Paloma Laudet est née à Lyon, mais elle a passé la plus grande partie de son enfance à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales). Devenue photoreporter indépendante, elle expose à la 37e édition de Visa pour l'image à Perpignan.
00:00C'est ici matin, la radio à la télé sur la 3, Visa pour l'image a débuté Clotilde Jupon le week-end dernier
00:06et nous sommes au cœur de la semaine professionnelle, celle où se décerne les prix Visa.
00:10Et ce matin nous accueillons une photo reporter, elle s'appelle Paloma Laudé, elle vient de Bagnoules-sur-Mer
00:16et son travail sur le conflit en République démocratique du Congo est en ce moment exposé à Perpignan à la chapelle du tiers ordre.
00:23Et elle est en lice pour le très prestigieux Visador Clotilde.
00:26Oui tout à fait, bonjour Paloma Laudé.
00:29Bonjour.
00:30Avant de parler de votre photo reportage, exposez donc à Visa, quelques mots sur vous.
00:34Vous avez 26 ans, vous êtes née ici à Bagnoules-sur-Mer.
00:37Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir photo reporter ?
00:40Alors juste première chose, je ne suis pas née à Bagnoules-sur-Mer, je suis née à Lyon mais j'ai grandi à Bagnoules-sur-Mer ensuite.
00:48C'est Visa pour l'image qui m'a donné envie de devenir photographe.
00:54J'ai eu l'occasion d'y aller beaucoup quand j'étais jeune et je pense que c'est surtout le festival
00:58qui m'a permis de me dire que c'était possible en fait, qu'il y avait des photographes et que c'était un métier et que je pouvais le faire.
01:05Et pourquoi choisir d'aller en République démocratique du Congo, en plein milieu du conflit armé ?
01:11Cette idée-là vous est venue comment ?
01:13C'est une région qui m'intéresse depuis assez longtemps, ça fait deux ans que je travaille entre le Rwanda, l'Ouganda et la République démocratique du Congo
01:20et notamment sur les conséquences au long cours du génocide rwandais de 1994
01:25et le conflit actuel en République démocratique du Congo est vraiment l'héritage du génocide
01:29et donc c'est dans ce cadre-là que j'ai voulu continuer de suivre la situation sur place.
01:34Justement, quand on va voir votre exposition, on suit un petit peu un cheminement.
01:40Votre travail suit aussi le M23, c'est ce groupe armé qui a pris le contrôle d'une partie de la République démocratique du Congo.
01:47Vous vous êtes rendu là-bas, comment ça se passe ? Comment ça se prépare un tel voyage en tant que photojournaliste ?
01:53Comme Goma est tombé au main du M23 en fin janvier, en fait c'est allé très vite, il a fallu partir très rapidement.
02:01Donc on a très peu de temps de préparation avant, mais comme c'est une région à laquelle j'ai déjà travaillé avant,
02:07on peut s'appuyer sur des contacts sur place qu'on a déjà.
02:12Souvent, sur d'autres reportages, on peut avoir beaucoup plus de temps de préparation,
02:17mais là c'est vrai que tout est allé très vite.
02:19Vous partez seule ?
02:20Je travaille beaucoup avec une journaliste qui est indépendante aussi, qui elle fait le texte.
02:25Et moi je fais la photo, donc on part très souvent à deux, et parfois ça m'arrive d'être seule aussi.
02:29Et est-ce que vous êtes les bienvenus sur place dans cette région-là de l'Afrique ?
02:34Je dirais qu'au début, quand on est arrivé, le M23 venait de prendre Goma.
02:39Donc ils nous ont plutôt laissé traverser, rentrer dans la région.
02:45Ensuite, la population avait vraiment à cœur de partager ce qu'ils avaient vécu ces derniers,
02:51et ce qu'ils continuaient de vivre à l'heure actuelle.
02:53Donc la population était plutôt contente de pouvoir partager leur quotidien,
02:57et que nous ensuite on puisse le raconter ici.
03:01Je rappelle que vous êtes notre invitée ce matin, Paloma Laudé, photo-reporteur indépendante,
03:07qui expose en ce moment Avisa pour l'image.
03:10Je me posais une question également, quand vous êtes comme ça en plein terrain, en plein conflit armé,
03:17comment ça se passe ? Comment on gère toutes ces émotions face à la mort ?
03:21Sur votre exposition, il y a des photos notamment de personnes qui brûlent le long des routes.
03:25Tout ça, vous vous y préparez avant de partir ?
03:27En fait, sur place, je me dis vraiment que je suis là pour travailler, pour faire mon travail,
03:34donc j'essaye au maximum de...
03:37Bien sûr, ça me touche énormément, mais j'essaye de me concentrer pour faire mon travail le mieux possible.
03:45Et puis ensuite, c'est souvent quand on rentre que c'est plus difficile,
03:49où les choses reviennent, où on peut prendre du temps, prendre du recul sur ce qui s'est passé.
03:53Et il y a toujours un bon temps ensuite de réflexion, de réadaptation,
03:58quand on rentre pour un peu digérer tout ça.
04:01Et puis les psychologues aussi, c'est très important, je pense, dans notre métier.
04:05Et c'est aussi, on en parle très peu, ça reste un tabou dans le photojournalisme.
04:09Mais il faut savoir qu'il y a beaucoup de photographes qui vont voir des psychologues.
04:14Et c'est aussi, quand on est indépendant, quelque chose qui est à notre charge,
04:17et qui ne peut pas être pris en charge par les médias.
04:21Donc ça reste une difficulté aussi.
04:23Vous en vivez à temps plein du photojournalisme aujourd'hui ?
04:26Oui, j'ai la chance de pouvoir vivre de mon métier, ce qui n'est pas évident.
04:31Parce que les tarifs sont de plus en plus bas, la difficulté de la presse.
04:36Donc voilà, c'est quand même une bataille au quotidien.
04:38Tous les mois, on se dit comment on va faire pour boucler le mois.
04:41Mais on arrive quand même à pouvoir travailler avec plein de choses différentes.
04:49Et une dernière question, qu'est-ce qui vous a le plus marqué sur ce reportage ?
04:53Qu'est-ce que vous diriez aux personnes, aux auditeurs qui nous écoutent aujourd'hui
04:57et qui vont aller voir ce photo-reportage ?
05:00Qu'est-ce qui vous a le plus marqué sur place ?
05:02C'est la rencontre avec une femme qui s'appelle Sifa, qui a 21 ans,
05:06que j'ai rencontrée dans une clinique mobile qui venait d'accoucher d'un petit garçon.
05:10Et donc quand je l'ai rencontrée, je lui ai demandé comment s'appelait son fils.
05:14Et là, elle m'a dit qu'il s'appelait Laguerre parce qu'elle n'a connu que ça dans sa vie.
05:18Et c'est très représentatif de ce que les populations vivent actuellement
05:21et depuis 30 ans dans cette région du monde.
05:24Merci beaucoup Paloma Laudé d'être venue en studio ce matin dans les studios d'ici au Roussillon
05:28pour nous parler de votre photo-reportage exposé en ce moment à Visa pour l'image
05:33sur le conflit en République démocratique du Congo.
05:36Vous êtes en liste, on le rappelle, pour le Visador, prix qui sera décerné samedi.