Une fusillade à Nîmes fait 6 blessés sur fond de narcotrafic : «on se retrouve avec de la guérilla urbaine avec des armes de guerre» estime Axel Rondeestime

Europe 1

aujourd’hui

Catégorie

🗞

News

Transcription

Afficher la transcription complète de la vidéo

00:00Europe 1 Soir Weekend, 19h, 21h, Pascal de la Tour Dupin.

00:04Axel Ronde, ton parole du syndicat CFTC Police est avec nous dans ce studio.

00:07Bonsoir Axel Ronde, merci d'être là.

00:10Évidemment, je voulais vous entendre et on va réagir avec Véronique, avec Sarah également,

00:15à ces nouveaux tirs à la Kalachnikov.

00:20Moi, je n'en reviens toujours pas, j'ai l'impression que vous revenez très souvent, Axel Ronde.

00:23Malheureusement, oui.

00:25Malheureusement.

00:25Et je craque.

00:26Il y a 19h15 à Nîmes, pardon, 19h15, ce n'est pas 2h du matin,

00:30non, c'est 19h15 à Nîmes, de Val-de-Gour, à l'ouest de la ville.

00:35Une fusillade, alarme de guerre, non mais des tirs de Kalachnikov, mais c'est...

00:39On en est...

00:40Oui, mais à Nîmes, j'ai répertorié, je parlais du quartier de Pisevin parce qu'on en parle beaucoup

00:45et j'ai regardé août 2023, mort tragique d'un enfant de 10 ans.

00:48Un enfant de 10 ans tué par balle dans le véhicule de son long, visé par un commando armé.

00:52Août 2023, c'était un jour d'intervalle d'ailleurs, c'était 22 août, 24 août,

00:57on va parler de ce qui s'est passé hier soir.

00:58Meurtre d'un jeune homme de 18 ans, non mais c'est pour dire que dans ce quartier-là,

01:01là c'était en 2023, c'est souvent effréquent.

01:03C'est le quartier de Val-de-Gour.

01:05Mais c'est pas très loin, nous dit Axel Ronde, donc c'est effréquent.

01:07Alors j'explique quand même aux auditeurs, ce qu'il s'est passé, trois personnes qui

01:13venaient du quartier de Pisevin, c'est celui que vous évoquiez, ont ouvert le feu avant

01:18de s'enfuir à bord de deux véhicules, il y a plusieurs blessés et ce soir, il y a

01:22six jeunes âgés de 15 à 20 ans, 15 à 20 ans qui sont toujours hospitalisés, dont

01:26deux dans un état grave, les auteurs sont en fuite, une enquête est ouverte.

01:31Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? Est-ce que c'est un règlement de compte

01:34classique, Axel Ronde, de quoi parle-t-on ? Mais c'est certainement un règlement de

01:38compte sous fond de trafic de stupéfiants, malheureusement on le sait très bien, d'ailleurs

01:42on craint un été meurtrier. Pourquoi l'été particulièrement, Axel Ronde ?

01:46L'été, il fait chaud, les gens sortent, finalement les personnes aussi consomment plus

01:52de stupéfiants, on ne va pas se mentir, donc il y a un marché à récupérer, un marché

01:57à prendre et on voit un véritable commando s'est déplacé à tirer en rafale à la

02:02Kalachnikov, dans les rues de Nîmes, en pleine soirée, en début de soirée, ils ont

02:10tiré un petit peu comme cela, il y a donc six blessés et dont deux dans un état assez

02:15critique. Voilà où on en est actuellement en 2025, dans nos rues, vous avez des jeunes

02:21qui s'entretuent à coups de Kalachnikov, mais pendant ce temps-là, vous avez le conseil

02:26d'État, le conseil constitutionnel qui finalement censure une loi qu'avait proposée

02:34Gabriel Attal pour renforcer les sanctions sur les mineurs.

02:40Mais je sais, on en a parlé, c'est incroyable parce qu'on est toujours sur la formule des

02:44mineurs de 1945, on n'a pas grand chose à voir que des mineurs d'aujourd'hui.

02:46Non, l'ordonnance de 1945 a été, on se basse plus là-dessus, une extension, il y a

02:51le code de justice pénale des mineurs de 2021, sauf qu'il reprend, et là vous avez

02:54raison, la philosophie de l'ordonnance de 1945 qui est basée non pas sur la répression

02:58et la sanction, mais sur l'éducation.

03:00Non mais enfin, les enfants de 1945, c'est qui ? C'est nos parents, nos grands-parents,

03:04enfin c'était pas exactement les mêmes mayonnaises.

03:05Ça n'avait rien à voir, en tout cas ils n'avaient pas des Kalachnikovs dans les mains

03:07ni des armes de guerre, c'est ça.

03:08Des Kalachnikovs, pardon, mais excusez-moi, mais que fait...

03:10Non mais j'ai envie de vous poser la question, j'en perds votre oreille.

03:12De toute façon, j'en perds mon oreille. Que fait-on en cas de tir de Kalachnikov ? Comment

03:16il faut se comporter ?

03:17Il faut essayer de se cacher, essayer de se mettre à l'abri, descendant, surtout

03:23pas courir, essayer de se mettre à terre, c'est la première chose qu'il faut mettre.

03:26S'allonger au sol ?

03:27S'allonger au sol, essayer de trouver un abri, que ce soit un muret, que ce soit au niveau

03:31d'un véhicule, il faut se mettre au niveau du train moteur avant, parce qu'il y a le moteur

03:37et ça permet effectivement d'arrêter, essayer d'arrêter certaines cartouches qui arrivent

03:41en fin de parcours, au niveau des pneumatiques, plus de vent, parce qu'en plus derrière

03:47est plutôt le réservoir d'essence. Donc il faut prendre en compte maintenant cela,

03:51oui, il faut avoir des bons réflexes, essayer de se mettre à l'abri, donc de trouver un

03:56abri bas et de s'y cacher, parce que vous avez des tirs comme ça en rafale qui partent,

04:02c'est à peu près 30 cartouches dans un chargeur qui peuvent partir en 5 à 10 secondes.

04:07Donc vous avez...

04:08Non mais c'est très... Non mais vous vous rendez compte, chers auditeurs d'Europe 1.

04:10Et où on se les procure ?

04:1130 cartouches en 5 à 10 secondes.

04:13Oui, alors ça c'est un marché parallèle.

04:14C'est une mafia, c'est la mafia qui récupère tous ces types d'armements qui ont été

04:20distribués en Ukraine, puisque l'Ukraine a été armée pour se défendre, mais malheureusement

04:27les différentes mafias captent cet armement et les revendent dans les cités, dans les

04:32banlieues, et on les retrouve dans les mains des gamins. Donc de plus en plus de perquisitions

04:37et d'opérations de police qu'elles ont lieu, on retrouve énormément de quantités

04:41d'armes de guerre. C'est extrêmement inquiétant parce que ces armes, on le sait très bien,

04:46vont se retourner aussi contre les fonctionnaires de police. Et nous on alerte sur ce danger

04:50parce que malheureusement on risque d'être pris pour cible. Il va falloir qu'on y réponde

04:55aussi avec des armes équivalentes. Donc il va falloir penser, repenser aussi les process

05:00d'intervention pour les policiers parce qu'on va se retrouver avec ces jeunes qui vont

05:04nous tirer dessus et en plus ils ne les maîtrisent absolument pas.

05:07Petite comparaison, les policiers qui ont affaire à ces gamins, qui sont envoyés dans les

05:10quartiers qui sont armés de Kalachnikov, vous avez quoi comme armement pour vous défendre

05:15et de répondre à ces armes de guerre ?

05:17Alors une patrouille lambda de police secours en général n'a pas forcément d'armes

05:21longues. Ils auront soit une arme de poing, un six-soeur, ils peuvent être équipés

05:26d'une arme intermédiaire.

05:29Mais ça c'est combien de cartouches à la seconde ? Enfin je veux dire c'est incomparable.

05:31C'est pas incomparable. Après on en a les BAC, les brigades anticriminalités, les compagnies

05:35interventions, les CRS ont le G36, c'est à peu près, c'est une arme, un HK G36 c'est

05:41à peu près le même type de munitions qu'une Kalachnikov, on est en 765, de munitions.

05:47Donc on est, oui on peut répondre mais au-delà il faut aussi avoir des gilets lourds, des

05:53casques pare-balles, un véhicule pourquoi pas pare-balles aussi si on est attaqué.

05:58Donc vous savez, ça va extrêmement vite quand vous êtes pris sous un feu nourri, on voit

06:04ça dans les zones de guerre. Donc il va falloir, c'est l'armée normalement qui s'occupe

06:08de cela, c'est plus une question de police. Donc on se retrouve avec de la guérilla, de

06:13la guérilla urbaine avec des armes de guerre entre les mains de ces gamins qui les utilisent

06:17absolument n'importe comment.

06:19Oui, Véronique Chacquier.

06:20Oui, on est tous d'accord sur le constat, sur le diagnostic. Malheureusement, il y a

06:26cette fusillade et il y en aura d'autres. Parce que la réponse, me semble-t-il, elle

06:30n'est pas adaptée, elle ne consomme pas le surarmement des policiers, parce qu'on

06:34en arrive à quelque chose d'inouï qui a trait à la place de l'armée. Et l'armée

06:40d'ailleurs ne veut pas tenir ce rôle. L'armée dit, mais nous les soldats nous avons fait

06:44une guerre sur des opérations ou sur des théâtres extérieurs, mais pas intérieurs.

06:49Voilà, donc ça ne nous regarde pas, on n'en est pas encore là. En revanche, moi j'attends

06:52quand même toujours de la part de tous nos politiques la vraie réponse qui me semble-t-il,

06:57on l'avait déjà évoqué sur ce plateau sur Europe 1, qui est l'instauration d'un

07:01état d'urgence sécuritaire. Vous prenez par exemple le quartier de Picevin, vous

07:05dites, je décrète l'état d'urgence sécuritaire, cache d'escalier par cache d'escalier, je

07:10reprends possession du territoire, je vais dans les caves, je prends toutes les armes,

07:15tous les armements, je montre quand même à une population qui est de toute façon

07:19hostile à la République française et à la France en règle générale, que vous reprenez

07:23le contrôle, le contrôle du territoire. Et croyez-moi que tous les narcotrafiquants,

07:28vous faites ça dans le quartier de Picevin, vous faites ça dans deux autres quartiers

07:32emblématiques gangrénés par le trafic de drogue, ils vont se passer le mot, ils vont

07:37comprendre que quelque chose change en France et qu'il y a un patron quand même à la tête

07:41du pays, si j'ose dire, et à la tête du paquebot France. Évidemment, pourquoi personne

07:45ne choisit pour l'instant cette réponse politique ? Parce qu'elle est politique avant tout,

07:49parce qu'on a peur qu'il y ait des morts. On l'a fait mais aussi pendant les attentats,

07:55il y a eu des perquisitions administratives, on a décrété l'état d'urgence, on peut

07:58effectivement faire cela. L'état d'urgence a été déployé en 2015, l'état d'urgence

08:02a été déployé pendant les émeutes de 2005, l'état d'urgence a été déployé

08:06pendant la crise en Nouvelle-Calédonie, fin 2024, et on peut tout à fait le faire

08:12au plan local, vous êtes obligés de déployer l'état d'urgence au niveau national.

08:15C'est une décision qui est prise au plus haut niveau de l'état, bien entendu.

08:20Ça peut durer 12 jours et ensuite il faut qu'il y ait un vote du Parlement pour que

08:23ce soit validé dans la durée. Mais moi je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas

08:27ce genre de test. Alors si, on sait pourquoi. Parce que finalement, nos politiques, je dis

08:32non en règle générale, manquent de courage et surtout, surtout, je n'incrémine pas du

08:36tout le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, mais il lui faudrait une majorité.

08:40Parce que sinon il va se faire attaquer de tous les côtés.

08:42Donc en fait, pendant deux ans, ce qui est désespérant, c'est qu'on a le sentiment

08:45que rien ne pourra se passer.

08:47Non mais ce que vous dites, sur le principe, je suis d'accord avec vous, ce serait positif

08:5012 jours, etc. C'est prévu dans la Constitution, mais dans les faits, on l'a vu avec Place

08:53Net, ils vont le faire, ils vont partir du quartier, il n'y aura aucun problème,

08:56mais ils vont se mettre dans un autre.

08:57Donc en fait, soit...

08:58Non mais ce n'est pas, ils vont partir du quartier, c'est de toute façon, il faut leur se donner

09:00le... Non, non, d'abord, vous les désarmer, mais non, mais d'abord, vous les désarmer,

09:04vous faites les cas, vous les enlevez des...

09:07Vous pourriez avoir raison, mais ils ont tellement de trains d'avance, ils télécommandent

09:13ça parfois de l'étranger.

09:14Je pense qu'il y a pas tant de trains d'avance que je vous assure que ça, sauf qu'il faut

09:16aussi faire comme on a fait au Danemark, c'est-à-dire rentrer dans une logique de casser

09:20les ghettos.

09:21Voilà, ça oui.

Recommandations