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Climat, crises, quête de sens… Les futurs leaders doivent conjuguer performance économique et impact positif. À l’école comme en entreprise, une nouvelle génération se forme à piloter autrement, avec la durabilité et la responsabilité comme boussoles.
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00:00C'est le débat de ce Smart Impact. Je vous présente tout de suite mes invités.
00:09Agnès Buromira, bonjour.
00:11Bonjour.
00:11Bienvenue. Vous êtes coordinatrice de formation à l'Institut français des administrateurs.
00:15L'IFA est présidente de Springboard.
00:17Alexandre Donavail, bonjour.
00:18Et bienvenue, directeur général de la KEDGE Business School.
00:22Quelques mots rapides pour présenter Springboard.
00:25Eh bien, Springboard, c'est une société de conseils en gouvernance
00:27et qui accompagne les conseils d'administration et les équipes de direction générale
00:31pour qu'elles travaillent ensemble et principalement sur les sujets de capital humain,
00:35de RSE et de gouvernance.
00:37Et on va évidemment beaucoup parler de la formation des dirigeants
00:41à ces enjeux de durabilité et de responsabilité.
00:44La KEDGE Business School, présentez-nous cette école.
00:47Une grande école de commerce de management, relativement jeune puisqu'on a 12 ans,
00:50mais en fait beaucoup plus ancienne, 150 ans à Bordeaux et à Marseille.
00:54On accueille tous les ans 15 000 étudiants.
00:55On a 250 professeurs, enseignants, chercheurs qui accompagnent ces étudiants.
01:00Et nous sommes une école pionnière en matière de transition écologique et sociale
01:04puisque nous avions créé notre premier département RSE il y a maintenant près de 20 ans.
01:09Effectivement, il y a 20 ans, on en parlait beaucoup moins.
01:11Et en tout cas, cette émission et cette chaîne n'existaient pas.
01:14On va parler de cet enjeu de formation des dirigeants, des dirigeants actuels et futurs.
01:20Alors, c'est évidemment une préoccupation de l'Institut français des administrateurs.
01:25Il y a des programmes précis de formation sur la durabilité ?
01:28Ah oui, tout à fait.
01:29Alors, il y a plusieurs approches.
01:31D'abord, l'IFA forme à peu près un millier d'administrateurs chaque année.
01:34Et de différentes manières.
01:36Alors, il y a différentes modalités.
01:37Soit dans des certificats au plus long cours.
01:40C'est à peu près un quart des personnes qui sont formées avec un programme comme celui de Sciences Po et de l'IFA, par exemple.
01:45Où il y a tout un enseignement dédié à la durabilité.
01:49Mais aussi à travers des formations plus courtes, lesquelles moi d'ailleurs j'interviens.
01:52Et qui sont des formations soit qui mélangent des publics de différentes entreprises.
01:57Généralement sur un ou deux jours.
01:59Ou bien des formations qui vont être plus ciblées.
02:01Un conseil d'administration va faire appel à l'IFA pour avoir vraiment quelque chose de ciblé pour son équipe.
02:07Centré sur ses enjeux.
02:09Et c'est vraiment que sur la RSE, effectivement.
02:11Alexandre Donavail, c'est un module spécifique où finalement, aujourd'hui, les enjeux de durabilité, de responsabilité environnementale, sociétale,
02:20ils essaiment un peu partout dans une école comme la vôtre.
02:24Alors, c'est les deux.
02:25Il faut qu'il y ait un socle.
02:27Il faut qu'il y ait une vraie appropriation des sujets par tout le monde.
02:29On essaie de faire en sorte que tous les cours de Kedge abordent d'une façon ou d'une autre les sujets de transition écologique et sociétale.
02:37Aujourd'hui, par exemple, le programme grande école, qui est un peu le bateau amiral de l'école, 80% des cours abordent ces sujets-là.
02:43Et c'est les deux parce qu'on a aussi des modules très spécifiques.
02:46Donc, on a des masters spécialisés.
02:47Master spécialisé en finance durable, par exemple.
02:49Master spécialisé sur la transformation des business pour la durabilité.
02:53Et puis, on a des cours très spécifiques de macroéconomie écologique, par exemple.
02:58Donc, on fait et de la spécialité et de l'essai-mâge partout.
03:01Avec cette étude de PWC, c'est une étude annuelle, celle de 2024, nous dit que 60% des managers français estiment que leur organisation disparaîtra d'ici 10 ans si leur modèle d'affaires n'évolue pas.
03:14C'est quand même un sacré défi pour vous de former des futurs managers à cette espèce de remise en question permanente, d'incertitude permanente.
03:23Et c'est ce que l'on souhaite, en fait. On souhaite que les jeunes qui sortent de cage, qui deviennent des managers et puis qui deviennent des directeurs de service et puis des directeurs de BU, soient des jeunes qui aient de l'impact et qui transforment.
03:34En fait, notre mission, c'est de faire en sorte qu'ils soient ceux qui bousculent les organisations dans lesquelles ils rentrent.
03:38Donc, on les motive même, par exemple, à rentrer chez Total, alors que ce n'est peut-être pas très naturel.
03:42Mais comment transformer le modèle de Total si on n'y fait pas rentrer ceux qui vont transformer le modèle de Total ?
03:47Et en fait, 50% des jeunes qui sortent de chez nous, dans leur premier job, il y a une fonction ou une mission sur les transitions écologiques et sociales.
03:56Est-ce qu'il y a cette certitude de l'incertitude ? Vous voyez ce que je veux dire ?
04:01Dans les formations et dans la demande, finalement, des administrateurs que vous formez.
04:05Alors, les administrateurs, on parle souvent du monde VUCA, vous savez, ce monde vraiment ambigu, volatile, où vraiment il faut être extrêmement adaptable et savoir remettre en question et prendre des décisions probablement plus rapides qu'avant.
04:16Ce que nous disent les administrateurs, d'une manière générale, et j'ai aussi, moi, une casquette d'administratrice, que je suis aussi dans des conseils d'administration, c'est que ça n'est pas simple.
04:24Et qu'en fait, ce qu'il faut, c'est prendre toute la mesure des enjeux.
04:28Il y a certes un socle réglementaire, vous parliez du socle tout à l'heure, mais en fait, ce qui est plus important, c'est la discussion qu'on va avoir avec le management.
04:35Diriger une entreprise aujourd'hui, ça a toujours été complexe, mais c'est encore plus complexe qu'avant.
04:40Et quand on est administrateur, on doit prendre la mesure de ces enjeux.
04:42Je vous pose cette question, parce qu'on est en plein backlash, en plein retour en arrière, en Europe, aux États-Unis.
04:49Et moi, j'ai le sentiment que la solidité du train ou du fleuve, c'est les entreprises qui la proposent.
04:59Mais quand même, je crois qu'il y a maintenant, si on prend les entreprises du SBF 120,
05:04il y a 90% des conseillers d'administration qui ont un comité RSE, est-ce qu'ils sont moins écoutés en ce moment, ou depuis quelques mois, ou pas ?
05:14Alors, je ne pense pas. Je ne pense pas.
05:16Je pense que tout le défi, en revanche, quand on est administrateur, il y a plusieurs réponses.
05:20Il ne faut pas qu'il y ait juste un ou deux administrateurs qui soient sachants sur les sujets de ESG, environnementaux, sociaux et gouvernance.
05:26Il faut vraiment qu'il y en ait une large part, donc se former.
05:29Deuxièmement, il ne faut pas qu'ils travaillent en silo, parce que c'est nécessaire.
05:33Et j'ai envie de vous dire, c'est beaucoup une question d'incarnation.
05:36C'est-à-dire que si vous avez des présidents ou des présidentes de conseils d'administration qui sont convaincus que ce sont des enjeux de pérennité,
05:43ils sauront accompagner le management sur les décisions complexes à prendre.
05:47Et on ne peut pas dire qu'il y a d'un côté la RSE et de l'autre côté le business.
05:51Ça n'est plus comme ça.
05:51Oui, mais vous voyez ce que je veux dire, parce que moi, ce qui me désole, je vais être très clair,
05:56c'est cette petite musique aussi, la mode RSE ou la mode ESG, elle est passée.
06:02Il y a des effets de mode, et c'est assez terrible.
06:04Et là, on est passé à la mode IA.
06:06Donc, on ignore la RSE, mais elle va revenir de toute façon, parce qu'il y a une réalité avec laquelle on fait face.
06:13Le mur des limites planétaires.
06:15Exactement.
06:16Et même quand on parle d'IA, à un moment, il y a les limites de l'IA aussi,
06:19parce que d'un point de vue environnemental, ce n'est pas forcément les solutions les plus pertinentes aujourd'hui.
06:24Donc, il faut qu'on arrive à continuer à former ces jeunes.
06:27Quand on aura formé des générations de jeunes, de toute façon, ce ne sera plus une question de mode,
06:31ce sera une réalité, et les entreprises s'adapteront aussi.
06:34Il y a les enjeux environnementaux, puis il y a les enjeux sociétaux.
06:37Je voudrais qu'on parle quand même, et il nous reste quelques minutes, de parité, Agnès Buromira,
06:43notamment des effets de la loi Copé-Zimmermann.
06:46Alors, la loi Copé-Zimmermann, c'est une loi qui, effectivement, a porté ses fruits.
06:49Quand on regarde en France, on a surtout des données sur les grosses capitalisations boursières,
06:55mais on a vu, en fait, que c'est allé au-delà.
06:57Aujourd'hui, les conseils d'administration regroupent à peu près 45-46% de femmes.
07:02Oui, on y est presque.
07:03Et la loi disait 40%, vous voyez, de représentation minimale pour chacun des deux sexes.
07:08Donc, ça, c'est fait.
07:09Le vrai enjeu maintenant, et ça occupe beaucoup les conseils d'administration d'ailleurs,
07:13c'est de travailler sur le niveau en dessous.
07:14Et le législateur, avec la loi Rixin, est venu dire qu'en 2026,
07:18les sociétés qui ont 1 000 salariés devront avoir 30% de représentation en féminine,
07:24parce qu'ils étaient souvent les femmes qui étaient sous-représentées dans les instances de direction,
07:28et qu'en 2029, ce sera 40%.
07:30Et là, on en est encore un peu loin ?
07:32Alors, on est un peu en dessous de 30%.
07:35Mais ce qui se passe, c'est qu'il faut travailler en profondeur,
07:38et c'est également un travail, on en parlait juste avant ce plateau,
07:41qui concerne les écoles, parce qu'il faut orienter les jeunes filles vers des études peut-être plus scientifiques,
07:47les conduire à faire partie de ce vivier qui sera identifié comme potentielle dirigeante.
07:52Et c'est vrai que si on a déjà été vers des activités plus d'opérations,
07:56ça permet davantage d'accéder à des responsabilités de direction.
08:00Donc, je pense, nous, nous sommes assez confiants.
08:02Ce que je peux vous dire, en tout cas, c'est qu'on progresse souvent sur ce que l'on mesure,
08:05et ce que l'on observe, c'est que la très très grande majorité, aujourd'hui, des sociétés fixent des objectifs RSE
08:10dans la rémunération de leurs dirigeants, et de plus en plus, ces enjeux de mixité sont présents.
08:15Est-ce que ce sont vraiment des enjeux que les diplômés regardent avant de choisir une entreprise ?
08:23Parce que j'ai quelques doutes, quand même.
08:26La parité, l'engagement environnemental, etc.
08:30L'engagement environnemental, certainement.
08:34En tout cas, les générations qui sortent des écoles aujourd'hui
08:38choisissent les entreprises, évidemment, pour leur salaire.
08:41Oui, on peut faire la liste de...
08:43Pour le lieu, pour l'intérêt du projet.
08:45Les conditions de travail, l'organisation du travail, etc.
08:48Le sujet de l'entreprise qui respecte, qui travaille, qui s'engage,
08:52aussi pour les sujets de RSE, c'est un vrai sujet.
08:55Je reviens juste une seconde sur la parité.
08:57C'est un énorme sujet pour les entreprises,
09:01c'est un énorme sujet pour nous, les écoles aussi.
09:03Je représente des écoles de management avec Kedge.
09:05Je ne parle même pas des écoles d'ingénieurs
09:07où le nombre de filles est beaucoup trop bas.
09:10On a 50% de jeunes filles.
09:1350% de garçons, 50% de jeunes filles.
09:15Donc, on est bien sur la parité en volume.
09:17À la sortie de l'école, avec le même diplôme,
09:20il y a 12% d'écart dans les salaires.
09:22Donc, on a une co-responsabilité entre l'école
09:24et la première entreprise qui les recrute.
09:26Nous, ce qu'on fait, ce qu'on essaie de faire,
09:28c'est justement de former ces jeunes filles
09:30à passer outre certaines barrières qu'elles ont,
09:33à casser des plafonds de verre,
09:35et à aller négocier des salaires,
09:37et à oser, parce que le vrai sujet, c'est celui-là.
09:39Mais 12% le premier jour de sa carrière,
09:43ça ne peut aller qu'en s'écartant.
09:44Donc, c'est un vrai drame.
09:46Effectivement, c'est assez déprimant,
09:47ce que vous venez de nous dire.
09:49Mais, évidemment, il y a des leviers à activer.
09:52Est-ce que, s'il y avait plus de femmes,
09:56effectivement, à des postes de direction,
09:57ou même, on parlait des conseils d'administration,
09:59il n'y a pas beaucoup de femmes qui président
10:00ces conseils d'administration, quand même.
10:02On est à la parité, mais si on monte au stade président,
10:05est-ce que vous pensez que ça changerait ?
10:07C'est-à-dire qu'à partir du moment où il y a des femmes
10:08qui dirigent, l'écart salarial se réduit,
10:11ou pas forcément ?
10:12Probablement, je pense que les jeunes femmes,
10:14les jeunes filles d'aujourd'hui,
10:16ont besoin de ce qu'on appelle des rôles modèles.
10:18Et je pense que vous avez davantage d'inspiration
10:22et vous serez plus encouragés si vous avez envie,
10:24si vous vous identifiez, en fait, à des personnes.
10:27Au-delà des rôles modèles, je pense qu'il faut quand même
10:29des programmes de mentorat dans les entreprises.
10:31Il faut aussi de l'entraide.
10:33Et puis, je pense que les femmes,
10:34l'arrivée plus massive, quand même,
10:36des femmes dans les conseils d'administration
10:37ont quand même fait bouger les lignes.
10:38Et est-ce qu'il faut pousser le curseur
10:40jusqu'à une forme de transparence salariale ?
10:42Pourquoi pas ?
10:43Pourquoi pas ?
10:44On publie déjà les rémunérations des dirigeants
10:47et des dirigeantes des sociétés cotées.
10:49Et on a des ratios d'équité,
10:50comme vous le savez sans doute.
10:51Donc, ça a déjà quand même suscité
10:52des débats intéressants.
10:53On est un pays assez latin dans ces cultures.
10:55Néanmoins, finalement, quand on cherche,
10:56on trouve beaucoup d'informations déjà.
10:59Mais si vous permettez...
11:00Dernier mot, allez-y.
11:01Oui, je voudrais juste dire que, en fait,
11:02les jeunes générations, en fait,
11:04ont besoin d'être fiers de l'entreprise
11:06pour laquelle elles travaillent.
11:07Et je crois que les dirigeants l'ont bien compris.
11:09Il y a tout un tas de parties prenantes
11:10avec lesquelles on interagit.
11:12Et ces parties prenantes...
11:13Finalement, les administrateurs sont des gens normaux,
11:15ne sont pas des extraterrestres.
11:16Et ils savent bien qu'il y a des décisions,
11:18quand on dirige une entreprise,
11:19on est parfois seul.
11:20Et donc, il faut les aider, en fait,
11:22à passer le pas sur certaines décisions,
11:23parfois des décisions difficiles à prendre.
11:26Merci beaucoup à tous les deux
11:27et à bientôt sur Bismarck for Change.
11:29On passe à notre rubrique Startup, tout de suite.
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