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  • il y a 3 mois
Le Premier ministre, François Bayrou, prépare des coupes dans les dépenses sociales, avec une hausse des franchises, une baisse d'indemnité pour les chômeurs et la suppression de deux jours fériés. Tout cela a ravivé la colère des partenaires sociaux. On en parle avec : Alexis Cuvillier, chef adjoint du service politiques BFMTV. Et Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général du syndicat FO.

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Transcription
00:00Les actualités françaises, au cœur de l'été, elle est sociale et politique avec ce que prépare le Premier ministre François Bayrou.
00:07Il prépare des coupes, peut-être dans les dépenses sociales, avec une hausse des franchises,
00:14moins d'indemnités pour les chômeurs ou plutôt conditionnés à des travaux, à un travail plus long.
00:19On a aussi la question des jours fériés.
00:22Il remet ça entre les mains des partenaires sociaux et se défend de tout passage en force.
00:26François Bayrou, c'est ce qu'il a répondu à Sophie Binet de la CGT.
00:30Sophie Binet a écrit que dans ces très grands mouvements de réforme que nous portons,
00:40le gouvernement choisissait de passer en force.
00:43Je pense qu'à côté de la démocratie politique, qui a tout son rôle,
00:48la démocratie sociale doit elle aussi prendre toute sa part de responsabilité.
00:55Pas de passage en force, la démocratie sociale doit prendre sa part de responsabilité.
00:59Au final, c'est le Parlement qui aura le dernier mot.
01:01Ça, il ne cesse de le répéter, François Bayrou.
01:03Enfin là, avec ses dossiers, il est en train de monter un front contre lui, le chef du gouvernement.
01:08C'est un calendrier assez inhabituel auquel on assiste,
01:11avec un Premier ministre qui, au cœur de l'été, est dans un format assez inédit.
01:16Il a lui-même choisi ce format de podcast et de vidéo.
01:19s'adresse très régulièrement à plusieurs reprises sur son projet de budget,
01:24alors que, évidemment, les Français ont pour beaucoup la tête un peu ailleurs.
01:30Et évidemment, c'est une méthode qui braque les partenaires sociaux,
01:34parce que, d'abord, le Premier ministre leur demande de s'exprimer rapidement sur
01:38« oui ou non, accepte-t-il de venir débattre avec lui, avec le gouvernement,
01:42sur la question des jours fériés ».
01:45Il leur laisse un délai assez limité d'ici le 1er septembre.
01:49Il y a d'abord ce sujet-là.
01:50Et puis ensuite, il y a le sujet de la façon dont les annonces
01:54qui ont été faites mi-juillet sont traduites.
01:57Ces documents d'orientation qui sont reçus au cœur de l'été
02:00sur le sujet, on le disait, des jours fériés,
02:03qui inquiètent évidemment les partenaires sociaux.
02:06Ces décrets qui se préparent sur la question sensible des franchises médicales.
02:12Le reste à payer pour les patients.
02:15Autant de dossiers qui alertent, et j'oubliais le dossier aussi sensible
02:19de l'assurance chômage, maintes fois renégociés
02:22et que le ministère du Travail veut remettre sur le chantier.
02:25On va en parler avec Jean-Claude Mailly, l'ancien secrétaire général
02:28du syndicat France Ouvrière.
02:29Bonsoir, M. Mailly.
02:29Bonsoir.
02:30Déjà, sur la forme, sur ce que disait Alexis, vous aviez connu ça ?
02:33Au cœur de l'été, un Premier ministre qui donne des pistes,
02:37des rendez-vous aux partenaires sociaux ?
02:39Pas comme ça, non.
02:39Il y a eu des décrets parfois pris en plein été,
02:43notamment, je me souviens...
02:45Baladur sur 93, ça je me souviens.
02:48Emmanuel Macron, quand il est arrivé,
02:51on a dû, à l'époque j'étais encore en responsabilité,
02:53on a négocié tout l'été sur le travail, la réforme du travail, etc.
02:57Mais sinon, de cette manière-là, non.
03:00Moi, politiquement, je pense qu'il veut aller dans le mur volontairement,
03:03il veut s'arrêter, Bérou.
03:04Ah bon ?
03:05Non, non, non, je ne vois pas pourquoi.
03:07La manière dont il procède, lui qui se dit...
03:11Depuis des années, les deux problèmes principaux qu'il évoque, c'est la dette.
03:15Bon, là, il sort un schéma, mais franchement, quand on regarde,
03:19quand on fait la liste, vous avez cité la santé, l'assurance chômage,
03:23les retraites, etc.
03:24Ça fait beaucoup, ça fait beaucoup sur les personnes.
03:27Et avec un sentiment global d'inéquité.
03:31Rien pour les entreprises, rien pour les plus riches, etc.
03:34Donc, c'est un choix.
03:36Ou alors, il s'est planté, et là, j'ai envie de dire,
03:39malheureusement que Marielle de Sarnay n'est plus là,
03:41parce qu'elle était vraiment une bonne conseillère.
03:43Ou alors, c'est un choix délibéré.
03:45Voilà.
03:45Et pourquoi ce serait ce choix délibéré ?
03:47Parce qu'entre la censure, etc., il tombait sur la dette.
03:51Voilà, mais alors qu'il a d'autres schémas pour réduire la dette que ça.
03:55En plus, sur la démocratie sociale, il répond mal à Sophie Binet.
03:58Pourtant, c'est aux partenaires sociaux qu'il dit,
04:00écoutez, mettez-vous d'accord, voilà mes pistes de travail,
04:02réfléchissez-y, si vous me dites oui,
04:04eh bien, ensuite, on discute.
04:05Non, non.
04:07Il dit, voilà, il faut deux jours fériés.
04:09Vous pouvez discuter des jours, à la limite,
04:12les bons ou pas, regardez comment vous faites, etc.
04:15Mais il faut discuter là-dessus.
04:16Attendez, les syndicats, historiquement,
04:19ne répondent pas aux coups de sifflet, quoi.
04:20Mais c'est pareil du côté de l'assurance chômage.
04:23Ça fait la deuxième fois, la première fois, c'était Macron en 2018,
04:27qui a chamboulé, qui a tout fait pour que la négociation ne marche pas.
04:31Et là, qu'est-ce qu'ils font sur l'assurance chômage ?
04:33Il y a un accord qui date de l'automne 2024, qui est valable 4 ans.
04:36Et on leur dit, ben voilà, c'est pas suffisant,
04:37il faut que vous trouviez 4 milliards d'économies.
04:39Ça ne peut pas marcher.
04:40Sur l'assurance chômage, ce qui vaut...
04:42Pardon, Alexis.
04:44En fait, aujourd'hui, la Convention stipule qu'il faut avoir travaillé 6 mois
04:47au cours des 2 dernières années.
04:48Oui, ils veulent durcir.
04:48Et là, l'idée, ce serait de passer peut-être à 9 mois de travail,
04:51à 9 mois de travail sur une durée plus courte,
04:54qui serait de 20 mois au lieu de 24 mois.
04:56Oui, oui.
04:56Et François Baroud, il va vous dire, c'est ce qui se passe,
04:58notamment chez nos voisins de Suisse ou Portugais.
05:00C'est assez le coup classique de faire des comparaisons.
05:02Vous savez, en international, moi, je me méfie toujours des comparaisons
05:05de manière ou d'une autre.
05:06Donc, on s'est incité à retrouver plus rapidement un emploi.
05:08Mais ça ne marche pas.
05:09Écoutez, aucun économiste sérieux n'a fait la démonstration aujourd'hui
05:14que de durcir les conditions pour les chômeurs,
05:16ça les aide à retrouver du boulot.
05:18Il y a un chercheur qui a sorti ce matin
05:21le niveau moyen de revenus de toutes les catégories de Français.
05:25Quel est le niveau moyen de revenus le plus bas ?
05:27Ce sont les chômeurs.
05:28Il faut arrêter, la majorité des allocations sont très basses et tout.
05:31Non, franchement, ce n'est pas sérieux.
05:33La méthode n'est pas sérieuse.
05:35Non, la méthode n'est pas sérieuse.
05:36Et les dossiers pris, ce n'est pas sérieux.
05:38Ce n'est pas cela qu'il faut prendre.
05:39Écoutez, historiquement, mon expérience,
05:41quand vous avez tous les syndicats, sans exception,
05:44qui ne sont pas d'accord, attention.
05:46Il y a une petite lumière qui doit s'allumer.
05:48Attention quand vous en avez deux qui râlent et puis trois,
05:50peu importe.
05:51Mais là, c'est tous les syndicats qui sont complètement désaccord.
05:53Je ne sais pas ce qu'ils feront.
05:54Ils se voient le 1er septembre.
05:55Vous avez ce truc, je ne sais pas ce que ça donnera du 17 ans, etc.
05:58L'appel au blocage.
05:59Oui, je ne sais pas ce que ça va donner, c'est autre chose.
06:02Mais moi, je veux dire, attention.
06:04On dit toujours, l'été, la rentrée va être chaude.
06:07Là, franchement, attention.
06:08Et c'est pour ça que je ne comprends pas l'attitude de François Béroud.
06:12Ce n'est pas parce qu'il est devenu youtubeur que ça marche.
06:15Dans les scénarios que vous imaginez,
06:17vous n'anticipez pas la possibilité qu'il y ait, d'une certaine façon,
06:21une manœuvre, c'est-à-dire que le Premier ministre
06:24mette en avant beaucoup de choses,
06:25pour qu'à la fin, au final, une négociation se mette en place,
06:29que des choses disparaissent du projet.
06:31Est-ce que ce n'est pas une façon, quelque part, pour lui,
06:33peut-être de tirer la sonnette d'alarme
06:36et de dire à tout le monde, il nous faut faire des efforts ?
06:38Depuis qu'il est arrivé, il tire la sonnette d'alarme.
06:41Ils en rajoutent, d'ailleurs.
06:42Je ne dis pas qu'il n'y a pas de problème de dette.
06:43Moi, je pense qu'il y a un vrai problème de dette,
06:45qu'il faut la réduire, etc.
06:46Mais les exigences du côté européen, ce n'est pas 40, c'est 25.
06:50Voilà, donc les 25 sont à peu près couverts
06:53par tout ce qu'il a annoncé là, malheureusement.
06:55Oui, il a déjà reculé, puisqu'il a dit aux Alsaciens,
06:59vous n'inquiétez pas, vous, vous n'aurez pas deux jours en moins.
07:01Deux jours fériés supplémentaires.
07:02Oui, mais il n'en supprime pas.
07:04Mais il n'en supprime pas, oui, tout à fait.
07:06Mais il a reculé, là.
07:07Il a dit, ah ben non, vous n'êtes pas concerné.
07:09Enfin, si c'est ça son objectif,
07:11écoutez, moi, on ne négocie pas comme ça.
07:13Ce n'est pas Donald Trump, quoi, je veux dire, c'est autre chose.
07:16Mais aujourd'hui, François Bayrou,
07:18vous pensez qu'il passera la fin de l'année ?
07:20Je ne pense pas, moi.
07:22Alors après, il y aura le débat au Parlement,
07:23il y aura censure ou pas censure.
07:25Mais franchement, je ne comprends pas
07:28pour quelqu'un qui se dit depuis toujours
07:30attaché à la démocratie sociale,
07:32qu'il ne la respecte pas, concrètement, il ne la respecte pas.
07:35Alors je me dis, pourquoi il fait ça ?
07:36Alors s'il fait ça, c'est peut-être qu'il veut tomber.
07:39Comme Mendes France, sauf que Mendes France,
07:41avant de tomber, il avait fait beaucoup de réformes.
07:42Mais est-ce que, oui, à l'époque,
07:45il avait réussi à les faire.
07:46Il n'a pas de majorité, quoi.
07:47Oui, d'accord, je suis d'accord.
07:50Lorsque le ministre de la Santé dit
07:52que la santé, ça a un prix,
07:53mais ça n'a pas de prix,
07:55mais ça a surtout un coût.
07:57Vous êtes d'accord avec cette petite phrase ?
07:59C'est pour ça qu'ils envisagent,
08:01notamment, de monter la franchise,
08:03de moins rembourser certains médicaments.
08:05En fait, ils peuvent dire tout ce qu'ils veulent.
08:07Ils cherchent de l'argent.
08:08Il y a 3 300 milliards de dettes.
08:10Oui, mais écoutez, il y a des choses à faire.
08:14Je vais prendre un seul exemple.
08:15Si vous réduisez les exonérations de cotisations patronales,
08:18qui aujourd'hui sont décrescendo jusqu'à 1,6 000...
08:21Moi, on dit qu'on ne peut pas toucher à l'activité.
08:23Oui, mais c'est passé de 1,6 à 1,4.
08:25Beaucoup d'économistes le disent.
08:27Même certains de la majorité ancienne le disent.
08:30Ça, c'est à peu près 10 milliards d'économies.
08:32Il ne faut surtout pas aller là-dessus.
08:34Donc, on ressort...
08:35Attendez, moi, ça fait quand même 30 ans
08:37qu'on entend les mêmes signoles.
08:39Les 4 milliards des jours fériés,
08:40des 2 jours fériés pour vous,
08:41c'est une aberration.
08:42Ça veut dire quoi ?
08:46Ça veut dire concrètement
08:47que les entreprises vont y gagner 4 milliards.
08:49Grosso modo, elles payent des cotisations,
08:50mais elles auront des gens qui travailleront
08:52sans elles payer particulièrement en plus.
08:56Du côté de l'État,
08:56ils vont récupérer 4 milliards.
08:58Ça veut dire que quand vous prenez mesure par mesure,
09:01ça va accroître les inégalités.
09:03Et ce que je crains, moi,
09:04c'est qu'on discute.
09:05Moi, je discute aussi avec les uns et les autres.
09:07Je ne parle pas des syndicats,
09:08mais les gens ont un sentiment profond d'inéquité.
09:12Voilà, c'est toujours sur nous que ça tombe.
09:14Eh bien, ça, il faut faire attention.
09:15Vous parlez de discussion à l'instant.
09:16Est-ce que vous pensez que les organisations syndicales
09:19ont intérêt tout de même d'aller dire
09:22à François Bayrou et au gouvernement
09:23leurs désaccords profonds ?
09:24C'est-à-dire d'une certaine façon
09:26d'accepter de discuter ?
09:28Le Premier ministre a fixé des échéances
09:29le 1er septembre, le 30 septembre.
09:31Ou alors, est-ce qu'il faut d'ores et déjà
09:32que ces organisations syndicales disent
09:34« Cette fois-ci, c'est terminé,
09:36on ne saisit plus la main. »
09:38Je ne suis plus un responsable syndical.
09:39Je ne prendrai pas de décision à leur place.
09:41Et c'est des avions conseils à donner.
09:42Ah, mais il faut être dur, là.
09:43Alors, je ne dis pas qu'il ne faut pas discuter.
09:45C'est ceux qui choisiront.
09:46Mais il faut dire que ce type de situation
09:47n'est pas acceptable.
09:49Voilà.
09:49On ne bafoue pas, comme ça,
09:51la démocratie sociale.
09:52On a un coup de sifflé.
09:53Enfin, lui qui se dit « attaché à un accord ».
09:56Il y a un accord interprofessionnel
09:57sur l'assurance chômage
09:58de novembre ou octobre 2024.
10:00November 2024, oui.
10:01Ça fait évalable 4 ans.
10:03Et puis, allez, remettez 100.
10:04Et puis, alors, vous allez discuter.
10:05Mais voilà ce à quoi vous devez aboutir.
10:07Comment voulez-vous que ça marche ?
10:09Ça ne peut pas marcher.
10:10Ça ne peut pas marcher.
10:11Ça ne peut pas marcher.
10:11D'autant plus qu'il n'y a pas de majorité au Parlement.
10:14Oui, mais justement,
10:15on pouvait imaginer aussi,
10:17dans un autre schéma,
10:18il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale.
10:20Donc, on s'est d'accord avec les partenaires sociaux.
10:22On essaie de se mettre d'accord avec eux.
10:23Et derrière, c'est plus simple.
10:24Bien sûr.
10:25Mais non, mais ce n'est pas le chemin
10:25qu'il a choisi.
10:26C'est pour ça que je me dis,
10:27peut-être que finalement,
10:28il en a marre d'être Premier ministre.
10:30Ou alors qu'il est dans une tactique,
10:32comme le disait Saint-Humillé.
10:32Ou alors une tactique,
10:33mais risquée, selon moi.
10:35Risquée.
10:35Risquée.
10:36Une tactique,
10:37ou au contraire,
10:37on pousse la barre très loin
10:38pour ensuite revenir,
10:40faire des concessions.
10:41C'est quelque chose
10:44qu'on a entendu dans la classe politique
10:45très vite après les annonces
10:47du 15 juillet dernier.
10:48C'est-à-dire qu'il y avait,
10:50dans la conférence de presse du 15 juillet,
10:51quelque chose d'assez fort.
10:53Tout le monde le disait.
10:55Des annonces qui étaient fortes,
10:56qui ont marqué le symbole
10:57des deux jours fériés.
10:58Et donc beaucoup,
10:59y compris dans son camp,
11:00disaient,
11:01il y a des choses qui changeront,
11:02des choses qui bougeront.
11:04Peut-être,
11:05à la fin,
11:06il n'y aura peut-être
11:06qu'un seul jour férié
11:07de supprimer.
11:09C'est d'ailleurs ce que disait
11:09tout à l'heure sur ce plateau
11:11Richard Ramos,
11:12qui est un député de son parti.
11:14Mais c'est vrai
11:15que les partenaires sociaux
11:16ont des raisons de s'inquiéter,
11:17de voir que,
11:18pour l'instant,
11:19en tout cas,
11:19dans les documents d'orientation
11:21qui sont transmis,
11:22rien ne bouge.
11:23Merci Jean-Claude Bayer.
11:24Merci à vous.
11:24Merci Alexis Cuvillier.
11:26Merci Alexis Cuvillier.
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