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  • il y a 4 mois
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Vincent Derosier du 06 août 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:01C'est le genre de petites phrases qui peuvent déclencher une polémique politique en plein cœur de l'été.
00:07Celle-là, elle est signée Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble depuis 2014.
00:12Bonjour à vous.
00:13Bonjour.
00:14Ce que nous, nous cherchons à faire, c'est casser les ghettos.
00:17Mais les ghettos, il faut se rappeler que c'est surtout des ghettos de riches.
00:20Ça, c'est vous, dans une interview au Dauphiné Libéré.
00:23Remettez-nous un peu de contexte, Éric Piolle.
00:25Pourquoi avoir dit ça et surtout pourquoi l'avoir dit comme ça ?
00:29Alors, j'ai posé des faits qui, effectivement, sont au cœur d'une politique publique.
00:36L'interview, c'est sur les quartiers populaires, la vitalité des quartiers populaires,
00:40les investissements majeurs que nous y faisons pour l'éducation populaire, pour le logement, pour les espaces publics.
00:45Mais j'ai rappelé aussi que notre politique publique, c'était qu'on se mélange tous.
00:50Et donc, nous sommes très actifs pour développer du logement social dans les quartiers où il n'y en a pas du tout.
00:55Donc, c'est la délibération que nous avons prise il y a deux ans.
00:57Et l'action que nous continuons de mener cette année où nous venons de franchir les 25% de logements sociaux.
01:03Alors, 25%, c'est la loi.
01:05Dans le détail, pour bien comprendre, vous souhaitez imposer aux promoteurs 45% de logements sociaux dans les futures constructions, c'est ça ?
01:14Alors, en fait, nous disons aux promoteurs que nous allons fixer un taux de logements sociaux
01:20qui dépend du nombre de logements sociaux déjà présents dans le quartier.
01:23Donc, s'il y a moins de 5% de logements sociaux, effectivement, il faut faire 45% de logements sociaux dans les nouvelles opérations.
01:31S'il y a déjà 25% de logements sociaux, il faut en faire 30.
01:35Et là où il y a beaucoup de logements sociaux, nous n'en faisons plus.
01:39Voilà.
01:39Donc, c'est finalement assez simple à comprendre.
01:41Et ça permet de développer une offre de logements qui permettra à tout le monde de se loger un petit peu partout.
01:48Et donc, de se mélanger et aussi de se mélanger à l'école.
01:51C'est un des gros enjeux.
01:52Comment on arrive à avoir une mixité de populations à l'école ?
01:57Le maire que vous êtes a les moyens de contraindre les constructeurs immobiliers ?
02:02Oui, oui, tout à fait.
02:03C'est dans le plan local de l'urbanisme intercommunal maintenant.
02:08Nous travaillons donc aussi cela à l'échelle métropolitaine.
02:11Parce qu'à l'échelle métropolitaine, là, il y a des communes qui sont en carence de logements sociaux.
02:16C'est-à-dire qu'ils en font très, très peu sur toute la commune.
02:18Là, ce n'est pas à l'intérieur d'un quartier.
02:19C'est toute la commune avec des communes où il y a 10% de logements sociaux.
02:24Et donc là, évidemment, les difficultés pour se loger pour...
02:29Je rappelle que les deux tiers de la population sont éligibles aux logements sociaux.
02:33Et bien, évidemment, les difficultés de logement sont majeures.
02:36Et le logement, c'est un des éléments fondamentaux de nos garanties de sécurité du quotidien.
02:43Ils sont où, Éric Piolle, ces ghettos de riches à Grenoble dans l'hypercentre ?
02:47Alors, il y a quelques poches dans l'hypercentre.
02:49Il y a quelques poches à l'échelle grenoboise dans certains quartiers.
02:53Mais il y en a assez peu.
02:55Et puis, quand on élargit la focale à l'échelle du bassin de vie,
02:59nous avons un certain nombre de communes où il y avait, par exemple,
03:02à l'époque où il y avait un impôt sur la fortune, c'est-à-dire avant 2018,
03:07où il y avait parmi les taux d'allocataires ou d'assujettis d'impôt sur la fortune,
03:14parmi les plus élevés de France,
03:15donc il y a aussi une concentration spatiale évidemment très forte.
03:20Et là-dessus, c'est des politiques à l'échelle du territoire
03:22qui permettent de faire bouger cela.
03:24On peut mettre beaucoup de choses derrière le mot « riche ».
03:27Il gagne combien pour vous ?
03:29En pleine campagne présidentielle, tiens, pour mémoire, en 2011,
03:31François Hollande avait dit qu'on était riche à 4 000 euros par mois.
03:34Oui, vous regardez, aujourd'hui, le salaire des 10%, les personnes les plus élevées,
03:41c'est 3 800 euros de mémoire.
03:44Le salaire médian des Français se voit tout à l'entour des 1 800-1 900.
03:48Et nous avons, vous l'avez vu, franchi un nouveau cap en termes de nombre de pauvres en France.
03:53Les politiques néolibérales du président Macron ont fait qu'on bat des records de nombre de pauvres.
03:59Donc, évidemment, notre sensibilité, quand on demande à quelqu'un « est-ce qu'il est riche »,
04:05il ne va pas se dire « riche » s'il gagne 3 ou 4 000 euros.
04:08Si on regarde dans l'échelle sociale, aujourd'hui, nous voyons bien, d'ailleurs,
04:12que pour l'impôt sur la fortune, je reviens sur ce point-là,
04:15à l'époque où il était là, c'était les 600 000 personnes
04:20qui avaient un patrimoine moyen qui tournait autour des 2 millions d'euros.
04:24Donc, c'est quand même colossal.
04:25Donc, 4 000 euros par mois, on est riche ?
04:29Ça n'a pas tellement de sens de poser des questions comme ça, parce qu'on vit bien.
04:34La question entre « on vit bien » et « on est riche », c'est une perception.
04:38Pour quelqu'un qui gagne le SMIC aujourd'hui, il voit bien que quelqu'un qui gagne 4 000 euros,
04:43ça veut dire que c'est quelqu'un qui n'a pas de problème pour se loger,
04:45qui n'a pas de problème pour l'éducation de ses enfants,
04:48qui n'a pas de problème pour partir en vacances.
04:50C'est ça, en fait, ce qui est essentiel.
04:51Et à l'inverse, nous avons 10 % de la population française
04:55qui n'arrive pas à payer ses fluides, c'est-à-dire son chauffage.
05:01Maintenant, de plus en plus, il y a la question de comment se protéger de la canicule,
05:05son eau.
05:05Nous avons mis une tarification sociale de l'eau à 2015.
05:10Nous avons mis aussi sur la commune de Grenoble la gratuité des transports
05:14pour à peu près un tiers de la population.
05:16Voilà, c'est comment amener sur l'alimentation.
05:20Nous voyons maintenant une crise alimentaire importante en France,
05:24notamment depuis l'inflation et 2022.
05:27Nos politiques publiques devraient se fixer, en tout cas c'est ce qu'elles font à Grenoble,
05:32sur comment on se loge dignement, comment on peut se déplacer,
05:35comment on s'alimente dignement,
05:36comment on peut payer un peu d'éducation de façon correcte à ses enfants
05:40et comment on peut de temps en temps prendre des airs de respiration sur des loisirs ou des vacances.
05:45Vous comprenez que des opposants politiques, bon ça c'est classique,
05:48mais que certains habitants vous disent
05:50il y a peut-être déjà un problème d'insécurité, de trafic de drogue à gérer à Grenoble et sa région ?
05:57On gère tout en parallèle.
05:58Le principe de la politique, c'est de gérer tous les problèmes en parallèle.
06:01Donc la question de la sécurité liée au trafic de drogue,
06:05vous avez vu le nouveau rapport qui est sorti il y a deux jours,
06:08partout en France c'est un fléau qui s'étend.
06:12Là-dessus évidemment on en discute,
06:14mais honnêtement la population sur nos politiques de logement,
06:17on n'a pas eu de retour qui disent
06:19oulala c'est scandaleux de vouloir faire du logement social dans les quartiers,
06:22il n'y en a pas.
06:22Après à chaque fois qu'on implante un nouvel immeuble,
06:27qu'il soit d'ailleurs de logement social ou pas,
06:29ça crée des tensions dans le voisinage,
06:31parce que ça change vos vues,
06:32ça change juste un petit peu le quartier
06:35et personne n'aime trop changer.
06:37Au mois de février, vous aviez fait parler de vous
06:40avec une autre petite phrase,
06:41vous aviez été interrogé sur le sujet de l'insécurité,
06:43vous aviez dit à Libération,
06:45à vrai dire je m'en fous un peu.
06:47Non, j'ai publié l'interview réelle et intégrale
06:51parce que les propos avaient été déformés.
06:53La question qui m'était posée c'est
06:55est-ce qu'en devenant maire,
06:57vous attendiez être attaqué sur l'insécurité ?
07:00Je m'en fous d'être attaqué.
07:01Le principe de la politique,
07:03ce n'est pas de dire tiens on va être touché par les attaques.
07:06C'est comment on conduit des politiques publiques
07:08qui permettent de la prévention à la réinsertion.
07:11Nous faisons beaucoup d'éducation populaire auprès des jeunes,
07:14de travail sur la relation police-population.
07:17Et à l'autre bout, nous offrons des travaux d'intérêt généraux
07:19à la justice pour qu'elle puisse faire son travail de réinsertion
07:23qu'elle n'arrive pas à faire aujourd'hui.
07:24Je rappelle que cette politique est une politique du ministère de l'Intérieur
07:28qui est en échec.
07:29Nous avons battu un nouveau record de nombre de personnes dans les prisons.
07:3285 000, il y en avait 60 000 il y a 4 ans.
07:35Est-ce que ça va mieux ? La réponse est non.
07:37Est-ce qu'on traite le problème de drogue en termes de santé publique ?
07:41Parce que c'est quand même ça l'enjeu.
07:42Pour qu'on se drogue, la réponse est non non plus.
07:44Justement, vous avez fait référence au rapport de l'OFAST,
07:47la France submergée par la cocaïne qui vient en grande partie d'Amérique du Sud.
07:51Grenoble, bien sûr, fait partie des villes touchées.
07:54On lutte comment contre ce tsunami blanc dénoncé par Renaud Retailleau ?
07:58Il le dénonce, mais il est en charge de la lutte.
08:03Où est son plan de lutte contre la drogue ?
08:06Aujourd'hui, la politique répressive qui est menée est en échec.
08:10On essaye de lutter contre les trafiquants,
08:13mais en fait, on voit une montée de la violence un peu partout dans le pays.
08:16On voit maintenant des communes moyennes, des communes rurales
08:19qui sont touchées non seulement par la consommation, c'est une évidence.
08:22Mais à Grenoble, qu'est-ce qui fonctionne avec soit les petits dealers,
08:25soit les amendes pour les consommateurs, si vous avez essayé ?
08:28Oui, oui, on a essayé.
08:30Il y a même un procureur qui veut faire des saisies de téléphone sur les consommateurs,
08:37qui sera peut-être un peu plus infamant.
08:39Donc, il faut essayer tout ce qu'on peut.
08:41Donc, nous, à l'échelle locale, nous coopérons avec la justice et la police
08:45pour faire notre travail correctement,
08:48dans un cadre dont on sait qu'il ne produit pas de résultats
08:51et dont on constate qu'il ne produit pas de résultats.
08:53Mais ce n'est pas parce qu'il ne produit pas de résultats
08:55qu'il ne faut pas continuer à agir avec détermination au quotidien.
08:59C'est pour ça que nous demandons un changement de loi, nous écologistes et moi aussi,
09:04sur la légalisation du cannabis et sur la prise en compte de la santé
09:08pour les consommateurs de cocaïne.
09:11Ce n'était pas ma position avant-chose de la politique,
09:13mais après avoir étudié la question, je suis arrivé à ce changement de position
09:18et à me dire qu'effectivement, la solution, c'est ça.
09:20Merci beaucoup Eric Piolle, maire de Grenoble.
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