Grégory Gadebois et Marie Gillain, comédiens

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00:00Et alors c'est un bonheur ce matin d'accueillir deux grands comédiens, Marie-Gilin et Grégory Gattebois.

00:06Bonjour à tous les deux !

00:07Bonjour !

00:09Alors Grégory est pour l'instant seule parce que Marie-Gilin a couru faire une petite pause

00:15et elle est en train de faire son entrée dans ce studio.

00:17Alors que Marie-Gilin a fait son entrée !

00:20Elle va dire bonjour !

00:21Elle a dit bonjour, merci d'être là ce matin à tous les deux.

00:25Pour parler d'un très joli film, ça s'appelle Une place pour Pierrot.

00:28C'est vous qui jouez Pierrot, Grégory Gattebois, qui est autiste et qui vit dans un foyer médicalisé

00:34jusqu'au jour où sa sœur, que vous incarnez, Marie-Gilin, va reprendre la situation en main.

00:39C'est les gars d'entretien qui l'ont trouvé.

00:43Je vais nuire mon Pierrot.

00:45Vous avez encore augmenté la médication de mon frère sans me prévenir.

00:49Madame Levant, qu'est-ce que vous faites ?

00:50Mon frère ne restera pas un jour de plus ici.

00:52Vous n'avez pas le droit, vous ne pouvez pas...

00:54Si vous voyez, je peux !

00:55Il paraît que tu as enlevé ton frère handicapé ?

00:56Mon frère n'est pas handicapé, il est autiste.

00:58Comment on va faire ? On n'a pas de chambre d'amis ?

00:59Si je le prenais quelques heures par jour, je trouverais toujours quelque chose à lui faire faire en cuisine.

01:05Voilà, c'est bien.

01:08Camille, j'espère que tu réalises ce que tu vas devoir assumer si ça dure.

01:10Ça ne durera pas.

01:11Ok.

01:12Non, Pierrot, Pierrot, Pierrot.

01:14Il est resté tout nu tout l'après-midi.

01:15Dans Izzy.

01:16Je ne lui parle pas.

01:19Et toi, Camille, comment tu vas ?

01:21Il est terminé, ton yaourt, putain !

01:23Maman !

01:24Elle est très énervée, ma sœur Camille.

01:28Il est très touchant, ce personnage de Pierrot, Grégory Gadebois.

01:35Cet homme de 45 ans qu'on va bourrer de médicaments.

01:40C'est ce qui pousse Camille à le sortir de son foyer.

01:42Comment est-ce que vous avez préparé ce personnage ?

01:45Parce que c'est quand même très particulier de jouer un autiste typique comme ça.

01:49Je ne sais pas.

01:51Je ne sais pas comment j'ai préparé.

01:53J'ai fait beaucoup de discussions avec Hélène.

01:56Beaucoup de ce qui est...

01:57Hélène la réalisatrice, Hélène la réalisatrice.

02:00Et puis de ce qui est écrit dans le scénario.

02:03Je ne sais pas comment dire.

02:05Je n'ai pas joué l'autisme.

02:07Pour moi, ce n'était pas un personnage qui était autiste.

02:09C'était un personnage qui était...

02:11Qui était différent.

02:12Qui était différent.

02:13Qui voyait le monde d'une certaine manière.

02:15Qui était plutôt libre.

02:17Qui était plutôt...

02:19Qui ne se forçait pas.

02:20Qui était...

02:21Voilà.

02:21Je travaille un peu là-dessus.

02:22C'est particulier, même à Régine, de jouer avec Grégory Gadebois sur un personnage comme celui-là.

02:27Parce qu'il y a une grande économie de mots.

02:30Notamment dans les premières scènes.

02:31Où il ne parle pas du tout.

02:34Oui, le rapport entre Camille et son frère, c'est un rapport qui est très sensoriel.

02:38Qui est très organique.

02:39On comprend dès le départ qu'ils ont une relation.

02:42Très fusionnelle.

02:44Qui est mise en place depuis l'enfance.

02:46Où elle était la petite sœur au départ.

02:47Et elle a un peu endossé un rôle un peu de protectrice.

02:53Alors on avait évidemment chacun notre partition.

02:55Moi, c'est à l'inverse.

02:56Camille, elle est tout feu, tout flamme.

02:57Elle est dans le combat.

02:58Elle est dans les mots.

03:00Mais quand elle est avec Pierrot.

03:02Je pense qu'ils ont chacun une façon de s'apaiser mutuellement.

03:07Oui, c'est une relation qui est extrêmement tendre.

03:11Et totalement organique.

03:13Je voulais savoir si vous aviez rencontré des personnes neuroatypiques.

03:16Parce que quand on en a dans son entourage, il y a beaucoup de scènes, je trouve, Grégory Gadebois.

03:21Vous avez chopé des gestes.

03:26Ou même des façons de vous exprimer qui ressemblent énormément à des personnes neuroatypiques.

03:32Je voulais savoir si vous en aviez travaillé avec certaines d'entre elles.

03:35Autistes ou autres.

03:39Non.

03:40Moi, j'ai tout fait comme Hélène m'a dit.

03:41Mais ton personnage au théâtre, il t'avait quand même un petit peu inspiré ?

03:47Ah non.

03:48Non, pas du tout.

03:48Non, ils sont très différents.

03:49J'avais fait un personnage au théâtre, mais qui était un peu bête.

03:52Qui n'avait pas beaucoup de cochons intellectuels.

03:55Parce que même dans le regard, je trouve qu'il y a quelque chose qui interpelle les gens qui sont au quotidien avec des personnes neuroatypiques.

04:03Il y a quelque chose dans votre regard qui est vraiment vrai.

04:05Il faut expliquer que la réalisatrice Hélène Médic, elle a voulu représenter ce qu'on appelle un autiste typique.

04:11Et son film, il est inspiré de ce qu'elle a vécu avec son propre grand frère.

04:15C'est ça aussi.

04:16Donc forcément, elle vous a guidé.

04:18Voilà.

04:18Et qui joue dans le film, d'ailleurs.

04:22Oui.

04:22Mais c'est surtout les situations qui font que...

04:28Je n'ai pas fait exprès de moi de faire ça.

04:30Je n'ai pas fait exprès d'être bon.

04:31C'est réussi.

04:31Non, parce qu'on aurait pu imaginer qu'elle demande à un comédien autiste de jouer ce rôle, finalement.

04:37Est-ce que vous avez évoqué cette possibilité-là avec elle ?

04:40Non, dès le départ, pour elle, c'était...

04:43Elle voulait le faire avec un comédien.

04:46Elle le dit très souvent.

04:47Elle a dit, si Grégory n'avait pas voulu faire le film, je pense que je n'aurais pas fait le film.

04:50Ah, carrément.

04:51Ah oui.

04:52C'est beau d'être désiré comme ça, Grégory.

04:54Oui, mais ça fait peur aussi.

04:57On ne peut que rater.

04:58Alors, ce qui est beau dans ce film, Marie-Gilin, c'est comment vous allez tout faire, tout donner

05:05pour ramener votre frère vers la vie qu'il mérite, alors que dans son foyer, il était, voilà, on l'a dit,

05:12shooté au médicament, il ne vivait plus, en fait.

05:15Ce qui doit arriver à des patients, encore une fois, cette histoire, elle est inspirée d'une histoire vraie.

05:20Oui, oui, elle est, en fait, Camille, c'est un peu le reflet de toutes ces personnes qui sont des aidants.

05:27Des aidants, oui.

05:27Et qui font comme ils peuvent, dans un contexte qui n'est pas toujours évident.

05:32Ce sont des êtres différents, qui méritent une place, qui méritent une attention particulière,

05:37et qui ont juste besoin qu'on les aide à devenir autonomes et à développer leur potentiel.

05:45Or, en tout cas, dans ces foyers médicalisés, même s'il y a des gens formidables qui font très bien leur métier

05:51et que ce n'est pas un film qui dénonce.

05:54Mais force est de constater que souvent, les familles se retrouvent très isolées et impuissantes

05:59et voient bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

06:03On voit bien que Pierrot n'est plus lui-même et elle connaît son potentiel.

06:09Donc, elle a appris à le stimuler.

06:13Et donc, elle ne trouve pas d'autre moyen que de le sortir de ce foyer.

06:16Et c'est vrai que c'est un film qui rend hommage, finalement, aussi à tous ces aidants,

06:20pas seulement aux aidants des autistes, aux millions d'aidants en France.

06:23Mais les aidants, on ne sait pas le métier.

06:24On ne sait pas le métier et qui, souvent, s'oublie comme votre personnage

06:27qui, finalement, oublie sa vie professionnelle, oublie sa vie amoureuse

06:31pour se dédier entièrement à une personne qui a besoin d'aide et qui lui est proche.

06:36Ça s'appelle Une place pour Pierrot.

06:37C'est un très joli film d'Hélène Médigue

06:39qui sera en salle à partir de mercredi prochain, le 17 octobre.

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