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  • il y a 4 mois
Les États-Unis et l'Union européenne sont arrivés à un consensus sur les droits de douane, ce dimanche 27 juillet, ont annoncé Donald Trump et Ursula Von der Leyen à l'issue de leur rencontre. L'annonce a suscité une vague de réactions politiques à l'échelle européenne.

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00:00– Et on en parle justement avec nos invités, nous sommes avec Jean Pasquet à distance,
00:09bonjour, producteur de Cognac au domaine Pasquet, en Charente.
00:13Ulrich Bounin, merci d'être avec nous, vous êtes analyste géopolitique.
00:16Anthony Lebos, journaliste politique BFM TV, pour évidemment les nombreuses réactions depuis ces dernières heures.
00:22– Ulrich Bounin, on va commencer avec vous, je voudrais qu'on soit vraiment très concret.
00:25Que signifie cet accord ?
00:27– Alors c'est effectivement une victoire politique pour les Etats-Unis,
00:30et ça signifie qu'on rentre dans, alors que jusqu'à présent on était dans une situation temporaire,
00:34où finalement les Américains avaient imposé 10% de droits de douane en plus des 4% existants depuis le mois d'avril,
00:39et menacés de partir à 30% à partir du 1er août,
00:43là finalement on bascule sur cet état de fête actuel qui est 15% sur quasiment tous les secteurs,
00:48il y a quelques exemples, notamment sur l'aéronautique,
00:50donc ça veut dire que concrètement tous les produits européens qui seront envoyés aux Etats-Unis désormais
00:54ont une taxe minimale de 15%,
00:56il y aura des gagnants et des perdants,
00:58par exemple l'automobile était taxée à 25%, elle repasse à 15%,
01:02donc ça fait plaisir à certains pays comme par exemple l'Allemagne,
01:04mais par contre effectivement ça veut dire que pour l'ensemble des entreprises françaises
01:08qui exportent aux Etats-Unis, il faudra prendre ça en compte,
01:10sachant que quand même la majeure partie finalement de ce surcoût sera payée par les Américains.
01:14Justement Jean-Pasquet, pour être très concret encore une fois,
01:16pour les personnes qui nous regardent ce matin,
01:18comprennent l'ampleur des possibles conséquences pour vous,
01:22vous qui êtes potentiellement directement concerné,
01:24je dis potentiellement parce qu'on ne connaît pas encore la liste des possibles exemptions,
01:28donnez-nous un exemple, ça peut changer quoi pour vous ?
01:32Alors pour nous, les Etats-Unis, c'est un marché qui représentait jusqu'à présent 5%,
01:40on avait des projets de développement sur ce pays, ma femme est américaine,
01:46parce que ça reste quand même le premier marché pour le cognac.
01:50Aujourd'hui, on avait fait nos petits calculs,
01:53alors c'est sûr que 15% c'est moins pire que les 30% envisagés,
01:58en revanche, en termes de prix sur l'étagère,
02:03nous on estime qu'une bouteille qui se retrouvait à 50 dollars sur l'étagère
02:08va se retrouver à 60,
02:11on sera plutôt de l'ordre d'une bonne vingtaine de pourcents d'augmentation
02:16si jamais on ne prend pas,
02:19si jamais on applique vraiment ces droits de douane
02:23et qu'on n'avale pas nous-mêmes une partie.
02:25Donc à savoir, est-ce que le client, le consommateur américain
02:28va accepter cette augmentation ?
02:32On a un doute.
02:33Donc il va falloir qu'on fasse, nous de notre côté,
02:35certainement un effort au niveau de ces droits de douane.
02:38Vous estimez vos futures pertes financières à combien de pourcents à peu près ?
02:44Alors aujourd'hui, ce qu'il faut savoir,
02:47c'est qu'on met beaucoup de choses sur les droits de douane.
02:51Le secteur viticole, le secteur des vins et spiritueux est fortement impacté en ce moment
02:58et avant droits de douane, que ce soit aux Chines ou aux Etats-Unis.
03:03Donc on a quand même des baisses conséquentes sur le secteur.
03:08D'avoir ces droits de douane supplémentaires, ça ne va probablement pas aider.
03:12Mais aujourd'hui, on va dire que selon les entreprises,
03:17on peut être impacté entre moins 20 et moins 40% sur l'activité.
03:20C'est énorme.
03:22C'est assez conséquent.
03:24Et dans ce contexte, la question que tout le monde se pose ce matin,
03:26le rigbouna, en fait, c'est même une remarque.
03:28Donald Trump, il nous a complètement tordu le bras dans cette histoire.
03:31Alors effectivement, sur le principe, déjà on change d'air.
03:34C'est-à-dire que les Etats-Unis, qui ont toujours promu le libre-échange, etc.,
03:37basculent désormais dans une ère où les droits de douane sont un petit peu la base
03:40de toutes les négociations.
03:41Et donc effectivement, il a fait peser tout le poids économique des Etats-Unis
03:44pour forcer finalement les Européens à accepter ces 15%,
03:47qui sont peut-être presque à moindre mal comparé à 30%.
03:50On voit bien dans toutes les réactions que finalement,
03:52ce qui faisait très peur aux Européens, c'était non seulement les 30%,
03:54mais l'imprévisibilité derrière.
03:56Donc on a obtenu un peu de stabilité à court terme.
03:58On verra si ça dure très longtemps.
04:00Il faudra voir aussi quelles autres concessions les Européens ont fait.
04:03On parle éventuellement de 600 milliards d'investissements aux Etats-Unis,
04:06de 750 milliards d'achats sur trois ans de pétrole et de gaz américains.
04:10Ça reste à voir, ces chiffres d'engages, je pense, que ceux qui veulent bien y croire,
04:15sachant qu'en plus ça, la Commission n'a même pas de compétences particulières,
04:18par exemple, pour acheter du gaz, donc il faudra voir.
04:20Mais par contre, oui, effectivement, c'est une victoire politique
04:22qui a été concédée par les Européens
04:24pour gagner un peu de stabilité et de prévisibilité économique.
04:27Anthony Lebo, il y a eu énormément de réactions à la suite de l'annonce de cet accord.
04:31En revanche, il y en a un qui reste silencieux, c'est Emmanuel Macron.
04:33Est-ce qu'on peut dire que c'est un camouflet pour lui, cette victoire de Donald Trump ?
04:37Emmanuel Macron n'a clairement pas réagi,
04:38mais il y a eu une réponse française par la voix de Benjamin Haddad,
04:41qui est le ministre de l'Europe.
04:43On va voir son message qui a été posté sur les réseaux sociaux dans un instant.
04:46Benjamin Haddad dit, je cite,
04:48« L'accord commercial négocié apportera une stabilité temporaire,
04:51mais il est déséquilibré. »
04:53Il cite quelques points positifs, selon lui,
04:55l'exemption notamment de tarifs dans les secteurs clés pour l'économie française,
04:58aéronautique, spiritueux, médicaments.
05:01Mais soyons lucides, dit le ministre,
05:03l'état de fait n'est pas satisfaisant et ne peut pas être durable.
05:06La messe n'est pas dite. Il évoque même dans son tweet,
05:09et c'est un élément important qui a plusieurs fois été cité aussi par Emmanuel Macron
05:12lors des négociations entre la Commission européenne et les États-Unis,
05:16il dit ceci, le ministre,
05:17« L'activation de l'instrument anti-coercition européen doit y remédier
05:20pour taxer les services numériques ou les exclure de marchés publics. »
05:23C'est quoi l'instrument anti-coercition ?
05:25Ça a été adopté en 2023 par le Conseil européen.
05:28C'est décrit par Stéphane Séjourné, le vice-président français
05:30de la Commission européenne chargée de l'industrie,
05:32comme étant, je cite, « un bazooka économique »
05:35et ça permettait à l'origine de lutter contre la prédation économique de la Chine.
05:38Là, la France plaide pour que ce soit utilisé contre les États-Unis
05:41et ça permettrait en clair d'exclure les États-Unis
05:44des marchés publics européens.
05:46Et ça a été cité en nombreuses fois par Emmanuel Macron.
05:49Jean Pasquet, on l'a bien compris,
05:50on se réveille avec un effet gueule de bois,
05:53en quelque sorte, ce matin en France,
05:55mais pas seulement.
05:56Vous, malheureusement, en particulier,
05:58qu'est-ce que vous attendez concrètement ?
06:00Il y avait cette possibilité évoquée de mesures miroirs réciproques,
06:05c'est-à-dire que les produits américains
06:07qui seraient exportés en direction de l'Union européenne,
06:10eux aussi, seraient potentiellement taxés à hauteur de 15%.
06:13Est-ce que c'est ce que vous demandez ce matin ?
06:15Alors non, parce que je pense que l'escalade des droits de douane réciproques,
06:21ce n'est pas une bonne chose.
06:22Ça n'a jamais été une bonne chose dans l'histoire de l'économie
06:23et des échanges avec les pays.
06:27Malheureusement, c'est vrai que je pense qu'on a...
06:29Moi, je suis assez d'accord que le président Trump
06:32a tordu le bras à l'Europe.
06:33C'est que clairement, il faisait planer ses droits de douane
06:36pour obtenir cet accord.
06:39On obtient un accord où on ne connaît pas encore exactement
06:42les conséquences que ça va impliquer économiquement à l'Europe.
06:47On se retrouve quand même avec 15% de droits de douane.
06:52Alors moi, à mon niveau, c'est délicat de me prononcer
06:56sur ce que doit faire l'Europe.
06:59Bien entendu, on suivra leurs décisions.
07:03En revanche, je pense qu'en effet, il faut montrer
07:07qu'on n'acceptera pas tout, qu'on n'est pas prêt à toutes les concessions.
07:13Donc en effet, il faudra monter un petit peu l'écrou.
07:16Et peut-être...
07:17Alors sur le numérique, c'est vrai que c'est ça.
07:19Même sur les services numériques, on a quand même quelque chose à faire.
07:24Voilà.
07:25Donc on espère...
07:27En fait, c'est de retrouver de la stabilité.
07:28On est bien d'accord sur ce point-là.
07:32C'est ce qui est mauvais dans les affaires, c'est de ne pas avoir aucune visibilité.
07:37Et c'est ça qui est mauvais pour le business.
07:40Donc j'espère, et malheureusement avec Trump, c'est ça qui est compliqué.
07:43C'est qu'aujourd'hui, on avait jusqu'à la semaine dernière, c'était 30%.
07:47Là, on a 15%.
07:49Qu'est-ce qu'on aura dans 10 jours, 15 jours, un mois ?
07:54Voilà.
07:54C'est problématique.
07:56Effectivement, malgré cet accord, il y a encore beaucoup de flou.
07:59Et c'est ce qu'on entend ce matin.
08:01Merci à tous les trois.
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