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  • 04/08/2025

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00:00Europe 1 soir, 19h, 21h, Maël Laurent.
00:04Europe 1, bientôt 7h15, je salue mes débatteurs de la première heure d'Europe 1 soir.
00:08Bonsoir Elliot Mamane.
00:09Bonsoir.
00:10Journaliste, chroniqueur politique, bonsoir à vous Paul Melun.
00:12Bonsoir.
00:13Consultant, écrivain et bonsoir également à Frédéric Lowe, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale.
00:20On va commencer avec vous Frédéric Lowe.
00:22Frédéric Lowe et ce rapport paru depuis de l'Office anti-stupéfiant, l'OFAST, rapport sur l'état de la menace liée au trafic de stupéfiants dans notre pays.
00:31Avec cette double alerte, la France est touchée par un tsunami blanc en matière de narcotrafic.
00:36Notre pays est devenu un des pays européens les plus touchés par ce fléau.
00:39Et l'offre de drogue existe partout sur le territoire sans plus aucune zone blanche.
00:44Frédéric Lowe, est-ce que vous constatez sur le terrain ce qui est dit dans ce rapport ?
00:48Oui, on le constate. Il y a eu de nombreuses alertes depuis très longtemps.
00:54On a enfin eu un rapport d'une commission sénatoriale de lutte contre le narcotrafic qui a fait un point.
01:01Et c'était un grand moment de lucidité, un grand moment peut-être tragique puisqu'on a parlé à juste titre de point de bascule.
01:08Puis il y a eu une loi, une loi intéressante qui s'est traduit par des dispositifs nouveaux en juin 2025.
01:19Je pense hélas que ça ne va pas être suffisant parce que, que ce soit au niveau de l'offre où il se passe quelque chose de fou dans le monde,
01:27en particulier sur l'offre de cocaïne de produits de synthèse et en particulier sur la rentabilité de ces produits,
01:38que ce soit sur la demande qui explose, nous constatons sur le terrain ce tsunami.
01:46Et c'est extrêmement grave, c'est un enjeu pas simplement de sécurité mais aussi de santé publique.
01:52Et aujourd'hui, je le dis clairement et gravement, c'est un enjeu de souveraineté nationale.
01:56Et on va longuement en reparler. Ce phénomène, nous dit l'office en si stupéfiant, aurait explosé de manière très subite dans notre pays.
02:04Est-ce que vous avez une explication particulière à cela ?
02:07Il y a beaucoup d'explications et il y a beaucoup de façons.
02:12D'abord, notre pays, il faut être au clair.
02:16On a eu la libre circulation des hommes, des capitaux, des marchandises.
02:19On en a goûté les avantages.
02:22Aujourd'hui, les inconvénients, c'est la libre circulation des narcotrafiquants, des drogues, etc.,
02:29qui est portée par une vision ultra-libéraliste où il n'y a plus de régulation nationale,
02:34était jusqu'à présent un phénomène assez marginal.
02:37Et puis, bilan-coût-avantage d'un pays qui était très ancré dans la mondialisation, qui s'appelle la France.
02:44Aujourd'hui, c'est...
02:44Qui est une position géographique particulière en plus.
02:46Alors, déjà, il y a cet aspect-là.
02:49On est ouvert. Comment défendre une maison où les fenêtres, les portes, le toit est ouvert ?
02:54Deuxièmement, il y a des réseaux qui se sont ancrés derrière les murs de nos cités,
02:59à la faveur aussi de phénomènes communautarisés,
03:03parce que le narco-banditisme n'est plus le grand banditisme d'avant.
03:07Ça, c'est très préoccupant.
03:09Et en plus, il s'abrite derrière l'urbanisme et les logiques communautaires d'avant.
03:14Et puis, ce phénomène a explosé aujourd'hui.
03:21On a aussi un pays avec 6000 kilomètres de côte,
03:26des départements, des territoires d'outre-mer qui nous rendent particulièrement vulnérables.
03:33C'est pour ça qu'aussi bien au niveau de la consommation que de l'offre,
03:38on est un pays, pas simplement de rebond, mais on est une véritable cible et il y a un danger.
03:44Et dans ce contexte, est-ce que vous allez jusqu'à dire qu'aujourd'hui,
03:46la France est devenue un narco-État, que le pays, que la société s'est mexicanisé,
03:51ou c'est une formule encore excessive par rapport à la réalité que vous constatez ?
03:54C'est une formule excessive, mais la distance se réduit.
03:58S'il y a dix ans, on regardait la série, ou il y a trois, quatre ans,
04:04la série narco ou les séries mexicaines sur les cartels, sur Pablo Escobar,
04:08on pouvait se dire, c'est lointain, heureusement, ça n'arrive pas chez nous.
04:12La corruption, l'emprise des organisations criminelles sur la politique,
04:18les phénomènes de corruption,
04:20aujourd'hui, c'est en train de se rapprocher et d'arriver.
04:23C'est en train de se rapprocher et d'arriver, d'abord, pour les mêmes raisons,
04:26nous n'avons pas de frontières.
04:28Ça arrive par la Belgique, ça arrive par l'Espagne, ça arrive par la Hollande,
04:31il y a toute cette vulnérabilité, ça arrive par les réseaux numériques,
04:37dont se savent très bien se servir les narcotrafiquants,
04:43qui sont plus agiles que l'État.
04:45C'est une guerre asymétrique,
04:48pendant que nous, on réfléchit sur les libertés individuelles,
04:51les transferts des données, et c'est bien normal.
04:53Mais néanmoins, on est un peu aveuglé,
04:56parce qu'on mène une guerre avec des trafiquants
04:58qui, eux, n'ont pas ces scrupules,
05:01et aujourd'hui, ne veulent pas simplement faire du profit,
05:04mais veulent constituer un phénomène de mafia,
05:06c'est-à-dire se substituer à l'autorité.
05:09Et là est le danger.
05:10Avec une extrême violence qui va avec.
05:12Est-ce que vous la vivez, cette violence sur le terrain ?
05:15Est-ce qu'il vous arrive, vous, personnellement,
05:16d'avoir peur sur le terrain,
05:18face à cette extrême violence des narcotrafiquants ?
05:20Avant que j'exerce le mandat de secrétaire général
05:23du syndicat des commissaires,
05:25oui, j'ai été moi-même menacé à deux reprises dans ma carrière,
05:28et puis j'ai de nombreux collègues qui la vivent,
05:32et j'ai eu, hélas, à déplorer des menaces contre des policiers
05:36et à faire partir en urgence des policiers,
05:40en urgence, ça veut dire en quelques jours,
05:42des policiers et leur famille,
05:44qui étaient menacés par des phénomènes criminels.
05:47Et alors, dans la police, ça peut arriver,
05:49mais aujourd'hui, ça se multiplie,
05:51et puis, de toute façon,
05:53quand vous avez un chiffre d'affaires qui est estimé,
05:56il y a quelques années,
05:58on disait 3-4 milliards,
05:59aujourd'hui, le rapport dit plus de 7 milliards.
06:02Donc, forcément, vous avez une puissance corruptive
06:06et qui va s'hybrider avec l'économie réelle,
06:09et c'est extrêmement dangereux.
06:10On parle de plus en plus des consommateurs.
06:12On nous dit qu'on n'a pas suffisamment tapé les consommateurs
06:15depuis des années,
06:16on a été peut-être un peu laxiste,
06:18un peu laissé faire,
06:19comme si ça pouvait être quelque chose de récréatif.
06:21Qu'est-ce que vous pensez qu'on puisse faire face à cela ?
06:24Parce que, finalement,
06:25si on coupe la consommation,
06:27tout ce que vous disiez tout à l'heure
06:27sur la mondialisation est très juste,
06:29sur la circulation des drogues,
06:31des capitaux,
06:32autant que des drogues, etc.,
06:34et des trafiquants,
06:34mais, finalement,
06:35comment est-ce qu'on peut,
06:36aussi, en amont,
06:38par les consommateurs,
06:39essayer de travailler,
06:40outre peut-être la prévention,
06:42à enrayer,
06:43à stopper cette mécanique infernale
06:45où il y a de plus en plus
06:46de consommateurs de drogues en France ?
06:48C'est là que c'est un problème complexe et redoutable.
06:53Je vous ai dit,
06:53on est dans l'Union européenne
06:56et dans un monde
06:57qui est particulièrement ouvert
06:59avec une conception ultra-libérale
07:02qu'on a souhaitée.
07:04Bon, et, personnellement,
07:06je ne l'ai pas souhaitée,
07:08même si je ne suis pas un souverainiste
07:10enfermé, acharné,
07:11mais c'est un problème.
07:13Pourquoi je vous dis ça ?
07:14Parce que vous avez des pays
07:15comme la Belgique,
07:17comme le Canada,
07:18comme les Pays-Bas
07:20où la consommation est tolérée,
07:22voire l'Espagne, etc.
07:23Enfin, il y a différents modèles,
07:25et même l'Allemagne, aujourd'hui.
07:26Donc, c'est très difficile
07:28parce qu'on a des pays
07:30qui sont des pays démocratiques,
07:31des pays matures
07:32qui ont fait le choix
07:33eux, j'allais dire,
07:35en particulier sur l'herbe,
07:37sur le cannabis,
07:38de le tolérer.
07:41Pour autant,
07:42ça n'a pas fait disparaître
07:43les mafias,
07:45l'arrivée de drogue
07:46beaucoup plus dangereuse, etc.
07:48Donc, c'est très difficile
07:49de ce point de vue-là,
07:51déjà, parce qu'il n'y a pas
07:55de consensus.
07:56C'est pour ça que moi,
07:57je pense que ce qu'il faudrait
07:58avant tout,
08:00c'est faire des...
08:01Et là, je ne comprends pas,
08:02je lance un appel
08:03à Mme Vautrin,
08:05je lance un appel
08:05au ministère de la Santé,
08:07c'en est même,
08:08je pèse mes mots,
08:09suspect.
08:11Pourquoi il n'y a pas
08:11de campagne
08:12sur la nocivité des drogues ?
08:14Pourquoi ?
08:15Oui, je dis bien,
08:16c'en est même bizarre
08:16et suspect.
08:18C'est-à-dire que vous avez
08:18des adolescents
08:19qui se laissent lobotomiser
08:21par des réseaux sociaux,
08:22c'est une colonisation numérique,
08:24et sur les réseaux sociaux,
08:26vous avez un espèce
08:27de modèle
08:29où la drogue
08:30est absolument banalisée,
08:31où l'offre se fait
08:32en un clic,
08:34et vous avez de plus en plus
08:35d'adolescents,
08:36on le sait,
08:36ce n'est pas un poncif,
08:37ce que je dis,
08:37qui sont élevés,
08:38non pas par les livres,
08:39la lecture,
08:40l'éducation,
08:40l'instruction,
08:41par les réseaux sociaux.
08:42Et on ne profite pas
08:43nous,
08:45l'État,
08:45pour faire une campagne
08:46pour dire,
08:47écoutez,
08:47voilà les risques psychiatriques,
08:49voilà les risques physiques,
08:50voilà les risques
08:51pour les moins de 25 ans
08:52quand le cerveau n'est pas fait.
08:54C'est incompréhensible.
08:56Pourquoi ?
08:57C'est quelque chose
08:58que je ne peux pas comprendre.
08:59Il y a des campagnes qui existent,
08:59mais des campagnes
08:59dans les infirmeries,
09:00des lycées,
09:01des choses comme ça,
09:01de la prévention plus traditionnelle.
09:02Non, non,
09:02je parle de campagne.
09:03Vous parlez de campagne numérique.
09:04De campagne de communication
09:06nationale numérique
09:07à la télé,
09:08comme on a su très bien le faire
09:10pour le sida,
09:11le VIH,
09:12pour le cancer,
09:13pour l'insécurité routière,
09:14etc.
09:15Pourquoi il n'y a pas
09:16une campagne pour dire,
09:18voilà,
09:18vous prenez d'ailleurs
09:19un paquet de cigarettes
09:20aujourd'hui,
09:21on va vous mettre
09:23une photo atroce
09:24de quelqu'un
09:25qui est en train de mourir,
09:27qui a les poumons atrophiés,
09:28etc.
09:29Bon,
09:29mais ce que je veux dire,
09:30c'est que pour la drogue
09:31qui est en train d'exploser,
09:32il n'y a aucune campagne.
09:35Que se passe-t-il ?
09:36Est-ce qu'il y a une ambiguïté
09:37au gouvernement là-dessus ?
09:39Je pose la question.
09:40Moi,
09:40ça fait un an et demi
09:41que je pose cette question,
09:43le phénomène explose,
09:44je rencontre des ados,
09:46je suis en même temps
09:46président d'une association
09:47de prévention
09:48de la délinquance.
09:50On n'a aucun contre-discours
09:53à part des discours
09:54qui banalisent
09:55l'usage de la drogue,
09:56drogue dure,
09:57etc.
09:58Après,
10:00comme c'est extrêmement dangereux,
10:02parce qu'effectivement,
10:03on a des drogues
10:05qui sont utilisées
10:06à des fins médicales,
10:07on a des pays
10:08qui ont légalisé
10:10les drogues
10:10ou qui font la distinction
10:11entre les drogues
10:11dures et douces.
10:13Moi,
10:13je dis simplement,
10:14pour ceux qui me disent
10:15« mais oui,
10:15mais oui,
10:15il faut le faire,
10:16mon cher ami »,
10:17est-ce qu'ils le font
10:18pour leurs enfants ?
10:19Voilà,
10:20c'est tout.
10:20Est-ce qu'ils le font
10:21pour leurs enfants ?
10:22Et pourquoi ce silence ?
10:23Pourquoi il n'y a pas
10:24de campagne ?
10:25Frédéric Lohse,
10:28vous parlez de ce que
10:29ne fait pas Catherine Vautrin
10:30en matière de prévention,
10:31notamment contre l'usage
10:32de ces drogues.
10:33Moi,
10:33je voulais vous interroger
10:34sur ce que fait Bruno Retailleux
10:36actuellement
10:36et ses prédécesseurs.
10:37Je me souviens par exemple
10:38d'opération Place Net XXL
10:40mise en place
10:41par Gérald Bermanin
10:41quand il était ministre
10:42de l'Intérieur
10:43à grand renfort de communication.
10:45Est-ce que ça a pu servir
10:46à quelque chose ?
10:48Ça sert comme une rustine.
10:52C'est provisoire.
10:52Mais ce n'est pas
10:53une politique durable.
10:55Donc,
10:55je ne vais pas vous dire
10:56que ça ne sert à rien.
10:56Ça sert.
10:58Ça a servi à gêner,
10:59ça a servi à entraver,
11:01ça a servi à rassurer
11:02les habitants
11:03à un moment donné,
11:04à prendre de l'information,
11:06à montrer que l'État
11:07était là.
11:07Mais ce qui compte,
11:08ce n'est pas le temporaire.
11:09Ce qui compte,
11:10c'est tout ce qui est durable.
11:11Et pour revenir à quelque chose
11:13qui montre qu'on est face
11:14à un défi terrible,
11:16je vais vous donner
11:16quelque chose de simple
11:18qu'il faut avoir à l'esprit.
11:20Grosso modo,
11:21un kilo de cocaïne
11:22produit en Colombie,
11:25la production,
11:26c'est 1200 euros.
11:27À la revente au détail,
11:29c'est 70 000 euros.
11:30Et ça veut dire
11:31que cela fait
11:335700 %
11:35de marge bénéficiaire.
11:37Quelle autre activité ?
11:395700 %.
11:40Si je fais le même raisonnement
11:42pour du cannabis
11:43produit dans le RIF
11:45et qui arrive au détail
11:45en France,
11:47on est à 7000 %
11:49de marge bénéficiaire.
11:50Si on ne prend pas
11:51la mesure
11:52de ces chiffres,
11:54alors oui,
11:55effectivement,
11:56la mexicanisation,
11:57je ne suis pas tombé
11:58dans les mots
11:59et la facilité,
12:00va arriver plus vite
12:01que prévu.
12:02Parce que forcément,
12:03il y a une rentabilité
12:04extraordinaire,
12:05il y a un modèle
12:05pernicieux,
12:06et des jeunes vont se dire
12:07mais pourquoi je me priverais
12:10d'entrer dans une activité
12:11aussi rentable ?
12:13On n'est pas à 700 %,
12:1470 %,
12:15je ne sais pas
12:16dans l'économie réelle,
12:17s'il y a une démarche bénéficiaire
12:19à 70 %,
12:19voilà,
12:20et 7000 %,
12:21vous voyez,
12:22c'est considérable.
12:24Mais Frédéric Lowe,
12:24face à ces enjeux
12:25aussi considérables,
12:26est-ce que c'est un phénomène
12:27qui peut encore être indiqué
12:28ou indigué,
12:29ou alors est-ce qu'on a déjà
12:30atteint un point de non-retour ?
12:32On n'est pas les bras ballants.
12:34On a développé
12:35la coopération internationale
12:36policière et judiciaire,
12:39ça marche bien,
12:39on a des magistrats
12:40très investis,
12:41des policiers de l'OFAST
12:43et des policiers
12:44très investis
12:45dans les ambassades,
12:46on a eu des résultats inespérés
12:48avec les Émirats Arabes Unis,
12:50on a de meilleures relations
12:52avec le Maroc,
12:53donc ça nous a permis
12:54d'arrêter,
12:55entre guillemets,
12:55ce qu'on appelle
12:56de gros bonnets,
12:57des têtes de réseau,
12:58parce que c'est quand même
12:59le plus important.
13:00Mais, malgré tout le travail
13:03qui est fait,
13:03je ne vais pas vous dire
13:04qu'on vide l'océan
13:05avec une petite cuillère,
13:07mais j'en reviens
13:07aux fondamentaux,
13:09est-ce que,
13:09mais c'est une question,
13:12moi je ne suis pas
13:13que dans un couloir
13:13de neige,
13:14nage étriqué, sécuritaire,
13:16est-ce que la libre circulation
13:18des personnes,
13:18des marchandises
13:19et des capitaux
13:20aujourd'hui
13:20est profitable
13:21à notre État ?
13:23Est-ce que c'est considéré
13:24comme des conséquences
13:25dommageables ?
13:26Ou est-ce qu'aujourd'hui
13:27c'est en train
13:27de devenir un problème ?
13:29Dans la mesure où
13:30on ne partage pas
13:31la même conception
13:33de la frontière,
13:34la même conception
13:35de l'usage des drogues
13:37avec par exemple l'Espagne
13:38ou demain la Grèce.
13:39Vous voyez ce que je veux dire ?
13:40Donc, la première des réflexions
13:42elle est là.
13:43Après, vous comme moi,
13:45on connaît des gens
13:46qui vont fumer du cannabis,
13:48des adultes
13:48qui sont formés,
13:50ça ne pose pas
13:51de grands problèmes
13:51et vous connaissez l'argument,
13:53ce n'est pas plus grave
13:53que de prendre quatre whisky.
13:55Le problème,
13:55c'est les adolescents.
13:56On continue à en parler,
13:57secrétaire général
13:58du syndicat
13:59des commissaires
13:59de la police nationale.
14:00On va continuer
14:01à décrypter,
14:02à disséquer ce rapport
14:03de l'office anti-stupéfiant.
14:04On marque une première pause
14:05dans Europe 1 soir.
14:06Restez bien avec nous,
14:07à tout de suite sur Europe 1 soir.
14:08Europe 1 soir,
14:0919h21,
14:11Maël Laurent.
14:12Europe 1 soir,
14:1319h32,
14:14toujours avec Elliot Mamann,
14:15chroniqueur politique,
14:16Paul Melin également,
14:17écrivain, essayiste,
14:19et Frédéric Lowe,
14:19secrétaire général
14:20du syndicat
14:21des commissaires
14:22de la police nationale.
14:23Elliot Mamann,
14:24à vous l'honneur,
14:24vous avez une question
14:25pour Frédéric Lowe.
14:26Oui, absolument.
14:27Ce qui est intéressant
14:28dans ce rapport,
14:28et c'est peut-être
14:29un élément nouveau
14:30dans le débat en France
14:31sur la question,
14:32c'est que le rapport
14:33pointe le risque
14:33de voir émerger
14:34une contre-culture
14:36au sein des réseaux
14:37de narcotrafic.
14:39C'est vrai que,
14:39par exemple,
14:40au Mexique,
14:41de nombreuses études
14:41avaient documenté
14:42que l'espèce
14:43de référence kitsch
14:44dont se servent
14:45les réseaux criminels
14:46pouvait constituer
14:47une espèce
14:48d'argument esthétique
14:50qui convainc certains
14:51de rejoindre les rangs
14:53des narcos criminels
14:53au Mexique.
14:54Est-ce que vous avez
14:55l'impression
14:55que de la même manière,
14:56il pourrait y avoir
14:57la manipulation
14:58de références culturelles
14:59qui peuvent parfois
15:00constituer une espèce
15:01de produit d'appel
15:02pour ces narcotrafiquants
15:03ou est-ce que
15:04l'essentiel des effectifs
15:06des narcotrafiquants
15:07se résume essentiellement
15:08à des arguments économiques
15:10au vu des gains
15:10que le trafic peut engendrer ?
15:13Non, moi je pense
15:14que cette contre-culture,
15:16on est déjà dedans.
15:17C'est effectivement
15:19une très bonne question.
15:21On est déjà dedans.
15:22regarder des clips de rap,
15:24regarder justement
15:25la contre-culture
15:26qui s'expose davantage
15:28sur les réseaux sociaux
15:29et qui vise à contester
15:31toute la documentation médicale,
15:34etc.
15:34C'est pour ça que face
15:35à cette contre-culture,
15:37et ça fait bien
15:37de fumer,
15:39de se défoncer,
15:40de prendre des extasies,
15:41des amphétamines,
15:42etc.
15:42il est absolument impératif
15:46non pas de dire
15:47de façon très policière
15:49c'est pas bien
15:50si vous faites ça
15:51vous allez en prison,
15:52vous allez avoir une amende,
15:53il ne faut pas,
15:54je veux dire,
15:55raisonner comme ça,
15:56je veux leur dire,
15:57voilà,
15:58voilà les dégâts
15:59sur la santé,
16:00voilà,
16:00voilà les dégâts
16:01sur la santé,
16:02voilà les dégâts
16:02sur la mémoire,
16:03voilà les dégâts
16:04sur les poumons,
16:05voilà en quoi ça peut faciliter
16:07la schizophrénie,
16:08voilà pourquoi ça peut faciliter
16:10la dépression,
16:12voilà les dégâts
16:12sur vos articulations
16:13et il faut être extrêmement concret
16:15parce que nos jeunes
16:16sont paradoxalement
16:18moins bien formés,
16:19plus déformés,
16:20mais beaucoup plus informés,
16:22donc,
16:22et c'est pour ça que je,
16:24voilà,
16:24après cette contre-culture,
16:26elle est faite
16:27à des fins de marketing
16:28parce que quand vous avez
16:29de l'argent que vous payez,
16:31vous pouvez vous payer
16:31des cabinets d'avocats
16:33plusieurs millions,
16:34des systèmes de logistique
16:36pour exporter
16:36qui coûtent des millions,
16:38voire même des sous-marins
16:39pour, on a vu même
16:41des narcotrafiquants
16:42qui utilisent des systèmes
16:43très élaborés,
16:44ultra diversifiés
16:46qui courront,
16:47vous pouvez vous payer
16:47une campagne de communication
16:49et en même temps,
16:50ils reprennent les codes
16:51du marketing.
16:52Mais peut-être face
16:53à cette contre-culture,
16:55comme on dit,
16:56des narcotrafiquants
16:58qui, c'est vrai,
16:59on l'a vu dans des clips
17:00sur YouTube,
17:01etc.,
17:01se mettent en scène
17:02avec des grosses cylindrées,
17:04des motos
17:05avec lesquelles ils font
17:06des rodéos,
17:06et il y a une espèce
17:08d'imaginaire héroïque
17:10du trafiquant de drogue,
17:11ce qui est épouvantable d'ailleurs,
17:12qui a la kalachnikov,
17:14qui a les armes,
17:14etc.
17:15Est-ce qu'il n'y a pas aussi
17:16un enjeu,
17:17pour un peu rebondir
17:18sur ce que disait Elliot,
17:19de réfléchir
17:20à une contre-culture,
17:22à la contre-culture,
17:22c'est-à-dire,
17:23comment est-ce qu'on peut
17:24proposer à des jeunes
17:25qui habitent les cités,
17:26par exemple,
17:27autre chose comme modèle,
17:28peut-être,
17:29que le modèle du trafiquant,
17:30c'est-à-dire,
17:31pourquoi pas le modèle du policier,
17:32le modèle du militaire,
17:33le modèle du pompier,
17:34le modèle du médecin,
17:35vous voyez,
17:35essayez aussi de travailler
17:36ces jeunes
17:37pour les détourner,
17:39finalement,
17:40de ça,
17:40comme objectif de vie,
17:41d'être trafiquant de drogue,
17:42en leur montrant aussi
17:43les risques que ça peut avoir
17:44pour leur vie.
17:46Oui, vous avez raison,
17:47ça existe déjà,
17:48et il y a un outil
17:49dont on ne se sait pas servi
17:51ou qui a été complètement dévoyé,
17:53c'est le SNU,
17:54par exemple.
17:54Oui, voilà,
17:55un service national universel,
17:56on en a fait un truc...
17:57Est-ce que c'est suffisant ?
17:58On en a fait un canard sans tête,
18:01un peu d'écolos,
18:02un peu de bons sentiments,
18:03un peu de civisme,
18:04un peu d'armée,
18:05c'est une erreur.
18:06On le voit aujourd'hui
18:06avec les défis géopolitiques majeurs,
18:10il faut refaire une culture
18:11militaire et policière
18:13et, en même temps,
18:15offrir à ces jeunes
18:17d'autres perspectives.
18:18Alors, ça existe déjà,
18:19parce que dans les cités,
18:21vous avez beaucoup de jeunes,
18:22et pour parler clairement
18:23de jeunes issus de l'immigration
18:25qui viennent massivement
18:27pour demander à intégrer
18:29la police,
18:29la gendarmerie,
18:30les pompiers,
18:31et ça fait bien évidemment
18:33d'excellents praticiens,
18:36d'excellents policiers,
18:37d'excellents gendarmes,
18:38d'excellents pompiers.
18:39Mais, de plus en plus,
18:41certains vont être captifs
18:43et de plus en plus
18:44vont être sous la menace.
18:45C'est pour ça qu'au départ,
18:46j'ai dit attention,
18:48par rapport au banditisme traditionnel,
18:50les narcotrafiquants
18:52s'abritent derrière
18:53les murs des cités,
18:55abritent leur commerce,
18:56même s'il est ubérisé,
18:57numérisé,
18:58et abritent leur trafic
19:00derrière des logiques
19:01de solidarité communautaire,
19:03d'emprise,
19:04de pression,
19:04de conformité.
19:06Et là,
19:06c'est beaucoup plus compliqué.
19:08Nous sommes dans des HLM,
19:10c'est tabou,
19:11habitation à loyer modéré,
19:12qui sont détournés,
19:14dont les murs sont détournés,
19:15les caves sont détournées,
19:16les entrées sont détournées,
19:18dont une partie des habitants
19:19sont obligés
19:20de servir de nourrice,
19:22dont des guetteurs,
19:23on parlait du couvre-feu à Nîmes,
19:25on parlait du couvre-feu à Nîmes,
19:27vous avez eu des assassinats à Nîmes,
19:30des gens retrouvés ligotés,
19:31exécutés avec des vidéos,
19:33des aides mafias,
19:34etc.
19:34Donc,
19:35on dit,
19:35il y en a qui en viennent,
19:37la Ligue des droits de l'homme,
19:38mais quelle honte,
19:39s'est mis à attaquer
19:40les couvre-feux.
19:41Je veux dire,
19:41mais dans quel monde ils vivent ?
19:43Alors,
19:43le couvre-feu n'est pas la solution,
19:45mais tout ce qui peut réussir
19:46à détourner cette jeunesse,
19:48à recréer des inhibitions,
19:49à donner un peu d'aide aux parents,
19:51pour dire ces noms,
19:54etc.
19:54et pour identifier ces jeunes,
19:56est utile.
19:57Et ce sera le mot de la fin,
19:58Frédéric Lohse,
19:59merci à vous d'avoir été avec nous,
20:00secrétaire général du syndicat
20:02des commissaires de la police.

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