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Ouverture Par Cécile FIGLIUZZI, responsable du département de l’accueil des publics du site de Paris (Archives nationales).
Panorama des sources de l’histoire diplomatique en France
Par Thierry SARMANT, conservateur du patrimoine aux Archives nationales.
Séance du mardi 1er avril 2025, qui s’est tenue de 14h00 à 17h30 dans les salons de l’hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris), dédiée au thème de la diplomatie et des relations internationales sous l’Ancien Régime : La France et le monde.
Panorama des sources de l’histoire diplomatique en France
Par Thierry SARMANT, conservateur du patrimoine aux Archives nationales.
Séance du mardi 1er avril 2025, qui s’est tenue de 14h00 à 17h30 dans les salons de l’hôtel de Soubise (60 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris), dédiée au thème de la diplomatie et des relations internationales sous l’Ancien Régime : La France et le monde.
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ÉducationTranscription
00:00...
00:00Mesdames, Messieurs, chers collègues, bonjour à tous.
00:17Au nom des Archives nationales et de la direction des publics,
00:20je suis très heureuse de vous accueillir ici,
00:22dans les merveilleux décors du salon de la princesse de l'hôtel de Soubise,
00:26pour cette nouvelle session du cycle Retour aux sources,
00:29dédiée à la diplomatie dans la France d'Ancien Régime.
00:32Le principe du Retour aux sources est toujours le même,
00:35convier des historiens, évoquer leurs travaux
00:37et la manière dont ils ont utilisé le matériau archive, les sources,
00:41pour faire avancer leurs recherches,
00:44et mettre leur regard, croiser leur regard,
00:46avec celui de conservateur d'archives responsable de fonds.
00:49La séance d'aujourd'hui verra donc se succéder Thierry Sarment,
00:52conservateur général du patrimoine,
00:54responsable, entre autres, des fonds dédiés aux affaires étrangères,
00:58aux archives nationales,
01:00qui dressera pour nous un panorama des sources
01:02pour faire l'histoire de la diplomatie en France.
01:05Puis Mathieu Gellard, docteur en histoire moderne,
01:08maître de conférence en histoire moderne à l'INSEPE de Paris,
01:11qui évoquera la question des correspondances diplomatiques au XVIe siècle.
01:15Camille Desenclos, maîtresse de conférence en histoire moderne
01:18à l'université de Picardie,
01:20nous proposera ensuite une plongée fascinante,
01:22mais pas évidente, dans les sources diplomatiques cryptées.
01:25Avant de céder la parole à Gabriel Poisson,
01:28conservateur en chef du patrimoine,
01:30en charge de la collection des traités
01:31aux archives du ministère des Affaires étrangères.
01:34Enfin, Lucien Béli, professeur d'histoire moderne à la Sorbonne,
01:39membre du centre Roland Mounier et de l'Institut,
01:42conclura la séance.
01:43Et je tiens, au nom des archives nationales,
01:45à les remercier très, très, très chaleureusement
01:48d'avoir accepté de se prêter au jeu du retour aux sources,
01:50malgré leurs agendas qui sont extrêmement chargés.
01:53Donc, vraiment, un grand, grand merci à eux.
01:57Alors, avant de commencer, je vous indiquerai simplement
01:59que les communications vont se succéder avec une petite pause
02:03qui sera certainement nécessaire au milieu, bien entendu,
02:06et que le temps de questions a été réservé plutôt pour la fin.
02:11Donc, si vous avez des questions, je vous remercierai plutôt
02:13de les garder pour la fin de la séance.
02:16Si vous souhaitez aussi prolonger cette plongée
02:20dans la diplomatie d'Ancien Régime,
02:22je vous indique qu'une exposition sur panneau
02:24provenant des archives départementales de Seine-Maritime
02:27est actuellement présentée dans le hall du Caran.
02:30C'est une exposition qui est dédiée à la famille Grimaldi,
02:34à ses liens avec la Normandie et les horizons lointains.
02:38Et vous avez également, en parallèle de cette exposition,
02:42une sélection de reproduction de documents des archives nationales
02:45sur la diplomatie et, en salle de lecture,
02:48une présentation d'une sélection d'ouvrages.
02:50Je remercie, là aussi, chaleureusement,
02:52l'équipe du département de l'accueil des publics du site de Paris
02:55ainsi que l'équipe de la bibliothèque
02:57pour ses travaux de recherche à cette expo.
02:59Et je n'oublie pas, dans mes remerciements,
03:01l'équipe du musée qui nous accueille dans ce lieu magnifique
03:04et l'atelier audiovisuel qui s'occupe à l'instant même
03:08de la captation vidéo qui vous permettra de la retrouver
03:11d'ici quelques mois sur la chaîne Dailymotion des archives.
03:15Donc, sans plus attendre, je vais céder la parole
03:17à mon collègue Thierry Sarment.
03:29Mesdames et messieurs, bonjour.
03:31Je remercie Cécile de m'avoir introduit.
03:36Cécile m'a donné une mission un peu impossible
03:40qui est de présenter l'ensemble des sources intéressantes
03:44à l'histoire diplomatique en France,
03:46sachant qu'en fait, on pourrait y rester des heures entières
03:50mais je dois me tenir à une petite demi-heure.
03:54Alors, je pense qu'il faut partir d'abord d'une définition
03:59des archives diplomatiques.
04:01Il y a deux façons de les définir.
04:04Il y a une définition restreinte et une définition élargie.
04:08La définition restreinte, ce serait les archives produites ou reçues
04:12soit par des représentations diplomatiques françaises à l'étranger
04:17soit par l'administration centrale du département des affaires étrangères.
04:21Et il y a une autre définition au sens large,
04:24ce serait les archives qui intéressent les relations
04:28susceptibles d'intéresser les relations internationales.
04:30Et donc là, le périmètre s'étend considérablement.
04:35C'est pourtant cette deuxième définition que je vais retenir ici
04:38de façon à que ce panorama reste un panorama
04:42et qu'il ne se restreigne pas à quelques fonds.
04:45Pour la recherche, c'est aussi la définition la plus fructueuse
04:48parce qu'elle permet de noter tout de suite que les archives intéressantes,
04:52la diplomatie, sont bien loin d'être toutes réunies
04:55aux archives du ministère des Affaires étrangères
04:58que vous connaissez tous et que nous appelons généralement
05:01archives diplomatiques.
05:03En fait, ces archives sont dispersées.
05:05Je dirais même qu'elles sont balkanisées.
05:07Elles sont balkanisées à l'image du paysage archivistique français.
05:11C'est un état de fait qui tient à des motifs historiques
05:15qui remontent au Moyen-Âge et à l'Ancien Régime
05:19et puis au rapport de force entre les différentes administrations en France.
05:25Depuis la Révolution française, nous avons des archives nationales
05:31qu'il faudrait appeler plutôt archives dites nationales
05:33parce qu'en fait, elles ne réunissent pas l'ensemble des archives
05:37des services centraux de l'État.
05:40Elles sont très peu nationales puisque leur échappe
05:43deux des principaux ministères régaliens
05:47qui sont, qu'on appelait jadis les affaires étrangères et la guerre,
05:50on dit maintenant les affaires étrangères et les armées,
05:52on dit les affaires étrangères et la défense.
05:54Parce que ces deux ministères, depuis la fin du XVIIe siècle,
05:59disposent d'institutions archivistiques propres
06:01et ont toujours voulu les conserver.
06:04Et on observe dans l'histoire de France que dès qu'une institution devient puissante,
06:07elle tient à conserver ses archives et elle les rétive à les abandonner
06:13en faveur d'autres institutions, a fortiori,
06:16si celles-ci dépendent du ministère de la Culture
06:18qui, dans l'Organisation générale de l'État, est un ministère faible.
06:23À cette première constatation de dispersion,
06:28il faut ajouter une autre qui fait que les archives nationales elles-mêmes
06:31ont eu tendance à se subdiviser dans la deuxième moitié du XXe siècle
06:35puisque les archives nationales ont été démembrées à deux reprises.
06:39D'abord avec la création des archives d'outre-mer,
06:42ce qu'on appelait le CAOM à une époque,
06:44qui sont à Aix-en-Provence depuis 1966,
06:47et puis avec la création des archives du monde de travail en 1993.
06:53Enfin, de nombreux fonds d'archives
06:55venant de diplomates ou d'acteurs des relations internationales
06:59ne sont jamais arrivées dans des services d'archives
07:01et notamment on en retrouve beaucoup au cabinet des manuscrits
07:04de ce qu'on appelait la Bibliothèque du Roi,
07:06maintenant la Bibliothèque nationale de France,
07:07après avoir été la nationale.
07:09Et comme son nom ne l'indique pas,
07:11le cabinet des manuscrits est en fait
07:13un des plus grands dépôts d'archives français.
07:16Donc on arrive ainsi à un paysage en cinq grands pôles
07:21de destitutions dépositaires d'archives relatives
07:25à la diplomatie ou aux relations internationales
07:27qui sont d'abord les archives du ministère des Affaires étrangères,
07:33ensuite le service historique de la défense,
07:35qui est le service d'archives du ministère des Armées,
07:39ensuite en troisième lieu seulement les archives nationales,
07:43quatrième lieu les archives nationales d'outre-mer
07:45et cinquième et dernier lieu le cabinet des manuscrits de la BNF,
07:50sachant que je ne parlerai pas ici de tous les documents
07:52qui peuvent être encore en main privée ou dispersés
07:55dans les archives départementales, communales, etc.
08:00Alors, je commence par les archives diplomatiques.
08:04C'est un dépôt qui est constitué à partir de 1710
08:08par Jean-Baptiste Colbert de Torcy,
08:10secrétaire d'État des Affaires étrangères,
08:11mais lui-même hérite de fonds déjà constitués par son père Croissy,
08:19et on peut dire que les séries continues des archives du ministère des Affaires
08:25commencent aux alentours des années 1660.
08:28Ces grandes séries, vous connaissez,
08:31de volumes reliés,
08:32que malheureusement on consulte maintenant surtout en microfilms,
08:36là vous avez un volume relié aux armes de Colbert de Croissy,
08:38et vous avez ces séries de correspondances
08:42qui font l'ordinaire des historiens de la diplomatie d'Ancien Régime.
08:48Alors, je ne vais pas entrer dans le détail des fonds conservés dans ce ministère,
08:55ce qu'on remarque tout de suite c'est que si on se reporte en ligne,
08:59qui est maintenant la principale voie d'accès aux archives en France,
09:03eh bien on aura le plus grand mal à trouver une description d'ensemble clair
09:06des documents conservés au ministère des Affaires étrangères,
09:10et pas davantage des inventaires nombreux.
09:12Et vous allez retrouver cette situation dans les autres institutions.
09:16Il y a un énorme retard dans la mise en ligne à la fois des instruments de recherche
09:21et des documents numérisés.
09:23Alors, ça se complexifie en plus du point de vue des Affaires étrangères
09:27par le fait que la direction des Affaires des Archives diplomatiques
09:30n'a pas de site propre, mais il n'est qu'une branche du site général
09:35du ministère des Affaires étrangères.
09:38Donc vous connaissez, les Affaires étrangères ont deux sites principaux.
09:42Vous avez la Courneuve, à proximité de Paris,
09:46sa salle de lecture avec cette belle voûte que nous connaissons,
09:49mais où les lecteurs sont beaucoup moins nombreux que les places,
09:52comme là aussi dans les autres services d'archives de nos jours.
09:55Et, deuxième site, Nantes, ouvert en 1987,
10:01qui accueille les archives rapatriées des postes diplomatiques
10:04et des protectorats, enfin, de certains des protectorats.
10:08Ce serait trop simple.
10:09Donc voilà, je ne m'attendrai pas longtemps sur ce premier service
10:13que la plupart d'entre vous ont fréquenté,
10:17mais qui est bien loin, contrairement à ce que son nom indique,
10:19de conserver tout ou l'essentiel des archives dites diplomatiques.
10:25La seconde grande masse d'archives diplomatiques,
10:29on va les trouver au service historique de la Défense,
10:33installé pour son site principal au château de Vincennes.
10:36Alors, le service historique de la Défense a ce nom étrange
10:38parce que c'est un service qui est à la fois, au départ,
10:41c'est l'héritier de ce qu'on appelle le dépôt de la guerre,
10:43le service d'archives du ministère de la guerre,
10:46mais c'est à la fois un service d'archives
10:47et un service qui, au départ, écrivait une histoire officielle
10:49et une histoire officielle désarmée qui s'est élargie
10:53à une histoire militaire de type plus universitaire
10:56à partir de la deuxième moitié du XXe siècle.
11:00Si on regarde la genèse des fonds de Vincennes,
11:04elle est très similaire, là vous avez la salle de lecture
11:07dite Louis XIV des châteaux de Vincennes,
11:09la genèse de ces fonds est très similaire à celle des affaires étrangères,
11:14à savoir que tout commence sous Louis XIV, suivante,
11:17sous le marquis de Louvois, secrétaire d'État de la guerre,
11:21qui constitue un fonds d'archives dans les années 1680.
11:25On donne la date de 1688 traditionnellement,
11:27mais il n'y a pas de document qui le démontre.
11:30À partir de 1701, il y a le dépôt de la guerre à un local,
11:34dans l'hôtel des Invalides, et puis de multiples vicissitudes,
11:39mène jusqu'au château de Vincennes après la Seconde Guerre mondiale.
11:42Comme aux archives diplomatiques, les séries continues sont antérieures
11:48à la constitution administrative du dépôt, suivante,
11:52et en fait elle commence aux années 1630,
11:54et vous voyez là, j'ai sorti une lettre du cardinal de Richelieu,
11:58qui se trouve à Vincennes.
12:02Alors, en quoi ces documents militaires intéressent la diplomatie,
12:07c'est que très tôt, il y a une rivalité entre la guerre et les affaires étrangères,
12:12et dès la deuxième moitié du XVIIe siècle,
12:14le ministre de la guerre a des agents de renseignement,
12:19plus ou moins parallèles de ceux des affaires étrangères.
12:22Plus tard, alors je sors un peu des bornes chronologiques de cet après-midi,
12:25mais plus tard, le système va s'institutionnaliser avec ce qu'on appelle les attachés militaires,
12:30et donc à partir du Second Empire,
12:32vous avez auprès de chaque représentation diplomatique de la France,
12:37un ou plusieurs officiers qui sont rattachés à l'ambassadeur,
12:42et en même temps, rendent compte directement au ministre de la guerre,
12:46puis au ministre de la défense.
12:47Donc, il est impossible de faire l'histoire des relations diplomatiques
12:50d'un pays quelconque avec la France,
12:54à partir du XIXe siècle,
12:55sans aller à la fois à la Courneuve et à Vincennes,
12:59au minimum.
12:59D'autant que, au sein de l'état-major de l'armée,
13:04de l'état-major de la marine,
13:05enfin des différents états-majors,
13:06on voit ce qu'on appelle le deuxième bureau,
13:08qui s'occupe de renseignements,
13:09et qui capitalise des sources absolument considérables
13:13sur les pays étrangers,
13:15et leurs relations avec la France suivante.
13:20Là, vous voyez, j'ai par exemple du sorti,
13:22ça c'est un rapport sur l'armée austro-hongroise,
13:25vers, dans les années 1910, je crois,
13:29mais je ne vois pas d'ici.
13:31Et ces rapports ne sont pas remplis
13:34que de considérations militaires.
13:36Vous avez des considérations sur les ethnies
13:39au sein de l'Empire austro-hongroise,
13:40la solidité du régime,
13:42l'avenir de l'Autriche-Hongrie, etc.
13:44Donc des considérations purement politico-diplomatiques.
13:49J'arrive à la troisième institution,
13:52celle où nous sommes,
13:53les archives dites nationales,
13:56puisqu'elles ne le sont que partiellement,
13:59qui donc sont sur deux sites principaux.
14:01Maintenant, j'ai oublié de dire que Vincennes
14:03est sur une dizaine de sites,
14:04enfin, le SHD est sur une dizaine de sites.
14:06Nous nous sommes sur deux sites principaux.
14:08L'hôtel de Soubise, où nous sommes, suivante.
14:12Pierre Fitt, depuis quelques années,
14:15où ont été transportés les archives
14:18postérieures à la Révolution,
14:20avec cette complexité que
14:23beaucoup de documents postérieurs à la Révolution
14:26sont restés ici même,
14:29notamment dans le minutier central des notaires,
14:31tandis que les fonds privés,
14:33qui eux peuvent être antérieurs à la Révolution,
14:35sont à Pierre Fitt.
14:36Ce qui fait qu'en fait, là aussi,
14:37une enquête aux archives nationales
14:38impose d'aller tantôt à Pierre Fitt,
14:41tantôt à Paris.
14:43Alors, ces archives sont constituées
14:45plus tardivement que leurs ancêtres,
14:49ou leurs prédécesseurs, plutôt,
14:50de la guerre des affaires étrangères,
14:51mais sont constituées à partir
14:52de la Révolution française,
14:54de la loi du 12 septembre 1790,
14:57si je ne dis pas de sottises,
14:58suivante, suivante,
15:01sous l'égide d'Armand Gaston Camus,
15:04qui est le premier archiviste
15:07de l'Assemblée nationale.
15:09Et, donc, au départ,
15:11ces archives ne sont que les archives
15:12de l'Assemblée,
15:14et, petit à petit,
15:15elles vont recevoir
15:16les documents issus
15:18des ministères supprimés,
15:20le contrôle général des finances,
15:22la maison du roi,
15:24beaucoup d'autres,
15:25et, tout au long du 19e siècle,
15:27agglomérées aussi bien
15:28des archives d'institutions
15:29dans ces régimes
15:29que celles venant
15:31des nouvelles institutions.
15:35Dans cet ensemble colossal,
15:38cinq sections nous intéressent
15:41particulièrement cet après-midi,
15:43à savoir le trésor des chartes,
15:45les monuments historiques,
15:47les archives du département
15:48de la Marine,
15:49de l'ancien département
15:49de la Marine,
15:50celles des consulats
15:51et celles des chefs de l'État.
15:54Alors, je commence par,
15:55donc, j'ai utilisé le langage
15:57propre à la maison
15:57en parlant des séries,
15:59l'ancien trésor des chartes
16:00des rois de France,
16:01dont vous voyez ici
16:02le local qui le renferme,
16:04qui est maintenant ce qu'on appelle
16:05la salle de l'armoire de fer.
16:08C'est le premier dépôt d'archives français,
16:11mais qui a cessé de fonctionner régulièrement
16:13à partir de la fin du 16e siècle.
16:15Pour autant,
16:16pour les périodes antérieures,
16:17c'est là qu'on aura
16:18les sources majeures
16:18de l'histoire diplomatique.
16:19qui est suivantes.
16:21Par exemple,
16:21on y a,
16:21on trouve par exemple
16:22une lettre de Soliman le Magnifique
16:24à François Ier
16:26et on y trouve aussi
16:28un certain nombre de traités
16:29et c'est là
16:30que sont les grands traités
16:30de la France.
16:32Par exemple,
16:32celui qui était sur l'affiche
16:34de notre après-midi,
16:36la fameuse paix perpétuelle
16:37de 1516.
16:39Donc, je dirais,
16:40pour la fin du Moyen-Âge
16:41et le 16e,
16:42ça reste une source
16:43tout à fait majeure.
16:46Après, nous avons un ensemble
16:47encore beaucoup plus baroque
16:48qui est ce qu'on appelle
16:49la série K,
16:50les monuments historiques.
16:53Alors,
16:53qu'est-ce que la série K ?
16:55C'est un ensemble
16:56créé par des archivistes
16:57au 19e siècle
16:58de tous les documents
17:00qu'ils considéraient
17:01comme intéressants
17:02pour la rédaction
17:03d'une grande histoire.
17:04Donc,
17:04ils sont allés chercher,
17:05piocher dans tous les fonds
17:06possibles et imaginables
17:07pour constituer
17:08une longue série chronologique
17:09correspondant
17:10à l'histoire événementielle.
17:12Ils ont ainsi
17:13démembré
17:14d'innombrables fonds
17:14et souvent,
17:15on ignore
17:15où ils sont allés chercher
17:16les documents.
17:18cet ensemble
17:19intéresse la diplomatie
17:20parce que
17:21ils étaient très sensibles
17:24à tout ce qui était
17:24cérémonial,
17:25arrivés d'ambassadeurs.
17:27Par exemple,
17:28ici,
17:28j'ai sorti
17:29une harangue
17:30des ambassadeurs
17:32de Siam
17:32à Louis XIV,
17:34donc on est dans
17:351787.
17:37Et tout au long
17:37de la série,
17:38on va retrouver
17:38les documents
17:39relatifs à la diplomatie
17:40un peu isolés
17:41du reste,
17:42ainsi que des volumes
17:43concernant les questions
17:44de cérémonial.
17:45et puis vous avez
17:46suivante,
17:47des fonds d'ambassade
17:48entiers
17:48qui,
17:50par des voies
17:50de travers,
17:51sont arrivés ici.
17:52Par exemple,
17:52on a une vingtaine
17:53de cartons
17:54de l'ambassade
17:54du marquis de Bonnac
17:56à Constantinople
17:57dans les années
17:581710-1720.
18:01Donc ici,
18:01le marquis de Bonnac.
18:04Troisième ensemble,
18:06c'est les archives
18:07du département
18:08de la marine.
18:09Alors là,
18:09aussi,
18:09il y a un paradoxe
18:10puisque,
18:11comme vous savez,
18:12les archives
18:12du département militaire
18:13sont censées être
18:14à Vincennes.
18:15Mais,
18:16à la fin du 19e siècle,
18:17le ministère de la marine
18:18a considéré
18:18qu'il manquait de place
18:19et donc,
18:21le ministre Locroix
18:22a signé un décret
18:24au président de la République
18:25ordonnant
18:26que les archives
18:26antérieures
18:28à la révolution
18:28du département de la marine
18:29seraient déposées,
18:31même versées,
18:32aux archives nationales.
18:33Ce qui fait que,
18:34aujourd'hui,
18:35tout l'ancien ministère
18:35de la marine
18:36est chez nous.
18:37et, en fait,
18:40ces affaires de marine
18:41souvent croisent
18:42des questions diplomatiques.
18:46Nous avons également
18:48autre bizarrerie,
18:49les archives
18:49des consulats
18:50antérieurs à la révolution.
18:51Avant la révolution,
18:53ces consulats
18:55de France
18:55dépendaient
18:56de la marine.
18:59Après la révolution,
19:00ils ont dépendu
19:00des affaires étrangères.
19:01Mais,
19:02entre 1929
19:03et 1933,
19:04le ministère
19:05des affaires étrangères
19:06a décidé
19:07de se séparer
19:08de ce fonds
19:09des consulats
19:09pour des raisons
19:10que j'ignore.
19:12Et donc,
19:13les consulats
19:13d'ancien régime
19:14sont arrivés
19:15à Paris.
19:17Alors,
19:17ces consulats,
19:19ce sont,
19:20au départ,
19:21ces consuls de France,
19:21ce sont au départ
19:22des agents
19:22à vocation commerciale.
19:25En fait,
19:26quand on lit
19:26leur rapport,
19:27on voit qu'ils parlent
19:27de tout.
19:29Là,
19:29je vous ai mis
19:29un consul de France
19:30à Smyrne
19:31qui, vous voyez,
19:32a commencé
19:32à s'acclimater
19:33aux meurs ottomanes.
19:35Suivant.
19:36Et là,
19:38j'ai pris
19:39un consul de France
19:40à Saint-Pétersbourg
19:41et en fait,
19:41quand vous lisez
19:41les rapports
19:42du consul de France
19:42à Saint-Pétersbourg,
19:43il parle de tout
19:44ce qui se passe
19:44en Russie
19:45et pas uniquement
19:46des affaires commerciales
19:48de l'Empire russe.
19:48Et donc,
19:49c'est une grande source
19:49de l'histoire diplomatique.
19:51D'autant que,
19:52quand il n'y a pas
19:52d'ambassadeur,
19:53le consul peut devenir
19:55la source
19:55de renseignements
19:56principales.
19:59Et j'en arrive
20:00à la dernière,
20:02au dernier des grands ensembles
20:03conservés aux archives nationales.
20:04Eh bien,
20:05ce sont les archives
20:06des chefs de l'État
20:06que nous avons
20:08depuis la Révolution.
20:10Les chefs d'État
20:11dont vous savez
20:12que la diplomatie
20:13est un domaine réservé,
20:14mais déjà bien avant
20:15la Ve République,
20:17dès la Troisième,
20:18les présidents de la Troisième,
20:19par exemple,
20:19loin d'être
20:20les potiches qu'on décrit,
20:21gardaient une très grande
20:22influence en matière diplomatique.
20:25Et donc,
20:26nous avons les archives
20:26des chefs de l'État
20:27où la diplomatie
20:28tient un grand rôle.
20:29On voit aussi
20:30une lettre amusante
20:31puisqu'on voit que,
20:32par exemple,
20:32l'ambassadeur de France
20:33en Chine
20:33n'hésitait pas
20:35à écrire directement
20:36au général de Gaulle
20:37en passant
20:38par derrière
20:39son ministre de tutelle
20:40et le Premier ministre.
20:43Donc là aussi,
20:44pour,
20:45j'appellerais
20:46le nouveau régime,
20:47on ne peut pas
20:48se dispenser
20:49des archives
20:50conservées
20:51ici.
20:53Je passe
20:54à mon quatrième dépôt,
20:55à savoir
20:56les archives nationales
20:57d'Outre-mer
20:58à Aix-en-Provence.
20:59Donc,
20:59c'est un dépôt
21:00qui est né
21:00de l'effacement
21:02de l'Empire colonial français
21:03qui a été installé
21:06à Aix
21:06où il y avait déjà
21:08une université
21:08qui s'intéressait
21:09à l'histoire
21:10des pays d'Outre-mer.
21:12Donc,
21:12en 1966,
21:13alors on y a mis
21:14à la fois
21:16des archives
21:17rapatriées
21:17des anciennes colonies
21:19et du protectorat
21:20indochinois
21:20d'un côté
21:21et aussi
21:23les archives
21:23de l'ancien bureau
21:24des colonies
21:25du ministère
21:26de la Marine.
21:27Donc,
21:27vous avez des archives
21:27qui sont venues,
21:28des archives nationales
21:29pour abonder
21:30Aix-en-Provence
21:32mais aussi
21:33des archives
21:34qui sont arrivées
21:35des colonies
21:37en déconfiture.
21:39Là,
21:39vous avez la salle
21:39de lecture
21:40d'Aix.
21:40suivante
21:42et vous voyez
21:43par exemple
21:43on a une convention
21:44entre la France
21:46et le Cambodge
21:46de 1883
21:47dans ses archives
21:49conservées
21:50à Aix.
21:51Ce qu'on note
21:52dans ces fonds
21:53c'est l'interpénétration
21:55du diplomatique
21:57et du colonial
21:58puisque aucun pays
22:00ne devient une colonie
22:00de façon instantanée.
22:02Alors,
22:02un exemple intéressant
22:03c'est celui
22:03de l'Algérie.
22:06Donc,
22:06il y a
22:06à Aix
22:08un fonds
22:09du gouvernement
22:09général
22:10en Algérie
22:11et en fait
22:12au début
22:12de ce fonds
22:13vous avez
22:13une centaine
22:14de cartons
22:14suivantes
22:15une centaine
22:16de cartons
22:16qui viennent
22:17du consul
22:18de France
22:18à Alger
22:18qui vont
22:19des années
22:191680
22:20à 1830.
22:24Dernier ensemble
22:25c'est
22:26la Bibliothèque
22:27nationale
22:27de France
22:28département
22:29des manuscrits
22:29je dois dire
22:30que là
22:30je me suis
22:31appuyé
22:32sur des informations
22:33que m'a envoyé
22:35mon excellent collègue
22:36Charley-Lois Vial
22:37qui gère
22:37là-bas
22:38les fonds
22:38modernes
22:39c'est vrai
22:41que quand on pense
22:42aux manuscrits
22:42de la BN
22:43on pense d'abord
22:43aux manuscrits
22:44en luminés
22:45médiévaux
22:45ou alors
22:46on pense
22:47aux fonds
22:47d'écrivains
22:48mais
22:48en fait
22:49ce sont les parties
22:50émergées
22:51de l'iceberg
22:51et le gros
22:52du corpus
22:53c'est un immense
22:54conglomérat d'archives
22:55essentiellement
22:56des époques
22:57du XVIe
22:58XVIIe
22:58et XVIIIe
22:59siècle
22:59vous avez les papiers
23:00de Mazarin
23:00à la BNF
23:02alors
23:03Charley-Lois
23:04gentiment
23:04m'a fait un décompte
23:06de ce qu'on pouvait
23:06trouver
23:07là-bas
23:08et
23:08il m'écrit
23:09qu'on peut compter
23:11qu'il y a 5000 volumes
23:12uniquement consacrés
23:13aux affaires diplomatiques
23:15dans le fond
23:18du cabinet des manuscrits
23:19il m'en a cité
23:21je ne vais pas vous les infliger
23:23mais
23:24quelques petits exemples
23:25voilà la fameuse salle
23:26des manuscrits
23:27vous avez des registres
23:30d'ambassadeurs
23:30du XVIe
23:31des correspondances
23:33en quantité industrielle
23:34et vous avez même
23:34des traités
23:35on a la paix des dames
23:37de 1529
23:38dans cet ensemble
23:42alors
23:43vous voyez que je pourrais
23:45encore détailler
23:46des heures entières
23:47des grands fonds
23:48etc
23:48ça n'aurait pas
23:49un intérêt puissant
23:50simplement deux conclusions
23:52la première
23:53c'est qu'aucune recherche
23:55un peu sérieuse
23:56sur quelque sujet
23:58que ce soit
23:58en histoire diplomatique
24:00ne peut se fonder
24:00exclusivement
24:02sur des dépouillements
24:03menés dans une
24:04des cinq institutions
24:06que je viens d'évoquer
24:06mais elle doit toujours
24:08comporter au moins
24:09des sondages
24:10dans une ou plusieurs
24:11des quatre autres
24:12la deuxième
24:14conclusion
24:15c'est que
24:16nous avons
24:17une organisation
24:18qui est d'une telle complexité
24:19dont la logique
24:21est si défectueuse
24:22l'inventaire
24:24des fonds
24:24et leur mise en ligne
24:25si incomplète
24:27les masses de documents
24:28sont si considérables
24:29qu'il est impossible
24:31d'imaginer
24:31qu'une recherche
24:32quelconque
24:32puisse être
24:33absolument exhaustive
24:34et d'une certaine façon
24:36je considère
24:38que c'est rassurant
24:39puisque nos successeurs
24:40seront ainsi certains
24:41quels que soient
24:42les renouvellements
24:43historiographiques
24:44ou méthodologiques
24:45de toujours trouver
24:46des sources nouvelles
24:47je vous remercie
24:49merci
24:50merci
24:51merci
24:52merci
24:53merci
24:54merci
24:55merci
24:56merci
24:57merci
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