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  • 12/04/2025

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00:00On passe à notre focus de ce samedi soir qui s'intéresse à l'économie sur le continent africain.
00:07Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a relancé sa politique des droits de douane agressifs,
00:12touchant cette fois directement plusieurs pays africains, avec des taux allant jusqu'à 50% pour le Lesotho.
00:18Ces mesures menacent de déstabiliser certaines économies du continent déjà fragiles.
00:23Au-delà de l'impact direct, c'est toute la géopolitique africaine qui pourrait être redessinée,
00:27notamment avec le contexte de rivalité entre Washington et Pékin.
00:32L'avenir de l'Agoa est également remis en question.
00:35Pour analyser tous ces enjeux, nous recevons aujourd'hui Dauda Samben, fondateur et PDG d'Africatalyst,
00:41qui est un cabinet de conseil spécialisé dans les politiques économiques africaines.
00:45Monsieur Samben, merci d'être avec nous et de nous rejoindre sur France 24.
00:51Un plaisir.
00:52Alors dites-nous, pouvez-vous nous expliquer déjà pourquoi certains pays comme le Lesotho,
00:56on a été tous absolument surpris de découvrir ça, sont particulièrement visés avec des droits de douane pouvant atteindre 50% ?
01:05C'est une bonne question que je pense que l'administration américaine est mieux placée pour répondre.
01:11Ce qu'on sait, c'est qu'en fait, c'est une politique qui ne s'est pas juste appliquée aux pays africains,
01:17mais à tous les pays à travers le monde.
01:19Et bon, depuis, bien sûr, il y a eu des changements, comme vous le savez,
01:22et que maintenant, les surtaxes douanières dits à taxes réciproques ne sont plus applicables.
01:28Au moins, il y a une suspension pour 90 jours.
01:30Et maintenant, il y a une taxe universelle de 10% qui est applicable à plus de 180 pays,
01:36y compris bien sûr les pays africains.
01:37Absolument.
01:39Le Trump a évidemment suspendu pour 90 jours, comme vous l'avez dit.
01:44Le Lesotho, ils ont fait des calculs.
01:46On a vu que c'était des calculs assez, pour ne pas dire curieux,
01:52suspects pour beaucoup de pays.
01:54Et le pays pouvait perdre jusqu'à 8,2% de son PIB.
01:57Concrètement, on a des questions, par exemple,
02:01est-ce que vous savez, vous, pourquoi certains pays ont des exceptions,
02:05des exemptions, certains pays producteurs de pétrole, par exemple, de minerais critiques ?
02:11En fait, dès le début, les produits pétroliers étaient exemptés.
02:15Ils le sont encore.
02:16Et d'ailleurs, aujourd'hui même, on apprend aussi qu'il y a des produits
02:18tels que les ordinateurs et les smartphones qui sont également exemptés.
02:22Maintenant, en fait, vous avez raison, des pays comme les Lesotho,
02:25en fait, si les taxes réciproques étaient mises en œuvre,
02:28allaient perdre vraiment beaucoup de points de pourcentage du PIB.
02:31Et ce n'est pas juste les Lesotho, en Afrique,
02:32il y a d'autres pays, en fait, qui exportent,
02:36en fait, une part non négligeable de leurs exportations aux États-Unis,
02:40telles que l'Afrique du Sud aussi, en fait,
02:42qui allaient perdre vraiment beaucoup
02:44et qui allaient avoir des impacts directs assez importants.
02:47Mais dans l'ensemble, il faut dire quand même que pour le continent africain,
02:50en fait, si vous regardez l'année dernière,
02:51le montant total des exportations était de l'ordre de 40 milliards de dollars.
02:59En fait, c'est relativement ingérable pour, en fait,
03:02un montant total d'exportations qui s'est élevé à plus de 680 milliards pendant la même année.
03:08Mais il faut dire quand même que les pays qui sont directement concernés,
03:11eux, vont vraiment aller vraiment, en fait, souffrir de ces surtaxes
03:16si elles devaient être appliquées.
03:17– Souffrir de ça. Parlons de la Chine.
03:20On sait que la Chine est devenue et le partenaire économique majeur
03:24pour de nombreux pays africains.
03:27Comment cette guerre commerciale sino-américaine,
03:29parce que vous avez dit effectivement que Trump avait suspendu ses taxes dans le monde,
03:35mais a maintenu ses taxes pour la Chine,
03:37est-ce que ça place finalement, cette guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis,
03:41est-ce que ça place l'Afrique dans une position d'arbitre involontaire ?
03:44– Je pense qu'en fait, là où vraiment c'est intéressant de voir ces situations,
03:51je disais tantôt que les effets directs allaient peut-être être ressentis
03:54par un certain nombre de pays, peut-être un peu moins d'une dizaine en Afrique,
03:58parce que c'était des pays qui étaient très exposés aux exportations afriques américaines.
04:02Mais là où l'ensemble du continent risque vraiment de partir,
04:05c'est en fait à travers les effets indirects,
04:07les effets de second tour, comme on les appelle.
04:10Donc c'est-à-dire en fait tout ce qui peut vraiment toucher le risque de récession de l'économie mondiale.
04:16Et quand vous parlez de rivalité sino-américaine,
04:19en fait ça fait partie de ces déterminants qui peuvent vraiment causer ce risque de récession.
04:25Et là en fait, si une récession de l'économie mondiale devait s'opérer,
04:29effectivement l'Afrique allait beaucoup aussi,
04:33en tout cas les effets allaient s'en faire ressentir au niveau du continent.
04:37Maintenant, est-ce que l'Afrique en fait est en position d'arrivée ?
04:40Moi je dirais plutôt qu'effectivement il faudrait que l'Afrique essaie de trouver en fait
04:45les moyens de faire face à ces défis qui sont extrêmement colossaux et sérieux.
04:49Mais en même temps aussi, c'est vraiment une opportunité pour le continent
04:53de voir comment est-ce qu'elle peut répondre à ce genre de défis
04:56et peut-être en tirer profit.
04:59Et bien sûr en tenant compte des tensions géopolitiques qui sont là pour rester.
05:03L'Union africaine a réagi, vous parlez de la réaction africaine,
05:07avec beaucoup d'inquiétudes.
05:09Mais au-delà des déclarations,
05:11quels leviers concrets finalement les instituts panafricains,
05:16comme l'Union africaine, peuvent déployer justement pour résister face à ça ?
05:20On parle aussi notamment de la Zélékaf, par exemple,
05:23cette zone de libre-échange sur le continent africain,
05:25qui ferait de ce marché africain le plus grand marché au monde.
05:29Est-ce que c'est une piste, par exemple, de solution pour résister face à cette guerre commerciale mondiale ?
05:35Tout d'abord, je suis d'accord avec vous.
05:38Je pense que l'Union africaine a un rôle extrêmement important à jouer.
05:41Pourquoi ? Parce qu'en fait, d'abord, il s'agit de comprendre à l'échelle continentale
05:45quel est l'impact de ces tarifs douaniers qui sont imposés par les États-Unis.
05:49En tout cas, quel est l'impact de ces changements dans la politique commerciale américaine ?
05:53C'est extrêmement important que l'Union panafricaine, en tout cas, puisse jouer un rôle
05:57en essayant d'abord de comprendre l'impact économique et social de ces changements.
06:04Deuxièmement aussi, en faisant en sorte que les pays n'aillent pas en ordre de disperser
06:09vers des négociations bilatérales avec les États-Unis.
06:13Je pense que si on s'engageait dans ce sens, ce serait vraiment en fait une erreur.
06:18Et donc, l'Union africaine a un rôle à jouer en faisant en sorte que ces négociations
06:22puissent être faites de manière collective.
06:24Rappelons-nous qu'en fait, la suspension est de juste 90 jours.
06:27Donc, il s'agit vraiment de trouver là, d'ici là, le meilleur moyen de tirer parti
06:32de ces négociations pour le bénéfice de l'Afrique en général.
06:36Je pense que ce serait extrêmement important.
06:37Au-delà des négociations, je pense qu'il est aussi important de faire en sorte que l'Afrique
06:42puisse accélérer les efforts qui sont déjà consentis dans le cadre de la mise en œuvre
06:47de la ZLEKA, de la zone de libre-échange continentale africaine.
06:50Il y a vraiment des avancées notables qui ont été faites depuis 2021.
06:55Il s'agit de les accélérer davantage pour que le continent puisse tirer profit
06:59de ces énormes atouts.
07:00On parle d'un peu plus de 4 milliards de consommateurs potentiels.
07:06On parle également d'une classe moyenne en plein essor.
07:09On parle également vraiment de beaucoup de possibilités en termes de nombre d'entreprises
07:15avec un chiffre d'affaires de plus d'un milliard de dollars.
07:17Donc vraiment, je pense qu'il y a quand même le moyen de tirer profit de ça.
07:20Oui, on vous entend.
07:21Un mot rapide sur l'AGOA, ce programme qui exempte plus de droits de douane,
07:25justement de 6 800 produits africains.
07:28Son avenir semble compromis.
07:31Est-ce que finalement, la réponse n'était pas aussi dans la ZLEKAF ?
07:34Peut-être ?
07:37Oui, effectivement.
07:37En fait, c'est dans la ZLEKAF, effectivement.
07:39Mais je pense qu'en fait, il est déjà prévu que les négociations dans le cadre de l'AGOA
07:44vont être poursuivies cet été même.
07:48Et donc, j'ai vu l'Union africaine aussi déjà commencer à se préparer
07:52entre les ministres du commerce africain pour pouvoir y aller de manière concertée.
07:56Je pense que c'est la bonne approche.
07:59Maintenant, cela dit, je pense qu'il faudrait aussi songer à diversifier un peu nos partenariats.
08:04Je pense que c'est extrêmement important.
08:06Cette situation nous montre à quel point il est important vraiment de pouvoir limiter
08:11les risques de concentration, comme on les appelle, en tout cas sur un nombre réduit de partenaires.
08:17Il est aussi important vraiment d'accélérer les efforts pour renforcer la transformation structurelle de nos économies
08:24de sorte qu'on puisse créer de nouvelles chaînes de valeur.
08:27Absolument.
08:28Merci, Daouda Samben.
08:29On vous entend.
08:30Merci beaucoup.
08:31Vous êtes PDG d'Africatalyst.
08:32Merci d'être venu sur ce journal.
08:34C'est la fin de ce journal de l'Afrique.
08:36Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde, de Libreville à Washington.
08:40En passant par Abidjan, restez avec nous car l'actualité continue sur Plan 24.
08:43Sous-titrage Société Radio-Canada
08:47Sous-titrage Société Radio-Canada

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