400 cuisiniers et restaurateurs signent une tribune contre la loi Duplomb

Sud Radio

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00:00Les Vraies Voix Sud Radio

00:01Félix, 400 chefs cuisiniers et restaurateurs signent une tribune contre la loi du plomb dans le monde.

00:08Nous, restaurateurs, faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner.

00:13C'est le titre, ça, de cette tribune où l'on peut lire, je cite,

00:16« Nous sommes inquiets de la hausse effrayante des cancers, inquiets de la qualité des produits que nous servons,

00:20qui ne semblent que se détériorer, ces derniers contenant toujours plus de résidus, de pesticides. »

00:26400 chefs cuisiniers qui ajoutent dans le monde.

00:28En tant que partenaire direct, nous avons bien conscience des difficultés que rencontrent les producteurs français au quotidien.

00:35Beaucoup, disent ces chefs cuisiniers, beaucoup de ces producteurs sont enfermés dans un système à bout de souffle

00:39qui leur demande de produire plus et à bas prix.

00:42Alors, pour en parler, nous sommes avec, justement, un grand chef cuisinier direction la Haute-Savoie.

00:47Bonsoir, Marc Vérat.

00:48Eh oui, on l'a annoncé, il est là et on voit votre chapeau en vision aussi.

00:52Merci, Marc, d'être là.

00:53Bonsoir, cher Marc.

00:54Que voulez-vous ? N'oubliez pas que je suis paisant avant d'être cuisinier.

00:58Eh bien, justement, vous allez pouvoir nous en parler.

01:00C'est important, vu ce dont on parle.

01:01Vous venez de signer, je crois, la pétition sur le site de l'Assemblée nationale contre cette loi du plomb.

01:07J'imagine que vous êtes plutôt raccord avec cette tribune de chefs cuisiniers dans le monde.

01:11Qu'est-ce qui vous inquiète dans ce texte ?

01:13Je suis effectivement plus que raccord.

01:16Vous savez, j'ai envoyé un petit mot.

01:20Vous savez, la santé est naturellement, naturellement dans l'assiette.

01:27C'est quand même essentiel.

01:31Je ne sais pas ce qui se passe.

01:33Écoutez, ils nous ont fait le coup du glyphosate.

01:36On continuait avec un pesticide.

01:39Il y avait déjà, souvenez-vous,

01:41et là, on ne s'en souvient pas très bien,

01:44il y avait la vigne bleue, la vigne bleue, il y a quelques années.

01:48Ah non, on ne s'en souvient pas, effectivement.

01:50Eh oui, vous savez, c'est intéressant.

01:53C'est Jospin qui a aboli tout ça.

01:55Et il a bien fait, il a fait un bon travail.

01:57Non, mais ce que je voulais simplement dire, c'est que...

02:01Vous savez, la source de vie de chacun.

02:02Si vous êtes là devant les micros, si moi je suis encore là,

02:06c'est grâce à la nourriture.

02:07Bien sûr.

02:08On est conscient de ça.

02:10C'est prioritaire.

02:11Et puis, je veux dire, la nourriture, c'est la France.

02:16C'est la table.

02:17C'est nos agriculteurs.

02:19C'est nos producteurs.

02:21C'est la richesse de la France.

02:22Mais qu'est-ce qu'on veut ?

02:23On veut détruire tout ça ?

02:24Et puis écoutez, en plus, au niveau de l'écologie, c'est monstrueux.

02:29La destruction des abeilles.

02:31L'argument des partisans de cette loi du plomb, c'est de dire que pour nourrir tout le monde

02:39et produire en quantité, ça ne peut pas être que du 100% bio.

02:43C'est finalement ça qu'ils vont vous rétorquer.

02:45Eh bien, je crois qu'ils n'ont pas totalement raison.

02:49Vous savez pourquoi ?

02:50Parce qu'on a industrialisé le système de la nourriture, des produits.

02:57Et vous savez que le déchet de ces productions, vous savez combien c'est ?

03:03C'est 33%.

03:05Vous vous rendez compte ?

03:0733% de gaspillage.

03:10Et si on commençait par ça ?

03:12Et si on achetait ?

03:15Il y a aussi ce qui vous contredirait, qui dirait que dans la totalité de l'Europe,

03:20les agriculteurs peuvent se servir du glyphosate,

03:24qui a été interdit pour rappel en France en 2018,

03:27qu'il est remis dans la sauce, mais que jusqu'en 2030.

03:30Là, c'est l'acétamitrile.

03:31Pardon, l'acétamitrile, excusez-moi.

03:32Que c'est que jusqu'en 2030, le temps de trouver d'autres solutions, en fait,

03:37pour pouvoir se servir de produits plus naturels.

03:42Et que si on ne le fait pas, en fait, on va continuer à importer d'autres pays

03:46qui utilisent, eux, des pesticides bien plus forts

03:48et qui n'ont pas les mêmes normes que vous.

03:50Et que finalement, c'est le serpent qui se mord la queue.

03:52Qu'est-ce que vous avez à leur répondre ?

03:54La première chose, c'est que, à mon avis, achetons français.

03:59Ben oui.

04:00Ben oui, ben oui.

04:01Des produits de proximité, achetons français,

04:03consommons moins, consommons mieux.

04:06Et puis, ma foi, si la recherche nous dit, effectivement,

04:10qu'ils posent le carnet sur table en disant,

04:12voilà, on a fait des progrès, on a trouvé des produits biologiques

04:15pour remplacer cette espèce de saloperie

04:18qu'ils sont en train de nous mettre dans la terre,

04:20eh bien, on est partant.

04:20Mais, je voulais vous dire aussi autre chose.

04:22Est-ce que ça ne profite pas au capital, toute cette histoire ?

04:25Au plus riche ?

04:27Est-ce que ça ne profite pas...

04:29Vous allez dire, je ne vais pas me faire des amis,

04:32mais est-ce que ça ne profite pas d'un certain syndicat agricole,

04:36mais qui est monstrueux ?

04:38Vous voyez qu'il représente la richesse.

04:40Les faiseurs de betteraves, les céréaliers,

04:43et quelles subventions ils ont, les petits paysans ?

04:46Venez voir un petit peu autour de chez moi.

04:48Moi, j'ai mon beau-frère, j'ai ma famille.

04:50Tout le monde est paysan.

04:51On est au vif du sujet, au fait du sujet.

04:53Oui, il y a différents...

04:55Aujourd'hui, il y a différents paysans.

04:58Et effectivement, certains sont dans des situations

05:01qui les étranglent,

05:03et d'autres sont dans des situations

05:07très, très, très avantageuses économiquement.

05:09Tout à fait.

05:10Voilà.

05:11Réaction de notre vraie voix,

05:13Marc Véra,

05:14puisque nous avons Mathieu Davy,

05:16qui était très heureux de vous voir, d'ailleurs.

05:19Mathieu a dit, oh, le boss !

05:20Alors, le gôte.

05:21Le gôte.

05:21Pas la chèvre.

05:22Le greté, c'est-à-dire.

05:23Le greté, c'est-à-dire.

05:24Le greté, c'est-à-dire.

05:25Bien sûr.

05:26Il y a l'histoire que les auditeurs de Sud Radio

05:28nous ont déjà évoquée, quand même.

05:30Oui, la bonne bouffe,

05:32mais c'est le coup de la bouffe, aussi.

05:34Oui, mais le circuit court, bon sang, Frédéric.

05:37Le circuit court.

05:39Alors, comment on le met en évidence ?

05:41Dans mon Morbihan,

05:42on a tout autour de nous,

05:44des petits producteurs,

05:45on peut aller les chercher,

05:46les panier à la ferme où on veut.

05:48Ils viennent même à nous.

05:50Bon, il faut savoir que partout en France,

05:52peut-être à part les grandes villes, bien sûr,

05:53et encore, on peut se faire livrer dans les grandes villes,

05:56mais partout en France,

05:57vous avez des agriculteurs à côté de chez vous,

06:00et il faut privilégier le circuit court.

06:02Et vous mangerez peut-être aussi bien que M. Véra,

06:04dans votre assiette.

06:06Oui, Marc Véra, allez-y, répondez.

06:08Mais écoutez, c'est très judicieux,

06:11il a tout à fait raison.

06:12Merci.

06:13Là, je l'approuve à 100%.

06:14Mais je vais vous donner un exemple tout simple.

06:17Moi, j'ai des copains qui sont paysans, ouvriers,

06:21j'ai beaucoup de copains ouvriers,

06:23qui n'ont pas de gros moyens.

06:25Et ils viennent manger chez moi,

06:28je les invite, parce qu'ils n'ont pas les moyens

06:30de venir chez moi.

06:30Et on parle de nourriture.

06:34Et il y a un jeune homme,

06:38dont son père est bouché,

06:41dans un petit pays ici à côté,

06:43et il me disait, mais c'est fou, chef,

06:46ils vendent leur upstack

06:486 euros moins cher qu'à Intermarché.

06:52Et ils font tous la queue avec leur caddie là-bas.

06:54Pourquoi ils ne font pas là-bas ?

06:56Eh bien, ces gens-là, ils n'ont pas les moyens.

06:57Ils n'ont pas les moyens de communiquer.

06:59Il faut qu'on t'aide, ces gens-là.

07:01Marc Vérat, vous êtes d'accord

07:02qu'en fait, ce que vous êtes en train de dire,

07:03c'est qu'on peut manger, par exemple,

07:05moins de viande, mais mieux,

07:07puisque si on en achète une fois par semaine,

07:09par exemple, chez son boucher,

07:11on mangera de la bien meilleure viande

07:13que si on va en grande surface

07:14en manger tous les jours.

07:16C'est ça que vous nous expliquez aussi.

07:17Tout à fait, tout à fait.

07:19Et ce que je veux dire,

07:20c'est que je ne suis pas tout à fait d'accord

07:22sur le fait que la nourriture,

07:25la bonne nourriture coûte cher.

07:26Allez vers les producteurs.

07:29Alors, effectivement,

07:30vous savez, tous les couples travaillent aujourd'hui.

07:33On n'a pas le temps de chuter le producteur,

07:35on n'a pas le temps.

07:36C'est plus facile de prendre un caddie

07:37et tout acheter.

07:38Parce qu'il faut acheter la lessive

07:40en même temps que le carré d'agneau.

07:42C'est vrai.

07:43Très juste.

07:44Vous êtes d'accord ?

07:45Et papier toilette.

07:46On met tout dans le caddie.

07:46Eh bien, moi, je pense qu'on ne doit pas

07:49tout mettre dans le caddie.

07:50D'accord.

07:50Je veux bien qu'on mette ces produits de...

07:52Il faut aller voir les artisans, quoi.

07:54C'est ça que vous dites.

07:55Mais attendez, moi, je suis fou furieux

07:58d'entendre des choses pareilles.

07:59Ce n'est pas possible que des gens

08:01qui nous gouvernent

08:04prennent, ne prennent pas en part

08:06la santé publique.

08:09Vous savez que moi, j'ai des propres amis

08:11dont les gosses.

08:12Mais vous vous rendez compte que

08:13les gosses ont des cancers.

08:17Le père a un cancer.

08:19Quand vous le...

08:20Vous regardez quand il est sur son tracteur,

08:22on dirait...

08:23On dirait qu'il monte dans la lune.

08:25Oui.

08:26Et on veut nous faire croire que...

08:28Non, mais ce n'est pas possible.

08:30Qu'est-ce qu'on veut nous faire croire ?

08:31En tout cas,

08:32pour se quitter...

08:34Avant de se quitter, Marc,

08:35racontez-nous un petit plat comme ça,

08:37juste pour qu'on se fasse plaisir,

08:38qu'on se détende un peu

08:38sur l'antenne de Sud Radio.

08:40Vous savez quel est

08:40mon meilleur petit plat ?

08:42Allez-y.

08:43On note.

08:43Je vais vous l'expliquer.

08:45Vous savez,

08:46ça va rejoindre un petit peu votre...

08:47Ça va donner un petit peu

08:48d'eau dans l'émission.

08:50Vous savez,

08:52fils de paysans,

08:53famille de paysans,

08:54moi-même paysan.

08:55J'ai appris la cuisine

08:56sur les bouquins.

08:57Mais j'ai bien les pieds dans la terre.

09:01Et je vais vous expliquer

09:02mon plus beau repas.

09:04Allez-y.

09:04Le plus beau repas de ma vie.

09:05C'est mon grand-père

09:06qui m'emmenait à l'école

09:07à 5 kilomètres.

09:08J'avais 5 ou 6 ans.

09:10Il n'y avait pas de ramassage scolaire.

09:11On prenait le temps

09:12de regarder la nature.

09:13Et mon grand-père

09:14venait me chercher

09:15avec son chapeau.

09:16Et sur ce chapeau,

09:17qu'est-ce qu'il y avait de posé ?

09:18Eh bien,

09:18les fraises des bois une fois.

09:20Ah oui !

09:21Quel joli souvenir.

09:23C'était ma récompense.

09:24C'était le plus beau repas de ma vie.

09:25Merci beaucoup, Marc Vérat.

09:27Merci, Marc Vérat.

09:28Merci, Félix Mathieu.

09:29On vous aime, Marc Vérat.

09:30Vous êtes grand chef cuisinier

09:32en Haute-Savoie.

09:33Merci pour votre témoignage aujourd'hui.

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