
17:27Il n'y aura pas de reconduction de la grève ?
17:30Ça fait partie des discussions qu'on aura suite à la journée d'aujourd'hui.
17:34Moi, je pense qu'on va attendre de voir le degré de mobilisation d'aujourd'hui.
17:38Vous savez, parce que moi, je ne veux pas des manifestations, il y a eu des militants, des militants de syndicaux qui ont l'habitude de battre le pavé.
17:45Je veux qu'on puisse embarquer des travailleurs, des salariés.
17:49Et dans la période où le pouvoir d'achat est un enjeu important, faire une journée de grève, ça pèse dans le budget.
17:56Ça pèse dans le budget de quelqu'un qui fait le ménage, de quelqu'un qui aide à domicile.
18:00Donc, on le fera en responsabilité.
18:02On verra ce qui...
18:03Vous ne souhaitez pas que ça s'installe parce que vous avez peur d'essouffler vos travailleurs ?
18:08Je pense que essouffler, ce n'est pas la question.
18:11C'est mobiliser de façon massive aujourd'hui, oui.
18:14Après, c'est renvoyer la balle au gouvernement en leur disant, mais c'est quoi ?
18:18Quand vous entendez une partie de la gauche et notamment du côté de LFI,
18:22appeler à une remobilisation ensuite et à peut-être même une grève...
18:25Moi, j'ai envie de leur dire, les spécialistes des mouvements sociaux, c'est les organisations syndicales, chacun son métier.
18:29Ça, c'est ce que vous dites à Jean-Luc Mélenchon ?
18:31C'est ce que je dis à tous les responsables politiques.
18:33Vous estimez que chacun son job ?
18:35Chacun son job, absolument.
18:35Vous avez quand même besoin d'eux aussi pour gonfler le mouvement, non ?
18:38Oui, bien sûr. On a besoin d'eux pour être, comment dire, travailler sur les équilibres du budget,
18:46de travailler sur de la justice fiscale, de la justice sociale et écologique.
18:50Bien entendu qu'on a besoin d'eux, mais ça n'est pas aux organisations politiques
18:54de décider de comment le mouvement social doit s'organiser.
18:58Je suis très claire là-dessus.
18:58Et je vous sens même assez... Vous aviez un message à faire passer ?
19:03Moi, je suis très respectueuse des prérogatives des uns et des autres.
19:06Chacun son rôle et chacun...
19:09Mais qu'eux aussi respectent les vôtres.
19:11Oui, mais je ne dis pas que pour le moment, ce n'est pas le cas.
19:14Mais j'aime autant que ça reste.
19:16Mais vous voulez fixer les limites ?
19:16J'aime autant que ça reste comme ça.
19:18Merci Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
19:21Je signale également que vous venez de publier un livre qui s'appelle S'engager.
19:24Et c'est assez votre attitude, globalement.
19:25Oui, merci.
19:26Il est 8h51 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV.
19:30Oui, merci.
19:31Merci.
19:32Merci.
19:33Merci.
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