André Comte-Sponville : «On a sacrifié à l'éducation des jeunes pour la santé des vieux»

André Comte-Sponville était l'invité politique de La Matinale. Le philosophe est revenu sur  la période Covid-19.

Transcript

00:00 Sur le confinement, moi je ne l'ai jamais condamné.

00:02 J'ai trouvé qu'en France, il était appliqué avec une rigueur un peu exagérée.

00:05 L'obligation de remplir un papier,

00:07 de ne pas pouvoir aller à plus d'un kilomètre de chez soi.

00:09 Nos amis allemands et suisses qui ont confiné,

00:12 mais qui faisaient ce qu'ils appelaient un semi-confinement,

00:14 étaient très étonnés que les Français pratiquent cette espèce d'extrémisme sanitaire.

00:20 Ça m'a moi aussi un petit peu gêné.

00:22 Mais encore une fois, je me suis inquiété pour la santé morale de nos jeunes gens

00:26 et puis pour leur avenir.

00:27 Parce qu'en gros, on a sacrifié l'éducation.

00:30 Les gamins avec des masques, 8 heures par jour,

00:32 essayaient d'apprendre à lire ou d'apprendre l'anglais avec un masque

00:34 et devant un professeur masqué, comment on dirait, des nouvelles.

00:37 On a sacrifié l'éducation des jeunes à la santé de leurs grands-parents.

00:41 Mais pour quelqu'un qui est attaché aux idéaux des Lumières,

00:44 je trouve ça invraisemblable.

00:45 Entre l'éducation des jeunes et la santé des vieux.

00:47 Je suis vieux, je peux le dire.

00:48 Qu'est-ce qui est le plus important ?

00:49 Mais bien sûr, bon sang, l'éducation des jeunes.

00:52 On a choisi le contraire.

00:53 Alors bon, la crise sanitaire semble derrière nous.

00:56 Heureusement, on a des vaccins formidables, tant mieux.

00:59 Profitons des progrès de la médecine, vous voyez.

01:02 Mais je continue, il y a un de mes textes qui porte sur cette pandémie.

01:05 Je continue de trouver que la peur du Covid était exagérée.

01:09 Puis ce qui m'a frappé le plus, c'est qu'il y a la peur du Covid exagérée.

01:13 Par chance ou par bonheur, nos médecins inventent un vaccin.

01:17 J'allais me dire, la peur va reculer. Pas du tout.

01:19 La peur du vaccin s'est ajoutée à la peur du virus.

01:22 Alors comme du coup, les gens ne se vaccinaient pas assez,

01:24 le pauvre Macron invente le pass sanitaire.

01:27 Nouvelle peur, la peur de la dictature.

01:29 Alors, la peur du virus était exagérée.

01:31 La peur du vaccin était totalement irrationnelle.

01:34 La peur de la dictature l'était aussi.

01:37 Et bien loin qu'une peur chasse l'autre, une peur s'ajoute à l'autre.

01:41 Et là encore, j'ai envie de dire, mais bon sang, quand cesserons-nous d'avoir peur ?

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