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  • il y a 3 mois
Malgré le vote de confiance annoncé par François Bayrou, qui pourrait bien signer le glas de son gouvernement, le mouvement "Bloquons tout" prévu pour "paralyser la France" le 10 septembre reste particulièrement actif. Ses origines, elles, posent questions.

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00:00Une date le 10 septembre, un mot d'ordre, bloquons tout, né sur les réseaux sociaux, ce mouvement qui appelle à une journée de blocage généralisé reste encore aujourd'hui assez confus.
00:10S'il apparaît au fil des études d'opinion majoritairement soutenues par les Français, on s'interroge encore sur le profil de ces partisans et sur l'origine de cette colère.
00:19Sont-ils les nouveaux Gilets jaunes ou bien le 10 septembre va-t-il faire pchit ? 7 minutes ce matin pour tout comprendre.
00:25Et avec nous ce matin, Chloé qui est à distance, ancienne figure de proue des Gilets jaunes à Caen.
00:33Bonjour, bonjour Raphaël Grabli, grand reporter spécialiste des sujets numériques.
00:38Et bonjour Antoine Bristel, vous êtes docteur en sciences politiques, directeur de l'Observatoire de l'Opinion à la Fondation Jean Jaurès.
00:44Et vous avez mené une enquête passionnante dans les boucles de ce mouvement sur les réseaux sociaux pour essayer justement de déterminer un peu les contours de ce mouvement et de ses participants.
00:56Est-ce qu'il y a une couleur politique déjà qui ressort ?
00:58Alors oui, et qui ressort extrêmement fortement.
01:01C'est un questionnaire qui a été lancé sur les boucles Telegram, les boucles Facebook qui appellent à la mobilisation le 10 septembre.
01:08Et ce que l'on voit, c'est que c'est un mouvement qui est très marqué à gauche, très marqué même à la gauche radicale.
01:1370% des répondants sur plus de 1000 réponses qui ont voté Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle de 2022.
01:1910% qui ont voté Philippe Poutou.
01:21Et quand on demande à ces répondants de se placer sur une échelle gauche-droite qui va de 0 à 10,
01:25vous en avez quasiment 90% qui se met entre les rangs 0 et 2.
01:29Donc plus à gauche possible.
01:30C'est évidemment extrêmement différent du mouvement des Gilets jaunes qui était plus un mouvement creusé,
01:35une sorte de mini-France un petit peu précarisé, à la fois à gauche, à la fois à droite et surtout assez éloigné des structures politiques.
01:42Donc mouvement très à gauche, est-ce qu'ils ont des revendications communes qui se dégagent ?
01:46Alors des revendications, il y a des revendications qui sont économiques en premier lieu,
01:51mais pas forcément le pouvoir d'achat, c'est plutôt la question des inégalités sociales qui arrivent en premier.
01:55Dans la société en général ?
01:56Dans la société en général.
01:57Donc ce sont des personnes qui ne se mobilisent pas seulement pour elles-mêmes,
02:00mais aussi pour une vision de la société, une vision de la France qui irait vers davantage de justice sociale.
02:05Et un autre point qui ressort évidemment, c'est l'immense défiance,
02:09non pas seulement dans la figure du président de la République et du Premier ministre,
02:12mais vis-à-vis des institutions politiques elles-mêmes qui apparaissent comme bloquées.
02:16Il y a une demande de transformation de la démocratie,
02:19que l'on retrouvait là d'ailleurs dans les Gilets jaunes,
02:21avec le référendum d'initiative citoyenne.
02:22Oui, on retrouve cette même défiance vis-à-vis d'Emmanuel Macron et vis-à-vis des représentants.
02:26Et vous avez 9 répondants sur 10 qui vous disent qu'ils préféraient un système de démocratie directe,
02:30où ce serait le peuple qui ferait directement la loi et non pas avec des représentants comme aujourd'hui.
02:34Et est-ce qu'il y a un profil sociologique qui se dégage ?
02:37Vous avez un profil sociologique type qui est d'ailleurs celui de la gauche radicale,
02:41qui vote pour Jean-Luc Mélenchon, c'est-à-dire des personnes plus jeunes que la moyenne,
02:45beaucoup plus diplômées et pas forcément aussi précarisées que l'était le mouvement des Gilets jaunes
02:50et que l'est l'ensemble de la population française.
02:52On est donc en ligne avec Chloé.
02:55Vous étiez il y a 7 ans l'une des figures des Gilets jaunes,
02:58on vous a beaucoup vu sur les plateaux, vous exprimez.
03:00D'abord, est-ce que vous vous retrouvez dans cet appel à bloquer le pays le 10 septembre ?
03:04Est-ce que vous, vous personnellement, vous y participeriez ?
03:08Oui, bien entendu.
03:09Quand on voit ce que fait le gouvernement, il est complètement illégitime.
03:12On n'a pas voté pour eux, donc il n'y a aucune raison de les soutenir.
03:16Donc bien sûr que je suis dans la rue.
03:18Je reviens vers vous dans un instant, Chloé, mais juste un mot, Antoine Bressel.
03:21Est-ce qu'on retrouve d'anciens Gilets jaunes, beaucoup d'anciens Gilets jaunes dans ce mouvement ?
03:25Alors finalement, pas tant que ça.
03:26On fait souvent le parallèle entre ce mouvement du 10 septembre et le mouvement des Gilets jaunes.
03:30Néanmoins, vous avez seulement un quart des répondants
03:32qui indiquent avoir été des Gilets jaunes à l'époque,
03:35alors que l'immense majorité des répondants me disent plutôt
03:38« j'ai regardé ce mouvement de loin, je l'ai peut-être soutenu de loin,
03:41mais en tout cas, je n'ai pas été un Gilet jaune ».
03:43Donc ce n'est pas un parallèle automatique entre les deux,
03:45même s'il peut y avoir des revendications communes.
03:47Et puis il y avait chez les Gilets jaunes une volonté de faire durer ce mouvement,
03:50d'inscrire ce mouvement dans la durée.
03:51Là, on parle du 10 septembre.
03:53Est-ce qu'il y a également, parmi les partisans de ce blocage total,
03:56la volonté de le faire durer dans le temps ?
03:58Alors, ce qui est assez intéressant, c'est que quand on demande à ces personnes
04:02qui souhaitent mobiliser le 10 septembre ce qu'elles comptent faire cette journée-là,
04:06il y en a beaucoup qui ne savent pas trop quoi faire encore.
04:08Ils disent « je ne sais pas, je me moche service ».
04:09Il n'y a pas de rendez-vous pris sur les ronds-points, par exemple.
04:11C'est ça qui est aussi plus compliqué, parce que les Gilets jaunes,
04:13c'était un mouvement très visible.
04:15Là, si vous restez juste chez vous pour éviter de consommer,
04:18ça ne se voit pas et c'est plus compliqué à essayer de mobiliser sur le long terme.
04:22Et alors justement, vous, Chloé, comment vous l'appréhendez,
04:25cette journée du 10 septembre ?
04:26Comment vous comptez vous mobiliser ? Par quel type d'action ?
04:31Alors, je ne pourrais pas en dire plus pour l'instant dans les médias,
04:35mais je compte bien me mobiliser toute la journée et sur plusieurs jours,
04:38si ma santé me le permet.
04:40Mais ce que je voudrais revenir, c'est que Bayrou dit que le mal, c'est la dette.
04:44En fait, il y en a marre de ce discours.
04:45Le mal, c'est placer le profit avant l'écologie et nos vies.
04:48Le mal, c'est la montée de l'extrême droite et du racisme
04:50à cause de notre gouvernement et des médias.
04:52Le mal, c'est de vouloir nous faire croire que le problème,
04:54il y a des précaires et des immigrés,
04:55alors que les profiteurs, ce sont les ultra-rifs
04:57et les grandes entreprises avec des milliards de cadeaux fiscaux,
05:00le CICE, l'exil fiscal.
05:02On en a marre, on nous prend pour des billes, en fait.
05:05On nous fait croire que c'est en tapant sur les Français moyens
05:08et les précaires qu'on va réussir à remonter notre pays,
05:12alors que c'est totalement faux, en fait.
05:14Et c'est juste, mais insupportable, le discours du gouvernement.
05:17Et du coup, cette colère, elle ne sera pas qu'à gauche,
05:20elle sera partout.
05:21Et heureusement, parce qu'on est tous touchés,
05:23quel que soit notre bord politique,
05:24on va tous prendre recherche avec ce gouvernement.
05:26Donc, il faut se mobiliser en masse.
05:28Raphaël Graby, vous êtes grand reporter,
05:30spécialiste des questions numériques à BFM TV.
05:32On entend dire parfois que ce mouvement serait coordonné
05:34par des puissances étrangères qui chercheraient à déstabiliser la France.
05:38On pense évidemment, dans le contexte actuel, à la Russie.
05:41Est-ce qu'on a pu le vérifier, ça ?
05:42Alors, déjà, il faut dire les choses très clairement.
05:44Ce mouvement n'a évidemment pas été créé par Vladimir Poutine et par la Russie.
05:49Il y a un mouvement qui est authentique.
05:50Après, c'est vrai que ce qu'on constate,
05:52et de façon très évidente en ligne,
05:55c'est qu'il y a une forme d'amplification,
05:57et je ne parle pas évidemment des revendications politiques classiques,
06:01une amplification de certains messages
06:04qui sont, eux, ouvertement prorustes,
06:07ouvertement complotistes,
06:08et qui sont, en fait, parmi les messages les plus vus.
06:11C'est-à-dire que ce n'est pas anecdotique.
06:12Quand on prend les mots-clés, les principaux mots-clés,
06:15par exemple, le hashtag 10 septembre sur Twitter,
06:17quand on regarde la liste de ce qui défile sur son téléphone,
06:20la plupart du temps, c'est un groupe,
06:22ça tient quasiment sur les doigts d'une main,
06:24de 4-5 comptes qui vraiment ressemblent à des faux comptes
06:28et qui publient des messages
06:31qui sont, effectivement, à la limite du complotisme.
06:35Alors, on a contacté le Quai d'Orsay, d'ailleurs,
06:37qui confirme regarder de près de potentielles ingérences.
06:41Donc, encore une fois, l'origine du mouvement,
06:43elle est ce qu'on appelle domestique, elle vient de France.
06:46Après, il y a des tentatives d'amplification.
06:48Et toute la question, c'est à quel point ça va influencer ce mouvement
06:51ou est-ce qu'on va arriver sur un mouvement
06:53avec des revendications plutôt classiques,
06:56de gauche, écologiste, entre autres.
06:58Une dernière question, Antoine Briastiel,
07:01par rapport à ce que vous nous disiez
07:02et cette différence que vous marquez avec le mouvement des Gilets jaunes,
07:05qui était la force du mouvement des Gilets jaunes,
07:07c'est qu'il était très hétéroclite.
07:08Là, on le comprend, au travers de votre enquête,
07:11il l'est beaucoup moins, donc moins fédérateur.
07:14Est-ce qu'on peut en conclure que l'ampleur de ce mouvement
07:16sera moins forte que celle des Gilets jaunes ?
07:19Honnêtement, c'est toujours extrêmement difficile
07:21de prédire ce qui pourra se passer avant un mouvement social,
07:23parce que, certes, la force des Gilets jaunes,
07:26c'était d'apparaître comme apolitique,
07:28en tout cas éloigner des structures partisanes
07:29et de pouvoir brasser large.
07:30Là, ça semble être un petit peu moins le cas.
07:33Néanmoins, le mois de septembre qui est devant nous
07:36est extrêmement agité.
07:38Et incertain aussi.
07:39Incertain, vous avez le 10 septembre,
07:40c'est deux jours après le vote de la confiance.
07:43Donc, c'est très difficile de savoir
07:45si ça ne pourra pas, au contraire, amplifier.
07:47On suivra ça, évidemment, sur BFMTV.
07:48Merci à vous.
07:49C'était passionnant d'essayer de comprendre
07:50comment était composé ce mouvement du 10 septembre.
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