- il y a 3 mois
Sur ma route avec Nicolas Turon, dramaturge et écrivain
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00:00Ici Lorraine, crack pour l'émission, sur Marouk, sur Moselle TV et Vosges Télévisions.
00:06Ici, votre radio de proximité en Lorraine.
00:30Bonjour à toutes et à tous, je suis heureux de vous retrouver avec un nouvel invité cette semaine, Nicolas Thuron, personnage pas si simple à présenter.
00:41On peut classiquement dire qu'il est principalement dramaturge et écrivain.
00:46La plume en perpétuel mouvement, à l'affût, prête à explorer et grainer les choses de la vie et gratigner, au passage, toujours jouer avec les mots et finalement les mettre en ordre de bataille.
00:58Une bataille contre une vie terne, Thuron, le Turbulent, dirons-nous, le Turlupin, le sale gosse qui en a fait son métier.
01:07C'est lui qui le dit, un métier à multiples facettes, fait de polars, de théâtres, de scènes, d'animations, y compris pédagogiques, avec des enfants.
01:16Cet Alsacien de naissance, vivant à Ancy-Dorno, en Moselle, ou Dorno, préférera-t-il sans doute dire, est devenu, comme il le confie dans cette émission, un farouche Mosellan.
01:27C'est un artiste, c'est le mot qui le résume le mieux, sévissant aussi à la radio.
01:32Son podcast, Le Confin des Comptes, est classé parmi les plus écoutés du réseau Radio France.
01:38Et l'on se souvient aussi, en Moselle, des deux minutes de Nicolas Thuron sur France Bleu Lorraine Nord, devenu Ici Lorraine.
01:45Bon Nicolas, ça va ?
01:58Ça va.
01:58Oui, ça va.
01:59Oui, oui.
01:59Comment on te présente ? Parce qu'il y a l'auteur, le dramaturge, comment t'aimes bien qu'on te présente en général ?
02:05En tant que Nicolas.
02:06Oui, déjà, c'est pas mal.
02:07Ça, c'est pas mal.
02:08Je me définis autant comme artiste que comme papa, par exemple, ou comme Dornotin.
02:14Donc en fait, ce qui m'arrange, c'est que tu me présentes comme t'as envie.
02:17Mais auteur, parce que t'as quand même plein de casquettes, auteur, mais qui se rejoignent finalement.
02:22Tout ça, c'est un porte-casquette.
02:25Auteur, dramaturge, écrivain, journaliste, enfin voilà, quoi.
02:29Oui, journaliste, j'ai pas la carte.
02:30C'est toujours des exercices à la manière du journalisme.
02:33J'ai trouvé une formule qui condense un peu tout ça, c'est écrivain public de fiction.
02:38Ah ouais, c'est bien.
02:39Voilà, j'ai une amie aussi qui dit inventeuse d'histoires vraies.
02:42Ouais, et puis j'ai lu aussi sur ton site explorateur d'arts vivants.
02:45Ouais, voilà.
02:46Ouais, j'aime bien, j'aime bien.
02:47Voilà, c'est des choses compliquées, mais ça va.
02:49Alors, ce qui est surprenant, c'est qu'à aucun moment, et pourtant pour moi, Turon, le mot Turon, c'est le turbulent, c'est le drôle, c'est l'humour.
02:57À aucun moment, tu fais référence à l'humoriste.
03:00Alors, est-ce que c'est quelque chose qui te gêne de dire je suis aussi un humoriste ?
03:04Parce que moi, j'ai des souvenirs de chroniques sur France Bleue à l'époque où j'étais pété de rire.
03:10Je me souviens de celui avec Angela Merkel, le jour où elle arrive à Metz.
03:13Bref, pourquoi pas cette définition aussi à travers le mouvement ?
03:17Parce que j'ai tellement de professions et je fais tellement de rencontres à longueur de journée que chacun me voit, voit la facette de la boule disco que je suis comme on l'entend.
03:28Si c'est humoriste, c'est humoriste, ça va aussi.
03:30Je suis plus du côté de la malice, je dirais, que de l'humour franc.
03:33J'ai toujours trouvé, par exemple, Julien Strelzik, qui est un ami, qui arrive souvent à faire ses premières parties ou du One Man Show.
03:40Et je suis mort de peur à chaque fois.
03:42J'ai toujours trouvé le One Man Show, l'idée de faire rire les foules, très très dur.
03:47Et puis, presque un peu suspect.
03:49J'aime bien, moi, être un peu clivant.
03:51C'est compliqué de faire rire.
03:52Je ne sais pas si les gens sont toujours bien conscients de la difficulté de ce métier.
03:57C'est un métier.
03:58C'est vraiment compliqué.
04:00On fait un petit retour avant de recoser tout ce que tu fais sur ton enfance.
04:05Elle n'est pas en scie, ton enfance.
04:06Elle n'est pas en scie, Dorneau, parce que là, on est à Dorneau.
04:09On dit Dorneau, d'ailleurs.
04:10J'ai l'impression que les gens de Dorneau continuent à dire Dorneau.
04:12Ils ne disent pas vraiment en scie, Dorneau.
04:14Je ne peux vraiment pas m'exprimer sur la réunification de ces deux villages.
04:19Mais c'est vrai qu'on est heureux à Dorneau d'avoir un excès en scie, en 2016.
04:23Non, j'ai grandi la plupart de mon enfance à Boipy et à Metz.
04:29Je suis quand même un farouche mozélan.
04:31J'ai grandi par ici.
04:32Bien qu'étant né en Alsace, je n'y suis resté que six mois.
04:35J'ai vite compris quel était le caractère alsacien.
04:37Et du coup, je suis parti.
04:40Mais j'ai habité un temps dans les Vosges.
04:42J'ai fait mes études artistiques à Nancy.
04:43Donc, je suis un vrai Lorrain.
04:45Si tant est que la Lorraine existe encore.
04:46Mais justement, la Lorraine, quand tu dis la Lorraine aujourd'hui,
04:49et toi, ça te renvoie à quel mot, quelle pensée ?
04:53Et la Moselle aussi, je te demanderai aussi par rapport à la Moselle.
04:55Mais la Lorraine, ça te dit quoi aujourd'hui ?
04:57Étant continuellement en tournée, puisque je fais beaucoup de théâtre,
05:03j'ai beaucoup, beaucoup demandé aux personnes que j'ai rencontrées partout en France
05:08quel était le cliché qu'ils avaient de la Lorraine.
05:10Et partout, on m'a répondu « Ah, la Lorraine ! Eh bien, Strasbourg ! »
05:15Donc, en France, le premier cliché sur la Lorraine, c'est l'Alsace.
05:19Ah, c'est terrible aussi !
05:20Et du coup, pour répondre à ta question,
05:21je trouve qu'on est dans un territoire qui est pétri de richesses,
05:26mais qui a un peu de mal à se faire valoir.
05:28Pourtant, Dieu sait si on s'y emploie.
05:30On est quelques-uns.
05:32Mais voilà, je dirais un territoire un petit peu orphelin,
05:34chahuté par le temps.
05:36Et en ça, comme ça a été mon cas aussi, je me reconnais bien dans ce territoire.
05:40Oui, et puis qui est victime aussi de clichés très anciens.
05:42Très longtemps, moi qui habituais en Auvergne,
05:45pour les gens, la Lorraine, c'était « Les mines ou les forêts ? »
05:47C'était ou les mines au nord ou les forêts au sud.
05:49Alors, on va parler de toutes les écritures.
05:53Je voudrais quand même qu'on dise un mot pour démarrer.
05:55Alors, sur toute cette collection qui est géniale,
05:58alors, tous les titres sont sous la forme de jeux de mots.
06:01Oui.
06:02On est là dans du potache, comment on dit ?
06:04Parce qu'on va en citer quelques-uns, mais on va les passer à l'écran.
06:07Là, c'est génial.
06:08Il y a de la romba dans l'air, il y a de la romba dans l'air.
06:11Saint-Avold, au-dessus d'un dit de coucou.
06:13Il y a Jelenberg à mourir.
06:15Enfin, Mano à Madame, c'est génial.
06:17Alors, tous les jeux de mots avec des communes mozélanes.
06:22Il y a aussi dans les Vosges, puisque là, les scindiers sont jetés.
06:25Tiens, on va le montrer à l'écran.
06:26C'est là, les scindiers.
06:27Est-ce qu'on aime scindier ?
06:28On aime toute la Lorraine.
06:29C'est ça, c'est de l'humour.
06:30On est sur du potache.
06:31Et qu'est-ce qu'on trouve à l'intérieur ?
06:33Le déclencheur, c'est les vacances en Bretagne.
06:36Et puis, c'est les bureaux de tabac dans lesquels on trouve des polars locaux.
06:39Panique à Pornique.
06:40Et je vois ça et je me dis, mais pourquoi cette collection n'existe pas en Moselle ?
06:44Est-ce qu'on n'a pas assez d'autodérision ?
06:46Est-ce qu'il n'y a pas de choses à raconter ?
06:47Et pendant le confinement, j'ai écrit le premier qui s'appelle Ancy Swatil.
06:50Oui, Ancy Swatil.
06:51Qui se passe ici.
06:53Qui est quand même Ancy, le village qui a vu passer Jack Kirby, l'inventeur de Captain America.
06:58Hulk est né en bas du village de Dorneau.
07:00Je vous raconterai peut-être l'histoire tout à l'heure.
07:02Si, si, c'est vrai.
07:02J'ai appris ça il y a trois semaines.
07:04Et donc, je décide de faire des enquêtes sur place à chaque fois dans les villages,
07:08de rencontrer les habitants et d'écrire une intrigue à partir de ce que je collecte comme information.
07:14Donc, toutes ces intrigues ont l'air potaches, mais ont drôlement le goût de la vérité.
07:17Oui, c'est ça.
07:18Il y a vraiment une intrigue.
07:19On suit comme un polar.
07:20D'ailleurs, on le signale, tu seras bientôt au festival Polar sur Meurtre, première édition à Saint-Dié.
07:26Hulk, natif d'ici.
07:29Ça, c'est vraiment une info.
07:33Monsieur Propre est aussi Laurent.
07:34Monsieur Propre, il est de Golbet.
07:36Je l'ai en face de moi.
07:37Il est de Golbet.
07:38Oui, un petit peu.
07:39Moi, je ne suis pas si mal à l'aise, mais bon.
07:41Oui, oui, c'est ça.
07:42Ah, il est de Golbet.
07:42Oui, oui, il est de Golbet.
07:43Ah, génial.
07:44Alors, puisqu'on tient, on évoquait les Vosges, parce qu'on est aussi suivis sur Vosges TV,
07:49avant qu'on poursuive sur une deuxième séquence.
07:51Je veux qu'on dise un mot sur ce journal, l'Inutile.
07:54Oui.
07:54Alors, ça, c'est...
07:55Alors, je résume peut-être mal, c'est un travail avec des gamins.
07:58C'est aussi dans le cadre de partenariats avec des collectivités, c'est ça ?
08:00Oui.
08:01Alors, l'Inutile, c'est très simple.
08:03Oui.
08:04J'ai acheté un van Volkswagen pour partir faire un tour d'Europe avec ma famille.
08:08Das Auto.
08:09Das Auto.
08:10Das Auto dans laquelle on peut schlafen.
08:12Et je l'ai acheté le 15 mars 2020.
08:14Oui, oui, d'accord.
08:15Voilà.
08:16Donc, avec un sens inénarrable, avec un pif incroyable, on est confinés quatre jours plus tard.
08:21Oui.
08:21Et j'ai décidé d'en faire un camion mobile pour écrire un journal gratuit, comme Métro ou 20 minutes, mais pour les tout petits villages.
08:28Oui, oui.
08:29Et cinq ans plus tard, on approche du centième numéro.
08:31Donc, on air E2RE dans les villages, à la recherche d'informations qui n'intéressent personne,
08:38dans les lieux qui n'en ont a priori pas besoin, pour faire un journal de petites choses positives.
08:43Ah oui.
08:43Mais alors, donc ça, le plus récent, je crois que c'est un partenariat avec...
08:48Le Pays de Corsieux.
08:49Le Pays de Corsieux.
08:50Et il y a un travail avec les enfants.
08:52Et ça, tu le fais souvent, parce que je vois qu'il y a eu des partenariats aussi avec des écoles ici,
08:56ou des établissements scolaires en Moselle.
08:57Oui.
08:57Travailler avec les gosses sur l'écriture, avec les gamins, c'est pas péjoratif, les gosses, c'est comment ?
09:03C'est évidemment enrichissant, mais c'est compliqué, c'est plus long à écrire des choses ?
09:08Pour moi, c'est l'alpha et l'oméga, soyons très clairs.
09:11Sans doute, tout ceci n'est qu'une écume, n'est que la surface.
09:14Oui.
09:15Et ce qui est important pour moi, c'est la transmission.
09:17Parce que s'il y a 12-13 ans, moi, je ne vais pas en colo au théâtre SNCF,
09:20où je ne rencontre pas des super animateurs dans le socio-cul, je ne suis pas là où j'en suis aujourd'hui.
09:24Donc aujourd'hui, je rends ça à 1000%.
09:27Et ça dépend des territoires.
09:30Là, hier matin, j'étais à Styrin-Vindel avec des élèves de 4e.
09:34Il vaut mieux arriver en forme.
09:35Oui.
09:36C'est des turbulences.
09:38Non, je dis ça, mais ils étaient hyper sages.
09:41Non, non, il faut savoir les concerner.
09:44C'est juste qu'on va dire que la jeunesse, en 20-30 ans, avec l'omniprésence des écrans,
09:48a un peu basculé dans moins de concentration.
09:51Donc c'est à nous d'être plus enthousiastes, mais plus dynamiques encore.
09:55Mais j'adore ça, oui.
09:57Et ils peuvent se joindre à nous pour écrire, dans l'inutile par exemple,
10:01une classe de La Chapelle de Vembrouillère, avec une fable.
10:04Super.
10:04Qui s'appelle La Mouche et l'écran tactile.
10:07Ouais, super.
10:08Tiens, question bateau, mais dont les réponses sont souvent intéressantes.
10:13L'intelligence artificielle, c'est un truc qui te fout la trouille ?
10:16Alors l'intelligence artificielle, je vais la consulter tous les 15 jours.
10:19Tous les 15 jours, elle a progressé.
10:21J'avoue que sur les arcs narratifs, sur les polars par exemple, elle est très bonne.
10:26Donc je vais la consulter comme je parlerai à un ami.
10:29En revanche, là où elle ne me détrônera jamais, et toi non plus, c'est sur l'infraordinaire.
10:36Les petites histoires qu'on nous confie de bouche à oreille, elles n'existent pas dans la matrice numérique.
10:41Donc l'IA n'y a pas accès.
10:43Bon, ça nous rassure un peu.
10:45Ça nous rassure un peu.
10:47Touchons du bois.
10:47On touche du bois.
10:48On poursuit, on va... Tiens, qu'est-ce qu'on fait ? On va voir où tu travailles ?
10:52Dans mon bureau ?
10:53Ouais, dans ton bureau.
10:54Allez, on y va.
10:55Bon, là on est arrivé dans ton antre.
11:13Oui.
11:13C'est ça ?
11:14Le sein des seins.
11:14C'est ici que tout se passe.
11:15Tu n'écris jamais en extérieur quand même ? Tu ne prends pas ton portable, tu vas écrire dans un bistrot ou en forêt, ça t'arrive ?
11:20Si, si, j'écris partout.
11:22Et de temps en temps ici.
11:23On va dire ici, c'est un peu le sanctuaire.
11:26Il arrive que je mette la dernière main à l'ouvrage dans cette pièce.
11:30Et ensuite, je stocke mes livres, j'archive.
11:32C'est plutôt l'endroit où je me retrouve.
11:34Quel genre d'écrivain tu es ?
11:37Parce qu'on dit souvent, il y a plusieurs écoles.
11:40Il y a ceux qui aiment, tout le monde aime, mais il y a ceux qui prennent un vrai plaisir, jouissif quasiment, dans l'écriture.
11:49Il y a ceux qui expriment une souffrance.
11:51Comment tu te situes, toi ? Quand tu as ton ordi, que tu commences quelque chose, tu es dans quel état ?
11:56Ça dépend de mon état de forme. Ce qui est sûr, c'est que c'est devenu quelque chose d'ontologique.
12:00Je ne me pose pas la question, je ne fais que écrire toute la journée, où que je sois, dans quel état que je sois.
12:07Et après, ça dépend de la matière.
12:08Un texte de spectacle jeune public, ça peut faire dix page words.
12:14Et je peux passer deux ans dessus.
12:16Là où une nouvelle policière, je peux l'écrire en trois jours.
12:19Ça dépend.
12:20Quand je m'attaque à Sherlock Holmes, qui est le mythe qui m'a fait grandir adolescent, avoir la chance d'écrire une aventure de Sherlock Holmes aujourd'hui,
12:29je m'applique et je souffre parce que j'ai envie de bien faire.
12:32Alors, tu écris aussi pour le théâtre.
12:34Oui.
12:34Alors, ça, c'est très différent aussi. Est-ce qu'on se projette déjà sur la scène ? Comment se passe là, l'écriture spécifiquement du théâtre, d'une pièce ?
12:42C'est vraiment un muscle différent, oui. Théâtre, radio, la prose, le policier, c'est des cordes différentes.
12:49Il faut avoir beaucoup de cordes à son arpe. Mais le théâtre, c'est quelque chose, moi, qui est... Je viens de là.
12:54Depuis j'ai douze ans, je suis sur scène.
12:56Donc, je ne serai pas trop didactisé, mais je... J'ai quelque chose en moi qui sait quand ça fonctionne ou pas.
13:04C'est peut-être une des qualités que j'ai acquis avec le temps. Sur le reste, je suis laborieux, mais le spectacle, je sais.
13:09Mais on est déjà dans l'expression quand on écrit, c'est-à-dire qu'on imagine déjà les choses, on se voit déjà... Non ? On se projette ?
13:16Oui, c'est plutôt quelque chose de rythmique, vraiment comme une fièvre.
13:19On sait si on s'égare, si c'est trop bavard.
13:22Oui.
13:23Je ne saurais pas le dire autrement.
13:24En montant les escaliers pour rejoindre ton nom, parce que tu es tout au-dessus, là, de la maison.
13:29Oui.
13:29On est chez toi, le signal.
13:32J'ai vu des... Excuse-moi d'être curieux comme ça.
13:35J'ai vu des affiches de BD.
13:38Tu as des projets sur la BD ? Ou je...
13:40Oui.
13:41J'ai le droit de te poser la question ?
13:42Oui, oui, il n'y a pas de souci.
13:44C'est quoi ?
13:44Publié. Je travaille beaucoup en Belgique en ce moment.
13:47Oui.
13:47Avec un co-auteur qui s'appelle Vincent Zabus, qui a publié notamment Les petits métiers méconnus, qui a eu un gros succès.
13:53Et on écrit beaucoup à quatre mains.
13:55On s'est retrouvé sur une certaine forme de sensibilité, de maladresse aussi.
13:59Oui.
14:00Et on va publier notre premier album chez Dupuis, qui va s'appeler Au coin de ma rue.
14:04Oui.
14:04Alors Dupuis, belle référence.
14:06Les Belges, autre belle référence dans l'univers de la BD.
14:09C'est quand même des bons.
14:10Ah ben c'est les meilleurs.
14:11Oui, je crois.
14:11En théâtre jeune public aussi, on ne le sait que très peu.
14:14Ah oui.
14:15Mais en jeune public, le théâtre pour les enfants, les Belges sont vraiment les meilleurs.
14:19Ah oui, oui, oui.
14:20Et bien écoute, sur ce beau clin d'œil à nos camarades belges, on va poursuivre sur ta route.
14:24Alors Nicolas, là on est descendu un petit peu en dessous de chez toi, on est près de l'église.
14:35Avec une vue qui est quand même géniale.
14:37Moi j'aime beaucoup.
14:38Même par temps gris, je trouve que c'est chouette.
14:40Ah ben la Moselle par temps gris.
14:42Oui.
14:42Ça va avec la couleur du vin.
14:44Oui, c'est vrai.
14:45Les bons gris.
14:46Les bons gris.
14:47Exactement.
14:48Chote un peu du cocalane.
14:49On parlait tout à l'heure de ton travail avec les gamins dans les écoles, les établissements scolaires.
14:53Mais toi, tu étais quel type de gamin à l'école ?
14:56Tu avais quel genre de vie ?
14:58Oh, je pense qu'on peut résumer ça en un seul mot.
15:01Insupportable.
15:02C'est vrai ?
15:03Ah oui, oui.
15:03J'étais vraiment...
15:05Il y a mon instil de CE2, M. Duval, qui est à Voipi, qui vient toujours aujourd'hui voir ce que je fais.
15:12Ah oui, ce n'est pas le Duval des célèbres pastistes Duval.
15:14Non, non, non, non.
15:15Non, ce n'est pas lui.
15:16Ou alors il ne me l'a pas dit.
15:16Et dès que je joue là en Moselle, encore à 43 ans, il est là dans le public, dans le fond de la salle.
15:22Et pour la première fois, il y a 10 jours, il est venu me voir et il a fait « C'est pas mal ce que tu fais, Nicolas. »
15:28Et en 43 ans, c'est la première fois, je crois, tel Napoléon, pinçant l'oreille à son grenier, il me félicitait.
15:34J'ai été fier de ça.
15:36Moi, j'étais insupportable.
15:37Oui, non, mais c'est chouette.
15:38Et c'est du genre à garder des contacts avec ce qu'on appelait nos petits camarades de classe,
15:43à avoir conservé des contacts très anciens comme ça.
15:46Pas d'amitié, non.
15:48C'est plutôt les amitiés récentes, mais je garde contact beaucoup avec les personnes que je rencontre lorsque j'écris.
15:54Parce que pour moi, aller collecter une histoire, je déteste ce mot.
15:57Et puis ne plus jamais rendre de compte, c'est un peu si difficile.
16:00Il y a un sujet qu'on n'a pas assez creusé, comme je te le disais, on saute vraiment du coq à l'âne dans cette émission, on aime les eaux, la radio.
16:10Oui.
16:10Parce que c'est quand même un grand moment, c'est un grand univers chez toi.
16:13D'ailleurs, j'ai noté que parmi les podcasts les plus écoutés de Radio France, je crois que tu es dans le top 10 pour les comptes, c'est ça ?
16:21On se dit ici, anciennement France Bleu, sûrement.
16:24Mais oui, le confin des comptes, ça marche bien.
16:25Ça marche très bien.
16:26Oui, notre aventure du confinement avec la famille.
16:29Oui.
16:29Et on fournit des nouvelles histoires régulièrement.
16:31Et comment ça démarre cette aventure radio ?
16:33Ça démarre grâce au théâtre de rue, je joue Sherlock Holmes en rue, et le directeur technique à l'époque de France Bleu, Lorraine Nord, vient me voir jouer, est abasourdi par ma grande gueule, et dit, on cherche des chroniqueurs pour un biais d'humour.
16:49Je fais un essai qui dure deux minutes, et ainsi naissent les deux minutes de Nicolas Thuron.
16:53Mais c'est quand même, quand on regarde le rétroviseur, quand on regarde nos vies, c'est quand même plein de rencontres comme ça, qui ont été des étincelles, qui ont été des moments.
17:02Est-ce qu'il y a des rencontres comme ça dans ta vie professionnelle qui ont été beaucoup plus marquantes, c'est-à-dire des gens qui t'ont fait prendre des virages à un moment ?
17:12Ça, c'est une grande question.
17:13Il y a ma prof de théâtre au lycée, Madame Valence, la première qui te regarde avec les yeux de Chimène quand tu es sur scène.
17:20Et puis après, ce ne sont que des amitiés, je pourrais citer celle que j'entretiens avec Fabrice, le musicien avec lequel je travaille le plus, Fabrice Bé, un ancien.
17:30Et ça, c'est hasta la muerte, à la vie et à la mort.
17:33À la vie et à la mort.
17:34Mais la vie est faite de hasard.
17:36Oui, aussi, c'est vrai.
17:37Voilà, j'adore la musique du hasard, comme le disait Paul Auster.
17:39Oui, super.
17:41On va poursuivre, on va monter là, on va monter ou la voir.
17:45Oui.
17:46Ok ?
17:47Je te suis.
17:47Allez, on y va.
17:48Je te suis plutôt.
17:50On est au lavoir ?
18:19Oui, on est au lavoir.
18:20Après ce dessin, derrière, tu nous dis c'est quoi ?
18:22Ça, c'est Robert Smith qui est apparu dans les stigmates de la moisissure du mur, comme le Christ à Cirque-les-Bains.
18:29Enfin, c'est ce qu'on a essayé de faire croire pour introduire une journée de fête qui s'appelait The Cure Thermal,
18:35où on a fait un petit trail dans les vignes, il fallait courir en peignoir et en schlappe.
18:41The Cure Thermal, excellent genou.
18:43Oui, oui, merci.
18:43C'est génial.
18:44C'est génial.
18:45Le Christ à Cirque-les-Bains.
18:46On a tourné une émission il n'y a pas longtemps.
18:49Il y a toujours...
18:50T'es quand même, quand on regarde un peu tout ton univers, Nicolas Thuron, t'es un...
18:55Comment on dit ? Un agitateur.
18:58J'ai dû utiliser le terme de turbulent.
18:59Oui.
19:00Écoute, l'émission, mais c'est plus que ça encore.
19:02Ben, je dirais un sale gosse qui en a fait son métier.
19:05C'est bien.
19:06Voilà.
19:07C'est chouette.
19:07Vaut mieux être sale gosse que vieux con, je crois, même si la limite est parfois un peu ténue, mais...
19:11Mais y compris dans ce village, il y a des choses qui...
19:15En fait, on peut en parler plus sérieusement en disant qu'une mission des artistes, c'est peut-être de créer aujourd'hui les souvenirs de demain.
19:22Si les seuls souvenirs de ces cinq dernières années, c'est la pandémie, les attentats collectifs, c'est pas chouette.
19:30Donc, il faut un pendant festif, malicieux et parfois un peu potache.
19:34Donc, c'est ce qu'on s'attache à créer.
19:36Ouais, potache.
19:37Il y a un truc, on n'aura pas le temps de parler de tout, mais tes activités d'écriture, elles vont bien au-delà de la Lorraine.
19:44T'as fait des choses un peu partout en France, je crois.
19:46Oui, c'est un peu une réinvention du métier de feuilletoniste.
19:49Donc, maintenant, on m'appelle sur des territoires qui sont un peu en souffrance ou qui manquent d'identité, on va dire, qui cherchent à en construire une nouvelle.
19:57Par exemple, j'ai travaillé à Brissac-Loire-Aubens, là où il y a le château au sud d'Angers.
20:02D'accord.
20:03On est dans l'Aubens, l'Anjou.
20:05C'est là où il y a le château de la Loire le plus haut.
20:09D'accord.
20:09Et là-bas, comme une nouvelle, la réforme de 2016.
20:13Donc, il y a dix petits villages qui ont été fondus en un.
20:16Et j'ai écrit une nouvelle policière pour chacun de ces petits patelins, qu'on conserve un peu d'identité.
20:20Oui, c'est bien.
20:21Là, on est à la fontaine de Dorneau.
20:24On est tout en haut du village.
20:25Il y a des panneaux explicatifs, historiques.
20:27Ça, c'est bien, je trouve, qu'on fasse ces choses-là.
20:29C'est-à-dire que là, il y a eu des grandes batailles à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, c'est ça ?
20:33Oui, la Côte de l'Enfer, avec 946 morts dans le bois du fer à cheval.
20:38De l'autre côté de la Moselle, le but était de poser une tête de pont pour aller libérer Metz.
20:43Et comme on le sait, Patton était à court d'essence.
20:46Oui, oui.
20:46Parce que l'essence partait de mémoire vers les Pays-Bas.
20:49C'était un choix politique pour aider les Anglais.
20:51Et du coup, les GIs qui ont combattu ici avaient en leur sein Jack Kirby, l'inventeur de Captain America.
20:58Donc Dorneau est définitivement un village de super-héros.
21:01Oui, oui.
21:02Le choix d'ailleurs dont tu parlais, je crois que c'est un choix d'Eisenhower qu'il fait dans les Vosges.
21:07On en a déjà parlé à cette émission, puisqu'on a reçu un historien qui nous a expliqué cet épisode fantastique.
21:13Cette émission, elle présente des lieux, mais aussi des personnalités Lorraine.
21:20C'est toi aujourd'hui, on essaie de faire un portrait le plus complet possible.
21:24Alors pour compléter un peu ce portrait, pour finir, quand tu observes ce monde de 2025 au-delà de la Lorraine,
21:32qu'est-ce qui t'agace profondément ? Et puis à l'inverse, qu'est-ce qui te rend heureux ?
21:37Depuis que j'ai quitté les réseaux sociaux, il y a beaucoup moins de choses qui m'agacent, figurez-vous, mon cher monsieur.
21:43J'essaye de verser du côté de la bienveillance, pas être trop acide ou aigri.
21:50J'ai réalisé il n'y a pas longtemps qu'ayant déménagé plus de 20 fois depuis que je suis né, j'avais très peu de chez-moi.
21:59Je n'ai pas un arbre fruitier dans un jardin de famille à aller visiter quand ça ne va pas bien.
22:04J'ai peu de racines ou alors elles sont multiples.
22:07J'ai réalisé que mon travail d'artiste et puis peut-être mon comportement d'humain,
22:10c'était beaucoup de chercher à être chez-moi partout et à faire famille.
22:14Inventer des conneries pour marquer un coin, être proche de ses voisins, écouter les histoires.
22:20Et je trouve que si faire chez-soi aujourd'hui ne se limitait pas à sortir cette boîte de Pandore de sa poche
22:27avec ce chez-soi portatif qu'on a partout, et si on s'ouvrait encore un peu aux humanités et aux autres,
22:33le chez-soi collectif pourrait être plus beau, plus heureux, plus commun.
22:37Merci Nicolas, on a fait une belle promenade avec toi.
22:42Et puis bonne route, bonne suite.
22:44Merci.
22:44A bientôt.
22:45Est-ce que ce bruit du lavoir t'a aussi donné envie de pisser autant qu'à bravo ?
22:48Oui, envie de pisser et peut-être de boire l'apéro.
22:51Traditionnellement, dans cette émission, on termine par un apéro.
22:54Je suis très heureux de respecter les traditions.
22:56A bientôt.
22:57Ici Lorraine, craque pour l'émission, sur Marouk, sur Moselle TV et Vosges Télévisions.
23:16Ici, votre radio de proximité en Lorraine.
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