Quelle sera l'ampleur de la mobilisation le 10 septembre? Depuis plusieurs semaines, les appels au blocage se sont multipliés. Si les conséquences, notamment dans les transports, ne devraient pas être trop importantes, les autorités craignent en revanche des actes de sabotage.
00:00Il est 13h17, le dossier du 13h à présent, Roselyne, avec cette question que veulent vraiment les manifestants du 10 septembre après le vote de confiance.
00:08La France va entrer en zone inconnue sociale avec une double mobilisation.
00:12Celle du 10 et celle du 18, l'intersyndicale le 18 et l'appel du collectif Bloquons-Tout mercredi.
00:18On va en parler avec Antoine Briestiel, directeur de l'Observatoire de l'Opinion à la Fondation Jean Jaurès,
00:23Maxime Clieruza du service Pôle et Justice et Noémie Vira, la reporter du MidiBFM qui est à Rennes.
00:29On vous retrouve, Noémie, justement avec un étudiant qui va se mobiliser mercredi.
00:32Qu'est-ce qu'il en attend ? Pourquoi faire ?
00:37Alors, ils veulent tout simplement plus de justice sociale.
00:41A mes côtés, Romain Marec, bonjour, vous êtes militant du syndicat Union Pirate.
00:46Expliquez-nous, quelles sont vos revendications ?
00:49Nous, déjà, tout d'abord, on soutient toutes les revendications progressistes qui ont été appelées pour le 10 septembre.
00:55Mais au-delà de ça, nous avons aussi des revendications spécifiques à la vie étudiante,
00:58notamment la révariation des bourses, la construction de plus de logements étudiants
01:01ou plus de budget dans l'enseignement supérieur à la recherche en règle générale.
01:04Vous dites qu'il y a aussi une dégradation des services publics ?
01:07Oui, tout à fait. Le nombre d'étudiants augmente depuis maintenant 10-15 ans
01:10et les budgets de l'enseignement supérieur à la recherche stagnent, voire baissent.
01:13Donc, voilà, il y a aussi un problème de condition de vie pour les étudiants
01:15et de condition de travail pour les enseignants et le personnel en général.
01:18Problème de bourse, d'accès au logement ?
01:20Oui, tout à fait. Aujourd'hui, il y a eu un changement de logiciel au CRUS,
01:23donc au CNUS même au niveau national.
01:24Et avec un manque de budget, ils n'ont pas pu faire de fast-test.
01:27Et donc, il y a eu beaucoup de problèmes dans le logiciel,
01:28ce qui conduit aujourd'hui à avoir quasiment la moitié des étudiants boursiers rénais
01:33qui n'ont pas eu de réponse pour leur bourse
01:34et qui donc se retrouvent amputés de parfois 100 euros, parfois 200 euros,
01:37mais jusqu'à 700 euros pour ce mois-ci.
01:39Et donc, ça a été dans des situations encore plus précaires qu'habituellement.
01:41Il y a le loyer à payer, il y a la nourriture à payer pour le premier mois,
01:44il y a les frontières scolaires à acheter,
01:46il y a aussi le transport pour venir dans la ville d'études.
01:49Donc voilà, ça fait beaucoup de charges
01:50et qui ne sont pas compensées par les bourses pour l'instant.
01:52Et le 10 septembre, à quoi vont ressembler vos actions ?
01:55Pour l'instant, on n'a pas encore décidé d'action de notre côté.
01:58Nous, en tout cas, on va se renseigner sur ce que les AG de lutte
02:00et les AG, en tout cas, il y a une AG en cours en ce moment, va décider
02:03et on rejoindra sans doute les actions qui ont été décidées pour cette journée-là.
02:06Merci beaucoup, Romain Marek.
02:08Vous avez déjà réuni 250 étudiants qui feront partie de ce rassemblement
02:13Place de la République à 11h30 ce mercredi 10 septembre à Rennes.
02:18Antoine Bristiel, vous avez travaillé sur ce mouvement
02:21et ce qui est intéressant, c'est de voir à la fois la variété des profils
02:24et la variété des lieux de mobilisation.
02:26Et je voudrais qu'on regarde justement la liste des pots de départ
02:29qui sont programmés ce soir par ces militants,
02:32pots de départ de François Bayrou.
02:34Et quand on voit la liste, il y a la Barre de Mont, il y a Fontaine,
02:36il y a Saint-Philibert-Grandlieu, il y a Aubenas, il y a Vaud-en-Velin.
02:40Que des petites communes.
02:42Ce mouvement, il part justement du local, du très très local.
02:48Alors, cela dit, quand vous dites diversité des profils, non, plutôt pas.
02:53En l'occurrence, on a plutôt des personnes qui sont quasiment en exclusivité,
02:58des personnes de gauche radicale avec 70% de vote pour Jean-Luc Mélenchon,
03:0210% de vote pour Philippe Poutou.
03:04Mais en effet, sur le profil en termes de lieux d'habitation,
03:07on a une surreprésentation des petites villes.
03:09Cela s'explique essentiellement par deux raisons.
03:11La première, c'est la structuration du mouvement, non pas à l'échelle nationale,
03:15non pas à l'échelle régionale, mais plutôt à l'échelle départementale,
03:18voire même locale.
03:20Ce qui fait qu'on a une multiplication des lieux de rassemblement,
03:23ou en tout cas des lieux d'action et de structuration du mouvement.
03:26Et puis également, cette impression dans ces petites villes d'être souvent délaissée
03:30par rapport à des décisions qui sont prises uniquement à Paris
03:33et qui expliquent la surmobilisation des personnes qui habitent dans ces zones-là.
03:38Un mouvement très éclaté, imprévisible.
03:40C'est ça, Maxime, qui inquiète le renseignement ?
03:42Oui, totalement, puisque à l'origine de ce mouvement,
03:45un mouvement qui s'appelle Les Essentiels, avec un homme à sa tête,
03:50c'est un groupe qui a été créé le 21 mai.
03:52Mais ce que le renseignement territorial observe,
03:54c'est que ce mouvement qui était aussi poussé par d'anciens gilets jaunes
03:58a peu à peu été délaissé par, justement, ce qu'on disait à l'instant à l'antenne,
04:04c'est-à-dire la mouvance de l'ultra-gauche.
04:06C'est d'ailleurs ce qui inquiète le renseignement territorial,
04:10qui observe que ces participants, ces membres de l'ultra-gauche
04:13sont en constante augmentation au fur et à mesure des semaines
04:17où les réunions s'organisent.
04:20Ce qui inquiète aussi, c'est qu'à l'inverse des gilets jaunes,
04:22où le mouvement était très présent sur Facebook,
04:25aujourd'hui, le mouvement s'organise à l'échelle locale
04:28et surtout via des messageries cryptées,
04:30que sont Signal et Telegram,
04:32et qui compliquent un petit peu la tâche de renseignement.
04:35Fort de ce profil, Antoine Briestel,
04:37vous pensez qu'il faut s'attendre à quoi pour le 10 ?
04:40Alors, c'est ça qui est assez intéressant,
04:41et la personne que vous interviewez juste avant le disait assez bien.
04:45Il y a encore une très grande hésitation
04:47sur la manière de se mobiliser le 10 septembre.
04:48Toutes les personnes qui ont répondu à mon questionnaire,
04:52il y avait une très grande partie qui ignorait justement
04:55la manière dont elles allaient se mobiliser le 10 septembre.
04:58Puis parmi celles qui savaient,
04:59vous en aviez certaines qui vous disaient
05:00« Bon, moi, j'aimerais bien participer à une manifestation,
05:03j'aimerais bien participer à une opération escargot. »
05:06Puis d'autres qui vous disaient
05:07« Bon, moi, je vais rester chez moi,
05:08je vais moins consommer,
05:09je vais débrancher ma box Internet. »
05:10Donc il y a une vraie incertitude sur la forme
05:12que pourrait prendre le mouvement.
05:13– Exactement, une vraie incertitude,
05:15et c'est ce qui parfois peut être inquiétant également
05:18pour les renseignements que vous disiez juste avant,
05:21parce que c'est contrairement à des mobilisations syndicales
05:24où c'est assez cadré,
05:25là c'est beaucoup plus incertain,
05:27et ça peut aussi s'organiser au dernier moment.
05:29C'est ce que disait également la personne que vous interviewez.
05:31Là, l'AG, pour prévoir le mouvement dans deux jours,
05:34n'est pas encore passé.
05:35– Et on suivra ça évidemment sur BFMTV.
05:37Merci beaucoup à tous les trois.
05:38On verra aussi si le discours tout à l'heure du Premier ministre
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