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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brézé.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Alexis, on s'était fait à l'idée que François Bayrou resterait à Matignon jusqu'à l'automne.
00:08Voici que résonne à nouveau la petite musique de la censure.
00:11Alors à quoi l'attribuer, Alexis ? Les mauvais sondages ? L'affaire Bétarame aussi peut-être ?
00:16Soyez honnête Dimitri, les sondages de François Bayrou, Premier ministre, ont toujours été mauvais.
00:22Bon, maintenant ils sont très mauvais.
00:24Pire que ceux de Jean-Marc Ayrault, ce qui n'est pas une mince performance.
00:27Mais bon, un mauvais sondage n'a jamais tué qui que ce soit, sinon il n'y aurait plus personne depuis longtemps à l'Elysée.
00:33Quant à l'affaire Bétarame, quiconque voit un peu plus loin que le bout de son nez
00:38aura compris que derrière la campagne de la petite coterie mélanchonisto-média-partienne
00:44qui instrumentalise à des fins politiques la souffrance des victimes,
00:48il y a le retour, et nous n'en sommes qu'au début,
00:51de la bonne vieille guerre menée par la gauche laïcarde contre l'école libre
00:56avec, je le crains, la complicité active d'Elisabeth Borne.
01:01Alors, bien sûr, tout cela ne le renforce pas,
01:04mais ce qui affaiblit François Bayrou et qu'il met en péril,
01:08c'est surtout, me semble-t-il, ce qu'il faut bien appeler l'échec d'une méthode,
01:12ou plus exactement d'une anti-méthode, remarquablement constante,
01:17et qui malheureusement aboutit trop souvent à la même absence de résultats.
01:22Anti-méthode, qu'est-ce que vous voulez dire par là, Alexis ?
01:24Que face à un problème politique, le premier mouvement du premier ministre est souvent le bon.
01:30Seulement voilà, au lieu d'assumer clairement sa position,
01:34et donc de mécontenter ceux qui ne seraient pas d'accord avec elle,
01:36il imagine toujours un moyen subtil de ménager la chèvre et le chou,
01:41et de reporter à plus tard le moment de vérité.
01:44Alors au début, on applaudit, on dit c'est très intelligent,
01:46il va passer entre le ziste et le zeste, quelle habileté !
01:49Et puis très vite, le piège se referme, et il se retrouve totalement coincé.
01:54Prenez le budget.
01:56Il aurait pu dire, je le fais adopter avec l'abstention du RN,
01:59et tant pis si le PS n'en veut pas.
02:01Mais non.
02:01Pour se ménager les faveurs de la gauche,
02:04il a inventé cette histoire de conclave,
02:06alors qu'il n'a jamais eu l'intention de revoir la limite d'âge,
02:09en se disant qu'on verrait bien après.
02:11Le budget est passé, bravo.
02:12Enfin maintenant, les socialistes, et c'est logique, réclament leur dû.
02:16Haut exemple, l'Algérie.
02:18S'appuyant sur Bruno Retailleau, François Bayrou pose d'abord un vigoureux ultimatum.
02:23Si dans six semaines, le président Tebbou n'est pas venu à récépiscence,
02:26on dénonce les accords de 68.
02:28Bravo ! Enfin du courage !
02:30Seulement voilà, huit jours plus tard, l'ultimatum n'en est plus un,
02:34il n'est plus question de toucher aux accords de 68,
02:36ça n'est plus Bruno Retailleau mais Jean-Noël Barraud qui traite le sujet,
02:40et au bout de six semaines, parce qu'on a obtenu de l'Algérie aucune concession,
02:44on rajoute trois semaines de mieux, ce n'est pas une réussite.
02:46Oui, mais vous savez bien Alexis que François Bayrou n'est pas le seul à d'abord agérer le dossier algérien,
02:50il doit compter, c'est logique, avec Emmanuel Macron.
02:52Oui, c'est vrai Dimitri, je vous cède le point.
02:54Même si, quand on n'est pas d'accord, on peut toujours dire non.
02:57Mais l'euthanasie, ça n'est pas le domaine réservé, ça n'est pas Emmanuel Macron.
03:02François Bayrou, il ne s'en est jamais caché, c'est à son honneur et contre.
03:05Il est catholique, il estime qu'un être humain, a fortiori un soignant, ne doit pas donner légalement la mort à un autre être humain.
03:11Et il aurait pu dire, tant que je serai Premier ministre, cette loi ne passera pas.
03:15Mais non, il a préféré diviser le projet en deux propositions de loi,
03:19dans l'espoir que l'une sur les soins palliatifs sera adoptée, et que l'autre sur l'euthanasie ne le sera pas.
03:26Alors une fois de plus, on dit, c'est astucieux, on applaudit.
03:28Mais les partisans de l'euthanasie, qui ont vu la manœuvre, se débrouillent pour lier les deux propositions l'une à l'autre,
03:34et François Bayrou est coincé.
03:37Impuissant, il risque de rester comme celui par qui est advenu cette rupture anthropologique qui le heurte pourtant profondément.
03:45Est-ce que cela suffira pour autant à garantir sa survie politique ?
03:48Rien n'est moins sûr.
03:50Quand on recule, c'est souvent pour mieux sauter.
03:52L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brézé,
03:55est sauté dans le sens qui n'est pas forcément celui que l'on croit, si je vous ai bien suivi.