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  • il y a 4 mois
Rachida Dati, la ministre de la culture, est soupçonnée d'avoir reçu 900 000 euros entre 2010 et 2012 de la part d'une filiale de Renault-Nissan. Ce mardi 22 juillet, des juges d'instruction parisiens ont annoncé que l'ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn et elle-même vont être renvoyés en correctionnelle pour corruption et trafic d'influence. Pour en parler : Vincent Vantinghem, grand reporter police-justice de BFMTV. Et Alexis Cuvillier, chef adjoint du service politique de BFMTV.

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Transcription
00:00Retour à nos affaires franco-françaises, à des affaires politico-judiciaires,
00:04puisqu'on a appris cet après-midi que Rachid Alati, ainsi que l'ancien patron de Renault, Carlos Ghosn,
00:10allaient être envoyés en correctionnel pour corruption et trafic d'influence.
00:14Alors la date du procès en correctionnel sera fixée fin septembre.
00:18On va rappeler de quoi il s'agit avec Vincent Vantigaine.
00:20Bonsoir. Elle est soupçonnée, la ministre de la Culture et candidate à la mairie de Paris,
00:25d'avoir perçu 900 000 euros entre 2010 et 2012 de la part d'une filiale de Renault-Nissan.
00:32De quoi s'agit-il ?
00:33Oui, parce que vous venez de le dire, à l'heure actuelle, Rachid Alati, elle est ministre de la Culture,
00:37mais à l'époque, elle était ministre de la Justice.
00:39Elle venait de terminer son mandat place Vendôme.
00:41On est à l'année 2010 environ et elle devient députée européenne à cette époque-là.
00:47Et effectivement, elle va toucher pendant trois ans, entre 2010 et 2012,
00:51300 000 euros d'honoraires chaque année de la part d'une filiale néerlandaise de Renault,
00:55qui s'appelle RNBV, 900 000 euros au total sur trois ans.
00:59Pour des prestations de conseil ?
01:01Pour des prestations de conseil.
01:02En fait, la vraie question qui se pose aujourd'hui, c'est à quoi cette rémunération ?
01:06En fait, elle est venue sanctionner quel travail ?
01:09Rachida Dati a toujours dit qu'elle avait été rémunérée pour favoriser le développement de Renault,
01:14notamment au Moyen-Orient, où elle était très présente, où elle avait beaucoup de contacts.
01:17En tout cas, c'est comme ça qu'elle justifie cette rémunération.
01:20Mais la justice, sans doute, parce qu'elle a trouvé très peu de preuves de ce travail effectif.
01:25Et à l'inverse, elle se demande si cette somme n'est pas venue rémunérer une activité de lobbying
01:30au Parlement européen en faveur de Renault de la part de Rachida Dati,
01:34en faveur de l'industrie automobile au sens large,
01:37ce qui est pour le coup formellement interdit.
01:39Et c'est vrai qu'il y a toute une série de questions sur exactement à quoi a servi cet argent.
01:44Qu'est-ce qui est venu rémunérer cet argent ?
01:46Est-ce que c'est de la corruption ?
01:47Renault qui donne de l'argent pour que Rachida Dati vienne faire du lobbying à Bruxelles
01:52en faveur de l'industrie automobile ?
01:54Ou alors, est-ce que c'était vraiment pour favoriser le développement au Moyen-Orient ?
01:57Même si là, la justice a donné une première réponse aujourd'hui
02:00avec cette ordonnance de renvoi et ce procès pour corruption et trafic d'influence.
02:03Alors, l'audience de fixation de la date du procès aura lieu le 29 septembre,
02:07mais d'ici là, ces avocats peuvent faire appel de cette décision de renvoi ?
02:13Oui, ils peuvent faire appel de l'ordonnance de renvoi,
02:15mais ça ne retardera pas les choses, on ne va pas se mentir.
02:17Rachida Dati, ces dernières années, a déposé énormément de recours
02:21pour tenter d'affaiblir les charges qui pèsent contre elle.
02:24D'abord pour tenter d'obtenir la prescription en disant
02:26« c'est des vieux faits qui étaient connus à l'époque,
02:29on ne peut pas me poursuivre pour ça aujourd'hui ».
02:31La justice a dit non à plusieurs reprises, puis elle a continué à déposer des recours.
02:35Il n'y a pas plus tard qu'il y a quelques semaines,
02:36ces avocats étaient encore à la cour d'appel pour tenter de faire annuler
02:39le réquisitoire du parquet national financier.
02:41Ils n'ont pas obtenu gain de cause, et là, aujourd'hui,
02:43ils annoncent faire appel de l'ordonnance, mais ça ne retardera pas les choses,
02:46c'est-à-dire qu'on a une audience de fixation le 29 septembre.
02:49On va avoir un premier rendez-vous au tribunal où on va définir la date du calendrier,
02:52la date du procès, combien de temps ça va durer,
02:55combien de témoins seront appelés à la barre,
02:57avec cette première incertitude qui est la date,
03:00avant ou après les municipales.
03:02On a une source proche du dossier qui nous dit que ça serait plutôt après,
03:05visiblement autour du mois de juin.
03:07Et puis surtout, une deuxième inconnue de taille,
03:09alors là, c'est l'autre protagoniste de ce dossier,
03:11mais c'est Carlos Ghosn, il est actuellement au Liban.
03:13– Il est au Liban.
03:13– Et il est assigné en résidence au Liban.
03:15Il n'a même pas pu être mis en examen à Paris par les juges
03:18parce qu'il a interdiction de quitter le Liban.
03:19Comment va-t-il comparer ?
03:20– Donc il ne pourrait pas, aujourd'hui, assister à son procès ?
03:23– Non, mais il pourrait être jugé en son absence,
03:25représenté par ses avocats, comme le code de procédure pénale le prévoit.
03:28– Alors, c'est vrai que c'est un coup dur pour la ministre de la Culture,
03:33qu'il y a un calendrier politique que tout le monde connaît,
03:37le rendez-vous des municipales au mois de mars.
03:39Alors Vincent nous dit qu'a priori, le procès pour intervenir après,
03:43enfin forcément, ça va peser dans cette campagne,
03:46sachant qu'elle-même est en difficulté aujourd'hui
03:49dans des querelles parisiennes à droite.
03:52– Oui, et d'ailleurs, ce qui est intéressant,
03:54c'est que dans ces querelles de droite
03:57et plus largement au sein du Bloc central à Paris depuis quelques jours,
04:01Rachida Dati sentait que sa propre situation
04:05pouvait être un sujet de déstabilisation et santé,
04:09ou en tout cas accuser un certain nombre de responsables
04:12de son ancienne famille politique, les Républicains.
04:15Alors certains disent qu'elle a repris sa carte,
04:17mais vous vous souvenez avec quel fracas elle est partie en janvier 2024
04:21pour rejoindre le gouvernement d'Emmanuel Macron,
04:25et à l'époque Gabriel Attal en était le Premier ministre.
04:28Et donc Rachida Dati, elle estime qu'elle est la cible
04:33d'un certain nombre de manœuvres de dirigeants des Républicains
04:36pour tenter de solutionner un éventuel empêchement de sa part l'année prochaine.
04:42– Donc par exemple, la candidature déclarée de Michel Barnier
04:45à la députation dans la propre circonscription,
04:48enfin en tout cas à une partie de la circonscription de Rachida Dati,
04:51qui est maire du 7ème, ça voudrait dire qu'on est en train de préparer un plan B
04:54parce qu'on savait qu'il y avait cette menace judiciaire
04:56qui pesait sur la mise à la culture ?
04:58– En tout cas, Rachida Dati et son entourage en sont assez persuadés,
05:02elle a très mal vécu cette arrivée surprise de l'ancien Premier ministre
05:06sur le champ politique parisien.
05:08Michel Barnier a des attaches électorales en Savoie, comme on le sait,
05:12pas franchement dans la capitale, c'est plutôt une surprise
05:16que l'ancien Premier ministre se positionne pour cette législative partielle parisienne.
05:21Et Rachida Dati le pressant, c'est un sujet éventuellement de remplacement
05:27qui peut se préparer.
05:28– Alors justement, écoutons ce qu'elle disait hier, c'est une exclu BFM TV.
05:31– Moi, je n'ai jamais joué, ni petits bras, ni petits joueurs.
05:36Les combats, je les emmène pleinement, ouvertement,
05:40jamais dans le dos et jamais à l'envers.
05:42Et donc là, je vois bien les petits calculs.
05:45Je vais vous dire, je ne me laisserai pas prendre à la division.
05:49Et certains essayent de jouer là.
05:50Je peux vous dire, ils sont dans des petites négociations.
05:52Je n'irai pas, je ne suis pas, évidemment, dans ces petites négociations.
05:56Ceux qui divisent finiront tout seuls.
05:59Ils ne veulent pas la victoire.
06:00– Voilà, l'énergie, on connaît le caractère de Rachida Dati,
06:05c'est une combattante.
06:06Le problème, c'est que ce n'est pas la seule affaire judiciaire
06:09qui la concerne, Vincent Bantigan.
06:11– Non, il y a aussi d'autres soupçons qui pèsent contre elle,
06:14même si à l'heure actuelle, il n'y a pas d'enquête
06:15effectivement ouverte par le PNF.
06:18Mais on se demande aussi, parce qu'à l'époque,
06:20au mi-temps des années 2010-2015,
06:22elle a également, visiblement, touché de l'argent
06:24de la part de GDF Suez.
06:26Et on se demande aussi, qu'est-ce que cet argent est venu rémunérer ?
06:29Il y a une enquête qui a été réalisée par nos confrères de l'Obs
06:32et de complément d'enquête récemment,
06:33qui a mis la lumière là-dessus.
06:34C'est vrai qu'il y a tous ces soupçons qui pèsent sur elle,
06:37sur cette histoire de calendrier.
06:38Il est quand même à noter que Rachida Dati,
06:43c'est une ancienne ministre de la Justice,
06:44elle est magistrate de formation,
06:47elle a été avocate.
06:47Elle savait bien que le risque de ce renvoi allait intervenir,
06:52même si elle a déposé tous ses recours.
06:54Au début, elle était quand même témoincissée dans cette affaire.
06:56Ensuite, elle est passée...
06:57En 2019, mais elle a été mise en examen en 2021.
07:00Ça remonte déjà il y a quatre ans.
07:01Elle savait les charges qui pesaient contre elle.
07:03Et c'est vrai qu'elle a fait aussi le pari, voilà,
07:06de se dire qu'elle parviendrait à emporter la conviction des juges
07:08au moment de l'instruction,
07:09de manière à retarder ce procès
07:11pour passer, franchir les élections municipales.
07:14Mais on le voit aujourd'hui, il y a un vrai carambolage
07:15entre l'actualité judiciaire et l'actualité politique.
07:19Bon, en tout cas, Rachida Dati, rappelons-le,
07:21est présumée innocente.
07:22On n'a pas encore la date du procès.
07:23Mais c'est déjà cette affaire utilisée
07:25par ses potentiels adversaires politiques.
07:28On a réagi à gauche tout de suite.
07:29Par exemple, David Béliard,
07:31qui sera sans doute le candidat écologiste
07:32à la mairie de Paris en mars,
07:34qui écrit sur son compte Twitter,
07:35on savait que la droite et les macronistes
07:37n'avaient pas de projet pour Paris.
07:38Maintenant, on sait qu'ils ont comme candidate,
07:40une ministre candidate,
07:41une législative candidate à Paris,
07:42accusée de faits grèves, de corruption.
07:46Et les renaissances n'est pas une alliance,
07:47c'est un gang.
07:48Bon, déjà, voilà, le jugement est fait
07:50du côté de David Béliard.
07:51Donc, on va bien sûr se servir de cette affaire
07:55pour affaiblir politiquement Rachida Dati.
07:57Le ton est donné.
07:58Ça sera en effet une campagne
08:00qui va s'annoncer, désormais,
08:02on le comprend avec cet agenda judiciaire,
08:04une campagne qui va être compliquée
08:05et qui va être tendue, très probablement,
08:08entre Rachida Dati et ses différents adversaires.
08:11Que se passera-t-il du côté des Républicains ?
08:14Est-ce qu'il y aura un soutien
08:16qui sera tout de même apporté à Rachida Dati ?
08:19Ce soutien, aujourd'hui, il n'existe plus vraiment.
08:22C'est important de le comprendre.
08:23Même si, on l'a dit proche de Laurent Wauquiez,
08:25qu'elle avait soutenu lors de la campagne interne.
08:28Alors, ce n'est pas Laurent Wauquiez
08:28qui a gagné ses Bruno Rotaillot.
08:29Oui, ça, c'était un soutien parce que Laurent Wauquiez
08:32a soutenu la réforme, notamment, du scrutin.
08:36Vous savez, on en a beaucoup parlé par Elion-Marseille
08:38et c'est une réforme qu'elle voyait, elle,
08:41allant dans le bon sens pour éventuellement
08:43qu'elle puisse s'imposer l'année prochaine.
08:45Sauf que, manque de chance pour elle,
08:47c'est Bruno Rotaillot, son collègue au gouvernement,
08:49qui est maintenant à la tête des Républicains.
08:52Et que donc, en effet, c'est une situation
08:54qui peut la mettre en difficulté.
08:56Un responsable des Républicains me disait
08:58la semaine dernière, lui donner l'investiture
09:01tout de suite pour la municipale,
09:02ce serait un problème, en ayant déjà bien en tête
09:04que, dans six mois, je cite,
09:06elle peut être au milieu d'une tourmente judiciaire.
09:08Évidemment, ce sont des propos qui ont été tenus
09:10la semaine dernière, mais qui prennent
09:11tout leur sens aujourd'hui.
09:14Et donc, en effet, du côté de LR,
09:16et on l'imagine aussi, peut-être maintenant,
09:18du côté de Renaissance,
09:20il y a un certain nombre de questions
09:21qui vont se poser.
09:22Mais au-delà des municipales,
09:23elle est aujourd'hui ministre de ce gouvernement,
09:27un gouvernement qui est déjà très affaibli politiquement.
09:30Est-ce qu'elle peut rester ministre ?
09:31– Ça, ce sera le sujet, évidemment,
09:33de François Bayrou et d'Emmanuel Macron
09:35dans les prochains jours.
09:36On sait que le président de la République
09:38a à ce sujet…
09:40– Il n'y a plus de jurisprudence en la matière.
09:41– Pas franchement de jurisprudence.
09:43C'est vrai que les…
09:44– On se souvient, par exemple,
09:44que François Bayrou avait démissionné
09:46dans le premier gouvernement,
09:48il était ministre de la Justice
09:50et il commençait à être impliqué
09:52dans l'affaire des assistants parlementaires européens.
09:54Il avait démissionné.
09:55– Et il a été relaxé.
09:56– Il a été depuis relaxé.
09:57Bon, mais depuis,
09:58il n'y a plus vraiment de jurisprudence.
09:59C'est-à-dire qu'on peut être mis en examen,
10:02menacé d'un procès et rester ministre ?
10:04– Un épisode un peu oublié
10:05qui avait été très marquant
10:06pour les tout débuts de la présidence…
10:08Bravo !
10:09– De la présidence d'Emmanuel Macron.
10:11Ce n'était pas seulement le départ
10:12de François Bayrou,
10:13c'était le départ d'autres ministres importantes,
10:15notamment la ministre des Armées.
10:18C'est un sujet, en effet,
10:19sur lequel Emmanuel Macron a parfois varié.
10:22Aujourd'hui, il se dit attaché
10:24à une forme de présomption d'innocence
10:26et donc pourrait ne pas prendre,
10:29si on s'en croit,
10:29de récentes déclarations,
10:31pourrait ne pas prendre de décisions tout de suite.
10:32Du reste, vous savez que Rachida Dati,
10:35en janvier 2024,
10:36lorsqu'elle est nommée,
10:37Emmanuel Macron et Gabriel Attal
10:39sont en pleine connaissance
10:41d'un certain nombre de soupçons
10:42et de cette enquête
10:43qui remonte à plusieurs.
10:45Elle est déjà mise en examen
10:46quand elle est nommée ministre.
10:47Et puis, il faut rappeler quand même
10:48qu'Éric Dupond-Moretti,
10:49l'ancien ministre de la Justice,
10:51est resté en dépit d'une mise en examen.
10:53Il est resté ministre
10:54le temps de son procès
10:56devant la Cour de Justice de la République.
10:57On avait même aménagé son agenda de ministre
10:59pour qu'il puisse comparaître.
11:01Et là aussi,
11:01il a bénéficié d'une relax.
11:02C'est ça aussi.
11:03– Oui, parce que la France,
11:04ça peut terminer par une relax.
11:05– Emmanuel Macron,
11:06même s'il a dans le dossier
11:07s'agissant de Rachida Dati
11:09et de Carlos Ghosn,
11:09c'est vrai que les éléments avancés,
11:11notamment par le parquet national financier,
11:12sont assez nombreux.
11:14– En tout cas,
11:14présomption d'innocence
11:15respectée pour Rachida Dati.
11:17Et pour l'instant,
11:17pas de réaction officielle
11:18de la ministre
11:19ni de ses avocats.
11:21À suivre donc.
11:22– Sous-titrage ST' 501
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