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Mardi 15 juillet 2025, retrouvez Agathe Bonvalet (Responsable RSE, SCC), Florence Manuguerra (Fondatrice, The Caring Gallery), Marie Jacquet (chargée du développement des publics, MAIF Social Club), Marion Laval-Jeantet (Artiste et cofondatrice, collectif Art Orienté Objet) et Marie Billat (Journaliste, B SMART) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:13Et voici le sommaire du jour. Mon invitée, c'est Agathe Bonvalet, la responsable RSE de la SCC, gestionnaire de centres commerciaux,
00:22qui dévoile sa feuille de route pour améliorer l'impact de ses activités.
00:26Dans notre débat, on parlera du rôle des artistes pour sensibiliser à la protection de l'environnement.
00:31Trois salariés sur quatre considèrent l'art comme un levier d'apprentissage et d'innovation.
00:37Et puis dans notre rubrique Smart Ideas, c'est une chronique que je vous propose aujourd'hui.
00:41Marie Billard nous parlera de Solar Food et de sa protéine révolutionnaire produite à partir de CO2 et de micro-organismes.
00:48Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est Smart Impact.
00:56L'invité de ce Smart Impact, c'est Agathe Bonvalet. Bonjour.
01:03Bonjour.
01:03Bienvenue. Vous êtes responsable RSE de la SCC, gestionnaire de centres commerciaux,
01:09qui dévoile sa feuille de route pour améliorer l'impact de ses activités.
01:14On va évidemment la détailler ensemble.
01:15Mais peut-être qu'il faut présenter la SCC en quelques mots.
01:18Elle existe depuis quand et quelle place elle a aujourd'hui ?
01:23Tout d'abord, la SCC, qui signifie Société des centres commerciaux,
01:29une entreprise familiale créée il y a une soixantaine d'années.
01:33Nous sommes numéro un aujourd'hui du property management.
01:36Par property management, j'entends la gestion d'actifs immobiliers pour compte de tiers.
01:41Tiers, c'est-à-dire des clients, donc des clients propriétaires.
01:45Nous opérons sur toute la chaîne de valeur immobilière, donc nous accompagnons nos clients
01:49qui sont des grands groupes ou des familiers office, dans le conseil, la gestion, la commercialisation
01:56et l'exploitation de leurs actifs.
01:58Ça veut dire qu'il n'y a pas que des centres commerciaux ?
02:00Alors non, il n'y a pas que des centres commerciaux, effectivement.
02:03Donc principalement des actifs commerciaux, centres commerciaux, retail park, pieds d'immeubles aussi.
02:09On en a 220 à ce jour, mais aussi des actifs tels que des logements, des bureaux, des hôtels
02:16et des plateformes logistiques.
02:18Et donc, en fait, la SCC a été pionnière, parce que le premier grand centre commercial français
02:23qui est dans les Yvelines à Paris 2, près de Versailles, a été créé par la SCC.
02:27C'était en…
02:29En 1969, tout à fait.
02:30Alors à l'époque, on ne parlait pas beaucoup, le mot RSE n'était pas utilisé,
02:35les questions de durabilité, évidemment, n'étaient pas au cœur des enjeux politiques ou économiques.
02:41Depuis quand c'est devenu stratégique pour la SCC ?
02:44Alors ça fait de nombreuses années que l'on parle de ces enjeux,
02:48et notamment dans le secteur de l'immobilier,
02:50qui est un des secteurs qu'on considère comme très polluant
02:53si on se concentre uniquement sur le volet environnemental de la RSE.
02:57La SCC a adressé tous ces enjeux il y a maintenant de nombreuses années,
03:02mais au niveau de vraiment l'envie de faire de la RSE quelque chose de structurant,
03:06c'est plus récent pour notre entreprise,
03:09et c'est notamment pour cette raison que j'ai été embauchée il y a maintenant près de deux ans
03:14au sein de la SCC.
03:16Auparavant, de nombreuses actions existaient, plutôt parsemées, disséminées.
03:20Plein de choses étaient faites aussi bien au niveau corporate
03:23qu'au niveau de nos centres commerciaux,
03:25donc au niveau de notre entreprise et au niveau de nos actifs.
03:27Donc vous avez regroupé tout ça et donc il y a cette idée de feuille de route.
03:34Mais ça commence par un bilan carbone, vous l'avez fait ?
03:36Alors le bilan carbone, si on se centre exclusivement sur le volet environnemental
03:41et décarbonation, effectivement c'est un des exercices que j'ai mené en priorité
03:46en arrivant à la SCC sur le volet corporate, encore une fois,
03:49parce qu'on pourra y revenir, mais on a scindé notre stratégie en deux volets,
03:54un volet corporate et un volet business.
03:55Donc le bilan carbone, on l'a mené sur le volet corporate en 2024
03:59sur l'exercice 2020, sur les données 2023.
04:04Alors c'est quoi le levier principal d'action ?
04:06Parce que l'intérêt d'un bilan carbone, c'est-à-dire voilà où on va agir.
04:10Exactement. Alors le levier principal, ce qu'on a identifié
04:13pour nos activités corporate, ce sont les déplacements professionnels.
04:19Donc on s'est fixé pour objectif d'une réduction de 30%
04:22de nos émissions de gaz à effet de serre à 2030 et avec des actions
04:27qui sont déjà menées actuellement, comme la mise en place
04:30d'une nouvelle politique de déplacement professionnel avec la volonté
04:34de privilégier le train, évidemment, par rapport aux déplacements en avion.
04:37Donc ça, c'est pour les déplacements entre nos sièges et nos actifs.
04:40Et ensuite, il y a aussi les déplacements journaliers, donc domicile-travail.
04:45Et là, avec la mise en place d'un pass mobilité durable pour les collaborateurs,
04:49donc la prise en charge des mobilités douces, d'un forfait de mobilité douce
04:53en plus du pass Navigo, si on parle de Paris, de transport en commun.
05:00Donc il y a ça comme action.
05:01D'accord. Est-ce que ça démarre aussi, donc il y a ce bilan carbone,
05:04par une acculturation ? C'est-à-dire le fait de former les salariés,
05:10que tout le monde sache à peu près de quoi on parle et pourquoi c'est important
05:13d'essayer de réduire l'impact, notamment CO2, d'une entreprise ?
05:17Alors complètement, l'acculturation, c'est quelque chose de très, très important
05:21en RSE parce qu'il ne faut pas que la stratégie RSE d'une entreprise
05:25reste au sommet. Si on voit la chose de façon pyramidale,
05:28au sommet uniquement entre les dirigeants, c'est vraiment une stratégie
05:31qui doit infuser dans tous les pans de l'entreprise.
05:34Donc les collaborateurs doivent s'en imprégner, les collaboratrices
05:36doivent s'en imprégner. Et donc effectivement,
05:40pour ce faire, on a mis en place notamment un programme
05:44qui s'appelle SCC Académie, un programme de formation interne
05:49qui traite de nombreux sujets, mais notamment ces sujets RSE,
05:53donc avec des conférences mensuellement, 23 conférences depuis,
05:57une vingtaine de conférences depuis 2023, avec vraiment cette volonté
06:02d'acculturer nos collaborateurs à toutes ces thématiques.
06:07Alors il y a souvent les déplacements, puis il y a souvent un levier
06:10qui est important, qui dépend de la direction des achats.
06:12La notion d'achat responsable, est-ce que vous l'avez intégré à cette feuille de route ?
06:16Alors tout à fait, la notion d'achat responsable, et encore une fois,
06:19il y a les achats au niveau de la SCC siège et des centres commerciaux.
06:22Oui, on parlera des centres commerciaux après, parce que je pense que c'est
06:24effectivement un aspect important.
06:26Forcément, et c'est pour ça qu'on a vraiment scindé, ça nous a semblé important
06:30de scinder les deux.
06:31Alors au niveau des achats, nous avons mis en place assez récemment,
06:36et nous sommes en train de déployer effectivement une politique d'achat responsable,
06:40donc avec la volonté de faire travailler par exemple des entreprises plus locales.
06:46Si je prends un exemple très concret, les plateaux repas lors des réunions
06:50qui durent toute la journée, essayer de faire travailler des entreprises,
06:54des ESAP par exemple, ou des entreprises qui nous livrent des plateaux réutilisables,
07:00des choses comme ça.
07:01Donc ça c'est…
07:02Donc c'est un critère qui est maintenant intégré à votre politique d'achat.
07:05Alors donc là, on a beaucoup parlé effectivement du siège,
07:07mais alors dans les centres commerciaux, parce que là il y a un levier d'économie
07:10qui doit être important, qu'est-ce que vous mettez en place ?
07:12Alors dans les centres commerciaux, donc c'est le pan business de nos stratégies,
07:18nous mettons en place des actions qui sont aussi bien environnementales que sociales,
07:24parce que l'important c'est vraiment de noter que les centres commerciaux
07:27sont vraiment des lieux de vie.
07:28On a vraiment cette volonté de décloisonner les centres commerciaux,
07:32de sortir du centre commercial bulle, fermé sur la société,
07:35et vraiment de les inclure dans leurs écosystèmes locaux.
07:39Et donc il y a beaucoup d'actions qui sont menées,
07:41notamment des actions sociales, avec des événements, événements culturels,
07:48les villes organisent de plus en plus leurs fêtes de ville,
07:53les fêtes de la musique qui sont organisées dans les centres commerciaux.
07:55Ça a été le cas cette année pour le centre commercial Le Spot à Évry,
07:59le cas pour Sergi aussi.
08:02Et donc il y a beaucoup d'actions comme ça qui sont menées,
08:05qui sont aussi des actions au cœur des préoccupations des habitants,
08:08donc du sang, etc. Je ne vais pas tout lister, c'est extrêmement long.
08:11C'est-à-dire que ces lieux deviennent des lieux de vie, de partage,
08:17et ne soient pas simplement dédiés au commerce, c'est ce que je comprends.
08:21C'est tout à fait ça, parce que l'objectif, c'est vraiment de sortir du lieu de consommation
08:25à proprement parler.
08:27Nous, notre raison d'être à la SEC, c'est Raising Places Values,
08:30donc augmenter les valeurs des lieux.
08:32Et on insiste vraiment sur les valeurs,
08:34parce que ce n'est pas uniquement la valeur commerciale et financière,
08:38c'est aussi les valeurs humaines, sociales et environnementales.
08:43C'est les valeurs au global.
08:45Mais alors, et je reviens au volet environnemental,
08:48quel levier vous avez pour améliorer le bilan de ces centres commerciaux ?
08:53Alors, tout comme pour le volet corporate,
08:58on a commencé aussi à faire des bilans carbone sur nos centres commerciaux.
09:02Donc à date, on a fait deux bilans carbone de nos centres,
09:06donc on attend les résultats.
09:07Un troisième bilan carbone va être lancé courant de l'année 2025,
09:12avec l'objectif de généraliser ça sur tous nos centres commerciaux.
09:15Tout en sachant que le bilan carbone, ça reste le sujet vraiment carbone.
09:19Il y a plein d'autres thématiques à adresser.
09:22Et c'est là que le levier est le plus important.
09:24En vous écoutant, je me dis, tiens, les toits, par exemple.
09:26Les toits, est-ce qu'ils ne sont pas en blanc ?
09:28Est-ce qu'on met des panneaux photovoltaïques sur les toits des centres commerciaux ?
09:31Alors, effectivement, on est en train d'étudier de plus en plus pour mettre des panneaux photovoltaïques
09:37sur le toit de nos centres commerciaux ou sur des places de parking aussi,
09:40parce que ce n'est pas uniquement les toits.
09:41Pour peindre certains toits en blanc, c'est des choses qui ne sont pas toujours faisables,
09:45parce que forcément, chaque centre commercial est très spécifique.
09:49Donc, il y a des études qui doivent être faites.
09:50Mais en dehors de ça, il y a d'autres actions.
09:54Il y a même tout ce qui est biodiversité.
09:57Certains centres commerciaux commencent.
10:00On décide désormais de végétaliser certaines places de parking,
10:04donc de supprimer des places de parking.
10:05Les places de parking, c'est quand même quelque chose de très important pour un centre commercial
10:08dans le modèle, si on prend le modèle sur lequel on se déplace en voiture, évidemment.
10:14Et donc, l'idée, c'est de revégétaliser pour essayer de réduire les îlots de chaleur, etc.
10:19C'est effectivement de plus en plus de clients qui n'utilisent pas de voiture.
10:23Merci beaucoup, Agathe Bonvalet, et à bientôt sur Bsmart Portrait.
10:28On passe tout de suite à notre débat.
10:30On va parler de la mission, du rôle des artistes pour sensibiliser à la protection de l'environnement.
10:42C'est le débat de ce Smart Impact.
10:44On va parler du rôle des artistes pour sensibiliser aux questions environnementales.
10:49avec trois invités.
10:50Florence Manuguerra, bonjour.
10:52Bonjour.
10:52Vous êtes la fondatrice de The Kering Gallery.
10:55Marie Jaquet, bonjour.
10:56Bonjour.
10:57Bienvenue à vous aussi, chargée du développement des publics au Maïf Social Club.
11:00Et Marion Laval-Jantet, bonjour et bienvenue.
11:02Vous êtes artiste, vous êtes la cofondatrice du collectif Art Orienté Objet.
11:07Allez, je démarre.
11:08On a 12-13 minutes par des questions de présentation.
11:10The Kering Gallery, c'est quoi ?
11:12Alors, The Kering Gallery, c'est un nouvel acteur de l'art qui propose au public et plus particulièrement
11:17aux entreprises de découvrir des artistes qui partagent leurs engagements, leurs engagements sociétaux
11:22et environnementaux.
11:24On est les seuls à avoir ce positionnement-là.
11:28Et l'idée, c'est d'inviter les entreprises à découvrir ces artistes.
11:31Alors là, on vient de lancer une plateforme qui est la première plateforme digitale qui
11:35permet de voir une centaine de profils d'artistes engagés, dûment sélectionnés par notre
11:41comité artistique et qui sont prêts à collaborer avec ces entreprises pour des projets de
11:46communication, bien évidemment des expositions, etc.
11:49Mais pas que.
11:50Et c'est là que le sujet est intéressant parce que l'art a des super pouvoirs souvent
11:54ignorés.
11:55On va en parler de ces super pouvoirs.
11:57Le Maïf Social Club, c'est un lieu déjà ?
12:00Oui.
12:00Vous pouvez dire ça à Paris ?
12:01Tout à fait.
12:02Le Maïf Social Club, c'est un lieu qui se trouve 37 rue de Turenne dans le 3e arrondissement
12:06et c'est le lieu culturel de l'entreprise à mission Maïf.
12:11Il a été créé en 2016 et l'idée de ce lieu, c'était de pouvoir incarner et mettre
12:18en œuvre les valeurs de la Maïf autour du vivre ensemble, de l'inclusion, de la solidarité
12:24et du développement durable.
12:25Oui, parce que ça fait partie évidemment des valeurs de l'entreprise.
12:30Est-ce que c'est facile de trouver des artistes qui s'engagent ou qui sont sur ce, je reste
12:35vraiment sur l'environnement, sur cette question de sensibilisation à l'environnement ?
12:38Oui, il y en a de plus en plus.
12:39Il y en a de plus en plus, c'était un sujet peut-être un peu plus de niche, même si
12:46ça existe depuis longtemps.
12:47Il y a des gens qui travaillent ces questions depuis longtemps, mais effectivement, c'est
12:52un sujet qu'on voit monter aussi chez beaucoup de jeunes artistes, notamment.
12:56Et votre collectif, alors, art orienté objet, vous l'avez créé quand et c'est quoi l'esprit
13:02qui vous anime ?
13:02On s'est créé en 93, 92.
13:09Donc, en fait, ça fait un bout de temps, plus de 30 ans.
13:12On a travaillé dès le départ sur les questions arts écologiques, arts environnementaux,
13:17biodiversité, avec un souci qui était alerté, mais aussi proposé des alternatives.
13:24Donc, on proposait des œuvres qui étaient beaucoup dans l'action, dans la communication
13:32sur les problèmes environnementaux.
13:35Alors, je vais reprendre votre expression, les super pouvoirs de l'art.
13:38Qu'est-ce que vous en pensez ? Je commence avec vous, Marie-Jacques.
13:41Pour sensibiliser à l'environnement, qu'est-ce qu'une expo, qu'est-ce qu'un artiste qui
13:45vient parler de son œuvre va avoir de plus qu'un journaliste avec son côté un peu
13:50carré, calibré ?
13:51Je pense que tous ici, on fait le pari de dépasser les données scientifiques, les
13:58décisions politiques et de se dire que pour agir, on peut aller aussi chercher chez
14:04tous les citoyens et les humains, j'ai envie de dire, en passant par le biais du sensible
14:09et de l'émotion.
14:11Voilà, toucher.
14:12On a ces informations, on est tous au courant et en même temps, on se rend compte que ça
14:16n'avance pas toujours et voir ça recule, c'est d'actualité brûlante.
14:24Et du coup, voilà, c'est le pari de se dire qu'en allant toucher les gens au cœur,
14:31c'est pas nier de dire ça, en allant émouvoir les gens, en allant les questionner et vraiment
14:40les pousser à puiser chez eux, on peut aussi trouver des leviers d'action.
14:46Parce que l'idée, c'est aussi de…
14:47Évidemment, c'est de transformer les spectateurs en acteurs.
14:50Et justement, il y a ce backlash dont on parle, ce retour en arrière, qui s'est exprimé
14:56dans les urnes, ça s'appelle la démocratie, que ce soit aux élections européennes ou
15:00que ce soit évidemment aux États-Unis, je pourrais malheureusement citer d'autres
15:03exemples.
15:04Ils n'ont pas été suffisamment voir d'expo ?
15:06Ça doit être ça, il faut le dire, à qui ?
15:10Oui, non, c'est exactement ce que vous disiez.
15:13Et puis en plus, on a remarqué dans nos expositions, en fait, les artistes engagés
15:18sont eux-mêmes des experts de leur sujet.
15:20C'est-à-dire que lorsque, par exemple, on expose Florent Lamourou, qui a créé une
15:25boule à neige, des boules à neige avec les déchets plastiques de nos rivières à
15:28l'intérieur, mais en fait, vous la prenez cette boule à neige, ça crée tout de suite
15:33un lien avec vos souvenirs d'enfance.
15:35Bien sûr, c'est une maglète de Proust.
15:37Et l'art, en fait, et l'artiste est à côté et vous dit que oui, il y a 8 millions
15:42de tonnes de plastique chaque année qui sont déversées dans les océans.
15:46Donc, c'est des fifs macro qui écrasent, alors que là, vous avez vécu une expérience,
15:51vous avez fait une rencontre et ensuite, vous êtes capable de repartir.
15:54C'est un très bon exemple, mais je vais plus loin sur la question que je posais sur
15:57le vote, sur les citoyens, parce que le danger d'une démarche artistique, c'est
16:02parfois d'être un peu éditiste.
16:03Parfois, je ne généralise pas.
16:05Et donc, ça peut être ressenti comme tel.
16:08Est-ce que je vais voir une expo qui parle d'environnement ?
16:11Ils vont encore être perchés ceux-là.
16:12Vous voyez ce que je veux dire ?
16:13En fait, le grand pouvoir des artistes, c'est justement de se mettre à un niveau
16:18d'humain et de vous parler personnellement.
16:21Parce que vous allez avoir une expérience physique en face d'une œuvre sensible.
16:27Et je ne pense pas que les gens aient voté contre l'art ou contre l'environnement
16:30lorsqu'ils ont voté.
16:32Il y a des tendances.
16:33Ça fait partie des vies démocratiques.
16:35Il y a des soubresauts.
16:36Mais le fond est là.
16:37L'environnement, c'est des chiffres.
16:39Ce n'est pas une croyance.
16:40C'est des datas.
16:41Et le grand pouvoir de l'art et des artistes, c'est justement de rendre sensible, de raconter
16:46des histoires.
16:47Sortir de la froideur des chiffres et de la froideur des émotions.
16:49Et de vous permettre surtout de raconter des récits, des histoires.
16:53Parce qu'autour des chiffres, on ne se lève pas de son canapé avec des chiffres.
16:56Par contre, si vous êtes vous-même ambassadeur d'une histoire, là, vous devenez acteur de la transformation
17:03et de la transition.
17:04De toute l'importance, on y consacre beaucoup de débats, des nouveaux récits, des nouveaux
17:08imaginaires.
17:09Exactement.
17:09Et de ce que nous, et je mets les journalistes dedans, on a un peu loupé depuis quelques
17:13années pour se retrouver face à ce baclache.
17:17On peut prendre un exemple.
17:18Il y en a plein, Marion Laval-Janté, mais par exemple, l'exposition Microbiota que
17:23vous avez conçue pour le musée des beaux-arts de Dôle.
17:26Alors, c'est où ?
17:27Dôle ou Dôle ?
17:28Dôle, dans le Jura, oui.
17:30Qu'est-ce qu'on y voit ?
17:31Et en quoi elle utilise ce levier de l'émotion dont on parle ?
17:36C'était une exposition monographique.
17:38Donc, en fait, ça regroupait, parce que le musée est assez grand, beaucoup d'œuvres
17:42qui sont des œuvres qui s'interrogeaient sur la façon dont la biodiversité évolue
17:46avec la pression écologique.
17:49Donc, il y avait énormément de sujets.
17:51Comme le disait Florence, on a ce souci qui est que chaque produit artistique, œuvre
18:02qu'on réalise, on la réalise sur un terrain de recherche et d'expérimentation.
18:07Donc, on finit par connaître ce terrain.
18:09Et d'une certaine manière, l'œuvre concentre, focalise l'attention et la sensibilité des gens
18:14sur, justement, des choses que, souvent, il ignore.
18:17Et c'est très rapide.
18:18C'est-à-dire que l'intérêt de l'art, c'est qu'il y a une convergence dans un objet
18:24d'énormément de connaissances et de sensibilités
18:27qui fait qu'on peut absorber toute cette connaissance très rapidement
18:30et sur un plan très émotionnel, effectivement.
18:33C'est une contrainte supplémentaire pour les artistes, d'une certaine façon ?
18:37Vous voyez ce que je veux dire ?
18:37Ou est-ce que de toute façon, parce qu'il y a plein de façons de créer, mais créer
18:42à partir… Là, vous nous dites, on crée à partir de connaissances, à partir d'un
18:47travail de bibliothèque, quasiment, de lecture ou d'apprentissage ?
18:53Dans notre cas, c'est plus un travail de terrain qu'un travail de bibliothèque.
18:57Et ça part beaucoup d'un cri émotionnel.
19:00C'est-à-dire que si on s'est mis à travailler sur cette question, c'est parce que depuis
19:04l'enfance, on était déjà extrêmement inquiets de la manière dont la biodiversité
19:07était mise en danger aujourd'hui.
19:10Donc, on a travaillé ça de notre propre émotion au départ, mais en devenant des
19:15spécialistes d'énormément de choses.
19:17Et moi-même, j'enseigne l'art environnemental depuis plus de 20 ans à l'université.
19:21Au début, les gens y allaient à reculons.
19:24J'avais rendu le cours obligatoire et c'était un peu compliqué parce qu'ils ne se disaient
19:28pas ça.
19:29Et puis, finalement, c'était une transmission qui se faisait très simplement au cours
19:34de l'année avec un nombre d'exemples qui semblait essentiel aux étudiants parce que
19:39l'intérêt de cet art, c'est qu'il n'était pas simplement un art formel qui décrit une
19:44époque d'un point de vue, on va dire, tendance, esthétique, etc.
19:49mais aussi un art de contenu.
19:51Et finalement, c'est très intéressant un art de contenu.
19:54C'est un art qui ne rejette pas une tradition ancienne de l'art qui est l'iconologie,
20:00c'est-à-dire toute une histoire dans l'œuvre.
20:02Et ça, c'est vraiment prépondérant et intéressant.
20:07On va s'appuyer.
20:08Alors, il y a deux expos, c'est ça, en ce moment ?
20:11Alors, il y a Chaosmos qui se termine, c'est ça ?
20:15Et il y en a une qui va démarrer qui s'appelle Voir la mer.
20:18Exactement.
20:18Alors, on peut en parler, on en choisit une.
20:21Laquelle ?
20:22Alors, Chaosmos s'achève le 26 juillet, je vais plutôt vous teaser la prochaine.
20:28Ok, alors c'est quoi Voir la mer ?
20:29Voir la mer, c'est une séquence de programmation puisque c'est aussi bien exposition que spectacle
20:35vivant et débats d'idées au Maïf Social Club.
20:38et Voir la mer qu'on monte en collaboration avec Coal,
20:42qui est aussi assez pionnée sur les questions d'art et d'environnement,
20:46mais aussi avec Bloom, l'association de Claire Nouvian,
20:50aussi avec SOS Méditerranée, qu'on a conviés sur la partie débats d'idées.
20:55C'est prendre ce temps de regarder la mer,
20:58qui est cet espace immense qui fait rêver
21:00et que pourtant on considère juste comme un endroit
21:04dans lequel on peut puiser des ressources.
21:06Et ça va être tout un parcours où on va partir de l'estran,
21:10plonger dans les abysses,
21:12découvrir les créatures incroyables qui y sont,
21:14mais aussi tous les débris humains qui ont échoué,
21:17et puis ressortir, traverser les questions de surpêche,
21:21proposer des solutions aussi avec des artistes
21:23qui travaillent autour de la question de la pêche artisanale,
21:26et puis aussi parler de tous ces nouveaux pirates
21:29que sont les militants écologistes qui défendent les océans.
21:33Alors, je reviens aux artistes.
21:35Les artistes, qu'est-ce qu'ils proposent en fait ?
21:39Vous dites qu'ils travaillent sur la pêche artisanale.
21:42Ils imaginent des objets qui vont servir aux pêcheurs.
21:45En l'occurrence, j'avais en tête le travail de Carla Gaye,
21:49qui est une jeune artiste qui travaille en ce moment même.
21:52Elle est en train de créer son œuvre au Sénégal.
21:55Elle travaille avec des femmes pêcheuses
21:57qui récoltent les huîtres dans les mangroves,
22:02et du coup, il y aura une pièce un peu immersive
22:04où elle va convoquer par le son, par les matières,
22:09cet endroit à protéger aussi, c'est la mangrove.
22:12Et puis voilà, montrer qu'un rapport de pêcheurs traditionnels,
22:18c'est aussi préserver les ressources
22:20pour préserver des communautés et de l'emploi.
22:23La mangrove qui est d'autant plus à préserver
22:27que c'est un puits carbone qui fonctionne très, très bien.
22:30L'art en entreprise, c'est une demande des salariés
22:32d'avoir de l'art dans leur lieu de travail ?
22:35Oui, il y a une étude qui a été publiée
22:38comme quoi les trois quarts des salariés
22:40considéraient l'art comme un vecteur,
22:43un levier de créativité, d'innovation pour eux.
22:46Ça agit sur le bien-être.
22:48Donc, il y a ces vertus-là de l'art
22:52qui vous permet simplement par la présence esthétique
22:56de décompresser, etc.
22:57Mais il y a aussi une sorte de créativité
23:00parce que souvent une œuvre, elle n'est pas facile,
23:03elle questionne, elle est différente.
23:05Et c'est le prof des artistes contemporains
23:07d'inventer de nouveaux langages.
23:09Et ce qui est très intéressant aussi,
23:11c'est concernant les valeurs des entreprises
23:13qu'elles ont besoin de partager, leurs engagements,
23:15elles ont beaucoup de mal à mobiliser sur leur transition,
23:19les collaborateurs, et convaincre les publics.
23:22Parce qu'au-delà de celles qui font du greenwashing
23:24mais qui ne nous intéressent pas trop,
23:26il y a beaucoup de grands groupes
23:28qui se transforment vraiment, réellement.
23:30Et ce n'est pas facile.
23:32Et c'est justement là que la collaboration avec des artistes
23:35peut permettre la petite respiration,
23:37le pas de côté qui inspire.
23:39Merci beaucoup.
23:40Merci à toutes les trois d'être venues partager
23:42votre passion de l'art et cette conviction
23:45que c'est un levier de transformation de nos sociétés.
23:49On passe tout de suite à notre rubrique
23:50« Start-up et innovation ».
23:51Ce sera une chronique aujourd'hui.
23:59Smart Ideas, c'est notre rubrique « Start-up et innovation »
24:03et c'est une chronique que je vous propose aujourd'hui.
24:05Une chronique signée Marie Biya.
24:06Bonjour Marie.
24:07Bonjour Thomas.
24:07Bienvenue à vous.
24:09On va se poser cette question.
24:10Tiens, et si l'avenir de notre alimentation venait de l'air ?
24:14Non Thomas, ce n'est pas de la science-fiction
24:17mais bien une réalité développée par l'entreprise finlandaise Solar Foods
24:20fondée en 2017 par deux experts en fermentation et bioprocédés.
24:24Son innovation, c'est la soleine,
24:26une protéine révolutionnaire produite à partir de CO2
24:28et de micro-organismes,
24:30sans terres agricoles, sans animaux
24:32et avec un faible impact environnemental.
24:34Vous n'avez pas donné leur nom parce qu'ils sont imprononçables.
24:36Pasi Vahimika et Juapeka Pitkanen.
24:39Merci, vous me l'avez laissé.
24:40Mais alors, pourquoi chercher des protéines dans l'air
24:43alors qu'on en trouve déjà ?
24:44On en trouve dans des plantes, on en trouve dans de la viande.
24:46Oui, en effet.
24:47Mais la question aujourd'hui de la production alimentaire est cruciale.
24:51Donc comme en effet,
24:52il y a certains qui misent sur les protéines végétales
24:54issues de pois ou de soja,
24:56mais d'autres comme Solar Foods
24:57explorent une piste inédite, les protéines aériennes.
25:00Donc leur concept est simple mais révolutionnaire.
25:02c'est d'utiliser un micro-organisme naturellement présent
25:05dans les sols proches de la mer Baltique
25:07et le nourrir avec du CO2, extrait de l'air et de nutriments.
25:11Donc ce processus de fermentation permet d'obtenir une poudre jaune,
25:14la soleïne,
25:15qui contient entre 65 et 70% de protéines
25:18ainsi que des vitamines et du fer.
25:20C'est donc une alternative idéale aux protéines animales et végétales.
25:24Donc il faut retenir ce nom, la soleïne,
25:26parce que peut-être qu'on va beaucoup en entendre parler
25:28dans les prochaines années, ça paraît presque magique.
25:31Au-delà de l'innovation scientifique,
25:33quel est le potentiel écologique de cette innovation ?
25:35L'un des plus grands atouts de la soleïne,
25:37c'est son faible impact environnemental.
25:39Contrairement à l'agriculture traditionnelle,
25:41elle ne nécessite ni terre cultivable,
25:43ni grande quantité d'eau et ni pesticides.
25:45Elle utilise 100 fois moins d'eau que la culture végétale
25:48et jusqu'à 600 fois moins que l'élevage bovin.
25:51Et ce n'est pas tout, la production de soleïne
25:53émet 200 fois moins de gaz à effet de serre que l'élevage animal.
25:55Donc autre avantage, c'est également sa capacité de production
25:59qui est quasi infinie parce que peu importe le climat
26:01ou la géographie, la soleïne peut être produite n'importe où,
26:04y compris dans des zones arides ou des environnements extrêmes.
26:07Je commence à imaginer manger de la soleïne.
26:11Concrètement, on la mange comment ?
26:13Si la soleïne ressemble donc à une simple poudre jaune,
26:15ses applications sont nombreuses.
26:17En effet, elle peut être incorporée dans des produits alimentaires existants
26:19comme des barres chocolatées, des boissons protéinées
26:23ou même des substituts de viande.
26:24Il y a notamment la société finlandaise Pfizer
26:27qui a déjà développé trois snacks protéinés à base de soleïne
26:30et même aussi le groupe Ajinomoto, un géant japonais de l'agroalimentaire
26:34qui a lancé trois parfums de glace aussi à base de soleïne.
26:38Je peux m'en acheter là ?
26:39C'est commercialisé en magasin ou pas encore ?
26:40Alors, pas encore en Europe malheureusement,
26:43mais la soleïne a déjà été approuvée à Singapour en 2022
26:46et Solar Food espère obtenir l'autorisation de l'Union Européenne d'ici 2026,
26:50donc bientôt.
26:51L'entreprise prévoit aussi d'ouvrir d'autres usines pour accélérer la production
26:55et devenir ainsi un acteur majeur du marché des protéines alternatives,
26:59un marché qui pourrait atteindre 100 millions de dollars d'ici 2032.
27:02Au potentiel de développement, ça veut dire que dans quelques années,
27:04on va finalement tous manger plus ou moins des protéines issues de l'air ?
27:08Alors, peut-être.
27:09C'est vrai qu'avec la soleïne, Solar Food redéfinit les bases de notre alimentation.
27:13C'est une protéine qui est venue de l'air, qui est durable, nutritive
27:16et adaptée au régime végétarien et végane, donc le pari semble prometteur.
27:21Alors, demain, est-ce qu'on mangera des glaces à partir d'air ? Peut-être.
27:24Et finalement, aujourd'hui, le brasser de l'air n'est pas qu'une expression,
27:27c'est peut-être un plat.
27:28Brasser de l'air, ça va devenir une expression positive.
27:30Merci beaucoup, Marie, et bon vent, tiens, j'en profite pour vos nouvelles aventures
27:35puisque vous poursuivez vos études avec des études de journalisme au CELSA.
27:41L'année prochaine, merci et à très vite.
27:43On espère vous retrouver sur cette chaîne.
27:45Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact.
27:46Je vous dis à demain pour un nouveau numéro de l'émission
27:50et à très vite sur Be Smart for Change.

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