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  • il y a 6 mois
La France et le Royaume-Uni sont prêts à "coordonner" leur dissuasion nucléaire et à protéger l'Europe de toute "menace extrême", une évolution majeure de leur doctrine dans le contexte de la dégradation de la sécurité européenne, ont annoncé ce mercredi 9 juillet les deux pays.

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Transcription
00:00Et on va s'y arrêter dans un instant, mais d'abord, j'aimerais bien, Christophe Gomart, qu'on aille au mur ensemble,
00:05parce que j'aimerais qu'on détaille justement l'arsenal nucléaire à la fois des Français, à la fois des Britanniques.
00:12On va peut-être commencer par les têtes nucléaires. De combien en disposons-nous, nous Français et eux Britanniques ?
00:18Et comment on se situe par rapport aux autres puissances nucléaires ?
00:21Alors nous, Français, nous en avons, comme c'est indiqué sur votre transparent, 290, environ 300.
00:26Quand on additionne ça aux Britanniques qui en ont 225, on arrive à peu près au chiffre de la Chine.
00:31Donc, alors juste, quand on dit coopération nucléaire, c'est clairement ça, c'est une addition entre leur logique et les nôtres ?
00:37Oui, parce qu'en fait, l'idée derrière, c'est d'être capable de faire des destructions inacceptables chez un adversaire possible,
00:44avec un principe de stricte suffisance, mais les destructions qu'on va occasionner chez un adversaire seraient tellement terribles
00:49que cet adversaire ne va pas vous attaquer, ne va pas vous agresser.
00:53L'idée, c'est bien celle-là, c'est d'additionner deux capacités souveraines nucléaires,
00:58c'est-à-dire deux chefs d'État, un chef d'État, un chef de gouvernement,
01:01qui seraient les seuls à décider de leur utilisation.
01:03Alors, ils décideraient de manière conjointe.
01:05L'idée, c'est d'empêcher tout agresseur de vous attaquer.
01:09On arrive au niveau de la Chine, mais on est quand même loin de la Russie et des États-Unis.
01:12Oui, mais c'est pour ça que je parlais du principe de stricte suffisance,
01:15c'est-à-dire que ce dont nous disposons est suffisant pour créer suffisamment de dommages
01:19pour dissuader tout adversaire de vous attaquer.
01:22De quoi on parle ? Précisément, quand on parle d'ogive nucléaire,
01:24on va voir à quoi ça ressemble et comment ça se compose, une ogive nucléaire.
01:30Alors, une ogive nucléaire, ce qu'on appelle l'ogive, c'est la tête d'un missile.
01:35Ce que l'on voit là, c'est qu'on va trouver d'abord la matière fissile, qui est le cœur,
01:38donc dans le cas où on va trouver de l'uranium en particulier.
01:40On va trouver de l'explosif conventionnel qui va permettre d'écraser ce cœur fissile.
01:44Et on va trouver le détonateur qui va permettre d'allumer et de faire cette réaction en chaîne
01:48qui va faire cette explosion nucléaire. Et puis, évidemment, derrière cette ogive,
01:53il y a le missile qui va porter loin, à plusieurs milliers de kilomètres, cette ogive nucléaire.
01:59Alors justement, on va s'arrêter sur ces vecteurs qui permettent de transporter ces ogives.
02:03Donc les missiles, de quels missiles on dispose pour les transporter ?
02:07Alors, en France, on a des missiles de croisière qui sont lancés depuis les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins.
02:14Nous en avons quatre. Les Britanniques en ont quatre.
02:16Nous disposons en France d'une deuxième capacité de mise en place de ces missiles balistiques à partir de sous-marins
02:22et missiles de croisière à partir d'avions Rafale, qui sont également des possibilités.
02:27Donc on peut tirer...
02:27Donc, pardonnez-moi, mais c'est la différence, c'est que les missiles balistiques,
02:30ils sont envoyés depuis les sous-marins et les missiles de croisière depuis les avions.
02:33Oui, la France et la Grande-Bretagne ne disposent que de missiles balistiques tirés depuis des sous-marins.
02:37Les Américains, les Russes et les Chinois ont des missiles balistiques tirés depuis le sol.
02:42Ce qui n'est pas le cas des Britanniques et des Français.
02:45Les Français ont, en plus par rapport aux Britanniques, la capacité à lancer ça à partir d'avions, à partir d'avions Rafale.
02:50Et les Britanniques devraient retrouver cette capacité grâce à l'armement nucléaire américain, pour cette fois.
02:56Lancé à partir de F-35 américain, mais la bombe nucléaire serait américaine,
02:59donc ça serait sur une décision du président américain.
03:02La seule capacité autonome et souveraine britannique, c'est à partir de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins.
03:09Ils en ont 4, c'est 4 sous-marins de type Vanguard.
03:11C'est à peu près l'équivalent de nos sous-marins triomphants français, nous en avons 4 aussi.
03:154, ça permet quoi ? Ça permet une permanence à la mer.
03:17C'est-à-dire que vous avez toujours un sous-marin qui est en patrouille.
03:19Je ne sais pas si on peut les voir, d'ailleurs, nos sous-marins lanceurs d'engins nucléaires.
03:25On va les afficher dans un instant.
03:27Donc nous, on en a 4, c'est ça ?
03:28On en a 4.
03:29Il était question que nous ayons 6, mais avec la réduction des lois de programmation militaire, nous en avons 4.
03:344, ça permet quoi ? 1 à la mer.
03:36On peut en avoir 2 à la mer.
03:37Voilà, les voiles à ces sous-marins.
03:38Exactement. Là, c'est avant qu'ils plongent et qu'ils disparaissent dans les eaux profondes.
03:44Et on ne sait pas où ils se situent.
03:46L'atout de ces sous-marins, c'est leur discrétion.
03:49Et ce qui est caché, ce qu'on ne montre jamais, ce sont les hélices, leur système de propulsion.
03:52Parce qu'en fonction de la forme de lice, cette hélice ne fait pas de bruit.
03:56Et du coup, déjoue les sonars adverses qui peuvent vous écouter.
04:00Et ces sous-marins se chassent eux-mêmes.
04:03Il y avait failli avoir un incident en 2009 entre un sous-marin nucléaire, un son d'engins britannique et un français,
04:08où ils étaient passés assez près.
04:11Et donc, on voit bien que cette coopération nécessaire entre britannique et français est absolument indispensable.
04:15On éviterait ce genre d'incident à l'avenir.
04:17Oui, mais vous savez que cette coopération existe déjà, parce que déjà, en termes de simulation,
04:21on ne fait plus d'explosion aujourd'hui d'essais nucléaires.
04:24Ça se fait à Val-Duc, au CEA de Dames, dans le sud de la France,
04:27où la simulation est commune entre français et britannique.
04:31Et vous le disiez, donc, il y a la possibilité de passer effectivement par la mer,
04:34ou alors de larguer par les airs.
04:36Et là, ce sont les avions Rafale qui sont utilisés.
04:39Oui, alors, le Rafale, il a un rayon d'action de 2000 kilomètres environ.
04:42On le voit là.
04:43Et il irait avec des avions ravitailleurs, qu'il ravitaillerait.
04:46Et ensuite, il descend très bas.
04:48Et il lasserait ses missiles, qui restent sur une cible, quelle qu'elle soit.
04:53Et c'est très utile, parce que ça permet d'avoir une deuxième composante.
04:57La France, on avait une troisième, qui était une composante terrestre,
04:59avec des missiles dans des silos.
05:01Mais un silo, ça veut dire que c'est directement visé par l'adversaire.
05:05Les Russes disposent de missiles balistiques, mais à partir de véhicules,
05:08donc qui sont mobiles.
05:09Et donc, on a plus de mal à les suivre, si ce n'est par imagerie satellite.
05:13Et vous l'expliquiez, notre singularité, justement, et notre différence par rapport au Royaume-Uni,
05:18c'est que nous, on est complètement autonome, alors que le Royaume-Uni est tributaire des États-Unis,
05:24notamment sur la composante de certains matériaux, et notamment sur les missiles, les missiles Trident.
05:29Oui, vous avez entièrement raison.
05:30La France est totalement autonome, avec ses missiles M-51,
05:33et donc toute la capacité nucléaire française est totalement autonome.
05:36Les Britanniques, en revanche, la tête nucléaire est britannique,
05:39mais les missiles qui propulsent ces têtes nucléaires sont américains.
05:43Et à tel point, c'est que même les sous-marins nucléaires dans son engin britannique
05:46vont charger leurs missiles aux États-Unis,
05:49parce que ces missiles sont de conception américaine,
05:53même si la tête nucléaire est britannique.
05:55Ça n'empêche pas...
05:55Mais le pouvoir de décision reste à Londres.
05:59Il reste britannique, oui.
06:00Merci Christophe Demar pour ces explications.
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