L’accord commercial entre les États-Unis et l’Union européenne : est-ce une bonne nouvelle ?

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Transcript

00:0018h44 sur Sud Radio, nous sommes toujours avec Mathieu Hoc, avec Philippe Boriacki et Samuel Bauton.

00:06Tout de suite, nous parlons de l'accord entre l'Europe et les Etats-Unis.

00:11Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.

00:1515%, voilà ce qu'a obtenu Trump.

00:18Ce sera à cette hauteur que les produits européens arrivant en sol américain seront taxés.

00:22Inversement, des Etats-Unis vers l'Europe, ce sera toujours 0%.

00:26Je pense que c'est super d'avoir signé enfin un deal.

00:29Au lieu de jouer à des petits jeux.

00:31On se retrouve dans une situation où les Européens, en ayant négocié 15%, sont plutôt satisfaits.

00:37Alors qu'on leur aurait annoncé ça l'année dernière, ça aurait paru être complètement dramatique.

00:43Et je pense que c'est le plus grand accord que l'on ait jamais signé.

00:47L'Europe s'est aussi engagée à acheter 640 milliards d'euros d'hydrocarbures américains sur 3 ans,

00:52à investir plus de 500 milliards aux Etats-Unis et à acheter davantage d'armes américaines.

00:57Et ça se confirme dans un texte de 3 pages et demie exactement,

01:02qui confirme l'instauration de droits de douane plafonnée à 15% sur la plupart des produits européens

01:06exportés outre-Atlantique, notamment automobiles, médicaments, semi-conducteurs, du bois et du vin.

01:14Voilà.

01:14Et bien on va faire notamment un coup de projecteur sur l'automobile,

01:17parce que la santé de notre industrie nous tient particulièrement à cœur.

01:21Évidemment sur Sud Radio, on en parle avec notre invité François Rodier.

01:24Bonjour !

01:25Bonjour !

01:26Bonsoir, secrétaire général de l'OICA, l'Organisation Internationale des Constructeurs Automobiles.

01:33En gros, vous, vous êtes le syndicat de tous les constructeurs automobiles du monde, on est d'accord ?

01:37Voilà, on représente 35 associations professionnelles mondiales, de la Chine jusqu'aux Etats-Unis, bien sûr en Europe.

01:42Et justement, quand vous assistez à ce genre de début de guerre commerciale, vous êtes un peu embêté,

01:47parce que vous pouvez prendre parti pour personne.

01:49Donc on va vous demander votre analyse, justement, tout au-dessus de la mêlée.

01:53François Rodier, 15% de droits de douane sur les voitures européennes qui seront exportées aux Etats-Unis,

02:00est-ce que c'est une bonne nouvelle pour les constructeurs européens ou pas ?

02:03Écoutez, c'est plutôt une bonne nouvelle.

02:05Bien sûr, attention, comme disait Coluche, c'est moins mal que si c'était pire,

02:10parce qu'on passe de 2,5% à 15%.

02:13Mais on risquait 27,5% sur les voitures et 25% sur les pièces détachées.

02:19Donc on arrive à un accord du même type que celui qu'ont eu les Japonais.

02:23Les Japonais ont 15%, mais nettement moins bien que les Anglais qui ont 10%.

02:27En même temps, qu'est-ce que les Anglais exportent comme voiture aux Etats-Unis par rapport à nous ?

02:31Voilà, plus grand-chose, quelques Bentley.

02:33Et là-dessus, le consommateur se moque un petit peu du prix.

02:36Oui, c'est ça.

02:36Ce qui signifie que pour les Américains,

02:39les voitures européennes coûteront 15% plus cher une fois que l'accord entrera en vigueur.

02:43Est-ce que ça veut dire que les ventes vont baisser ?

02:46Alors, c'est un peu compliqué parce qu'en écoutant un peu ce qu'il dit à Détroit,

02:51effectivement, on va avoir sûrement un effet un peu rapide

02:54d'augmentation de voitures exportées pour les consommateurs américains.

02:59Sachant que les voitures européennes qui vont aux Etats-Unis sont des voitures plutôt haut de gamme.

03:05Donc, des clients qui peuvent se permettre une petite inflation sur leur véhicule.

03:10Mais progressivement, et je pense que c'est surtout là le gros, gros problème de l'Union européenne,

03:14c'est que toutes ces voitures vont être fabriquées aux Etats-Unis.

03:17On sait déjà, par exemple, que BMW a une usine énorme en Caroline du Sud

03:21qui produit quasiment toute la classe X de BMW.

03:25Je pense que à terme, ils vont tout produire là-bas en classe X.

03:28Et donc, vous aurez des voitures, au moins, un peu moins chères pour les Américains

03:32par rapport aux Européens.

03:34Donc, ça, ce n'est pas vraiment une bonne chose

03:36puisque l'accord insiste pour que les Européens viennent investir aux Etats-Unis.

03:42C'est pareil pour les Japonais.

03:44Les Japonais ont gagné que ça.

03:45Ça, ce n'est encore pas réglé pour les Coréens qui sont vraiment très attaqués.

03:50Et puis, sur les Chinois, c'est autre chose.

03:52C'est beaucoup plus géopolitique.

03:54Ils sont à 125% de douanes.

03:57Il n'y a pas de production chinoise là-bas.

03:59Question importante.

04:00Est-ce qu'il y a des voitures françaises, si oui, lesquelles,

04:02et dans quelle proportion, qui sont exportées vers les Etats-Unis ?

04:06Non, très, très peu.

04:07On peut avoir quelques voitures dans les ambassades,

04:09mais c'est vraiment très, très rare.

04:12Ce n'est pas vraiment un problème pour les constructeurs français.

04:15Renault et le groupe Renault, Renault-Dacia, si vous voulez,

04:17n'exportent pas trop là-bas.

04:19Stellantis, qu'on connaît, l'ancien PSA qui s'est marié avec Chrysler,

04:23de toute façon, c'est un des trois gros de Détroit.

04:26Donc, eux, ils vivent en Américain.

04:29Alors, c'était plus un énorme problème pour nos équipementiers.

04:33Les grands équipementiers, Valeo, France et Valeo,

04:36OP Mobility, Forvia, c'était très dur pour eux

04:40parce qu'effectivement, ils risquaient terriblement ces augmentations

04:44parce que ce sont de très gros fournisseurs de l'industrie auto-allemande.

04:48Donc là, maintenant, ça, pour eux, c'est quand même quelque chose de positif.

04:51C'est un soulagement.

04:52Voilà, mais eux aussi, ils vont investir dans de nouvelles usines aux Etats-Unis.

04:57Samuel Bouton.

04:57Sur ce point en particulier, déjà plus largement sur la question des annonces

05:03qui ont été faites aujourd'hui et qui sont une confirmation,

05:06ça me confirme que Trump était un mauvais joueur de poker

05:09mais qui est tombé sur encore plus mauvais que lui.

05:10En vous écoutant, je me suis dit, en fait,

05:14on en est presque à se féliciter d'avoir limité la casse

05:17alors qu'en mettant un peu plus la pression, je pense, en tant qu'Union européenne,

05:22nous aurions pu faire durer ces discussions

05:23et peut-être en sortir un peu plus vainqueur.

05:26J'ai souvenir de ce tweet de Donald Trump

05:28qui, il y a quelques mois, disait

05:29nous allons passer les taxes à 30%.

05:31Si j'avais été Emmanuel Macron,

05:33j'aurais répondu à son tweet en lui disant

05:35et pourquoi pas 200%.

05:36Tout ça, pourquoi ?

05:37Pour vous dire qu'en fait, on a été sur une discussion

05:39qui n'était que du bluff et qui, aujourd'hui,

05:41nous met, nous, Européens, dans une situation très difficile.

05:44Dans ma lecture de ce qui a été annoncé aujourd'hui,

05:47j'ai le sentiment que nous sommes les grands taxés

05:50et que nous avons déroulé un tapis rouge aux Etats-Unis

05:52pour venir conquérir le marché européen.

05:54François Roudier ?

05:55Et après, plus spécifiquement,

05:56pour vous relancer une dernière question sur le marché auto,

05:59est-ce que vous pensez que tout ce qui vient d'être annoncé sur ce volet

06:02peut avoir un impact à échelle européenne,

06:04notamment sur le remplacement des flottes de véhicules thermiques d'ici 2035 ?

06:09Écoutez, votre dernier point, une vraie question,

06:11et d'ailleurs, c'est ce que disent mes adhérents,

06:13dont l'association allemande.

06:15Elle dit que maintenant, il faut que Bruxelles comprenne

06:18quels sont ses devoirs en matière d'attractivité et de compétitivité.

06:23C'est-à-dire, attention à ne pas casser la machine,

06:26et il faut attirer aussi des investissements en Europe.

06:29Donc là, maintenant, l'Europe,

06:31qui n'a pas vraiment eu de politique industrielle brillante,

06:35je sais que personne nous écoute,

06:37mais je dis ça de façon confidentielle,

06:39enfin, où tout le monde plage,

06:41il va falloir maintenant sérieusement se frotter les mains

06:44et attaquer le problème,

06:46parce que l'industrie automobile européenne,

06:48elle est écrasée entre les États-Unis,

06:51où tout va très vite,

06:52où leur primeur, leur primauté, leur savoir-faire,

06:55dans tout ce qui est informatique est énorme,

06:59et les Chinois, qui ont 15 ans d'avance,

07:01dans tout ce qui est électrique.

07:02Donc, au milieu, il faut qu'on trouve quelque chose

07:05pour attirer des investissements

07:07et ressortir cette industrie automobile en Europe.

07:10Ce qui signifie qu'aujourd'hui...

07:12Je ne parle pas des industriels européens.

07:12Attention, parce que je ne parle pas des industriels européens.

07:15Vous savez, les industriels, ils votent avec leurs pieds.

07:18Si on n'arrive pas à faire en Europe,

07:20on ira faire ailleurs.

07:21D'ailleurs, c'est ce que Donald Trump les encourage à faire,

07:24malheureusement.

07:25Et dire que c'est en Europe que l'automobile est née,

07:27en quelque sorte, en tout cas que l'industrie automobile est née,

07:29c'est quand même assez triste.

07:31Merci beaucoup pour cet éclairage, François Roudier,

07:33secrétaire général de l'OICA,

07:36le patron de l'Organisation internationale

07:38des constructeurs automobiles mondiaux,

07:40en d'autres termes,

07:42qui était l'invité de Sud Radio

07:43et qu'on accueille toujours avec plaisir.

07:44A bientôt, François.

07:45Merci à nos trois vrais voix,

07:46Philippe Bourriacchi,

07:47merci à Mathieu Hocq,

07:48et Samuel Botton.

07:50Les amis, je vais vous laisser entre les mains

07:51de Jean-François Akili,

07:52ça tombe très bien,

07:53puisque je vous rappelle que vous le retrouverez

07:55dès demain en plus,

07:56à partir de cette heure,

07:57pour le Grand Matin Sud Radio.

07:58Mais avant ça, on retrouve les commerçants.

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