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  • il y a 2 mois

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Transcription
00:00Le cardinal François-Xavier Bustillo est avec nous. Bonjour, Eminence.
00:05Bonjour.
00:06Et merci d'être avec nous avec Gautier Lebrecht.
00:08Bonjour à tous.
00:09Vous êtes évêque franciscain d'origine espagnole, vous êtes devenu évêque d'Ajaccio en mai 2021,
00:15et puis vous avez été élevé au rang de cardinal en septembre 2023,
00:19ce qui fait que vous avez assisté au conclave et que vous savez comment s'est passée cette élection.
00:25Non mais, secret, donc je ne vous interrogerai pas sur cette élection,
00:29parce qu'autrement, vous et moi pourrions être excommuniés, je crois.
00:34Il y a des choses qu'on peut dire, il y a des choses qu'il ne faut pas dire, qu'on ne doit pas dire.
00:39En tout cas, vous avez donc écrit Réparation, c'est aux éditions Fayard.
00:44Réparation, c'est un titre forcément qui interroge.
00:47Réparation, entre qui et quoi ?
00:50Déjà, le terme réparation, on répare quelque chose qui a été abîmé.
00:53Et dans la réparation, il y a de l'espérance.
00:58Autrement, si on ne peut pas réparer un objet ou une réalité, on la jette.
01:03Quand on répare quelque chose, c'est qu'il y a encore de l'espérance.
01:06C'est que cette chose, cet objet, cette société, cette église qui est la nôtre,
01:12elle peut retrouver sa splendeur première.
01:15Le terme, il vient de la tradition franciscaine.
01:17Vous connaissez Saint-François, quand il dit, quand il entend la voix du crucifié,
01:22« Va, François, répare mon église. »
01:25Le Christ ne lui demande pas une église pure et parfaite.
01:30Saint-François répare une église qui a ses combats, ses limites et ses problèmes.
01:35Je pense que notre société, j'ai fait un parallélisme, a besoin d'être réparée.
01:40Quand on voit la violence, les tensions, les crispations sociales,
01:45tu te dis, mais on a un potentiel, on a un idéal, on a des possibilités,
01:51on ne peut pas et on ne doit pas se limiter à constater les difficultés,
01:55à décrire les problèmes, à faire la liste des difficultés de notre société occidentale et française.
02:01Mais il faut agir.
02:03Il faut agir d'une manière simple, douce et claire.
02:06Moi, évidemment, je suis typé, je suis cardinal.
02:10Moi, je dois agir et réagir avec le patrimoine, les valeurs et les principes
02:16que je trouve importants pour notre société.
02:21Et par la réparation, moi, je critique dans la première partie
02:24une certaine vision de notre société que je n'accepte pas
02:29et que je trouve qu'elle nous fait souffrir parce qu'elle vient d'une souffrance
02:33et quelque part, on perpétue la souffrance.
02:35Et moi, je fais ma proposition.
02:37Mais laquelle ?
02:38Lorsque vous dites que cette société me fait souffrir,
02:41en quoi vous n'êtes pas d'accord, si j'ose dire, avec cette société ?
02:45En quoi elle vous fait souffrir ?
02:47Quand je vois les actualités,
02:49les faits divers,
02:51quand on voit que des adolescents sortent le couteau à la première difficulté,
02:55quand je vois les problèmes de guerre en Ukraine, à Gaza,
03:01les difficultés du monde...
03:02C'est l'histoire du monde.
03:03C'est l'histoire du monde depuis des mille ans.
03:04C'est l'histoire de l'humanité.
03:05L'humanité est blessée, elle va continuer.
03:07Mais en tant que croyant, moi je me dis, je ne peux pas me limiter à constater.
03:13Mais alors que faire ?
03:14Voilà.
03:15Justement, ce livre apporte des réponses.
03:19Des réponses qui ne sont pas très simples et très faciles,
03:23mais je pense qu'il faut ressusciter, dans la réparation,
03:28il faut ressusciter ces valeurs qu'ont fait notre civilisation chrétienne.
03:33Quand Jésus dit aimez-vous les uns les autres,
03:35ce n'est pas de la poésie, ce n'est pas évident non plus.
03:37Quand il dit aimez vos ennemis,
03:40c'est exigeant,
03:42ça prend du temps.
03:44Il faut la volonté et la force.
03:46Quand Jésus dit ne jugez pas, ne condamnez pas,
03:50donnez, pardonnez,
03:53pour moi ces termes ne sont pas juste des termes sympathiques
03:56qu'on écoute à la messe,
03:57et c'est fini.
03:58Ce sont des termes qui doivent provoquer une révolution intérieure,
04:03parce qu'il faut les accepter,
04:04et ensuite ces termes doivent provoquer
04:06une qualité relationnelle qu'on cherche tous.
04:11Alors ce qui est intéressant aussi,
04:12c'est effectivement la société dont vous parlez,
04:14mais les implications, j'ai envie de dire pratiques,
04:16et c'est ça peut-être qui peut intéresser ceux qui nous écoutent.
04:19Quelle attitude, quel geste simple
04:21dans nos vies quotidiennes pour réparer ?
04:25Moi je crois que ce qu'on entend partout,
04:28c'est le mal et le côté sombre.
04:31Et dans la vie de tous les jours,
04:33moi je le vois dans ma vie ordinaire,
04:34mais parce que vous aussi,
04:36quand nous rencontrons des personnes lumineuses, simples,
04:39il y a des gestes de générosité,
04:41de simplicité, de politesse,
04:43je ne demande pas de la hôte mystique.
04:45L'autre jour, j'étais à Montpellier,
04:48à l'aéroport,
04:50il y avait une dame
04:50qui était enceinte,
04:53elle attendait,
04:53comme tout le monde,
04:55on était tous debout,
04:56il y avait quatre ou cinq personnes
04:57qui étaient assises.
04:58Une dame se levait
04:59pour donner la place
05:00à cette femme enceinte.
05:03Ok, c'est le domaine de la politesse,
05:05de la cordialité,
05:06de la normalité.
05:08Mais moi je me suis dit,
05:09ce geste il est simple,
05:11il est naturel,
05:11il est beau,
05:12mais je dis à cette dame,
05:13merci.
05:15Pourquoi ?
05:15Parce que finalement,
05:16on voit le bien,
05:18mais on ne le célèbre pas.
05:20Et peut-être qu'il nous faut
05:21passer à un niveau différent
05:22dans lequel on est capable aussi
05:24de célébrer
05:25ces gestes simples
05:26de la vie ordinaire
05:27qui font du bien aux autres
05:29et qui montrent aussi
05:30qu'à l'intérieur des personnes,
05:32il n'y a pas que le côté sombre,
05:33il y a du bon et du bien.
05:34Alors,
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