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  • 12/06/2025
Selon une étude publiée ce jeudi, la consommation d'alcool et de drogues au travail a augmenté de 107%. Comment expliquer ce chiffre ? Quels sont les profils ? Jean-Jacques Cado, le président et fondateur d'iThylo, entreprise l'origine de l'étude, est l'invité pour tout comprendre de RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 12 juin 2025.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Cocaïne, alcool, cannabis, leur consommation explose au travail, ce n'est pas compliqué.
00:09Elle a tout simplement doublé en 8 ans, un peu plus de 5% des salariés français ont été testés positifs
00:14d'après une étude publiée par ITILO qui réalise les dépistages en entreprise.
00:19Bonsoir Jean-Jacques Cadot, merci de nous rejoindre.
00:21Vous êtes président et fondateur de l'entreprise ITILO qui a réalisé cette enquête.
00:25L'un des chiffres les plus troublants de votre étude, c'est celui concernant la consommation de cocaïne.
00:3113 fois plus de cas positifs détectés en 2025 qu'en 2017.
00:35On peut parler d'un fléau ?
00:37Bonsoir Jean-Jacques.
00:39Alors fléau, je ne sais pas si on peut qualifier cette hausse de fléau.
00:45Néanmoins, nous ce qu'on observe à notre modeste échelle, c'est que c'est un produit qui se démocratise de plus en plus
00:50et dont oui, la consommation se banalise de plus en plus.
00:56On observe, on a pu réaliser des dépistages sur des sites où désormais, sur 24 personnes que vous dépistez,
01:038 d'entre elles sont positives à la cocaïne.
01:06Je vous cite Jean-Jacques Cadot, on voit très clairement que la consommation se déplace là où le regard s'éteint.
01:12Que voulez-vous dire ?
01:14Je crois que je vois.
01:14On observe alors, par exemple, le soir, on observe une augmentation des consommations.
01:26En fin d'après-midi, sur des équipes qui viendraient prendre leur poste en début de soirée,
01:34là où il y a peut-être un peu moins de surveillance, un peu moins de managers pour les suivre.
01:39Et ce sont des horaires de travail, par exemple, qui sont un petit peu plus propices pour des consommations
01:46et donc des dépistages qui sont positifs.
01:49Vous êtes en train de nous dire que tous nous, aux camarades, qui vont prendre l'antenne passées 20 heures, auront pris de la chenouf ?
01:53Non, non, non, non, bien sûr que non.
01:55Non, non, non, je vous rassure.
01:57Non, non, c'est plutôt pour indiquer, puis pour montrer un petit peu notre réalité du terrain,
02:05notre réalité de ce que nous, on observe.
02:07Le dépistage, c'est quand même un outil qui permet à une organisation de quantifier son niveau d'exposition.
02:14Est-ce que j'ai beaucoup de consommateurs parmi mes collaborateurs ?
02:17Est-ce que ça représente un risque important ?
02:20Puisque ce sont des dépistages qui sont faits sur des postes à risque, sur des personnes en poste à risque.
02:26Et du coup, le dépistage va permettre d'identifier les collaborateurs en difficulté et d'essayer de leur apporter une solution derrière.
02:30Alors là, on parlait surtout de la cocaïne.
02:32Quelles autres substances sont le plus fréquemment détectées dans les tests que vous avez réalisés ?
02:38Alors, le cannabis reste la substance numéro un.
02:42On a l'alcool également qui reste malgré tout assez présente dans les consommations.
02:48Alors, on n'observe pas une augmentation aussi forte entre 2017, date à laquelle on a commencé nos premières campagnes de dépistage,
02:55et du coup début 2025.
02:57Mais néanmoins, on observe malgré tout une augmentation de ces consommations au fil des années.
03:03On parle de tous les profils des ouvriers au cadre supérieur ?
03:07Alors, malheureusement, nous n'avons pas pu systématiquement prendre ce type de catégorie socioprofessionnelle dans notre étude.
03:17Par contre, ce qu'on a pu étudier, et ça parce que c'est une caractéristique que l'on prend à chaque test,
03:22c'est que l'on observe qu'il y a un sujet un petit peu plus important dans la catégorie des intérimaires.
03:30Les intérimaires représentent 15% des personnes que l'on dépiste.
03:34Ils représentent 18% des personnes dépistées positives à l'alcool, donc une légère surreprésentation.
03:39Par contre, sur les stupéfiants, on observe une vraie surreprésentation.
03:42Il y en a 25% des tests positifs au cannabis qui sont des intérimaires, et 31% sur la cocaïne.
03:47Vous avez un élément d'analyse là-dessus ?
03:49Vous pensez qu'ils sont stressés à devoir courir ?
03:51Enfin, pardonnez-moi, ça peut paraître un peu naïf comme remarque,
03:54mais voilà, aller courir partout pour retrouver du boulot ?
03:57Alors, au contraire, en fait.
03:58C'est un discours qu'on peut nous tenir quand on dépiste.
04:02Alors, on n'est pas sociologue non plus.
04:03Non, non, mais...
04:04Pour observer tout ça.
04:06Mais vous avez du bon sens.
04:07Alors, ce qu'on nous tient comme discours, particulièrement chez les intérimaires,
04:13c'est qu'il y a une telle demande, en fait, pour les intérimaires,
04:18de la part des entreprises, particulièrement dans certains secteurs d'activité,
04:22qu'eux préfèrent, en fait, ça ne les embête pas qu'une entreprise
04:25vienne leur signifier une fin de mission si jamais il y a un test positif,
04:30parce qu'ils seront probablement réemployés dans une entreprise qui sera moins regardante,
04:34qui fera moins de dépistage et qui, derrière, ça leur permettra de continuer à consommer.
04:38Ils ont moins peur de perdre leur travail.
04:40À quel moment et où les salariés que vous avez pu interroger
04:43consomment ces substances ?
04:45C'est avant, pendant, après le travail ?
04:48C'est difficile de le détailler avec précision,
04:53mais quelque chose qu'on observe quand même assez fréquemment,
04:56par exemple sur les consommations de stupéfiants, de cannabis, je pense,
04:59on a quand même relativement souvent des consommations qui peuvent avoir lieu
05:03avant de venir au travail ou la veille au soir avant de s'endormir,
05:06et ce sont quand même des consommations qui restent problématiques,
05:09même si elles apparaissent être faites dans le cadre personnel.
05:15Ce qu'il faut savoir, c'est que l'étude Vigican qui avait été conduite par la PHP
05:20il y a quelques années avait montré qu'on était sous l'effet du cannabis
05:24jusqu'à 13 heures après avoir fumé.
05:25Donc une personne qui viendrait à fumer la veille au soir, par exemple,
05:29chez elle dans un cadre personnel,
05:30serait encore sous l'influence, même à la marge,
05:32mais encore sous l'influence du cannabis à sa reprise de poste.
05:35Comment les entreprises réagissent-elles face à ces résultats
05:37et que doivent-elles faire selon vous ?
05:41Les entreprises avec lesquelles on travaille
05:45ont quand même conscience qu'il y a un sujet alcool est stupéfiant chez elles.
05:50C'est pour ça qu'elles investissent sur cette problématique-là.
05:55Alors, pas que sur du dépistage.
05:56Le dépistage n'est finalement qu'un maillon, si je puis dire,
06:01pour essayer de gérer la problématique addiction en milieu professionnel.
06:07Mais ça reste un élément quand même assez intéressant
06:11parce que ça permet de quantifier les choses.
06:14Ça agit aussi souvent comme un électrochoc chez les personnes.
06:17Et nous, il n'est pas rare que lorsqu'on redépiste les mêmes personnes
06:22sur le même site, quand on revient ultérieurement,
06:26qu'on retrouve ces personnes qui soient les premières à se faire dépister
06:28et très fiers de nous montrer qu'elles ont un test négatif
06:32et nous dire que j'ai changé mes consommations,
06:35je me suis mis au sport.
06:36Donc, il y a quand même de belles anecdotes aussi.
06:38Merci beaucoup Jean-Jacques Cadot, président et fondateur d'Itilo
06:41qui réalise les dépistages en entreprise.
06:44Dans un instant, un homme extrêmement sain.
06:46Son carburant, la bonne humeur, voire l'audace.
06:49Marc-Antoine Lebray pour le Breaking News.
06:50Yves Calvi et Agnès Bonfillon
06:52RTL Soir

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