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  • il y a 2 mois
Samedi 21 juin 2025, retrouvez Maya Atig (Directrice générale, FBF) et Aline Aubertin (Présidente, Association Femmes ingénieures) dans SMART WOMEN, une émission présentée par Marie-Claire Capobianco.

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Transcription
00:00Bonjour, bienvenue dans Smart Woman, l'émission qui donne le pouvoir aux femmes.
00:09Alors vous le savez, chaque mois je reçois des personnalités qui partagent ma conviction que les femmes doivent prendre leur juste place,
00:17c'est-à-dire bien sûr la moitié de la place, dans toutes les sphères de pouvoir économique, politique, médiatique,
00:23sans oublier un domaine tout à fait essentiel qui est celui du scientifique avec notamment l'enjeu de la tech et de l'IA,
00:33l'intelligence artificielle dont on parle bien sûr beaucoup actuellement.
00:37Alors tout cela c'est assez évident, c'est assez clair parce que quand on voit les défis auxquels notre société est aujourd'hui confrontée,
00:46encore plus qu'hier, il est évident qu'il faut que toutes les forces vives soient au service, en action,
00:51et que par conséquent il y ait davantage de femmes en responsabilité, c'est une question d'équilibre,
00:58mais c'est aussi une question et surtout peut-être une question de performance, performance économique, performance capacité de progrès.
01:06Voilà, donc aujourd'hui pour en parler je vais avoir deux invités, et non pas trois parce que la dirigeante dont je fais généralement le portrait
01:15est aujourd'hui un sujet qui fait qu'elle ne sera pas là, mais donc je vais avoir le plaisir d'accueillir tout d'abord Aline Aubertin,
01:22Aline Aubertin qui est la directrice de l'ISEP, l'ISEP est une école d'ingénieurs,
01:29et qui est également présidente d'honneur de l'association Femmes Ingénieurs.
01:33Voilà, donc elle va nous parler bien sûr de son combat, notamment pour avoir plus de filles dans les filières scientifiques,
01:41et ensuite je recevrai Maya Hattie qui est la directrice générale de la Fédération des banques françaises,
01:47et qui a donc un poste assez idéal d'observation sur la position, la place des femmes dans le monde à la fois financier,
01:54mais également dans le monde entrepreneurial, et puis plus globalement dans la relation finalement des femmes avec l'argent.
02:01Voilà, voilà le programme du jour, donc tout de suite Aline Aubertin.
02:10Bonjour Aline Aubertin.
02:11Bonjour.
02:12Bienvenue sur le plateau de Smart Women, Aline.
02:16Donc vous êtes venue pour faire la promotion active de la place des filles dans les filières scientifiques.
02:22Alors vous êtes vous-même ingénieur, vous dirigez une école d'ingénieurs du numérique, l'ISEP,
02:29et vous êtes également présidente d'honneur, je le disais en introduction, de l'association Femmes Ingénieurs.
02:34Bon, donc c'est un sujet que vous connaissez parfaitement, donc on va pouvoir en parler,
02:39et on est d'accord pour dire que la filière globalement, à la fois scientifique, mais ingénieurs en particulier,
02:46au sens large, manque cruellement de filles.
02:48Bon, donc on va développer tout ça.
02:50Mais dites-nous d'abord l'association Femmes Ingénieurs, de quoi s'agit-il, que fait-elle ?
02:55Alors c'est une association qui existe pratiquement depuis que les femmes peuvent être ingénieurs,
03:01depuis que les écoles sont ouvertes aux filles.
03:03Donc nous avons la conviction que la mixité hommes-femmes est vraiment une richesse
03:09et un atout de compétitivité pour les entreprises,
03:12ce qui nous amène à travailler dans quatre volets.
03:14Le premier volet, c'est la promotion des métiers d'ingénieurs auprès des filles
03:18dans le monde de l'éducation et auprès des encadrants également d'ailleurs.
03:22Le deuxième volet, c'est la promotion des ingénieurs dans le monde du travail
03:26et dans la société en général, pour les aider à briser le plafond de verre,
03:31mais aussi parce que c'est parce que les ingénieurs seront visites dans la société
03:34que des petites filles ou des moins petites auront envie d'aller dans ce domaine-là.
03:39Un troisième volet qui est faire en sorte que les ingénieurs accèdent
03:43au mandat d'administratrice dans les conseils d'administration,
03:45parce que la problématique, elle doit être traitée à tous les niveaux de l'entreprise.
03:48Et quatrième volet, on est à un think tank,
03:51donc aux côtés des pouvoirs publics, pour les alimenter et discuter avec eux de ces sujets.
03:56Voilà les quatre volets de la saison de termes ingénieurs.
03:58Quatre volets importants.
04:00Ce volet, j'avais d'ailleurs été interpellée, entre guillemets,
04:04par ce volet du conseil d'administration que je trouve très intéressant et original,
04:07parce que finalement on en parle assez peu.
04:09Et qu'est-ce qui vous a amené ?
04:11Je suppose que c'est vous, ou c'est l'association qui en a eu.
04:13Oui, c'est à l'époque où j'étais présidente et l'UOE.
04:15D'ailleurs, on a commencé à trahir le sujet.
04:17C'est la loi pour la part.
04:19Oui, bien sûr.
04:20Et comment vous développez l'argument pour convaincre justement des entreprises de faire ce choix,
04:27au-delà de la loi qui maintenant l'impose, bien évidemment.
04:30Mais qu'est-ce que vous avez développé comme argument pour que justement,
04:33il y ait davantage de femmes ingénieures,
04:35parce que la loi, elle prévoit des femmes, mais pas des femmes ingénieures.
04:38Pourquoi les femmes ingénieures apporteront ou apportent davantage dans les conseils d'administration ?
04:43En fait, on a fait toute une analyse de, on va dire, des compétences et des aptitudes un peu particulières et, on va dire, précieuses
04:51que peuvent apporter les ingénieurs au conseil d'administration.
04:55Ce serait d'ailleurs valable pour les hommes également, soyons justes.
04:58Et moi, personnellement, j'ai passé un certain temps à interviewer soit des présidents du conseil d'administration,
05:04soit des administratrices, pour essayer de comprendre ce qu'il y avait un peu de spécifique.
05:08Et ces spécificités, finalement, elles sont dans trois directions.
05:11La première, c'est que les ingénieurs ont des compétences qui sont utiles à l'entreprise elles-mêmes.
05:16Elles ont généralement des compétences métiers et elles en ont généralement plusieurs,
05:20parce que les ingénieurs, une des spécificités, c'est que les ingénieurs changent plusieurs fois de métier dans leur carrière.
05:25Des compétences sectorielles, là aussi, généralement, il y en a eu plusieurs.
05:29Et puis, des compétences techniques qui sont transférables d'un secteur à l'autre.
05:32Une vraie capacité d'analyse technique et systémique qui permet d'appréhender des enjeux industriels, technologiques, numériques,
05:39et qui sont vraiment aujourd'hui au cœur de la stratégie des entreprises.
05:42Donc, voilà pour les apports à l'entreprise elle-même.
05:45Puis, des aptitudes et une expérience qui sont intéressantes pour le fonctionnement opérationnel du conseil d'administration lui-même.
05:53D'abord, une lecture fine des risques, des investissements, de l'innovation, des transformations qui sont nécessaires.
05:58Une capacité à enrichir les débats stratégiques avec une vision qui est toujours concrète, prospective et souvent orientée solution.
06:06Et là, vous retrouvez finalement la capacité de questionnement, la démarche scientifique et également cette capacité à avancer par test erreur et à tester des choses.
06:16Et puis, le dernier volet, c'est que généralement, ce qu'elle apporte est intéressant en termes de RSE et intéressant pour l'actionnaire.
06:22D'abord, c'est une diversité de regards, une prise en compte des enjeux sociétaux, au moment où c'est crucial pour les entreprises.
06:31Une vision systémique, rigoureuse, qui est ancrée dans les enjeux technologiques.
06:35Bref, elles ont l'habitude de se poser les bonnes questions sur les usages, les risques éthiques.
06:40Et vous parliez tout à l'heure d'intelligence artificielle au cœur des travaux des ingénieurs.
06:45Ce que vous dites, à la fois, paraît très évident et malheureusement, pour autant, ce n'est pas une réalité.
06:52Alors justement, pourquoi finalement, comment on caractérise le fait que les filles aient de moins, enfin il y en a moins qu'avant,
06:59donc déjà il n'y en avait pas assez, mais il y en a moins qu'avant.
07:01Donc pourquoi a-t-on cette difficulté à orienter, à tirer les filles vers les métiers d'ingénieurs ?
07:07Alors oui, il y en a légèrement moins qu'avant. On était arrivés péniblement les dix dernières années en croissant tout doucement à 30%.
07:15Et là, c'est en chute. C'est en chute depuis la mise en œuvre de la réforme Blancaire, la réforme du bac,
07:20qui demande aux filles, et aux garçons aussi d'ailleurs, de choisir leur spécialité très tôt.
07:25À un moment donné où les stéréotypes sont très ancrés dans les têtes, où les filles, enfin comment dire, s'identifient vraiment au genre, au genre fille.
07:32Et quand on est une vraie fille, en fin de seconde ou en troisième, on ne fait pas des sciences et on ne fait pas des maths.
07:38Ça, c'est pour les garçons. Vraiment, ça ne nous aide pas.
07:41Il y a 50% des filles aujourd'hui qui ne font plus de maths en terminale. Il y a 30% de garçons.
07:47L'écart est important.
07:48Et il y en avait 15% avant la réforme du bac, donc c'est un point important.
07:52Et ça a été aussi immédiat, parce que cette réforme, ça a été immédiat.
07:57Dès que les filles ont eu le choix, ça veut dire quand même que l'orientation a été également mal faite,
08:02puisque les parents, le milieu professionnel, éducation, etc. ne les orientent plus.
08:08D'un coup, d'un seul, on a arrêté de les pousser à aller...
08:11Exactement. En fait, la filière S était la filière d'excellence.
08:16Donc les filles, y compris quand elles n'avaient pas forcément une appétence évidente vers les sciences,
08:20allaient dans cette filière-là. Et on avait deux ans de plus jusqu'au baccalauréat,
08:25là où elles sont finalement plus ouvertes, elles ont avancé dans leur réflexion,
08:28pour les convaincre. Et ces deux années étaient cruciales. Là, on les a complètement perdues.
08:32Et pire, les élèves qui ne font pas de sciences, souvent arrêtent complètement les maths.
08:37Je pense par exemple à la filière sciences éco.
08:40Alizé, vous en parliez tout à l'heure, nous on prend des élèves qui ont fait maths et sciences éco,
08:44et on utilise le parallèle de l'analyse systémique des sciences éco pour les ramener au numérique.
08:50Eh bien, il n'y en a plus.
08:50Des élèves qui font maths et sciences éco, il n'y en a plus.
08:52C'est la majeure partie des élèves qui vont dans cette direction de sciences éco à bonhomme des maths.
08:56Au passage, ça crée aussi des drames d'orientation avec des combinaisons de matières
09:01qui rendent l'enquête de façon extrêmement difficile.
09:04Oui, bien sûr. Mais alors, bon, alors ça c'est...
09:07Il y a sans doute aussi le fait qu'elles ne font pas le lien entre ces études et les capacités de métier.
09:14Et vous me disiez, quand on a discuté ensemble auparavant,
09:16que finalement, les ingénieurs, c'était plusieurs métiers.
09:20Absolument.
09:20Alors comment, bon, finalement, face à tout ça, votre rêve absolu là,
09:25pour changer la donne et pour à la fois les attirer et à la fois accélérer l'attraction ?
09:32Alors j'ai deux grands rêves absolus, j'ai rêvé d'énormes moyens.
09:36Le premier, c'est que je rêverais soit d'une série télévisée, soit d'une grande campagne télévisée,
09:40un peu comme à suivre l'artisanat ou comme c'est le faire l'armée,
09:43pour donner à voir la diversité des métiers.
09:46Souvent, comme vous venez de le dire, les ingénieurs, on ne les voit pas dans la vie de tous les jours,
09:49donc les ingénieurs, les filles ne se projettent pas vers ces métiers, c'est mon premier rêve.
09:53Et le deuxième rêve, peut-être plus accessible, plus pragmatique,
09:57ça serait d'avoir des bourses spécifiques pour les filles,
10:01pour qu'au moins l'argent et la capacité financière ne soient pas un frein.
10:05C'est quand même des études qui durent 5 ans, donc pour ça, ça peut être un peu difficile.
10:08Donc plutôt que des quotas, qui à mon sens ne fonctionneraient pas parce qu'il n'y a pas de vivier,
10:12j'aimerais qu'on puisse proposer des bourses spécifiques pour les filles,
10:17qu'on verrait un signal fort sur l'enjeu de notre pays,
10:21qui a besoin de plus d'ingénieurs, vous le disiez en introduction,
10:24qu'ils soient filles ou garçons, notre pays a besoin de plus d'ingénieurs
10:28et c'est parmi les filles qu'il y a encore un vivier, si je puis dire, inexploité.
10:32On peut en convaincre quelques-uns de plus,
10:36mais il y en a déjà beaucoup qui vont dans cette direction-là, donc ça ne suffira pas.
10:39Oui, bien sûr, mais c'est de l'argent.
10:43La question, c'est de savoir s'il n'y a pas d'autres moyens,
10:45parce que comme vous dites, c'est des rêves,
10:47bon, ça coûte, sur les temps, ce n'est pas forcément très, très, très, très onéreux,
10:51mais néanmoins, c'est de l'argent.
10:53Mais en dehors des sujets financiers, après, c'est de la communication,
10:58après, c'est de leur expliquer, etc.
11:00Je pense qu'on pourrait aussi former, ça, ça coûterait peut-être un peu moins,
11:03modifier la manière dont vous forment les enseignants,
11:07qui sont vecteurs de stéréotypes,
11:09et comme tout un chacun, il n'y a pas de raison qu'ils en soient exempts,
11:12et donc les sensibiliser aux stéréotypes dont ils sont porteurs,
11:15comme l'ensemble de notre société,
11:17pour qu'ils fassent attention à leur discours,
11:19et qu'ils aient un discours spécifique aussi,
11:21serait également très utile.
11:22Il y a pas mal d'actions qui sont menées par des associations,
11:25notamment, qui, effectivement, cherchent à pousser ce discours
11:29de la diversité des métiers,
11:30et donc de l'intérêt qu'elles peuvent y trouver.
11:33Donc, bon, bon.
11:33Donc, enfin, encore du travail.
11:35Alors, de toute façon, ça tombe bien,
11:36parce qu'après vous, je vais recevoir Maya Hattie,
11:39qui, elle, est la directrice générale de la Fédération des banques françaises,
11:42et vous savez que les banques consomment beaucoup d'ingénieurs.
11:45Alors, moi, je le sais, mais qui le sait,
11:47on va dire, dans le grand public ?
11:49Excellent exemple.
11:49Qui sait que les banques sont...
11:51Je vais nous poser la question.
11:53Oui, bien sûr.
11:54Donc, forcément.
11:55Bon, on va faire le lien et la transition comme ça.
11:58En tout cas, écoutez, j'espère qu'on va voir
12:00des résultats se produire, accélérer malgré tout,
12:04parce que, bon, on en parle quand même beaucoup.
12:05Il y a une prise de conscience.
12:07Donc, j'espère que ça puisse produire des effets réels et concrets.
12:10Merci beaucoup, Aline.
12:11Avec plaisir.
12:11Merci de ce témoignage.
12:12Avec plaisir.
12:13Bonjour, Maïa Lattig.
12:19Bonjour, Marie-Glard Capone.
12:20Merci de votre présence dans cette émission.
12:23Donc, on parle de la juste place des femmes.
12:26Je l'ai dit en introduction, la juste place, c'est-à-dire normalement la moitié,
12:28parce que c'est la moitié de l'humanité.
12:30Bon, alors, juste avant vous, je recevais Aline Aubertin, qui dirige une école d'ingénieurs
12:36et qui a une association, qui préside une association Femmes Ingénieurs.
12:40Et, vous n'avez pas entendu ce qu'elle disait, mais elle disait justement que,
12:43je lui disais que le monde de la banque consommait beaucoup d'ingénieurs.
12:47C'est vrai.
12:48Elle me disait, et c'était assez pertinent, elle me disait, oui, d'accord, mais qui
12:51le sait ? Alors, je pose la question à la directrice générale de la Fédération
12:56des banques françaises.
12:57Qui sait, au niveau des jeunes, bien sûr, des jeunes filles et du milieu enseignant,
13:02etc., qui sait que la banque est un gros consommateur, dans le bon sens du terme, d'ingénieurs ?
13:08Alors, je pense qu'il y a beaucoup de clichés.
13:11L'un des clichés, c'est effectivement que les métiers de la banque sont des métiers
13:15d'hommes, mais aussi que, sur les marchés, ce sont des métiers scientifiques, des métiers
13:19de mathématiciens.
13:20Donc, en fait, l'image, probablement, c'est que les banques recrutent des commerciaux
13:25et des ingénieurs, sur eux.
13:27Or, la réalité est beaucoup plus variée, puisque les banques recrutent dans tous les
13:33métiers, c'est 40 000 recrutements par an, à tous les âges, à tous les âges, puisqu'il
13:38y a des rotations d'un métier à l'autre.
13:40Et puis, les femmes représentent aujourd'hui plus de la moitié des effectifs et la moitié
13:44des cadres.
13:45Et ça, ça a bougé très vite.
13:46Ça, c'est vrai.
13:47Mais justement, alors, bon, alors, donc, en revenir, vous êtes, vous dirigez, vous êtes
13:52la directrice générale de la Fédération des banques françaises.
13:54Oui.
13:55Un point d'observation absolument idéal sur l'ensemble de l'industrie financière.
14:00Donc, justement, et puis vous la connaissez depuis longtemps par même vos fonctions antérieures.
14:04Donc, comment vous regardez l'évolution, la place des femmes, donc à tous les niveaux,
14:09et donc à tous les niveaux, ça suppose également aux plus hauts niveaux.
14:12Et comment vous voyez cette évolution ?
14:14Alors, je dirais que l'évolution a été rapide.
14:17Elle a été portée par le haut.
14:19On dit souvent dans toutes les questions de féminisation, de mixité, que c'est important
14:24que le management soit convaincu.
14:26Et en fait, moi, j'ai quelques éléments qui est que dès le début des années 2000,
14:31donc effectivement tard dans l'histoire de la banque, mais tôt dans l'histoire des
14:35métiers et des branches, il y a eu des accords sur la mixité et l'égalité professionnelle.
14:40La branche des banques a été la première à signer un accord de mixité en 2006,
14:46après des principes de non-discrimination déjà posés dans les années 2000.
14:50Donc, je dirais que, et ça, ça n'était possible que s'il y avait la volonté des dirigeants.
14:56Ensuite, effectivement, un certain nombre d'efforts ont été accomplis aussi en faisant
15:01attention dans les promotions, etc., mais en partant d'assez bas pour les femmes cadres,
15:06puisqu'elles représentaient moins de 40 % en 2010, et en fait, aujourd'hui, elles
15:11représentent 50 %. Donc, en fait, la croissance du nombre de femmes parmi les cadres a été
15:16importante, sachant que parmi l'ensemble de l'effectif et dans les fonctions non-cadres,
15:21les femmes sont très majoritaires, quasiment deux tiers de femmes, ce qui est considérable.
15:26Mais justement, l'enjeu aujourd'hui, c'est que chez les femmes dirigeantes, donc cadres
15:31très supérieures, on passe au-dessus du seuil de 25 %, 25-30 %, qui est celui de, non pas
15:39de la loi Rixin d'ailleurs, puisqu'il était déjà atteint avant que la loi Rixin ne soit
15:43adoptée, mais comment on fait pour aller plus loin s'agissant des dirigeantes, et que
15:47cette mixité reflète celle des clients.
15:49Tout à fait.
15:49Alors, pourquoi justement faut-il, d'après vous, qu'il y ait ce miroir entre la société
15:55et la banque en général ?
15:57Alors, je dirais, finalement, vous, vous dites la juste place des femmes, moi, j'aimerais
16:02en fait que cette question soit posée à l'inverse, pourquoi dans certains métiers,
16:06dans certaines entreprises, c'est le contraire ? En fait, il faudrait que la nécessité de
16:09justifier change de camp, ça c'est quand même un point.
16:13Ensuite, dans les métiers de service, quand on rend service tous les jours à des ménages,
16:17à des entreprises, les banques, tous les jours, elles accordent des crédits, tous les
16:21jours, elles ouvrent des comptes, elles traitent des opérations, des paiements, on le fait
16:24auprès des hommes et des femmes de façon indifférenciée.
16:27Donc, c'est extrêmement important que les salariés reflètent cette diversité de clients
16:32parce que, tout simplement, il y a un effet miroir qui est extrêmement important.
16:36Oui, bien sûr.
16:37Alors, moi, je parle juste de la place des femmes dans les sphères de pouvoir.
16:40Absolument.
16:41Alors, j'insiste là-dessus, non pas par volonté de pouvoir systématique, mais parce qu'effectivement,
16:47c'est parce qu'on est dans les sphères de pouvoir que ça peut infuser davantage.
16:50Absolument.
16:51D'ailleurs, c'est ce que vous disiez en parlant de commencer par le haut.
16:54Et c'est vrai que le monde de la banque a été beaucoup plus égalitaire au sens d'avoir,
17:01en termes de mixité, un meilleur équilibre depuis très longtemps.
17:06Après, il y a une question de l'ambition des femmes au sein du monde financier, enfin
17:11comme partout, mais en l'occurrence, le monde financier.
17:14Et puis, il y a les role models.
17:16Donc, ça, c'est un point important.
17:17D'ailleurs, vous êtes un role model.
17:18Ah non, non, c'est vous, Marie-Père, la première de tous les role models.
17:22Non, non, il y a, je pense, effectivement, il y a un monde extrêmement masculin jusqu'aux
17:28années 2000-2010, y compris dans les sphères de pouvoir.
17:32Aujourd'hui, effectivement, les dirigeants des très grands groupes sont des hommes.
17:36Alors, je travaille avec eux tous les jours.
17:38Ce que je peux vous dire, c'est qu'ils sont extrêmement respectueux de ces questions
17:41de mixité.
17:42Je me fais parfois, justement, reprendre parce que pour une nomination, je ne propose
17:47pas de femmes, je ne propose que des hommes, etc.
17:49Donc, il y a régulièrement, je dirais qu'ils me rappellent que c'est un élément important
17:53pour eux.
17:54Et ils sont très conscients aussi qu'il faut regarder ça dans les détails.
17:57Par exemple, sur les questions d'accès aux différents postes, les questions de rémunération.
18:01Quand on revient au sujet des ingénieurs, c'est majeur.
18:05Pourquoi ? Parce qu'il y a peu de femmes ingénieurs, peu qui sont recrutées, même
18:09s'il y en a qui sortent des écoles.
18:11Et ensuite, progressivement, elles ne restent pas forcément, elles ne continuent pas forcément.
18:15Et donc, au moment de l'accès aux sphères, les cercles les plus limités du pouvoir,
18:20là, il y a beaucoup moins de femmes.
18:22Donc, il y a un enjeu très important à maintenir, finalement, cette motivation tout
18:27au long de la carrière, à compenser aussi le fait qu'il y ait moins de femmes au départ
18:31et à assurer des recrutements diversifiés.
18:33Ça, c'est majeur.
18:35Et puis, je dirais que dans la banque, la manière de tirer aussi vis-à-vis de l'extérieur,
18:40c'est, par exemple, à la Fédération bancaire, on fait beaucoup d'études.
18:43Non pas sur les femmes parmi nos effectifs, parce que ça, on le fait, je dirais, de manière
18:49spontanée, c'est nos obligations sociales aussi.
18:52Mais les femmes entrepreneurs, comment est-ce qu'on s'adresse à elles ? Est-ce qu'il
18:57y a des spécificités ? Est-ce qu'il y a des actions à mener ? Les sujets, bien
19:00sûr, de services rendus aux femmes.
19:02Le sujet des violences familiales, qui touchent beaucoup plus les femmes que les hommes, même
19:06si des hommes sont également victimes, et des enfants.
19:08Mais sur ces sujets-là, effectivement, je crois qu'il y a une attention du fait de
19:12la mixité.
19:13Ça peut être aussi bien des hommes que des femmes qui s'intéressent à ces sujets,
19:16mais parce qu'on est mixte, on arrive à s'intéresser à un champ de sujets beaucoup
19:21plus large que, finalement, du temps où les hommes étaient en train de vie.
19:24Le regard est plus équilibré, mais c'est simple.
19:26Pour revenir au sujet de l'entrepreneuriat que vous avez évoqué, qui est un sujet
19:29qui me tient à cœur, puis en plus, dans l'émission, c'est important, puisque j'interview
19:33généralement une dirigeante d'entreprise PME-ETI pour montrer qu'il en existe, d'une
19:39part, parce que ce n'est pas très connu, même si le pourcentage reste faible, puisqu'en
19:42fait, vous savez très bien que le pourcentage, en gros, évolue assez peu.
19:46Et que, quand on est dans le monde, non pas TPE, mais PME et ETI a fortiori, on est
19:53plutôt à 10-15% qu'à 30, comme on peut l'être, au sens global.
19:58Donc, justement, dans cette matière-là, bon, moi, je suis bien convaincu qu'il faut
20:01faire des choses différemment, enfin, du moins, avec une attention particulière.
20:04Et justement, qu'est-ce que vous observez aujourd'hui au niveau de l'ensemble des
20:06banques, donc pas des banques en particulier, mais qu'est-ce que vous observez, justement,
20:09dans l'attention portée à l'accompagnement, à l'accueil, puisqu'il y a eu des époques
20:15où on a, moi, j'ai connu le moment où on avait, justement, des questionnements
20:19différents pour faire du financement à des femmes chefs d'entreprise, qu'il y a
20:23des hommes.
20:24Bon, aujourd'hui, avec un petit peu de recul, comment vous trouvez que ça a évolué ?
20:29Qu'est-ce qu'on fait ? Comment ça se passe ?
20:30Alors, aujourd'hui, une banquière d'entreprise, un banquier d'entreprise sur deux est une
20:35banquière, donc beaucoup de femmes également parmi celles qui conseillent les entreprises.
20:41Alors, j'ai eu souvent l'occasion d'en parler.
20:43Ce n'est pas pour ça, effectivement, que des questions ne sont pas posées, mais
20:47en fait, la société bouge et les questions, par exemple, sur l'organisation familiale
20:51quand on est entrepreneur, elles touchent aussi beaucoup les hommes.
20:53On sait que, surtout avec les questions de recomposition familiale, c'est majeur.
20:58Donc, toutes ces questions, effectivement, il faut qu'elles soient posées à tous.
21:01Alors, s'agissant de l'accompagnement, en fait, s'agissant, je dirais, des très
21:06petites entreprises, du lancement de l'entrepreneuriat, il y a des actions spécifiques
21:10pour les femmes, notamment pour toutes les périodes de fragilité.
21:15Vous savez, deux, trois ans, les deux, trois premières années, comment on fait pour sortir
21:19la tête du guidon ? Et donc, beaucoup de mise en réseau, des prix dédiés, des soirées
21:24dédiées, des réseaux du mentorat.
21:26C'est quand même extrêmement important. C'est vrai qu'il y a beaucoup de réseaux
21:29d'entrepreneurs qui existent. Ni les hommes, ni les femmes ne les utilisent beaucoup,
21:33mais avec une visibilité accrue.
21:35Les femmes, encore moins que les hommes, d'ailleurs.
21:37Absolument. Et donc, cette mise en lumière, je dirais, des femmes, et dans tous les domaines,
21:41que ce soit l'artisanat, l'agriculture, le commerce, ça permet, en fait, d'aller plus
21:46loin et de se donner davantage de chance.
21:48Le deuxième élément auquel il faut penser, c'est que les femmes ont moins d'argent
21:52que les hommes. Ça, c'est une vérité du plus jeune âge au grand âge, on le sait
21:58aujourd'hui, puisque, évidemment, quand on a 9, 10, 15 % de moins toute sa vie, et
22:05dans une étude récente, on a montré que ça commençait dès l'argent de poche, alors
22:09bon, avec, évidemment, des biais liés aux réponses des enfants, mais ça commence
22:13dès l'argent de poche, eh bien, forcément, on commence avec un capital plus faible.
22:17Donc, il y a effectivement énormément d'initiatives qui se mettent en place, mais
22:21en réalité, les femmes vont dans des métiers qui donnent lieu à de la croissance, à des
22:25PME et à des ETI, plus souvent quand elles viennent de métiers scientifiques ou de filières
22:31scientifiques. Donc, on en revient toujours à la question de la base, de la source, des
22:36écoles d'ingénieurs, des formations scientifiques, des universités. On a des universités
22:40scientifiques formidables en France aussi. Et donc, partout dans ces endroits-là, comment
22:45on fait pour que la mixité soit maintenue le plus longtemps possible ? Cette mixité, elle
22:51existe à l'école primaire, au collège. Il ne faut pas qu'elle s'écroule ni au lycée,
22:55ni dans les études ensuite, parce que cette mixité, elle bénéficiera à tous.
22:59Oui, c'est ce que, donc, Aline Aubertin et j'avais reçu d'autres personnes qui parlaient
23:04du même sujet, montrent bien à quel point on a même dégradé. Non seulement ça ne s'est
23:09pas amélioré, le côté filière scientifique, j'entends, non seulement ça ne s'est pas
23:13amélioré, mais ça s'est même dégradé avec moins de filles qu'auparavant qui vont vers ces
23:17filières-là, à la fois parce qu'elle aussi, Aline Aubertin disait, mais c'est parce
23:23qu'en fait, une réforme du bac a fait qu'on fait moins de mathématiques, c'est un point.
23:29Par ailleurs, l'âge où les filles doivent choisir justement les matières dans lesquelles
23:33elles vont travailler fait qu'elles s'identifient davantage à un stéréotype féminin et
23:38donc elles ne vont pas vers ces métiers. Bon, bref. Et alors, elle, je lui posais la question,
23:41qu'est-ce qu'on peut faire pour... parce que malgré tout, il faut arriver à bouger vraiment.
23:46Oui, absolument. Alors, je vous pose la même question, Maya, que faut-il faire, quel est le rêve
23:52ou du moins la chose faisable pour que l'on accélère vraiment, c'est-à-dire qu'on ne soit pas
23:58toujours dans 10 ans en train de dire, oui, finalement, 10-15%. Ça bouge lentement, etc. Oui, oui, absolument.
24:04Alors, je pense qu'effectivement, notre responsabilité collective, c'est de mettre la gomme envers
24:08les plus jeunes et plus jeunes que soi, je dirais. C'est-à-dire que, par exemple, tout simplement,
24:14une femme de... on sait qu'entre 30 et 40 ans, il y a beaucoup de tentatives de reconversion
24:18et vous avez des personnes qui ont fait des études scientifiques dans leurs jeunes années
24:22et qui ont arrêté, qui peuvent reprendre. Qu'est-ce qu'on peut faire avec les filières de formation
24:26pour former au numérique ? En plus, on a des besoins absolument gigantesques pour faire en sorte
24:32que les reconversions se fassent dans ce domaine-là. Donc, je crois que là, on pourrait en réalité
24:36rattraper aussi une partie. Donc, on travaille beaucoup dans le cadre d'une négociation
24:41interprofessionnelle sur ce sujet des transitions collectives qui peuvent en particulier
24:46concerner ce domaine. Ensuite, effectivement, dans les écoles et dans les universités,
24:51comment amener à ces métiers de manière large. Et puis, le déploiement de toutes celles
24:55qui, aujourd'hui, travaillent en entreprise et tous ceux, j'insiste beaucoup dessus,
24:59tous ceux qui peuvent aller expliquer qu'il n'y a pas de métier pour les hommes et pour les femmes.
25:04Tous les métiers sont ouverts à tous. Donc, ça, c'est extrêmement important de l'expliquer
25:08dans les filières. Je constate aussi, pour discuter avec beaucoup de personnes
25:11dans l'enseignement supérieur, par exemple, la semaine dernière, j'étais avec des représentants
25:17de l'université Paris-Saclay, qui est un de nos fleurons français, extraordinaire fleurons français.
25:21J'ai reçu Estelle Yacoba quand elle était la présidente de Paris-Saclay.
25:25J'ai rencontré son successeur et la directrice de la fondation. Et vraiment, par exemple,
25:31ils ont constaté que certaines filières pouvaient être plus attractives quand c'était
25:35des doubles licences.
25:36Exactement. Elle avait expliqué ça, le double processus.
25:38Voilà. Absolument.
25:39Les filles vont davantage.
25:40Et je crois que, tout simplement, toutes ces idées, il faut les creuser, les mettre en œuvre
25:44rapidement, montrer qu'il n'y a pas ces tabous. Et puis, quand il y a des difficultés,
25:49oui, il y a des difficultés à un moment donné dans la vie professionnelle.
25:52D'abord, il y a aussi des droits, la non-discrimination. Bien évidemment, aucune tolérance par rapport
25:57au sexisme et au harcèlement, que ce soit les hommes ou les femmes. Ça, tout simplement,
26:01ça permet d'accueillir. Et puis ensuite, pour les promotions, les carrières professionnelles,
26:06ça s'envisage sur la vie. Il y a des périodes où on peut avoir envie de moins foncer,
26:10d'autres davantage. Et donc, tenir ce rythme dans la durée, je crois que ça nécessite beaucoup
26:15de solidarité et beaucoup de conviction à la fois des hommes et des femmes. Moi, il y a beaucoup
26:19de femmes qui m'ont poussée, beaucoup d'hommes aussi. Et aujourd'hui, je ressens une très grande
26:23écoute sur ce sujet. Et donc, c'est encourageant.
26:27Moi, je rejoins tout à fait dans le côté, à la fois la prise de conscience, à la fois
26:32la volonté de faire. Donc, je pense que ce côté-là, quelques exceptions près, on est sortis du bois.
26:41Mais en revanche, après, c'est encore une fois, c'est que ça se matérialise. On a tout envie,
26:44tous envie que ça aille plus vite, que ça se fasse. Alors, cela étant, j'avais reçu
26:49également Valérie Lyon, qui a créé un média, qui est une journaliste, qui a créé
26:53Vive Média et qui parlait justement de l'argent de poche des filles, de tout ce qui faisait
26:58qu'au départ, et on orientait moins les filles vers la gestion financière. Et là, elle parle
27:04de la relation avec l'argent, comme vous le faites. Et elle disait, mais finalement, c'est
27:08vrai que tout compte fait, ça ne fait que 60 ans. On a bientôt l'anniversaire.
27:11C'est vrai. Il arrive du droit au compte sans l'accord du mari.
27:15Oui, absolument.
27:16C'est vrai que c'est à la fois, finalement, récent. Donc, bon, après, c'est vrai qu'on a,
27:20malgré tout, envie d'aller plus vite, plus loin. Et j'aimerais bien que la prochaine
27:24fois, dans quelques temps, on puisse dire, voilà, là, on a vraiment des avancées
27:29très significatives qui sont réalisées.
27:31Je pense que beaucoup de banquiers ont, dans leur vie quotidienne, pour eux, la vision
27:36du patron, c'est la patronne. Il y a énormément de femmes dans des fonctions.
27:41De direction, de proximité, mais aussi de direction, de filia, de région, etc.
27:47Donc, ce sont aussi... Ça montre aussi une variété de modèles. Je crois que ça, c'est
27:52un élément qui est très important. Et puis, s'agissant des entrepreneurs, il y a des
27:57clichés qui ont la vie dure, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes. Et en fait,
28:01bon, il y a toujours un débat. Est-ce qu'il faut beaucoup en parler au risque de les
28:04ancrer ? Ou est-ce qu'il faut arrêter d'en parler et foncer ?
28:07Bon, écoutez, voilà. Je pense qu'on va continuer d'en parler, malgré tout, parce que c'est
28:11quand même pas mal de dire les choses. Voilà notre... Bon, mais merci pour ce témoignage,
28:16cette conviction, cet engagement que l'on ressent fortement.
28:19Je le redis. Et donc, notre émission se termine. Donc, merci de l'avoir suivie. Je vous donne
28:25rendez-vous au mois prochain. Et j'aurai avec moi Karine Lejeune, qui est une générale de
28:31brigade de la gendarmerie. Donc, un profil très différent, très intéressant. Et Sophie
28:35Zurquilla, qui est la directrice générale du groupe Véridien, qui est le parapétrolier.
28:41Donc, deux sujets distincts. Nous, les femmes, seront également présentes et doivent être présentes.
28:46Merci.

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