Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 7 semaines
Ce mercredi 3 septembre, dans son édito, Raphaël Legendre est revenu sur les marges de manœuvre dont dispose l'État français pour générer plus de recettes fiscales sans imposer lourdement les contribuables fortunés. Cette chronique est à voir ou écouter du lundi au vendredi dans Good Morning Business, présentée par Laure Closier sur BFM Business.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Le débat sur les hausses d'impôts refait surface puisqu'on reste sur les 44 milliards d'économies à trouver.
00:05Alors à différentes manières, taxer les riches, on en parlait depuis hier, c'est une des possibilités.
00:11Est-ce qu'il y a d'autres marges de manœuvre, Raphaël Legendre ?
00:14Oui, c'est très compliqué. Alors évidemment, en préambule, il faut rappeler que la France est quand même le pays le plus taxé au monde.
00:20Donc forcément, ces marges de manœuvre sont limitées. On est à touche-touche chaque année avec le Danemark.
00:25Sauf que la grosse différence avec le Danemark, c'est que ce pays va dégager un excédent de 1,5%, un excédent budgétaire de 1,5 point de PIB cette année,
00:34quand nous, on est à plus de 5% de déficit, que la dette du Danemark est de 30% quand nous sommes à 115.
00:41Et globalement, les Danois sont plutôt contents de leur service public. Ce n'est pas forcément le cas en France.
00:46Voilà, ce préambule étant posé pour répondre à cette question, il faut aller voir assiette par assiette, travail, capital, consommation.
00:55Là où la France se situe par rapport à nos voisins européens. Je suis donc allé faire une petite comparaison au niveau de la pression fiscale dans l'Union européenne
01:02en me basant sur les chiffres de la Commission européenne qui date de 2023.
01:07Et alors, ça dit quoi ?
01:08Et ce qu'on voit, c'est que sur le travail, par exemple, la moyenne de taxation est en France de 39,3%, au-dessus de la moyenne européenne, 37%.
01:17On est loin derrière l'Italie qui est à 44% et assez proche de la Belgique à 40%.
01:22Mais attention, attention, cette moyenne reflète en réalité le fait qu'on a d'abord des salaires assez bas en France et que ces salaires assez bas bénéficient d'allègements de charges.
01:31Si on prend le salaire moyen, c'est ce que calcule l'OCDE, ça s'appelle le coin fiscal au social, c'est-à-dire la différence entre ce que coûte un salarié à l'entreprise
01:42et ce qu'il perçoit réellement, au final, comme salaire.
01:47Eh bien, le coin social au fiscal en France est le deuxième plus élevé au monde.
01:53On est juste derrière les Belges, on est à près de 48%, quand la moyenne des pays riches est à 35%.
02:01Donc, on voit sur le travail, on est très nettement au-dessus.
02:04Sur la fiscalité du capital, on en parle beaucoup depuis le début de la semaine avec la taxe Zuckmann.
02:09La France taxe à 10,4%, l'Union européenne à 8,5 seulement.
02:13On est encore une fois très au-dessus, on est à plus de 2 points sur le travail et 2 points de plus sur le capital.
02:19Ça fait quand même 60 milliards, 2 points de PIB.
02:21Il reste la consommation ?
02:23Il reste la consommation, là c'est effectivement le seul prélèvement pour lequel le taux standard de TVA est inférieur à la moyenne européenne.
02:30On est à 20% en France, la moyenne européenne des 27 est à 21,65, la zone euro 21,23.
02:38Donc, on est à peu près 1,5 sous la moyenne européenne.
02:42Et ça tombe bien, la TVA étant absolument de partout, elle peut rapporter gros.
02:47La base de la TVA est extrêmement large.
02:50Un point de plus, c'est 12 à 13 milliards d'euros.
02:53Un point et demi, on n'est pas loin de la vingtaine de milliards de recettes supplémentaires.
02:57Sans que cela ne se ressente trop sur les prix par ailleurs,
03:01puisque les entreprises prendraient une part de cette hausse sur leur marge.
03:04Après, c'est un choix évidemment impopulaire.
03:05On va vous dire que ce sont les classes modestes qui subiront le plus cette hausse de la fiscalité.
03:11C'est que tout le monde le paye.
03:12Et en même temps, tout le monde le paye.
03:14Effectivement, il y a des taux de TVA réduits pour les plus modestes par ailleurs.
03:18Mais surtout, surtout, à force de parler aux impôts, attention à l'amorce d'un nouveau choc fiscal.
03:22Ça fait près de 10 ans qu'on tente de résorber le choc qu'on a connu entre 2011 et 2013.
03:28On n'y est pas encore.
03:29Le taux de prélèvement obligatoire en 2025 est de 2,2 points de PIB supérieurs à ce qu'il était en 2010.
03:35On paye toujours 50 milliards de plus qu'en 2010.
03:37Ça a commencé à s'inverser en 2025.
03:41Le retour d'une politique de hausse des prélèvements obligatoires est là,
03:45avec 21 milliards en plus supportés aux deux tiers par les entreprises.
03:49Là, on parle d'une main tendue.
03:51François Bayrou devra en parler ce matin.
03:53Enfin, OPS, ça veut dire très certainement des nouvelles hausses d'impôts encore.
03:57Attention à ne pas rentrer dans un nouveau cycle de hausse.
03:59Le rapport fiscal n'est pas loin.
04:01La bonne solution, ça reste de baisser les dépenses.

Recommandations