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Le philosophe André Comte-Sponville était l'invité du Face à Face d'Apolline de Malherbe ce mercredi 21 mai sur RMC et BFMTV.

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Transcription
00:00La question, c'est aussi les dérives qui ont pu être dénoncées dans certains pays, comme le Canada par exemple,
00:05où aujourd'hui, 10% des morts le sont par l'usage de l'euthanasie ou du suicide assisté.
00:13Une partie dit que ce sont notamment les plus modestes, les plus pauvres, ceux qui au fond se disent « je vais peser sur mes proches ».
00:21Est-ce qu'il y a ce risque de se dire au fond « je ne veux plus peser sur mes proches ».
00:27Il est certain que si je commence une maladie d'Alzheimer, le souci de ne pas imposer ça à mes enfants sera une raison, entre autres, de ma décision.
00:37Il y en a d'autres, mais ça compte.
00:38Et on a le droit de vouloir préserver ces enfants de cette souffrance, de ces années de galères et de soucis.
00:45Encore faut-il que ce soit une loi de liberté.
00:48Donc il faut faire en sorte que les gens ne décident pas de mourir parce qu'on fait pression sur eux.
00:53Et c'est pour ça qu'on a besoin de garde-fous.
00:55Mais il faut que ce soit une loi de liberté, comme était la loi Veil sur l'IVG, et une loi d'égalité.
01:02Parce que, vous savez, moi il y a un peu plus de 20 ans, pardon, je le dis, un peu plus de 50 ans, j'avais 20 ans.
01:10Je suis parti en Angleterre, à Londres, avec ma jeune compagne de l'époque qui était enceinte et qui avait décidé d'avorter.
01:17Maintenant, ça paraît surprenant qu'on doive quitter son pays pour profiter d'une liberté.
01:23Mais à l'époque, l'avortement était interdit en France, nous sommes donc partis en Angleterre.
01:27L'idée que dans quelques années, je doive partir en Suisse ou en Belgique pour décider de mourir parce que je suis atteint de telle ou telle maladie très lourdement handicapante,
01:36ça veut dire que pendant toute ma vie, à 20 ans et à 75-80 ans, il a fallu que je quitte la France pour être libre.
01:44Donc il faut une loi de liberté et une loi d'égalité.
01:46Parce que chacun sait bien que les plus riches aujourd'hui, qui seront atteints de telle ou telle maladie très grave,
01:51auront les moyens d'aller dans notre pays.
01:52Ils auront moins de mourir, soit dans une clinique de luxe, on leur prendra pas trop de questions, soit en allant en Suisse ou en Belgique.
01:58Les plus pauvres n'en bénéficient pas. Et donc actuellement, il y a un risque de mort à deux vitesses.
02:04Une mort de luxe pour ceux qui pourront bénéficier de cette liberté et les autres qui mourront en EHPAD ou à l'hôpital.

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