- il y a 3 mois
- #filmcomplet
Monsieur de Fontenelle a résisté toute sa vie à la passion et aux sentiments amoureux, jusqu’au jour où il fait la rencontre d'Isabella, qui lui fait découvrir ce qu’il a toujours ignoré : l’amour.
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Genre : Nouveautés, Film Cinéma, Téléfilm, Romance, Histoire, Drame
© 2024 - Tous Droits Réservés #FilmComplet
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Catégorie
🎥
Court métrageTranscription
00:00:00Musique
00:00:008 heures !
00:00:11Votre bouillon !
00:00:15Il faut le boire bien chaud, sinon ça ne vous fera aucun...
00:00:20aucun bien !
00:00:22Musique
00:00:24Sidon !
00:00:38Sidon ! Mathieu !
00:00:44Musique
00:00:46Musique
00:00:48Musique
00:00:50Musique
00:00:52Musique
00:00:59Musique
00:01:02Musique
00:01:06Musique
00:01:10Musique
00:01:18Sous-titrage MFP.
00:01:48J'ai des asperges que vous m'aviez commandées.
00:01:50Elles sont très belles.
00:01:51Cueillez-le ce matin.
00:02:09Et mes fraises ?
00:02:11Je t'ai déjà dit que ça donnait des démangeaisons.
00:02:14Oh madame, vous voilà enfin !
00:02:19Qu'est-ce qu'il se passe ?
00:02:20Monsieur de Pontenelle s'est encore levé en pleine nuit
00:02:22pour aller regarder ses maudites étoiles.
00:02:24Et je l'ai trouvé endormi dans son cabinet.
00:02:27Franchement madame, je me demande ce qu'il espère.
00:02:30S'il croit que les habitants de la Lune
00:02:31vont lui faire signe de montée ?
00:02:33Il vous a donc convaincu que la Lune était habitée ?
00:02:35Non, pas la Lune !
00:02:38Mais...
00:02:38Ah, attendez, attendez.
00:02:40On ne s'y retrouve plus dans tous ces astres.
00:02:44En tout cas, moi je crois que les habitants du ciel
00:02:47en ont assez d'être regardés.
00:02:48Avec ses lunettes,
00:02:50qu'on dirait des fusils.
00:02:52Monsieur de Pontenelle a beau être un grand savant,
00:02:54il y a des choses qu'à son âge, on ne fait plus.
00:02:58Madame,
00:02:59il n'y a que vous,
00:03:00sa petite nièce,
00:03:01qui puisse y le raisonner.
00:03:02Qu'irais-je lui dire ?
00:03:04Il est la raison même.
00:03:05Au revoir, chère !
00:03:07Tout au plus pourrait en contenir sa gourmandise.
00:03:15Oh, ma chère nièce !
00:03:17Je vous souhaite le bonjour, mon oncle.
00:03:20Vous avez belle mine !
00:03:21Je suis ravie !
00:03:23N'y aurait-il point du fromage ?
00:03:28Vous ne dinerez point si vous prenez du fromage à 7 heures.
00:03:30Neuveur vient de Capogne-de-Saunir ?
00:03:32Je sais trop bien que vous n'en prendrez point
00:03:34qu'un seul morceau.
00:03:36Je serai témoin qu'après 95 ans,
00:03:39je suis condamné à mourir de faim
00:03:40dans ma propre maison.
00:03:42Et vous passez pas à la cuisine.
00:03:44En effet.
00:03:45Et n'avez-vous point remarqué
00:03:47ce qui se préparait pour le dîner ?
00:03:49Des asperges, mon oncle.
00:03:50Dieu soit loué.
00:03:52C'est étrange comme manger des asperges
00:03:54semble pour vous une forme avancée du bonheur.
00:03:56Vous parlez du bonheur
00:03:57comme si j'en connaissais les secrets.
00:03:59N'est-ce pas la vérité ?
00:04:02Je crois en effet que les secrets du bonheur
00:04:06ne vous sont pas inconnus.
00:04:09Vous appelez secrets de simples précautions.
00:04:12Confie-moi en une.
00:04:14Mais la plus simple,
00:04:15il faut se ménager en toutes circonstances.
00:04:19Oui.
00:04:21La mesure du bonheur qui nous a été donnée
00:04:24est assez petite, ma chère nièce.
00:04:26J'ai donc prudent de ne rien perdre.
00:04:36Et était-ce dans vos précautions
00:04:37que de ne pas vous marier ?
00:04:41Veuillez m'excuser.
00:04:41Pertinente question.
00:04:50Dans les nœuds de l'hymène,
00:04:52à quoi bon m'engager ?
00:04:55Je suis un, cela doit suffire.
00:04:58Si j'étais deux, mon état serait pire.
00:05:02C'est bien assez de moi pour me faire enrager.
00:05:05Votre science des épigrammes
00:05:07vous tire de toutes les situations.
00:05:10Il n'empêche que vous savez
00:05:11vous faire adorer des femmes.
00:05:13Peut-être.
00:05:14Mais on les épouse.
00:05:16Et puis on les connaît.
00:05:17Le mariage est chose naturelle, pourtant.
00:05:19On n'aime pas dans le plan.
00:05:21Je dis, l'idée a bien dû vous venir,
00:05:24de vous marier.
00:05:26Quelquepois, oui, le matin.
00:05:27Voltaire aurait dit au roi de Prusse
00:05:44que vous étiez l'esprit le plus universel
00:05:46que le siècle de Louis XIV ait porté.
00:05:49Un compliment n'étant pas dans sa manière,
00:05:51ils ont déduit qu'il a dû lui arriver
00:05:53quelque chose de fâcheux.
00:05:55Le froid, peut-être.
00:05:57Je m'étonne toujours
00:06:01comme les séances à l'académie
00:06:02ne vous fatiguent pas davantage.
00:06:04Pourquoi voulez-vous ?
00:06:06Je n'y ai plus d'ennemis.
00:06:27On dirait que vous avez oublié
00:06:29ce que messieurs Boileau et la Bruyère
00:06:31ont dit de désagréable sur vous.
00:06:32Ne faites pas enfance
00:06:33à racine de l'oublier
00:06:35parmi mes adversaires.
00:06:37Je leur ai pardonné
00:06:38et cela m'a fait beaucoup de bien.
00:06:40Non, aujourd'hui,
00:06:42je ne les blâme
00:06:44que d'être tous morts.
00:06:46Portez-vous toujours aussi aimablement,
00:06:49cher enfant.
00:06:50Eh bien, moi, c'est monsieur
00:06:59que je trouve trop aimable.
00:07:01Il n'en veut à personne
00:07:02et se contente de tout.
00:07:05Je me demande parfois
00:07:06si ce sont là
00:07:07les manifestations
00:07:07d'une bonté immense
00:07:09ou de pas de bonté du tout.
00:07:15Des fois,
00:07:16j'ai peine à lui ôter la poussière.
00:07:21Il me fait peur.
00:07:23Je crois monsieur de Fontenelle
00:07:24encore plus impressionné que vous
00:07:26par son oncle.
00:07:26Je comprends.
00:07:28Être le neveu du grand Corneille,
00:07:30c'est une situation tout de même.
00:07:32Pour vous aussi, madame.
00:07:35Oh, petite nièce
00:07:37du neveu de Corneille,
00:07:38c'est une place discret.
00:07:39Qu'est-ce que vous faites?
00:08:05Monsieur en avait assez.
00:08:06Comment il en avait assez?
00:08:07Ah oui, il ne veut plus le voir,
00:08:09ce coffre.
00:08:1060 ans, à ce qui paraît.
00:08:11Mais il est plein.
00:08:12Ah ben, pour sûr, madame,
00:08:13qu'il est plein.
00:08:15On sent bien quand on le porte.
00:08:17C'est tout ce que monsieur
00:08:17a point voulu lire
00:08:18qui est là-dedans.
00:08:19Mais qu'est-ce que tu racontes, Simon?
00:08:20Ce sont les journaux de monsieur
00:08:22qui sont dans ce coffre.
00:08:23Ah ben, je dis point non.
00:08:24Je dis qu'il n'a jamais
00:08:25voulu les lire.
00:08:26Qui vous a raconté
00:08:27ces sornettes?
00:08:29C'est...
00:08:30C'est lui.
00:08:32Qui c'est lui?
00:08:32Monsieur de Fontenelle.
00:08:38C'est amusant,
00:08:39mais cela ne tient pas debout.
00:08:40Pourquoi ne les aurait-il pas lus?
00:08:42Monsieur n'aimerait pas
00:08:43qu'on répète
00:08:44ce qu'il nous a dit
00:08:45qu'à nous.
00:08:46Répète quand même,
00:08:46madame te le demande.
00:08:48Ben,
00:08:50il les a point lus
00:08:51parce qu'il se doutait
00:08:52qu'on ne disait pas
00:08:52du bien de lui là-dedans,
00:08:53même qu'on l'attaquait.
00:08:54Après tout,
00:09:02cela est assez
00:09:02dans sa manière.
00:09:04Ne jamais aller au-devant
00:09:05de ce qui peut
00:09:06gâter votre humeur.
00:09:08C'est tout lui,
00:09:09en effet.
00:09:10Débarras!
00:09:11Allez!
00:09:12Et vous repasserez le balai!
00:09:13Sous-titrage Société Radio-Canada
00:10:13Sous-titrage Société Radio-Canada
00:10:43Mon âge exige la tempérance.
00:10:45Très belle affaire.
00:10:46Qu'est-ce que l'âge
00:10:47quand la gloire le surpasse?
00:10:49Accepteriez-vous néanmoins
00:10:50quelques fruits confits.
00:10:52Allez par ici.
00:10:55Monsieur de Fontenelle
00:10:56vous a repérés
00:10:57comme étant
00:10:58les plus spirituels
00:10:58de l'Assemblée.
00:11:00Le plus spirituel
00:11:01du salon de madame Geoffrin.
00:11:04C'est madame Geoffrin.
00:11:06Monsieur de Fontenelle
00:11:07nous surpasse tous,
00:11:07Vallière.
00:11:09Dites-lui plutôt
00:11:09quelle conversation
00:11:10était la vôtre
00:11:10pendant le souper.
00:11:12De quoi disputiez-vous?
00:11:14Nous pensions
00:11:15qu'il est bien difficile
00:11:16pour une femme
00:11:16de déceler le sentiment
00:11:18sous une conduite galante.
00:11:21Monsieur de Vallière
00:11:22soutenait
00:11:22que c'était un nouveau procès
00:11:23fait à la sincérité
00:11:24des hommes.
00:11:25Alors,
00:11:26qu'en pense
00:11:26le siècle passé?
00:11:27Ma foi,
00:11:28je n'observe point
00:11:30les sentiments
00:11:30comme je le fais
00:11:32des planètes.
00:11:33Vous n'avez pas
00:11:33à observer
00:11:34ce qui vous est simplement
00:11:35donné de ressentir.
00:11:36Certains,
00:11:37mais il est présomptueux
00:11:38d'avancer
00:11:39que j'ai déjà ressenti
00:11:40quoi que ce soit.
00:11:42Voilà 80 ans
00:11:43que j'ai relégué
00:11:43le sentiment
00:11:45dans mes poésies.
00:11:49Et vous appelez ça
00:11:50avoir vécu.
00:11:52Je crois avoir été
00:11:52empressé
00:11:53comme il convenait
00:11:54auprès des femmes.
00:11:55Mais l'amour.
00:11:59J'entends mal.
00:12:00Je parlais de l'amour.
00:12:03Lui et moi
00:12:03sommes des choses
00:12:05incompatibles.
00:12:06On dit pourtant
00:12:07que votre roman préféré
00:12:08n'est autre
00:12:08que la princesse
00:12:09de Clèves.
00:12:13Le style,
00:12:14on est insurpassable.
00:12:15Il en est plus vif.
00:12:17Il n'en est pas
00:12:17de plus simple.
00:12:19Donc,
00:12:20de plus grand.
00:12:21Mais la princesse,
00:12:22c'est une histoire
00:12:23d'amour.
00:12:23Qui n'a pas lieu.
00:12:25Quelle sagesse.
00:12:27Puisque vous soutenez
00:12:27que les sentiments
00:12:28vous sont étrangers,
00:12:30je suppose
00:12:30ce sont les idées
00:12:31qui ont vos faveurs?
00:12:32Pas davantage.
00:12:33Défendre des théories
00:12:34signifient ripostées,
00:12:35se plaindre,
00:12:36accuser,
00:12:37soupçonner.
00:12:39J'aime trop mon repos.
00:12:42Et puis,
00:12:43pourquoi polémiquer?
00:12:46Tout est possible
00:12:48et tout le monde a raison.
00:12:51Allons, allons.
00:12:53Je sais certaines idées
00:12:54qui ne vous laissent pas
00:12:54indifférents.
00:12:56Si je vous disais
00:12:57que M. d'Alembert
00:12:58est venu nous lire hier
00:13:00son discours préliminaire
00:13:01à l'encyclopédie
00:13:01et que le chevalier de Jocourt
00:13:04nous a montré
00:13:05d'admirables planches
00:13:05dans les métiers.
00:13:06C'était d'un ennui
00:13:07mortel.
00:13:09Vous m'avez l'air
00:13:09encore bien vivant,
00:13:11il me semble.
00:13:11Mais enfin,
00:13:12que cherchez-vous
00:13:13avec cette encyclopédie?
00:13:15À instruire les médiocres
00:13:16de choses
00:13:17qui ne l'entendront point?
00:13:19Qu'y a-t-il de plus ridicule
00:13:20que de parler de philosophie
00:13:21avec des ouvriers?
00:13:24Le divertissement
00:13:25et le jeu,
00:13:25voilà ce que le peuple attend.
00:13:27Pareils propos
00:13:28vous feront attendre
00:13:29à la porte de l'Académie,
00:13:30j'en réponds.
00:13:32Déjà qu'il vous faudra
00:13:32faire oublier
00:13:33vos ouvrages libertins.
00:13:35Et moi,
00:13:35j'entends bien
00:13:35être de l'Académie.
00:13:37Mes ouvrages sont lestes,
00:13:38j'en conviens,
00:13:39mais les composés
00:13:40est d'un aussi dur labeur,
00:13:41croyez-moi.
00:13:43Une simple page
00:13:43me prend
00:13:44trois ou quatre heures.
00:13:47Vous finirez bien
00:13:47par attraper
00:13:48tout ce temps perdu.
00:13:49Mais je suis plus modeste
00:13:50que vous ne l'imaginez,
00:13:51monsieur.
00:13:52On n'aurait pas osé
00:13:53vous le dire, monsieur.
00:13:56Toutes ces femmes
00:13:57qui se disputent
00:13:58le vieux Fontenelle
00:13:59dans l'espoir
00:13:59qu'il va mourir
00:14:00dans leur salon.
00:14:04Pauvre Vallière,
00:14:06il se croit
00:14:06un esprit supérieur,
00:14:07mais la supériorité
00:14:08lui fait bien défaut.
00:14:09Et l'esprit lui manque.
00:14:12Venez,
00:14:13nous allons entendre
00:14:14la musique de près.
00:14:15Elle est bien
00:14:15assez insupportable
00:14:16de loin.
00:14:17Vous préférez la peinture ?
00:14:19Oh,
00:14:20la peinture,
00:14:21les murs sont enlédits
00:14:22par trop de portraits.
00:14:23La sculpture ?
00:14:25Je laisse les statues
00:14:26me regarder.
00:14:29Les arts
00:14:30vous touchent
00:14:30donc si peu.
00:14:32Je n'arrive pas
00:14:33à faire entrer
00:14:33tant de choses
00:14:34dans mon existence.
00:14:35plus tard,
00:14:39peut-être.
00:14:41Votre force
00:14:41est de vous placer
00:14:42hors d'atteinte
00:14:42en toutes circonstances.
00:14:44Rien ne vous touche.
00:14:45Je vous admire.
00:14:48Bonsoir,
00:14:49chère Fontenelle.
00:14:50Pardon.
00:14:51Je vous souhaitais
00:14:52le bonsoir.
00:14:53bonsoir.
00:14:55C'est parti.
00:15:25Regardez, monsieur de Fontenelle, il n'est pas de mots murmurés que vous ne saurez entendre,
00:15:38avec, on l'a souvent constaté, plus de précision encore que ceux qui entendent normalement.
00:15:43Cela provient de ce que le pavillon est fort large, ne dirait-on pas comme une corne d'abondance,
00:15:48qui, au lieu de déverser ses fruits, engrangerait les sujets et les verbes par sa vaste embouchure, pour vous les faire entendre.
00:15:54Voyons, monsieur, voulez-vous ajuster le cornet à votre oreille ?
00:15:58La plus petite des extrémités s'y glisse tout naturellement.
00:16:02Allez-y.
00:16:04Ouais.
00:16:06Alors, comment m'entendez-vous, monsieur de Fontenelle ?
00:16:08Trop fort !
00:16:10Ah oui, je suis confus, c'est parce que je...
00:16:12C'est naturel quand on s'adresse à quelqu'un dont Louis est défaillante.
00:16:15Alors, je n'en crois pas en mes oreilles.
00:16:26Qu'est-ce que c'est que ça ?
00:16:27On nous a demandé de venir le chercher pour monsieur de Fontenelle.
00:16:30Mais qui vous a demandé ?
00:16:32Ajuster, enlever.
00:16:36Ajuster, enlever.
00:16:38Voilà, l'appareil n'est-il point trop lourd, monsieur ?
00:16:40Monsieur ! Monsieur !
00:16:42Madame Geoffrin vous envoie...
00:16:44Madame Geoffrin vous envoie quelque chose.
00:16:46Je lis beaucoup mieux.
00:17:02Ce portrait de votre ami Lefraignois,
00:17:05j'ai pu l'acquérir sans trop d'embarras auprès de ce qui lui reste de famille.
00:17:08Je l'ai fait dans l'intention de vous l'offrir.
00:17:10Persuadé que le visage de celui qui fut votre plus proche
00:17:13et si, grand ami, vous rappellerez ces longs moments
00:17:16que vous passez ensemble à ne rien dire
00:17:18et pourtant à vous comprendre
00:17:19comme seuls savent s'entendre la discrétion et l'innocence.
00:17:24Oui.
00:17:27Alors aujourd'hui, vingt ans qu'il est mort,
00:17:29je m'en vais sur le champ
00:17:30remercier madame Geoffrin.
00:17:34Pourquoi ces moments que vous passiez à ne rien dire ?
00:17:38Monsieur Lefraignois était si peu bavard.
00:17:39Hum, portrait respire la ressemblance.
00:17:46Regardez, on dirait qu'il va se taire.
00:17:54La belle compagnie que voilà.
00:18:00Et tout ce monde va m'accueillir ?
00:18:03Nous sommes toujours ravis de vous voir, monsieur l'abbé.
00:18:05Pas bien.
00:18:08Pas bien.
00:18:10Pas bien.
00:18:15Je parle de cette lettre au marquis de Lafar
00:18:17que le petit réservoir vient publier.
00:18:19Eh bien.
00:18:20Comment ça, eh bien ?
00:18:21Que dit-elle cette lettre ?
00:18:23Vous vous moquez, on soutient partout qu'elle est de vous.
00:18:26M'a-t-on vu l'écrire ?
00:18:27Je le sens bien, moi, qu'elle est de votre plume.
00:18:30Parler avec une telle insolence n'appartient qu'à vous
00:18:32ou à Voltaire, une lettre qui décrit l'embarras du Seigneur
00:18:35au moment de la résurrection, désigne son auteur.
00:18:38M'en direz-vous le nom à la fin ?
00:18:40Raillez, raillez, je vois que sous couvert de montrer
00:18:42les choses de la science auquel les cœurs saints
00:18:44n'entendent rien, il est bien lisé d'y jeter le table.
00:18:47Qu'est-il besoin d'expliquer ce qui doit rester inexplicable ?
00:18:51Vous faites parfois songer à quelques navigateurs
00:18:54dont les cas ne laisseraient passer l'eau
00:18:56mais qui interdiraient qu'on écope.
00:19:02Pas d'égard, on dit que ce sont vos ouvrages
00:19:05qu'ont enfrenté Voltaire.
00:19:07Laissez dire.
00:19:09Vous ne pouvez accepter que votre œuvre
00:19:10apporte caution à cet empire.
00:19:12Que me reprochez-vous ?
00:19:13N'est-ce pas feu, mais pas que...
00:19:15Si fait, mais vous ne pouvez ignorer
00:19:16que Voltaire parle de Dieu comme...
00:19:18comme... comme s'il n'existait pas.
00:19:20Comme quoi ?
00:19:20Quelle malice que vous doivez me faire répéter ces choses.
00:19:23Comme... comme s'il n'existait pas.
00:19:28Voltaire ne nie pas.
00:19:30Il s'interroge.
00:19:32C'est votre histoire des oracles qui a fait le mal.
00:19:35Je ne me rejette pas dans mes oracles
00:19:36le spectacle de l'ignorance et de la sottise
00:19:39exploité par la mauvaise foi.
00:19:42Certes, mais...
00:19:43Mais ce spectacle me semble promis
00:19:45un grand avenir.
00:19:47Ben justement, des esprits faibles et impurs
00:19:49ont pu en déduire que Dieu n'existait
00:19:50que parce que nous voulions y croire.
00:19:53C'est quoi ?
00:19:54Mon ami...
00:19:56L'ignorance se démontre moins
00:19:59par les choses qui sont
00:20:00et dont la raison nous est inconnue
00:20:03que par celles qui ne sont point.
00:20:05Et dont nous trouvons la raison.
00:20:07Car non seulement
00:20:08nous ne possédons pas les principes
00:20:11qui mènent au vrai,
00:20:13mais nous en avons d'autres
00:20:14qui s'accommodent très bien
00:20:15avec le faux.
00:20:16Monsieur l'abbé, restera-t-il à dîner ?
00:20:24Fait-il ?
00:20:24Non, votre servante.
00:20:26Ben, qui y a-t-il ?
00:20:27Le dîner !
00:20:28Eh bien !
00:20:29Désirez-vous des asperges ?
00:20:31Oh, j'en raffole.
00:20:33J'en raffole.
00:20:35Moi aussi.
00:20:36Ça, au beurre,
00:20:37quel dé.
00:20:38Mais je préfère à lui.
00:20:39Au beurre,
00:20:40elle garde de leur vermeté.
00:20:41Et à lui,
00:20:42le goût en sort davantage.
00:20:43Elle se digère tout aussi bien au beurre.
00:20:46Ma nièce ne les apprécie qu'à l'huile.
00:20:48Bon,
00:20:48que dois-je faire ?
00:20:51Une moitié à l'huile,
00:20:52une moitié au beurre.
00:20:56Je connais bien votre manière,
00:20:58savez-vous.
00:20:58Jamais rien de véhément.
00:21:00Votre impertinence
00:21:01est des plus doux
00:21:02à peine visibles.
00:21:03Point d'éclat,
00:21:04point de taca.
00:21:05Ainsi, ce ne sera pas
00:21:06pas les idées
00:21:06les plus terribles.
00:21:07Les plus terribles.
00:21:09Je ne professe point d'idées.
00:21:11Je constate et je souris.
00:21:13C'est bien suffisant.
00:21:16Vous vous mêlez tout
00:21:17sans en avoir l'air.
00:21:18Voilà la vérité.
00:21:19Raisonnement,
00:21:19raisonnement,
00:21:20c'est votre unique défense.
00:21:21Moi, je maintiens
00:21:22qu'il est mauvais
00:21:22de raisonner sans cesse,
00:21:24que c'est le moyen
00:21:24le plus insidieux
00:21:25de s'écarter peu à peu
00:21:26du chemin
00:21:27qui nous a été tracé.
00:21:29Par qui ?
00:21:31Vous voyez,
00:21:33vous raisonnez encore.
00:21:35Ça, j'aime d'avance
00:21:36si toutes mes parrières
00:21:36ne seront jamais suffisantes
00:21:37pour votre salut.
00:21:40Et si ?
00:21:42Françoise !
00:21:56Les asperges,
00:21:59toutes à l'huile.
00:22:00Non, non,
00:22:11dites-moi
00:22:12à l'entrée du jardin.
00:22:13Enfin, vous voilà !
00:22:33Nous n'attendions que vous
00:22:34pour souper.
00:22:36Attendez,
00:22:37nouvelle de ce bon abbé Chalon ?
00:22:38Il est à nouveau sur pied,
00:22:41si l'on peut ainsi dire,
00:22:42de quelque chose de rond.
00:22:44Vous ne cessez de le rudoyer.
00:22:46Je me demande
00:22:46ce qu'il vous a fait.
00:22:47Il me fait peur !
00:22:50Le voilà !
00:22:52Chère Fontenelle,
00:23:00je ne crois pas
00:23:01vous avoir présenté Isabelle.
00:23:03La fille de ma soeur
00:23:04du comte Della Torre
00:23:05est arrivée de Florence
00:23:07la semaine passée.
00:23:10Ah !
00:23:11Tes asperges !
00:23:12On dit, monsieur,
00:23:19que vous n'avez pu résister
00:23:20à un mot cruel
00:23:21dont l'abbé Chalon
00:23:22fut l'innocente victime.
00:23:24La cruauté
00:23:24n'est pas ma façon, monsieur.
00:23:26Mais si cela est vrai,
00:23:27ce que j'ai dit
00:23:27semble avoir remis
00:23:28les asperges
00:23:29à la mode.
00:23:33Monsieur le philosophe,
00:23:35il paraît que vous refusez
00:23:36de croire à l'amour.
00:23:38Plaît-t-il ?
00:23:38N'est-il point vrai
00:23:40que l'amour existe ?
00:23:43J'avoue qu'à sept minutes,
00:23:46je ne doute plus.
00:23:50On m'a dit
00:23:50une charmante désenterie
00:23:52qui vous concerne,
00:23:53chère Fontenelle.
00:23:55À quelqu'un
00:23:55qui souhaitait faire
00:23:56un placement d'argent,
00:23:57il a été déconseillé
00:23:58de le faire sur votre tête,
00:23:59sauf à fond perdu,
00:24:00car vous rajeunissez
00:24:01en vieillissant.
00:24:03L'autre jour,
00:24:04j'ai voulu faire déplacer
00:24:05un meuble de famille,
00:24:05un vieux secrétaire
00:24:06qui avait toutes les apparences
00:24:07du neuf.
00:24:08Eh bien,
00:24:09à peine l'a-t-on touché
00:24:10qu'il s'est effondré.
00:24:11Il était vermoulu.
00:24:15Vieillir me fait peur.
00:24:17Pour les femmes,
00:24:18la disgrâce des sens,
00:24:19c'est une horrible chose.
00:24:23Une sottise.
00:24:24Pour éviter l'annocence
00:24:25de vieillir,
00:24:27il faut veiller
00:24:27à leur fonctionnement régulier,
00:24:29les entretenir,
00:24:30en quelque sorte.
00:24:31À suivre vos conseils,
00:24:33on tomberait vite
00:24:33dans l'excès,
00:24:34il me semble.
00:24:35L'homme de qualité
00:24:36sait tempérer ses audaces.
00:24:38Je crains,
00:24:39mademoiselle,
00:24:41que nos discours
00:24:41vous ennuient.
00:24:42Les vôtres,
00:24:43vous voulez dire ?
00:24:45Quand la beauté
00:24:47et la jeunesse
00:24:47s'accordent
00:24:48si magnifiquement,
00:24:50a-t-on envie
00:24:50d'entendre
00:24:51des propos desséchés ?
00:24:53A-t-on d'ailleurs envie
00:24:54d'entendre quoi que ce soit ?
00:24:56Les paroles retardent
00:24:57toujours les actes.
00:24:58Oh non,
00:24:59ce n'est pas possible.
00:25:01Grand-pense,
00:25:01votre nièce ?
00:25:03Elle va vous le dire
00:25:03elle-même,
00:25:04baron Grimm.
00:25:05Je n'en suis pas encore
00:25:07à me laisser des conseils
00:25:08qu'elle en me donne.
00:25:09Ce qui n'empêche pas
00:25:10d'en faire le tri,
00:25:11de reconnaître la vérité
00:25:12dans ce qui est généreux,
00:25:14sensible,
00:25:15dévoué,
00:25:16en un mot,
00:25:17dans ce qui vient du cœur.
00:25:18Tous les êtres
00:25:20possèdent un cœur,
00:25:21me direz-vous.
00:25:22Eh bien non.
00:25:24La science
00:25:24nous le cache encore,
00:25:25mais certains
00:25:26en sont réellement
00:25:27dépourvus.
00:25:28Vraiment ?
00:25:29J'en connais personnellement.
00:25:30Dans quelques contrées
00:25:31lointaines, je pense.
00:25:32Point du tout,
00:25:33ici même.
00:25:34Me direz-vous.
00:25:35À quoi bon ?
00:25:36Il s'est déjà reconnu.
00:25:43Je suis résolu
00:25:44à faire à l'académie
00:25:46une communication
00:25:48sur l'intelligence
00:25:50de l'asperge
00:25:51qui est un légume
00:25:54particulièrement savoureux
00:25:56mais aussi
00:25:57commande à manger.
00:26:00En somme,
00:26:00fait pour nous plaire
00:26:01mais avec une discrétion
00:26:04qui enchante.
00:26:06Il suffit d'ailleurs
00:26:07de savoir comment
00:26:08poussent les asperges.
00:26:10Elles passent
00:26:10la tête
00:26:12pour d'abord
00:26:14voir si elles ne dérangent pas
00:26:17et puis alors
00:26:19se sachant attendues
00:26:22elles viennent
00:26:24tout entières.
00:26:29Aucun autre légume
00:26:30ne possède
00:26:33cette élégance.
00:26:35À vrai dire,
00:26:36monsieur,
00:26:36ça n'est pas précisément
00:26:37sur l'académie
00:26:38et les asperges
00:26:39qu'on vous attendait.
00:26:39Sur quoi d'autre ?
00:26:41Eh bien,
00:26:41sur ce qu'affirme
00:26:42monsieur de Vallière,
00:26:43l'absence de cœur.
00:26:45Vous avez du mal
00:26:46entendre.
00:26:47Comment cela ?
00:26:48Monsieur de Vallière
00:26:49pense que cela
00:26:50n'existe pas
00:26:51parce que le cœur
00:26:52comme le cerveau
00:26:52sont des organes
00:26:53qui lui sont encore
00:26:54étrangers.
00:26:57J'ai cru comprendre
00:26:57que pour l'instant
00:26:58il ne s'intéressait
00:26:59qu'à la partie comprise
00:27:00entre la hanche
00:27:01et le genou.
00:27:02Bénissons l'esprit,
00:27:09monsieur,
00:27:10c'est lui
00:27:10qui vous tuera.
00:27:12Alors ne songez plus
00:27:13à l'académie,
00:27:15vous voilà déjà
00:27:15immortel.
00:28:16On dirait que la musique
00:28:42vous est soudainement
00:28:43supportable.
00:30:16Merci.
00:30:26Merci.
00:30:26Merci.
00:30:34Venez.
00:30:35Monsieur le forgé a promis
00:30:36de nous enseigner
00:30:36un nouveau jeu d'esprit.
00:30:37Je préfère me retirer.
00:30:39Comme vous voudrez.
00:30:39Ma nièce ne possède-t-elle pas
00:30:42une voix merveilleuse ?
00:30:43Sans doute.
00:30:44Mais comment
00:30:45en aurait-je profité ?
00:30:47C'est à vous ?
00:30:48Je ne vois pas l'utilité de m'encombrer
00:30:53du bien d'autrui.
00:30:54Je veux dire,
00:30:56vous en avez réellement besoin ?
00:30:57hélas, ma bonne amie,
00:30:58hélas, ma bonne amie,
00:30:58me voici parvenue à l'âge
00:31:00des accessoires.
00:31:12Monsieur ?
00:31:13Monsieur ?
00:31:18Quelqu'un parle ?
00:31:21Moi, monsieur.
00:31:39Votre esprit m'a charmé, monsieur.
00:31:42Je comprends que ma tante
00:31:43tient tant à votre présence.
00:31:45Avez-vous aimé
00:31:46les airs que j'ai chanté ?
00:31:49Votre voix et votre accent
00:31:50feraient aimer
00:31:52tous les airs du monde.
00:31:55Savez-vous que je connais
00:31:56vos entretiens
00:31:57sur la pluralité des mondes ?
00:31:59Ils sont très célèbres en Italie.
00:32:01Quelle chance
00:32:02a-t-il cette marquise
00:32:03d'être instruite par vous ?
00:32:05Des Mercure,
00:32:06des Vénus,
00:32:07des Jupiter.
00:32:09Mais je vous mets en retard.
00:32:11Bonsoir, monsieur.
00:32:15Nous sommes prêts, monsieur.
00:32:20Pas moi !
00:32:22Je vous pardonne
00:32:36d'avoir interrompu mon chemin
00:32:37si vous acceptez
00:32:38que je me mette
00:32:40en travers du vôtre.
00:32:42Aurais-je droit
00:32:43à une licence d'astronomie ?
00:32:45J'aime les sciences,
00:32:46vous savez.
00:32:47J'imagine que vos soirées
00:32:49passées à instruire
00:32:49la marquise
00:32:50étaient pareilles à celle-ci.
00:33:01Enfin, voyons,
00:33:02vous vous conduisez avec moi
00:33:03comme si j'avais
00:33:04dix ans de moins.
00:33:08Puisque je ne peux prétendre
00:33:09retenir la place
00:33:10de votre marquise,
00:33:13je me contenterai
00:33:13de la beauté
00:33:14de ce spectacle
00:33:15qui s'en passerai.
00:33:18Les sceaux et les savants.
00:33:21Je crois qu'un jour viendra
00:33:22où l'homme visitera
00:33:22les planètes.
00:33:24Vous avez raison.
00:33:26Il n'aura pas
00:33:27la sagesse
00:33:27d'y renoncer
00:33:28et il ne pourra
00:33:30s'empêcher
00:33:30d'y mettre
00:33:31de l'orgueil
00:33:31comme toujours.
00:33:34Vous étiez moins pessimiste
00:33:36avec la marquise.
00:33:37marquise
00:33:39imaginaire.
00:33:44Êtes-vous sérieux ?
00:33:48Je voulais raconter
00:33:49simplement les principes
00:33:50qui régissent l'univers
00:33:51alors j'ai imaginé
00:33:53des conversations
00:33:53avec une marquise
00:33:55le soir
00:33:56dans le parc
00:33:57d'un château.
00:34:00Je rêvais
00:34:00d'un ouvrage
00:34:01ni trop sec
00:34:02ni trop léger
00:34:02mais il se peut bien
00:34:05qu'en cherchant
00:34:05un juste milieu
00:34:06qui convainc
00:34:07tout le monde
00:34:07j'en ai trouvé
00:34:08un qui ne convienne
00:34:09à personne.
00:34:12Les justes milieux
00:34:13sont impossibles
00:34:14à tenir.
00:34:16On ne m'y prendra plus.
00:34:18C'est pourtant
00:34:19grâce à vous
00:34:19que les femmes
00:34:20prennent plaisir
00:34:20à la science.
00:34:22Beaucoup d'hommes
00:34:23ne vous le pardonneront
00:34:24jamais.
00:34:27Enfin,
00:34:28l'aveu
00:34:29que vous m'avez fait
00:34:29me dispense
00:34:30désormais
00:34:31de me montrer
00:34:31la jalousie
00:34:32vers votre marquise.
00:34:33Je vous demande pardon.
00:34:36J'ai parlé
00:34:36de la jalousie.
00:34:39J'avoue
00:34:39ignorer
00:34:40ce que c'est.
00:34:42Je vous crois.
00:34:43Il n'y a que
00:34:43la femme
00:34:43pour savoir.
00:34:47Allons-vues.
00:34:48Je ne suis pas
00:34:49tout à fait honnête.
00:34:51Pardon.
00:34:53Cette marquise,
00:34:54je ne l'ai pas
00:34:56entièrement inventée.
00:34:58Je me suis inspirée
00:34:59d'une personne réelle.
00:35:01Qui ?
00:35:04Une dame
00:35:04de ma province
00:35:05auprès
00:35:06de laquelle
00:35:07beaucoup pensaient
00:35:08que j'étais
00:35:09assidue.
00:35:12L'étiez-vous ?
00:35:14Elle fait en sorte
00:35:15que mes manières
00:35:15fussent toujours honnêtes
00:35:17et obligeantes.
00:35:20Les jeunes gens
00:35:21n'entendent plus cela.
00:35:23Le seul intérêt
00:35:24des jeunes gens
00:35:25est de fuir
00:35:25les sentiments.
00:35:29Enfin,
00:35:29monsieur,
00:35:30pour les sentiments
00:35:32de l'étrange conseil.
00:35:36Quelle importance ?
00:35:38On reconnaît
00:35:38les bons conseils
00:35:39à ce qu'ils ne sont
00:35:40jamais suivis
00:35:40et les mauvais
00:35:41à ce que tout le monde
00:35:42s'est hâté
00:35:42de les précéder.
00:35:46Je ne vous ai
00:35:46que trop retardé,
00:35:47monsieur.
00:35:48Aurais-je prononcé
00:35:49quelques paroles
00:35:50pour vous déplaire ?
00:35:51La nuit est fraîche,
00:35:54soudain.
00:35:56Elle est fort douce,
00:35:57au contraire.
00:35:59Je porte
00:36:00de prendre foi.
00:36:02Je m'en voudrais
00:36:02donner ton point
00:36:03attentif
00:36:03à votre santé.
00:36:05Le troisième acte
00:36:14commence par une scène
00:36:16entre la marquise
00:36:17et Dubois.
00:36:21Buvez.
00:36:25C'est brûlant.
00:36:27Vous vous souciez moins
00:36:28du chaud et du froid
00:36:29dans certaines maisons
00:36:30que je connais.
00:36:30je dois écrire
00:36:34une lettre.
00:36:36Allez.
00:36:48C'est chaud.
00:37:00Oh, mon pauvre ami,
00:37:16vous voilà
00:37:17dans un triste état.
00:37:18À cause de l'humidité
00:37:19de votre jardin.
00:37:21Que me dites-vous là ?
00:37:23Que les faiblesses
00:37:24arrivent
00:37:24par où on ne les attend pas.
00:37:27Ma nièce
00:37:28m'a chargée
00:37:28de vous remettre
00:37:29cette lettre.
00:37:30Elle vous remercie
00:37:31d'être restée
00:37:32pour l'écouter chanter.
00:37:35Je crois avoir bien agi
00:37:36en exigeant
00:37:37qu'Isabelle s'installe
00:37:37chez moi.
00:37:39Elle ne pouvait
00:37:39rester à Florence
00:37:40plus longtemps.
00:37:41Sa mère n'aurait jamais
00:37:42trouvé sur place
00:37:43remède à son mal.
00:37:44De quel mal
00:37:45souffre-t-elle donc ?
00:37:46De quoi voulez-vous ?
00:37:48L'amour, mon ami.
00:37:50L'amour.
00:37:53Isabelle a connu
00:37:54il y a peu
00:37:55le revers d'une passion
00:37:56qu'elle croyait partager.
00:37:57Elle a surpris
00:37:58celui qui lui avait
00:37:58juré sa flamme
00:37:59dans les bras
00:37:59d'une autre.
00:38:00Enfin,
00:38:02quand j'y suis dans les bras,
00:38:03j'espère que vous me comprenez.
00:38:05Ma sœur s'est alarmée
00:38:06car la santé d'Isabelle
00:38:07donnait des signes
00:38:08d'inquiétude
00:38:08après cette pénible
00:38:09déconvenue.
00:38:11On ne saurait compter
00:38:12le nombre de fois
00:38:12où Isabelle a été
00:38:13surprise en larmes.
00:38:15Sans parler
00:38:16de ce jour
00:38:16pas si lointain
00:38:17où elle a voulu
00:38:18se jeter dans la rivière.
00:38:20Enfin !
00:38:20j'ai arraché
00:38:22ma nièce
00:38:22à son tourment
00:38:22et la voilà guérie.
00:38:26Je vous vois fatiguée,
00:38:28cher Fontenelle.
00:38:30Vous dites ?
00:38:31Ah oui.
00:38:33L'amour.
00:38:34Me pardonnerez-vous,
00:38:39monsieur,
00:38:40un comportement
00:38:41aussi
00:38:41ce qu'inexplicable
00:38:42alors que vous
00:38:43me faisiez la faveur
00:38:44de votre immense savoir.
00:38:45Il me faudra bien
00:38:48du courage
00:38:49pour apparaître
00:38:50devant vous
00:38:51alors même
00:38:52que je ne saurais
00:38:53me résigner
00:38:53à ne plus vous voir.
00:38:54C'est parti !
00:39:18C'est parti !
00:39:19Mlle de Fontenelle m'a chargé de vous remettre ceci.
00:39:49Ah, M. de Fontenelle, je suis bien l'aise de vous revoir.
00:40:10M. Diderot et M. d'Alembert disaient à l'instant que vous étiez leur maître.
00:40:13Ce n'est pas un mince privilège, madame, que d'être née avant tout le monde.
00:40:17Mlle, vous avez retrouvé bonne mine.
00:40:21Mlle de Fontenelle sera ravie de vous revoir.
00:40:24Au juste moment, Mlle.
00:40:26Cette jeunesse nous donne le vertige.
00:40:35Qu'il me soit permis de saluer l'esprit le plus libre et le plus avancé de notre temps.
00:40:42M. d'Alembert, vous me faites trop d'honneur.
00:40:45Notre encyclopédie vous est sans foire de vables.
00:40:48Vous verrez que mon âge finira par me rapporter.
00:40:57Je ne suis point un de ces hommes qui exhibent des certitudes.
00:41:00Mais je sais que c'est par la connaissance et le raisonnement que le monde sortira des ténèbres.
00:41:07Nos articles lui ouvriront les yeux et nos souscripteurs ne seront pas que des lecteurs.
00:41:12Comprenez-vous, ils transmettront, ils témoigneront.
00:41:18M. de Fontenelle.
00:41:19On me dit que vous ne ménagez point votre peine pour nous soutenir.
00:41:25Soyez-en mille fois remerciés.
00:41:27Ce premier volume de votre encyclopédie me ravit, M. Diderot.
00:41:32C'est une vaste entreprise.
00:41:34Trop vaste, peut-être.
00:41:35En tout cas, elle vous apportera peu de satisfaction.
00:41:39Les hommes tels que vous sont faits pour les grandes aventures et la règle des 3D.
00:41:46J'ignore cette règle.
00:41:48Déconvenu, difficulté, découragement.
00:41:52Eh bien, j'en ajoute un quatrième.
00:41:54Défine.
00:41:55Je veux le relever.
00:41:56Vous avez raison.
00:41:58Il était tombé assez bas ces derniers temps.
00:42:06Charmant tableau.
00:42:08Lequel se tient l'autre ?
00:42:09Oh, Diderot préférera toujours Fontenelle à Voltaire.
00:42:12Il vaut caresser un chat qu'un scorpion.
00:42:23M. de Fontenelle !
00:42:26Vous me voyez confuse.
00:42:28Oh, je veux vous assurer que l'idée que vous avez de moi n'est pas la bonne.
00:42:31Mais puisque je n'ai rien vu...
00:42:33Oh, le jour où vous m'avez surprise, mon mari m'avait insultée.
00:42:39Imaginez mon trouble.
00:42:40Comment le pourrais-je, madame ?
00:42:42C'est parce qu'il m'avait infligé cet affront que je me suis vengée de lui.
00:42:45Imagine que pareille vengeance vous coûte énormément.
00:42:51Personne n'est mort d'avoir été infidèle, n'ose pas ?
00:42:54Certains m'aiment vivre, madame.
00:42:56Mon mari m'a traité de catin.
00:42:59Pourtant, j'ai éprouvé de l'affection et de la tendresse pour tous les hommes qui m'a été donné de connaître.
00:43:05Dans ce cas, madame, ce n'est pas une insulte, c'est de la reconnaissance.
00:43:09Un peu de fraîcheur, un peu de fraîcheur me fera du bien.
00:43:12Quelle situation, monsieur ?
00:43:23Comment cela ?
00:43:25Ce rendez-vous que vous m'avez fixé dans les plus grands secrets.
00:43:29À la suite d'une lettre de vous et votre tante, qui me l'a remise, croit encore que vous m'adressiez de simples remerciements.
00:43:36Je vous devais des excuses.
00:43:40J'ose à peine imaginer ce que vous avez pensé de moi après cette soirée.
00:43:44Mais ce que j'ai pensé dans l'instant n'a rien à voir avec ce que je crois désormais.
00:43:49Que voulez-vous dire ?
00:43:50Que sans l'évocation d'un sentiment qui vous tourmente, plus qu'il ne faudrait,
00:43:57je n'aurais pas assisté à un départ qui ressemblait à une fuite.
00:44:05Vous savez donc ?
00:44:07Je suis moins forte que je le pense.
00:44:11Je crois oublier.
00:44:12Je ne fais qu'un fouir.
00:44:13Il est vrai, je crois que ce sera là ma plus grande gloire.
00:44:17Par quelle force faut-il donc être habité ?
00:44:21Je ne vois rien de banal dans les mouvements du cœur,
00:44:24mais j'ai préféré m'en garder.
00:44:27Comme si nous avions les choix.
00:44:29Nous l'avons.
00:44:31Il ne faut jamais chercher qu'à simplifier sa vie.
00:44:35Pour ma part, j'ai voulu faire l'économie d'histoire d'amour
00:44:38qui m'eussent laissé pantelon.
00:44:41Je me connais trop bien.
00:44:43Mais vous avez aimé, monsieur.
00:44:45Il a visité en retour.
00:44:47Soutiendrez-vous le contraire ?
00:44:49C'est un sujet bien personnel pour qui déteste parler de soi.
00:44:54Ainsi donc, vous pourriez tout connaître de moi
00:44:56et n'auriez-vous me confié en retour ?
00:45:00Qui mon existence intéressera-t-elle ?
00:45:05Moi.
00:45:09Et pourquoi je vous prie ?
00:45:12Je ne sais.
00:45:14Ou plutôt,
00:45:16pour la première fois,
00:45:18je le sentimente d'être comprise.
00:45:22Nous nous connaissons peu, il est vrai,
00:45:24et pourtant,
00:45:25il me semble que nous avons déjà partagé un peu de notre vie.
00:45:32Vous ne voulez donc rien me dire ?
00:45:35Un jour.
00:45:37Quel jour ?
00:45:39Un prochain jour.
00:45:42Protégez-vous des secrets.
00:45:47C'est avec pareil raisonnement que ma petite nièce prétend que tout m'a réussi.
00:45:51Je crains que l'affliction qu'elle me porte
00:45:53me fasse voir de travers.
00:45:57En quoi aurait-elle tort ?
00:45:58Il suffit de regarder de quelle manière j'ai parcouru le chemin.
00:46:03Quand j'ai voulu embrasser la carrière d'avocat dans ma ville natale,
00:46:07j'ai perdu la seule affaire qui me fut confiée.
00:46:10Quelle importance ! Vous aviez la poésie.
00:46:13Je ne lui ai donné plus qu'elle ne m'a rendue.
00:46:16Je fais mine aujourd'hui d'être détaché,
00:46:18mais je sais à quel point les détracteurs avaient raison.
00:46:21Mes ouvrages ne faisaient qu'imiter
00:46:23ce que l'on représentait de pire sur les théâtres.
00:46:26L'académie vous a pourtant accepté.
00:46:30Après quatre tentatures,
00:46:32ils auraient su que j'allais vivre vieux,
00:46:35qu'ils me faisaient attendre davantage.
00:46:38Vous êtes un grand savant.
00:46:40Sans la lecture de vos ouvrages,
00:46:42aurais-je du goût pour les sciences
00:46:44et aurais-je commis...
00:46:46Quoi donc ?
00:46:47Un petit traité.
00:46:50Un petit traité.
00:46:52Deux remarques plutôt sur la réfraction de la lumière.
00:46:55Aurais-je l'honneur de les lire ?
00:46:58Accepteriez-vous en échange
00:47:00de m'enseigner l'observation des étoiles ?
00:47:03Je suis trop mal habile.
00:47:05L'observation des...
00:47:06Isabelle !
00:47:07L'observation des étoiles, oui.
00:47:09Je ne m'y entends guère enseigner quoi que ce soit.
00:47:12Isabelle !
00:47:12Alors, acceptez-vous.
00:47:15Quel entêtement !
00:47:16Isabelle !
00:47:17Soit, soit !
00:47:19Quelle était cette ère que vous chantez ?
00:47:22La, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la...
00:47:28C'est un air qu'on chante à Florence
00:47:30et qui parle d'amour.
00:47:33Isabelle !
00:47:33Qui sait à quel instant de la succession
00:47:42des générations animales nous en sommes ?
00:47:44Qui sait si ce bipède déformé
00:47:47qui n'a que quatre pieds de hauteur
00:47:48qu'on appelle encore un homme
00:47:50et qui ne tarderait pas à perdre ce nom
00:47:52en se déformant un peu davantage
00:47:54n'est pas l'image d'une espèce qui passe ?
00:47:57Diderot est merveilleux.
00:47:59C'est grâce à des hommes comme lui
00:48:00que le monde va s'ouvrir.
00:48:02Le monde !
00:48:03Vous rendez-vous compte ?
00:48:04Qui puis-je ?
00:48:05Nous allons découvrir tant de choses nouvelles.
00:48:07Comme j'ai hâte.
00:48:08Et comme j'ai envie.
00:48:09Mon fils,
00:48:10les envies sont inutiles
00:48:11quand on peut tout avoir.
00:48:13Qui sait si tout ne tend pas à se réduire
00:48:14à un grand sédiment
00:48:16inerte et inolive ?
00:48:18Qui sait quelle sera la durée
00:48:20de cette inertie ?
00:48:21Qui sait quelle race nouvelle
00:48:23peut résulter d'un amas
00:48:29aussi grand de points sensibles
00:48:31et vivants ?
00:48:36Il sera plus aisé d'enseigner
00:48:41la mécanique
00:48:42que la tolérance.
00:48:44Sans doute.
00:48:45Il le faudra pourtant.
00:48:48C'est peut-être là
00:48:49notre véritable dessein.
00:48:50Certes.
00:48:52Mais l'homme est l'homme.
00:48:54Il avance et il recule.
00:48:57Vous ne le changerez pas aisément.
00:48:59Je ne suis pas pessimiste.
00:49:01Bessoir comme celui-là.
00:49:03Moi non plus.
00:49:04j'ai monté.
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01:01:12se mise à nous observer comme si elle s'inquiétait qu'Isabelle fût si jeune
01:01:16ou que je fût si vieux.
01:01:20Quelle tristesse que de se trouver entre deux âges.
01:01:25Vous avez changé, mon oncle.
01:01:28En bien.
01:01:30C'est comme...
01:01:31Pardonnez-moi, j'allais dire une sottise.
01:01:35Allez, allez.
01:01:38Eh bien, c'est comme si, soudainement, vous vous découvriez un cœur.
01:01:42Je vous ai blessé, je suis impardonnable.
01:02:12Je suis confuse.
01:02:19Quelle étrange grisserie, cet air frais.
01:02:24Il est possible que cela porte un nom.
01:02:27Ne le prononcez pas.
01:02:28Quand on me demande, eh bien, monsieur, comment va votre encyclopédie ?
01:02:46J'ai l'impression qu'on me transperce le cœur.
01:02:49Voulez-vous la vérité ? Nous sommes persécutés par des coquins qui espèrent de nous la résignation.
01:02:53Et Voltaire qui nous conseillent d'aller continuer en pays étranger.
01:02:56Mais quelle idée se fait-il donc du courage ?
01:02:59Oui, nous continuerons.
01:03:01Mais à poursuivre nos ennemis.
01:03:03Et nous retournerons à notre profit la bêtise de nos censeurs.
01:03:06Il est heureux de vous entendre parler ainsi, monsieur Diderot.
01:03:10D'Alembert disait ici même l'autre soir que vous vous sentiez découragé.
01:03:14D'Alembert subit plus que moi les assauts des imbéciles.
01:03:17Mais il est vrai que le repos me tente.
01:03:22Je rêve parfois d'une vie tranquille, au fond de ma province.
01:03:27Alors tout s'apaiserait.
01:03:29Et je pourrais voir dans les cœurs un peu d'innocence.
01:03:34Mais il faut être utile aux hommes.
01:03:38Et travailler.
01:03:40Je me demande pourtant si l'on ne fait pas autre chose que les amuser.
01:03:43Quelle différence y a-t-il entre le philosophe et le joueur de flûte ?
01:03:48On ne peut changer les hommes, monsieur.
01:03:50Et tantôt ils se tourneront vers votre philosophe,
01:03:53tantôt ils préféreront le joueur de flûte.
01:03:56Vous croirez entendre, monsieur de Fontenelle ?
01:03:58Votre remarque me flatte, monsieur.
01:04:01Moi, je crois que les hommes sont faits de plusieurs petits récipients.
01:04:04Celui de la raison, celui de l'imagination, celui de l'esprit.
01:04:08Et qu'il y a aussi une grande marmite de pure bêtise.
01:04:12Ah !
01:04:14Voilà bien la preuve que tous les êtres ne se ressemblent pas.
01:04:18Et que pour certains d'entre eux,
01:04:19le destin n'est plus que dans la grande marmite.
01:04:24Eh bien, moi, j'avance que tous les êtres humains
01:04:26doivent être considérés de la même façon.
01:04:29Vous ne pouvez quand même pas prétendre
01:04:31qu'ici même, nous sommes tous pareils.
01:04:33Et laissez donc le Seigneur seul juge
01:04:35de ce que nous sommes
01:04:36et de ce que nous allons.
01:04:38De qui parlez-vous ?
01:04:41Je suis surpris, monsieur,
01:04:43de ne pas vous avoir entendu blasphémer plus tôt.
01:04:47Et voulez-vous que je me rattrape ?
01:04:49Taisez-vous.
01:04:52Je vais vous dire ma manière de penser, monsieur.
01:04:56Le châtiment est terrible.
01:04:57Je veux vous entendre en confession
01:05:01au plus tôt.
01:05:03En confession.
01:05:12On dit, mademoiselle,
01:05:13que vos travaux sont du plus grand intérêt.
01:05:15Monsieur de Fontenelle
01:05:16me prodigue des encouragements.
01:05:18Je voudrais y joindre les miens.
01:05:20Et...
01:05:20voudrais tout autant que vous ne refusiez pas
01:05:23que je vous entende chanter.
01:05:24Je ne peux, monsieur.
01:05:26Il n'y a personne pour tenir le caisson.
01:05:28Si ?
01:05:29Moi ?
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01:07:30Sous-titrage Société Radio-Canada
01:07:32Voulez-vous me confier ce que vous avez là ?
01:07:36Je la peux attendre.
01:07:38À tantôt.
01:07:50Mais enfin, monsieur le Fontenelle, puisque je vous dis que monsieur Diderot n'est pas là !
01:07:53Où est-il alors ?
01:07:54Ah, il est, pour vous dire sincèrement, il est…
01:07:56Où est-il là ?
01:07:57Le lieu, je l'ignore, monsieur, mais il est… avec une personne.
01:08:00Et que font-ils ? L'avez-vous vue, cette personne ?
01:08:04Ah, celle-là, non, je ne l'ai pas encore vue.
01:08:06Non, bah, vous avez bien une idée. Elle doit être jeune, non ?
01:08:11Jeune et belle. Elles sont toutes jeunes et belles, monsieur.
01:08:18Je vais l'attendre.
01:08:30Mais c'est Fontenelle !
01:08:44Mais qui a-t-il ?
01:08:47Il n'y a que peu de choses à vous dire, monsieur.
01:08:49Ce que vous faites…
01:08:52Oui ?
01:08:55Ce que vous faites est…
01:08:58Elle est…
01:09:00Incomplet.
01:09:02De quoi parlez-vous, non ?
01:09:04De votre encyclopédie.
01:09:08Qu'a-t-elle d'incomplet ?
01:09:09Vous n'y traitez point des passions, du sentiment.
01:09:18Qu'avez-vous à rire ?
01:09:20C'est vous, monsieur de Fontenelle, qui parlez de sentiments.
01:09:22Ah, et puis faites comme vous voulez.
01:09:24Cela m'apprendra à donner des conseils.
01:09:26Eh bien, une colère du paisible Fontenelle, l'événement est unique.
01:09:29C'est un honneur.
01:09:30J'envie vos emportements.
01:09:32J'aimerais vous ressembler.
01:09:34Permettez que je vous renvoie le compliment, mais vous n'êtes pas sérieux.
01:09:37Qu'est-ce donc que je possède qui vous manquerait ?
01:09:39Du courage.
01:10:00J'aimerais vous remercier.
01:10:02...
01:10:06...
01:10:08...
01:10:13...
01:10:15...
01:10:21...
01:10:24...
01:10:25Qu'avez-vous ?
01:10:35Rien.
01:10:37Vous semblez vous ennouiller ?
01:10:40Non, point du tout.
01:10:44Je crois que j'abuse votre bonté.
01:10:48Ce n'est pas un peu d'intérêt pour un savant comme vous.
01:10:55Vous ne dites rien.
01:10:58Que pense M. Diderot de vos observations ?
01:11:02Ma tante vous a dit,
01:11:05il m'a fait l'honneur de trouver de l'intérêt à ce que je fais.
01:11:13Est-ce là ce qui vous contrarie ?
01:11:16Je ne suis pas un contrarier.
01:11:19C'est moi en effet qui devrais l'être.
01:11:22Yarnet vous repartit alors que je chantais.
01:11:25Vous avez bien d'autres oreilles pour vous entendre.
01:11:30Vous êtes des méchantes morts, tout cela par ma faute.
01:11:34Aurais-je dû refuser l'invitation de M. Diderot ?
01:11:37Il s'est montré aimable et fort enjoué.
01:11:40Je n'en doute, point.
01:11:42Reprenez vos observations.
01:11:44Pensez-vous que je ne peux oublier certains conseils ?
01:11:54Si M. Diderot a charmé mon esprit,
01:11:58mon corps, lui, n'a pas failli.
01:12:00Il aura été retardé en route.
01:12:02Vous croyez donc que je ne vous dis pas la vérité ?
01:12:05Pour ce que de bien connaître la vérité, je crois disposer d'une certaine avance.
01:12:10Bien inutile, je vous rassure.
01:12:14Les mises en garde que je vous ai adressées sont aujourd'hui dérisoires, dérisoires.
01:12:18Qui avait-il dérisoires à vouloir m'épargner erreurs et souffrances ?
01:12:25Ce soir, je ne vois que trop la vanité de mes propos.
01:12:31Pas d'impulsion du cœur, du raisonnement.
01:12:38Je me suis laissé entraîner à penser que ce qui m'avait si bien convenu
01:12:41devait vous convenir aussi.
01:12:44Voilà les paroles d'un homme
01:12:47qui toute sa vie a peu changé de place
01:12:49et qui en a tenu si peu.
01:12:57J'ai promis à M. Diderot
01:12:59d'aller lui rendre visite chez lui.
01:13:05Mais...
01:13:05J'aimerais continuer à étudier auprès de vous.
01:13:10Vous aimeriez, mais vous ne le souhaitez point.
01:13:14Je vous comprends mal.
01:13:18Vous cherchez à me dire que vous voulez votre liberté.
01:13:22Vous me blessez, monsieur.
01:13:24Je crains de vous blesser aussi.
01:13:27Cela arrive quand on vise au juste.
01:13:30J'ai de l'amitié pour vous.
01:13:33J'ai pensé cette amitié partagée.
01:13:35Elle paraît être inégale.
01:13:36J'aurais dû le savoir.
01:13:40Vous entrez dans la vie quand je ne me décide pas à en sortir.
01:13:43Alors ?
01:13:44Mon cœur est honnête, monsieur.
01:13:47Je serai toujours heureux d'avoir connaissance de vos travaux.
01:13:50Nous verrons chez votre tante, si toutefois vous y paraissez encore,
01:13:54ce dont je doute.
01:13:56Pourquoi cela ?
01:13:57Parce que votre tête, votre esprit, votre corps seront ailleurs.
01:14:01Ils y sont déjà.
01:14:03On ne peut pas songer, les hommes.
01:14:05Vous-même l'avez reconnu.
01:14:08Il est si pénible de dire adieu.
01:14:11Je voudrais vous éviter cet embarras.
01:14:15Ce soir,
01:14:15vous êtes là pour la dernière fois.
01:14:21Et je l'ai su avant vous.
01:14:24J'insisterai
01:14:25pour vous voir revenir
01:14:27que je forcerai votre compassion.
01:14:32Ce serait me renier.
01:14:36Monsieur Diderot s'est montré enjoué.
01:14:39Dites-vous.
01:14:42Il sera donc libertin
01:14:44quand vous le croirez galant.
01:14:46Vous serez ainsi rassuré
01:14:48en pensant que l'esprit l'emporte.
01:14:50Nous préférons toujours abdiquer dans le confort.
01:14:53C'est à cela
01:14:54qu'on reconnaît nos défaites ordinaires.
01:15:14Sous-titrage Société Radio-Canada
01:15:24Monsieur Delamotte est philosophe profond.
01:15:50Philosophé,
01:15:52c'est rendre à la raison
01:15:53toute sa dignité.
01:15:55Monsieur,
01:15:55il serait plus agréable
01:15:56de vous entendre lire
01:15:58La Princesse de Clèves.
01:16:00Mais vous connaissez ce roman par cœur.
01:16:03Le mot est juste.
01:16:07Madame Geoffrin vous rend visite.
01:16:10Bonjour, ma bonne amie.
01:16:12Que se passe-t-il ?
01:16:13Je vais vous expliquer.
01:16:17Votre avis me sera précieux.
01:16:19C'est au sujet d'Isabelle.
01:16:22Depuis un an, à peine l'ai-je vue sortir au matin de la maison
01:16:24et rentrer fort tard.
01:16:26Je sens bien tous les reproches qui peuvent m'être faits.
01:16:29Je ne me suis point alarmée,
01:16:31sachant comme elle se passionne pour les sciences.
01:16:33Mais je connais aujourd'hui les raisons de sa conduite.
01:16:36Eh bien,
01:16:38Monsieur Liderot
01:16:39a fait se rencontrer ma nièce
01:16:41et l'un de ses libraires.
01:16:43Ce jeune homme est l'un de ceux
01:16:43qui continue à soutenir l'encyclopédie.
01:16:45Mais il part s'installer en Flandre, à Lille,
01:16:47et il a demandé Isabelle en mariage.
01:16:52Je ne sais que faire, mon bon ami.
01:16:54Vous qui lui fûtes si précieux.
01:16:56Qui l'avez aidé à sortir de son tourment
01:16:57par l'étude de la philosophie.
01:16:59Vous devez me conseiller.
01:17:03Lille.
01:17:04Très belle ville.
01:17:06Néanmoins, il ne se rebute à point encore.
01:17:17Il fit tout ce qu'il put
01:17:18pour la faire changer de dessin.
01:17:23Des années entières s'étant passées,
01:17:26le temps et l'absence ralentirent sa douleur
01:17:28et éteignirent sa passion.
01:17:32Madame de Clèves vécut d'une sorte
01:17:34qui ne laissa pas d'apparence,
01:17:36qu'elle put un jour revenir.
01:17:38Votre visite m'a enchanté.
01:18:05Je suis heureux de vous avoir à Lille.
01:18:08C'est tout au service de la librairie.
01:18:12Je sais ce que je vous dois, monsieur.
01:18:14Je chercherai toujours de quelle façon vous exprimer ma reconnaissance.
01:18:19Je n'aurais plus à chercher longtemps, je pense.
01:18:22Qu'il voulait vous dire ?
01:18:24Mon âge a fini par me rattraper.
01:18:27Vous vous portez à merveille.
01:18:31J'étais venue dans l'espoir que vous m'y pardonnerez.
01:18:35Je n'ai pas un remarqué d'offense.
01:18:36Je préférais vous entendre dire que je m'étais montrée en grade.
01:18:42Nous ne sommes pas assez parfaits pour être toujours affligés.
01:18:48Travaillez-vous en ce moment ?
01:18:50J'étudie notre langue française, sujet inépuisable.
01:18:57Je m'étonne toujours de ce que tant de choses puissent loger dans si peu de mots.
01:19:04Regardez, il n'en faut que deux pour dire que le temps n'est pas à notre disposition.
01:19:10Et c'est des mots ?
01:19:14Trop tard.
01:19:22Au revoir, monsieur.
01:19:23Je ne chante plus, monsieur.
01:19:45Et pourtant, chaque fois que j'aimerais le faire, je pense à vous.
01:20:07Adieu, Isabelle.
01:20:09Rendez-vous.
01:20:39Vous avez raison.
01:20:53Vous avez raison.
01:20:56Je n'en ai dit rien.
01:20:57Et voilà.
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