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  • il y a 4 mois
François Bayrou peut-il déjà faire ses cartons? La position du Premier ministre est très fragile, après avoir annoncé se soumettre à un vote de confiance des députés, prévu le 8 septembre prochain. Pour le chef du gouvernement, cela doit permettre de "choisir la route qui permettra d'échapper à cette malédiction en retrouvant la maîtrise de nos finances".

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Transcription
00:00Et avec nous en plateau, Arthur Berda, éditorial, et vous êtes resté avec nous.
00:03Merci, on accueille Marie Chantret, chef du service politique de BFM TV.
00:07Bonjour Marie.
00:08Et Jean Garrigue, historien, merci d'être là ce matin.
00:11Avant de commencer notre discussion, je voudrais vous faire écouter un son.
00:16Une première réaction, c'est celle de Gérald Darmanin, garde des Sceaux,
00:19et donc membre du gouvernement, et lui a déjà sa petite idée sur l'après 8 septembre.
00:25Il n'exclut pas une nouvelle dissolution.
00:28Écoutez-le.
00:28Il appartient au président de la République, c'est son pouvoir propre de le faire.
00:32Il est certain que lorsqu'il y a un conflit extrêmement important
00:35entre le pouvoir législatif, l'Assemblée nationale et l'exécutif,
00:40le général de Gaulle et la République avant a imaginé la dissolution pour trancher le nœud gordien.
00:46Évidemment, je pense qu'il vaut mieux pouvoir trouver un compromis avec les groupes politiques à l'Assemblée.
00:51La dissolution coûte cher, coûte cher à la France, bien sûr,
00:54mais il ne faut pas écarter cette hypothèse.
00:56La dissolution, je vous vois réagir Arthur Berda.
00:59Est-ce que la dissolution, c'est le scénario aujourd'hui le plus probable ?
01:02Alors, d'abord, je réagissais, vous avez raison, parce que Gérald Darmanin, il est cohérent.
01:06Gérald Darmanin, c'est un ministre de talent qui sait faire parler, faire parler de lui,
01:10faire parler de politique, qui sait faire de la politique.
01:13Et là, il en fait Gérald Darmanin.
01:14Pourquoi est-ce que je vous dis qu'il est cohérent ?
01:16Parce qu'il y a un an, le 9 juin 2024, il n'y avait pas grand monde qui plaidait pour la dissolution,
01:21sauf Gérald Darmanin.
01:22Il fait partie des rares qui ont toujours encouragé Emmanuel Macron à prendre cette décision.
01:27D'abord, parce qu'il n'a jamais eu peur de se frotter aux urnes dans sa circonscription dans le Nord,
01:32à Tourcoing, dans sa mairie de Tourcoing.
01:33Chaque fois qu'il s'est présenté, il a été élu et réélu.
01:35Donc, Darmanin, il n'a pas peur du suffrage des électeurs.
01:38Donc, il a toujours dit au président, allons-y, retournons nous frotter aux électeurs.
01:42Mais il y a aussi un intérêt personnel derrière, c'est que Gérald Darmanin,
01:45il n'a jamais vraiment renoncé ni au pouvoir exécutif au gouvernement,
01:48ni à son propre avenir à Matignon, dont il continue plus ou moins secrètement de rêver.
01:53Donc, il est cohérent.
01:55Vous me demandiez si cette dissolution, elle a des chances de voir le jour.
01:57Emmanuel Macron, il avait d'abord dit qu'il ne la souhaitait pas,
01:59ce qui était une manière de laisser la porte ouverte ou entre-ouverte.
02:02Il a ensuite dit plus récemment, dans une interview chez nos confrères de Paris Match,
02:05qu'il ne la voulait pas, qu'il ne la ferait plus.
02:08Parce qu'il avait bien compris que la clarification n'était pas une nouvelle dissolution.
02:13Marie Chantret, pourquoi faire ?
02:15Finalement, on se retrouve avec le même scénario que l'été dernier.
02:18Finalement, on aura perdu un an.
02:20Pourquoi faire ? Parce que tout le monde se rend bien compte
02:22que la chute de François Bayrou le 8 septembre prochain,
02:26même si on doit être prudent,
02:28mais semble de plus en plus inéluctable.
02:30Et quels scénarios, quels scénarios ensuite renommaient un Premier ministre,
02:35un profil comme un fameux Sébastien Lecornu qui est à chaque fois murmuré
02:40pour remplacer François Bayrou ?
02:42Mais pour quels résultats ne pas non plus faire voter un budget ?
02:45Il n'aurait pas cette majorité encore une fois.
02:47Donc ça paraît en effet une nouvelle étape de la clarification.
02:50Ce qui est étonnant dans la bouche de Gérald Darmanin,
02:53c'est de l'annoncer dans la foulée d'une certaine Marine Le Pen,
02:56qui hier clarifie le jeu, Bardella était un peu plus ambiguë.
03:02Elle dit que le RN votera contre la confiance
03:04et j'appelle à une nouvelle dissolution.
03:06Jean-Garry, il faut quand même faire un peu de pédagogie ce matin
03:09pour comprendre pourquoi on dit que le sort de François Bayrou
03:11est très probablement scellé.
03:13Parce que le Premier ministre a sollicité l'article 49.1 de la Constitution.
03:18Donc il demande la confiance du Parlement.
03:20Ce n'est pas le même mode de calcul que la motion de censure.
03:23On a bien connu ces derniers temps.
03:25Et là c'est un vote à la majorité simple.
03:28C'est-à-dire que la barre est en fait beaucoup plus basse.
03:30La barre est beaucoup plus basse.
03:32Il suffirait que 100 députés soient favorables à François Bayrou
03:36et seulement 80 lui soient hostiles.
03:39Et ce serait bon pour lui si tous les autres s'abstiennent
03:42ou si tous les autres sont absents.
03:43Parce que c'est au nombre des présents.
03:45Donc la barre n'est pas très haute.
03:47Sauf que ce qu'on voit là, c'est une coalition de tous les opposants.
03:52Pourquoi ? Parce que vous avez les élections municipales qui arrivent,
03:55les élections présidentielles qui se profilent.
03:58Et que donc tous les opposants ont intérêt à se montrer opposants.
04:02À montrer à leurs électeurs qu'ils sont dans l'opposition,
04:06dans un gouvernement qui est minoritaire
04:08et qui annonce en plus des mesures de rigueur
04:10qui forcément sont impopulaires.
04:12On les a fait les calculs.
04:15On a beau additionner le compte, il n'y est pas.
04:17Pour l'instant, je disais tout à l'heure, ça passe ou ça casse.
04:19Pour l'instant, ça casse. Est-ce qu'il existe ?
04:20On se pose la question depuis ce matin.
04:22Est-ce qu'il existe peut-être un trou de souris
04:24dans lequel François Bayrou,
04:26Perrine disait à juste titre,
04:27qu'un jour peut-être pour un miracle ?
04:29Franchement, ça paraît compliqué.
04:30Moi, je ne crois pas.
04:31Je vais vous dire franchement, ce matin,
04:32je ne crois pas pour une bonne et simple raison.
04:34C'est que quand bien même l'EPS s'abstiendrait,
04:37n'allons pas jusqu'à dire qu'il voterait pour,
04:38c'est impossible.
04:39Quand bien même l'EPS s'abstiendrait,
04:41si l'ensemble de l'Assemblée nationale,
04:42l'ensemble des 577 parlementaires députés,
04:44en l'occurrence, sont présents
04:45dans l'hémicycle de l'Assemblée,
04:46François Bayrou est malgré tout renversé.
04:49Puisque même en cas d'abstention
04:50des 66 députés socialistes,
04:52ça ne suffit pas à inverser la vapeur
04:54et à obtenir plus de voix pour
04:56que de voix contre la confiance.
04:58Donc, je vois mal dans quel contexte
05:00François Bayrou, en 15 jours,
05:01il pourrait obtenir en 15 jours
05:02ce qu'il n'a pas obtenu en 9 mois.
05:03Mais alors, pourquoi cette décision ?
05:04D'autant qu'Emmanuel Macron était d'accord,
05:06il a validé aussi ce vote de confiance.
05:08Est-ce que François Bayrou,
05:09est-ce que tous les deux ont acté
05:10d'une certaine façon ?
05:11C'était la fin de l'histoire.
05:11Ils sont en train de soigner
05:12la sortie de François Bayrou.
05:14Ou est-ce que le Premier ministre
05:15a réellement cru qu'il pouvait y avoir
05:16un coup de poker à jouer
05:17et n'avait peut-être pas anticipé
05:19la réaction du Rassemblement national ?
05:21Ça, c'est une certitude.
05:23Les députés du Rassemblement national,
05:25eux-mêmes, vous disent
05:26qu'ils sont surpris par cette décision.
05:28Ça veut dire qu'il n'y a pas eu négociation,
05:30il n'y a pas eu ce qui se passe d'habitude.
05:32C'est-à-dire quand même des prises de contact.
05:34On teste un petit peu
05:35ce qui risque de se produire.
05:37Donc, il y a ça d'un côté.
05:38Il y a la certitude
05:41acquise par François Bayrou
05:42qu'il n'allait pas pouvoir
05:43faire voter son budget
05:44et donc la décision de sortir par le haut
05:46comme une sorte de cassandre
05:49de Pierre Madès France
05:50qui est un peu sa référence
05:51en disant, regardez,
05:52moi je vous ai prévenus,
05:53on est face à un problème
05:55de surendettement,
05:56c'est très grave.
05:57Maintenant, à vous d'être responsable
05:58et de montrer aux Français
06:00ce que vous avez dans le ventre.
06:02Bon, c'est un pari
06:03qui va être manqué
06:06mais qui a le mérite
06:07au moins de mettre les Français
06:09face à ce problème,
06:11à cette question
06:11qui est quand même
06:12une vraie question
06:13et qui a été réglée
06:14et je termine juste là-dessus
06:15en historien.
06:17Dans la plupart
06:18des autres pays européens,
06:19la cure d'austérité,
06:20elle a eu lieu
06:21dès les années 90.
06:23Il y a un vrai problème
06:24en France.
06:24On n'arrive pas
06:25à aller avoir
06:26un véritable débat,
06:28un débat parlementaire,
06:29un débat politique
06:30sur cette question
06:31du surendettement.
06:32Merci beaucoup.
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