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Regardez L'invité de RTL avec Antoine Cavaillé-Roux du 17 août 2025.

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00:00RTL Matin avec Antoine Cavallero.
00:03Il est 8h et bientôt 12 minutes sur RTL, merci d'être là, nous sommes en ligne avec Nicolas Tenzer, bonjour.
00:09Bonjour, spécialiste des questions géostratégiques enseignant à Sciences Po.
00:12Nous sommes donc 24h après ce sommet Trump-Poutine qui n'a rien donné de concret, aucun cessez-le-feu.
00:18Et maintenant, le président américain veut plutôt un accord de paix.
00:23Est-ce que vous diriez qu'il épouse désormais les positions de Vladimir Poutine ?
00:28Oui, totalement. C'est-à-dire que vraiment, on retrouve un Trump de la situation qu'on connaissait il y a 5 mois dans le bureau Oval,
00:37on se rappelle en février 2025, où il avait injurié Zelensky, on se rappelle son émissaire Witkoff déjà,
00:44il y a 4 mois, qui était revenu de Moscou en disant que maintenant il va falloir que l'Ukraine cède du territoire,
00:49pas question que l'homme de l'OTAN, etc.
00:52Donc vraiment, on s'aperçoit que cette ancienne collusion très forte revient.
00:56D'ailleurs, on l'a vu en Corée, je crois, le président Trump a félicité Poutine, l'a même applaudi,
01:02alors qu'on sait que Poutine est responsable de la mort de centaines de milliers de personnes,
01:05de la déportation d'enfants, de tortures sans nom, enfin, je veux dire, c'est complètement un renversement de l'histoire.
01:11Donc on a vraiment l'impression que là, même s'il n'y a pas eu d'accord, il veut vraiment forcer Zelensky à accepter quelque chose.
01:17D'ailleurs, on voit très bien ce que Poutine a dit, voilà, il faut absolument donner la région de Lugansk,
01:22puisque la région de Donetsk, qui n'est même pas d'ailleurs complètement occupée par les Russes.
01:26Oui, c'est bien ça, Donald Trump qui reprend cette proposition de la Russie,
01:29il prône maintenant un contrôle total du Donbass par les Russes,
01:32et un franc gelé dans les régions de Kherson et Zaporizhia.
01:35Comment les Ukrainiens peuvent accepter de telles concessions ?
01:39Alors, ils ne peuvent absolument pas l'accepter, d'ailleurs, ils ne vont pas l'accepter,
01:43parce que tout simplement, d'abord, Président Zelensky ne pourrait pas le faire,
01:47même s'il en avait l'envie, parce que la Constitution interdit de céder du territoire,
01:53que ce soit d'ailleurs la Crimée occupée qui est ukrainienne,
01:56il ne peut pas la recéder comme ça à Poutine sur un plan légal, c'est impossible,
02:02pas plus que les autres territoires.
02:03Et qu'ensuite, comme le rappelait récemment une députée ukrainienne,
02:07si nous cessons de combattre, nous allons perdre des millions de personnes.
02:12Bien sûr, si nous combattons, nous allons perdre des milliers,
02:14mais entre le choix perdre des millions ou perdre des milliers, le choix est clair.
02:17Parce qu'il ne faut pas oublier que dans tous ces territoires occupés par la Russie,
02:21ce sont tous les jours des déportations d'enfants, des tortures,
02:24des viols de masse de femmes, parfois d'ailleurs de prisonniers hommes aussi,
02:28ce sont des exécutions sommaires,
02:30et c'est l'enrigidentement de tous les jeunes de ces régions,
02:34il y en a 1,5 million, pour après combattre comme chair à canon aux côtés de l'armée de Poutine.
02:40Donc ce serait aussi une menace absolument terrible sur l'Europe,
02:43et là aussi, je crois que la seule chance devant effectivement ce duo criminel,
02:48disons-le, Poutine-Trump, c'est évidemment qu'est-ce que l'Europe va faire.
02:52C'est ça qui...
02:54On va y venir évidemment Nicolas Tenzer,
02:56mais je voulais vous poser une dernière question sur ses positions
03:00entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui se rejoignent,
03:02on sait que Moscou refuse une entrée de l'Ukraine dans l'OTAN,
03:05Washington propose maintenant des garanties de sécurité sans adhésion.
03:10Est-ce que là aussi, Donald Trump recule ?
03:13Oui, il recule complètement, d'abord parce que là aussi,
03:17il faut rappeler que chaque État, dont l'Ukraine,
03:19en vertu de la charte de Paris de 1990, signée quand même à l'époque par la Russie,
03:26avait reconnu que chaque État a le droit de choisir ses alliances,
03:30y compris militaires, donc il n'y a pas raison.
03:32Ensuite, attendez, qui croirait véritablement la solidité des garanties,
03:37en dehors de l'OTAN, que donneraient les États-Unis aujourd'hui,
03:40quand on voit comment ils se conduisent ?
03:42Donc tout ceci n'est évidemment pas sérieux.
03:44Est-ce que la France, est-ce que l'Italie, est-ce que le Danemark,
03:47est-ce que la Belgique, etc., accepteraient ces soi-disant garanties de sécurité
03:52et dire maintenant je renonce à être membre de l'OTAN ?
03:55Je veux dire, c'est vraiment quelque chose du million,
03:59et évidemment qui n'a aucune crédibilité devant la Russie,
04:03quand on voit comment Trump se dégonfle complètement devant Poutine déjà.
04:06Oui, vous l'avez évoqué, les Européens vont s'entretenir ce dimanche par visioconférence,
04:10Emmanuel Macron, le Britannique Keir Starmer,
04:13l'allemand Frédéric Schmerz.
04:14Est-ce qu'ils peuvent encore jouer un rôle dans ces discussions sur le sort de l'Ukraine ?
04:20Alors je pense qu'ils ne peuvent pas jouer de rôle direct dans ces discussions,
04:24parce qu'ils ne convaincront jamais Trump de faire machine arrière,
04:28parce que je pense que Trump est profondément dans les mains de Poutine
04:31pour faire machine arrière.
04:33En revanche, ils peuvent dire tout simplement à Trump,
04:35écoutez, votre deal discuté sur le dos de l'Ukraine,
04:39eh bien écoutez, nous ne l'acceptons pas nous Européens,
04:43nous allons continuer à armer l'Ukraine,
04:45nous allons même le faire de manière beaucoup plus décisive,
04:48nous allons mettre en place nous-mêmes éventuellement des forces
04:50pour garantir la sécurité,
04:52et de toute manière, tout accord que vous faites de votre côté
04:55n'a strictement aucune portée.
04:57Je pense que les Européens aujourd'hui, c'est un test,
04:59pas seulement pour l'Ukraine d'ailleurs,
05:01c'est un test pour eux, parce que s'ils se déshabillent aujourd'hui,
05:03ils savent très bien que dans l'accord tel que Trump et Poutine l'envisagent,
05:07ce serait demain, comme le disait d'ailleurs il y a quelques semaines le général Burkhardt,
05:11ce serait préparer finalement le renforcement de la Russie
05:14qui serait capable de nous attaquer, nous Européens, d'ici 4 ou 5 ans.
05:19Je veux dire, ce serait suicidaire de notre part.
05:22Et donc c'est vraiment le test décisif, ne jamais accepter,
05:25je pense même maintenant essayer de dire,
05:27écoutez, Trump a essayé de s'imposer comme le négociateur, faiseur de deal,
05:31et bien c'est nous aujourd'hui qui allons fixer l'agenda,
05:35comme on dit en anglais, qui allons déterminer l'ordre du jour,
05:37qui allons montrer notre force.
05:39Voilà, c'est un test, je ne suis pas sûr que le test soit encore gagné malheureusement aujourd'hui.
05:43Le faiseur de deal, Donald Trump, qui avait également promis une rencontre tripartite
05:46avant ce sommet en Alaska, donc lui, Poutine et Volodymyr Zelensky,
05:51est-ce qu'on peut vraiment encore y croire Nicolas Tenzer ?
05:54On rappelle que les Européens poussent également pour ce sommet à trois.
05:58Je pense que c'est tout à fait exclu,
06:03parce que Poutine tout simplement ne le souhaite pas, ne le veut pas,
06:07il l'a fait savoir, le président Zelensky a dit à plusieurs reprises
06:10qu'il était prêt à cette discussion, qu'il était prêt à rencontrer Poutine,
06:14et en fait Poutine a toujours, peut-être parce qu'il a un peu peur,
06:18je ne sais pas, de ce regard de Zelensky,
06:20qui lui rappellera ses crimes, et finalement ça l'a jeté,
06:23alors que Zelensky est un héros qui va aux côtés des gens qui combattent, etc.
06:26Il y a une telle différence entre les deux hommes, je pense que Poutine refusera toujours.
06:30Et là aussi, Trump finalement aura montré sa faiblesse, il aura cédé sur tout,
06:34il aura fait humilier les Etats-Unis,
06:37et il aura accueilli l'un des pires criminels contre l'humanité de ce siècle sur le sol américain.
06:42Regardez ce que sont devenus aujourd'hui les Etats-Unis.
06:45Volodymyr Zelensky qui a prévenu l'abandon d'un cessez-le-feu en Ukraine complique la situation.
06:51On sent quand même que le président ukrainien, il marche sur des oeufs avant cette rencontre demain à la Maison-Blanche.
06:58Oui, bien sûr c'est très difficile pour lui,
07:00parce que lui il se rappelle cette scène humiliante de février 2025 dans le bureau ovale à la Maison-Blanche,
07:07il n'a pas envie de recommencer tout cela.
07:09Lui pour l'instant, tant qu'il n'est pas assuré d'un soutien suffisamment massif des Européens,
07:14il dit je vais faire le maximum pour ne pas heurter de front Trump,
07:19mais bien sûr il n'a strictement aucune illusion.
07:21Donc lui il essaye toujours d'aller jusqu'au bout, il félicite Trump, il dit bravo,
07:26vous avez pris une grande initiative, etc.
07:28Vraiment, il le flatte, parce qu'on l'a vu, Trump est totalement sensible à la flatterie.
07:32On a vu comment Poutine l'a manipulé en lui disant finalement grâce à vous,
07:36les Etats-Unis sont devenus une puissance, Trump était heureux de s'en vanter comme un enfant péril.
07:42Il lui a même dit, si c'était vous au pouvoir en 2022, je n'aurais pas attaqué l'Ukraine.
07:46Quel est le bon compliment pour Donald Trump.
07:49On sait que ce n'est pas le cas, mais on voit Trump effectivement tellement boursoufflé,
07:53effectivement accepter ce genre de propos.
07:55Donc Zelensky concrètement fait aussi lui-même attention, il est obligé de le faire,
07:59je ferai la même chose à sa place, mais je pense qu'il n'a aucune illusion.
08:01A quoi faut-il s'attendre pour demain, pour ce rendez-vous à la Maison-Blanche
08:06entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ?
08:09Tout simplement, je pense que Zelensky va expliquer poliment
08:12que ce que propose Poutine est totalement inacceptable.
08:15Je pense qu'il ne peut pas ne pas le faire.
08:18Que Trump peut-être va dire, maintenant, j'en ai marre, il faut quand même accepter quelque chose.
08:23Les Européens vont essayer d'expliquer à Trump que tout ceci n'a aucun sens
08:28et que c'est inacceptable pour l'Ukraine, voilà, et là où il y a l'incertitude
08:32et là où je ne peux rien prévoir, c'est quelle va être l'attitude de Trump ?
08:36Est-ce qu'il va se fâcher ? Il va dire, ah ben si c'est comme ça, j'abandonne tout,
08:40je supprime complètement tout, je ne donne plus aucune norme à l'Ukraine,
08:47je stoppe le renseignement militaire à l'Ukraine.
08:51Mais en même temps, derrière, vous avez un congrès
08:53et un parti républicain qui soutient à 68% les Ukrainiens,
08:58un congrès qui est prêt à voter de nouvelles livraisons d'armes
09:01et de nouvelles sanctions, et peut-être qu'il y aura quand même
09:04à un certain moment où Trump s'apercevra qu'aller trop du côté de Poutine,
09:08c'est vraiment une forme d'humiliation pour lui et pour les Etats-Unis.
09:12Mais est-ce qu'il est capable d'entendre ça ?
09:13C'est ça, c'est là, voilà, c'est-à-dire que quelle est la perméabilité de Trump
09:19a tous les reproches qui montent de son propre camp
09:22et qui lui dit, finalement, toi, avec toi, président,
09:25finalement, tu auras baissé les Etats-Unis.
09:27Zelensky face à l'imprévisible Trump.
09:30Merci à Nicolas Tenzer, spécialiste des questions géostratégiques,
09:34enseignant à Sciences Po.
09:35Bonne journée à vous.

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