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Pour "protéger l'Europe de la Russie", le secrétaire général de l'Otan appelle à augmenter de 400% la défense aérienne des pays de l'Alliance. Le ciel européen est-il menacé ? Le Général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, est l'invité événement de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 09 juin 2025.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h18 sur RTL, bonsoir Général Pellistrandi.
00:07Bonsoir.
00:08Vous êtes rédacteur en chef de la revue Défense Nationale, merci beaucoup de prendre la parole ce soir sur RTL.
00:13Nous voyons en Ukraine comment la Russie sème la terreur par le ciel, nous allons donc renforcer le bouclier qui protège notre espace aérien.
00:20Êtes-vous d'accord sur le constat fait par le secrétaire général de l'OTAN, Marc Reutheu ?
00:24Oui, donc Marc Reutheu, le secrétaire général de l'OTAN, fait un constat réaliste sur les capacités de défense des pays européens face à une menace balistique,
00:36en l'occurrence la menace russe, et il est vrai que les moyens sont notoirement insuffisants pour protéger l'ensemble de l'espace aérien européen.
00:46Donc je vous ai bien compris, le ciel européen, on va présenter les choses différemment.
00:52Nos équipements actuels ne suffisent pas parce que le ciel européen est menacé ?
00:56Il y a une vraie menace de la part des Russes, c'est la raison pour laquelle d'ailleurs le dispositif à partir d'avions de combat,
01:04par exemple nous avons des rafales qui sont régulièrement déployées dans les Etats-Baltes,
01:09ce dispositif est important mais il n'est pas suffisant face à la menace balistique
01:14et au fait que Moscou ne cesse d'augmenter la fabrication de ces missiles,
01:18missiles qui aujourd'hui servent à frapper l'Ukraine, mais qui constituent une menace pour l'ensemble des pays européens.
01:23Les missiles russes sont-ils capables d'atteindre n'importe quel pays de l'OTAN ?
01:27Alors en fait, pas tous, ils ont une capacité à courte ou moyenne portée,
01:34et quand on parle de courte à moyenne portée, ça peut être de l'ordre de 2 à 3 000 kilomètres.
01:39Et n'oubliez pas par exemple l'utilisation du fameux missile Aurégenie qu'il y a quelques mois,
01:45un missile à capacité nucléaire qui a été tiré cette fois-ci sans tête nucléaire,
01:50mais dont la portée dépasse plusieurs milliers de kilomètres.
01:53Donc il y a une vraie menace et c'est la raison pour laquelle il est impératif d'augmenter nos capacités
01:58pour pouvoir défendre l'ensemble de l'espace aérien européen.
02:01Alors on va détailler cela bien entendu, mais pour faire face à cette menace,
02:04l'OTAN a besoin d'une augmentation de 400% de sa défense aérienne et antimissile,
02:09ces préconisations sont là encore celles du secrétaire général de l'Alliance.
02:14Je rappelle que la France fait partie de l'Alliance aux côtés de 31 autres pays.
02:18Général Pellistrand dit, l'OTAN doit-elle vraiment monter en puissance capacitaire à ce point ?
02:23Et est-ce que ça ne sera pas perçu par les Russes comme justement une menace supplémentaire ?
02:27Non, parce que...
02:29Dans l'autre sens, vous comprenez ce que je veux dire.
02:30Bien sûr, absolument, bien sûr.
02:32Mais parce que ce que réclame le secrétaire général de l'OTAN,
02:38ce ne sont pas des missiles pour agresser la Russie,
02:40mais c'est des missiles pour protéger le territoire européen.
02:44Et donc, par exemple, ce sont l'équivalent de missiles patriotes américains
02:49ou du système franco-italien samté, et il en faut davantage.
02:53L'objectif, c'est vraiment de créer des bulles,
02:56des bulles qui permettent de mieux protéger l'Europe
02:59face à l'agressivité de la Russie,
03:04agressivité que l'on mesure en permanence aujourd'hui,
03:07que ce soit par exemple dans la zone baltique
03:08ou par exemple autour de la Roumanie et de la Pologne.
03:11Ça veut dire que nos missiles aujourd'hui sont dépassés d'une certaine façon ?
03:16Alors, heureusement, nous...
03:17Face, j'allais dire, aux menaces que l'on peut imaginer, bien entendu.
03:19Alors, il faut dire aussi que, qualitativement,
03:23les missiles que nous employons sont extrêmement performants.
03:26D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle les Ukrainiens en demandent davantage
03:29et les missiles sont à la pointe de la technologie.
03:34Il n'en demeure pas moins qu'il en faut davantage.
03:37C'est-à-dire que nous avons des capacités de défense,
03:38alors quand je dis nous, au niveau de l'OTAN,
03:41des capacités de défense, par exemple, pour des bases aériennes,
03:43des bases logistiques, mais ce n'est pas suffisant.
03:45Il faut donc se prémunir face à l'agressivité russe
03:50et c'est la raison pour laquelle il faut se défendre.
03:53L'objectif n'est vraiment pas d'exercer une menace contre la Russie,
03:57mais bien de se protéger face à la menace balistique russe.
04:01Alors, parlons un tout petit peu de Donald Trump.
04:03Est-ce qu'il ne s'agit pas aussi, surtout, de faire plaisir au président américain
04:07qui menace, justement, de quitter l'OTAN
04:09si nous n'augmentons pas notre budget de défense ?
04:11Alors, il a peut-être raison, mais enfin, le risque de désengagement des États-Unis
04:14est à la fois une menace, et je vous pose la question, est-il inévitable ?
04:20Alors, il va y avoir un sommet de l'OTAN extrêmement important
04:23à la fin du mois, à l'AE, aux Pays-Bas,
04:25où d'ailleurs, Donald Trump a prévu de venir.
04:27Il est clair que, depuis son arrivée, tout a été bousculé,
04:31avec le fait que les Européens ont pris conscience,
04:33et cela avant d'ailleurs l'arrivée de Donald Trump,
04:36qu'il fallait réinvestir davantage dans la défense,
04:39passer, en gros, de 2% du PIB à plus, 3,5, voire 5,
04:45parce que la menace russe, elle s'inscrit dans la durée.
04:49Et donc, il y a un véritable effort de réarmement qui doit être fait.
04:53La France a doublé son budget de la défense
04:56depuis l'arrivée du président Emmanuel Macron,
04:59mais il va falloir poursuivre,
05:00et en fait, c'est quelque chose qui est extrêmement important.
05:03Alors, que cela fasse plaisir à Trump ou pas,
05:05la menace est réelle.
05:06Maintenant, ce qu'il va falloir voir, c'est comment s'articule la relation transatlantique
05:11avec les États-Unis de Donald Trump,
05:13dont on voit qu'il y a une volonté d'une forme d'isolationnisme.
05:17Mais dites-moi, c'est mal parti, en 2024, seulement 22 alliés au sein de l'OTAN
05:20ont atteint l'objectif des 2%.
05:22Comment on fait pour arriver à 5 ?
05:24Ces 3% différentiels, ils sont énormes en termes de budget.
05:27Oui, alors, il y a dans les 5%, en fait, la cible est 3,5%.
05:34Et les 1,5%, en fait, ça va être l'environnement stratégique.
05:39Je vais prendre un exemple très concret.
05:41Merci.
05:41Aujourd'hui, c'est très compliqué, par exemple,
05:44si on veut transférer des chars lourds, par exemple,
05:48des chars lourds américains qui arriveraient à Saint-Nazaire,
05:50en France, de les transférer en Roumanie par le train.
05:55Parce qu'il y a des obstacles,
05:56il y a des problématiques de voies ferrées,
06:01d'interdiction de passage, de problèmes douaniers.
06:03Et donc, les 1,5% vont être consacrés
06:06à améliorer, par exemple, nos infrastructures au niveau européen,
06:10nos capacités de stockage,
06:12améliorer, par exemple, la cybersécurité
06:14de l'ensemble des réseaux électriques.
06:17C'est ça ce qui va permettre d'atteindre les 5%.
06:19Et donc, 3,5% pour le matériel militaire, en quelque sorte,
06:24et 1,5% pour protéger la résilience globale
06:26des pays européens, les transports, l'énergie,
06:31tout ce qui est lié à l'intelligence artificielle.
06:33Parce que là aussi, il ne faut pas lui dire
06:34qu'il y a un compétiteur, la Russie,
06:36mais n'oubliez pas aussi, de l'autre côté,
06:38la Chine qui regarde de très près tout ce que nous faisons.
06:42Alors justement, combien même on parviendrait
06:43à augmenter nos budgets,
06:45a-t-on les capacités industrielles pour produire
06:47autant que le souhaite le patron de l'OTAN ?
06:51Alors là aussi, c'est un enjeu qui est extrêmement important
06:54et il faut d'ailleurs raisonner au niveau européen.
06:56Alors depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine,
07:01par exemple, nos industries de défense en France
07:03ont augmenté leur production.
07:05Il fallait...
07:05La production de canons César était en 2022
07:09de deux canons par mois.
07:11Et donc actuellement, nous allons atteindre
07:12les dix canons par mois.
07:14Mais il faut augmenter davantage.
07:16Il y a un vrai problème qui est, d'une part,
07:18le recrutement.
07:19Il faut des techniciens, des ingénieurs.
07:22Et ça, ça ne se fait pas en quelques clics.
07:25Il faut des monts pour monter en puissance.
07:28Et donc c'est un effort collectif qui doit être fait.
07:30Mais il y a urgence,
07:31parce qu'il faut bien comprendre que la Russie,
07:34aujourd'hui, produit en un mois
07:36tout ce que les Européens fabriquent en un an
07:38sur le plan de matériel de défense.
07:40Eh bien, cette dernière image que vous avez utilisée
07:42est très impressionnante.
07:43Merci beaucoup, Général Pellistrandi,
07:45rédacteur en chef de la revue Défense Nationale.
07:48Dans un instant, bien entendu,
07:49notre édition de 18h30 avec Annès Bonfillon.
07:52Puis nous reviendrons avec la spécialiste Émilie Agnou
07:55sur les déclarations d'Éric Lombard.
07:57Le ministre de l'Économie veut engager la baisse
07:59du nombre de fonctionnaires
08:00pour faire des économies.
08:02De quoi parle-t-il concrètement ?
08:04Combien pèse la fonction publique en France ?
08:06Rendez-vous donc à 18h40 sur RTL.
08:08Agnès Bonfillon et Yves Calvi.
08:12RTL Soir.

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