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  • il y a 10 mois
Carrefour, Les Mousquetaires, Auchan, Casino, Coopérative U...plusieurs patrons de la grande distribution étaient au Salon de l'agriculture ce mercredi autour de l'animatrice Karine Le Marchand pour présenter des actions communes en faveur des agriculteurs. Parmi elles, le label "L'amour est tout près" pour identifier les produits vendus par des agriculteurs en difficulté et un observatoire des "filières d'avenir" pour permettre d'anticiper les besoins du marché et d'orienter les agriculteurs vers la diversification de leurs productions.

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Transcription
00:00On va parler à présent du tour de force de Karine Lemarchand au Salon de l'agriculture.
00:05Karine Lemarchand, on la connaît tous, animatrice de L'Amour est dans le Pré sur M6.
00:09Elle a réussi à mettre presque tous les distributeurs autour de la table et de mettre en place une charte,
00:16une charte avec ses distributeurs pour favoriser les agriculteurs.
00:21Bonjour, Karine Lemarchand. Merci beaucoup d'être avec nous ce matin.
00:25Bonjour.
00:25Je voulais qu'on détaille un petit peu ce que contient cette charte. Déjà, un premier point.
00:30Vous nous dites que les agriculteurs en difficulté pourront vendre directement leurs produits en grande surface.
00:35C'est le premier point sur lequel vous vous êtes mis d'accord avec les distributeurs aujourd'hui ?
00:42Oui, absolument, avec nos cinq partenaires, Auchan, Casino, Intermarché, Carrefour et Coopérative U.
00:50Les petits producteurs qui ont moins de deux salariés hors saisonniers,
00:55qui transforment évidemment leurs produits, qui se déclarent en difficulté,
01:00vont pouvoir ouvrir la porte des magasins partenaires à moins de 100 kilomètres de chez eux.
01:06Ça peut faire quand même pas mal de magasins.
01:08Ils vont pouvoir vendre leur production au prix qu'eux fixent, sans négociation, sans intermédiaire, payé sous 30 jours.
01:16Et il y aura une signalétique commune dans toute la France qui s'appelle L'Amour est tout près,
01:20de façon à ce que les consommateurs puissent reconnaître les produits locaux de saison et pouvoir aider les agriculteurs en difficulté.
01:32Là-dessus, les distributeurs ont été OK dès le départ ? Ou il y a eu des réticences ?
01:40Non, pas du tout, il n'y a pas eu de réticence.
01:44Depuis le début, je les ai vus séparément et je leur ai dit qu'est-ce qu'on peut faire ensemble,
01:49concrètement, qui n'a jamais été fait, pour aider les petits producteurs, la surproduction et aussi pour les filières d'avenir,
01:55pour essayer d'enrayer le fait qu'il y ait de moins en moins d'agriculteurs en France.
02:01Alors justement, comment est-ce qu'on fait ?
02:03Effectivement, un des piliers, c'est se projeter sur l'avenir.
02:05Comment on fait pour faire face à ce manque d'agriculteurs qui s'accentue avec les années ?
02:12En fait, on va créer un observatoire des filières d'avenir avec nos partenaires,
02:18mais aussi avec la Chambre d'agriculture, les jeunes agriculteurs, la FNSEA,
02:22et déjà la région sud s'est positionnée aussi pour nous accompagner.
02:26Et depuis la base, depuis les consommateurs, en fait, on va faire remonter les filières qui risquent d'être en pénurie
02:32ou les filières qui existent dans d'autres pays mais pas encore chez nous
02:36ou qui ne peuvent pas fournir assez de viande, de fruits à coque, de fruits rouges, etc.
02:43Et en fait, on va réimplanter ces filières, mais surtout, on va pouvoir contractualiser.
02:48C'est-à-dire que dans un an, quand on reviendra au Salon de l'agriculture avec nos partenaires,
02:52on va pouvoir dire voilà, on a besoin de la filière pistache, on a besoin de tant de tonnes,
02:59et on est prêt, nous, à mettre sur la table des contrats de 3 à 5 ans
03:02avec toutes les personnes qui veulent se mettre à planter des pistachés, par exemple.
03:06— Vous parlez aussi de la problématique de la surproduction. Là-dessus, qu'est-ce qui a été décidé ?
03:12— Alors là, la surproduction, je vais avoir besoin des médias, donc je vais avoir besoin de vous.
03:15Aujourd'hui, la situation est claire. Il y a eu l'année dernière... Voilà.
03:20L'année dernière, il y a eu 6 épisodes de surproduction. La courgette, la tomate, il y a eu aussi les chalotes.
03:26Quand les prix s'écroulent, c'est qu'il y a une surproduction saisonnière.
03:30Et souvent, on est en danger parce qu'il peut y avoir aussi les pluies qui arrivent, etc.
03:35Donc pour les maraîchers qui font des denrées périssables, il y a urgence.
03:40Aujourd'hui, France Agrimaire alerte la distribution qui est tenue de vendre avec des marges réduites la surproduction.
03:49Mais les consommateurs sont même pas au courant. Donc ils voient dans un magasin une cagette de melon à 15 €.
03:55Ils ont pas forcément envie de melon ce jour-là. Et ils savent surtout pas que s'ils achètent ce melon,
03:58ils vont aider des agriculteurs français. Là, en fait, quand il y aura une alerte surproduction,
04:03on a besoin de tous les médias, télé, radio, PQR. On va faire une espèce de charte avec eux,
04:10aussi une signalétique commune. Et en fait, quand il y aura, par exemple, trop de melon,
04:15alerte surproduction, eh ben j'aurai besoin que vous. Dans les météos, dans les JT, etc.
04:21Vous disiez, voilà, allez dans vos hyper, allez acheter du melon français. On a besoin de vous.
04:26Et comme ça, en fait, les Français vont le savoir. Ils vont pouvoir aller acheter le melon.
04:31On va pouvoir écouler la surproduction. Mais surtout, comme il y aura une demande supérieure,
04:35on va pouvoir l'acheter plus cher. Alors que là, jusqu'à présent, les agriculteurs, ils vendent à perte.
04:41— Ils étaient perdants là-dessus. Quand on fait le point sur les distributeurs qui étaient présents
04:45autour de vous aujourd'hui, Carrefour, Les Mousquetaires, Auchan, Casino, Coopérative U,
04:49ils étaient quasiment tous présents. Il manquait un des grands distributeurs. Il manquait Michel-Édouard Leclerc.
04:58— Bah pourtant, écoutez, il était invité à participer. Mais il n'a pas voulu nous rejoindre. Donc je n'allais pas
05:04lui mettre un pistolet sur la tempe. — Mais comment vous l'interprétez, vous ?
05:10— Bah je l'interprète qu'il n'avait pas envie. C'est tout. Ils n'avaient pas envie d'aider concrètement
05:14les petits producteurs. Qu'est-ce que vous voulez que je dise ? J'ai pas d'autre explication.
05:20— Vous réussissez en tout cas là où il y a beaucoup de ministres de l'Agriculture qui ont échoué.
05:25J'allais dire... Est-ce que ça vous plaît de faire de la politique ? Ça vous plairait de faire de la politique,
05:30Karine Lemarchand, future ministre de l'Agriculture ?
05:35— Je pense que si j'étais dans un bord politique, d'abord, je pourrais plus faire une ambition intime.
05:39Et ensuite, je pense que j'arriverais pas à faire tout ça si j'étais politisée. C'est parce que justement,
05:44je suis neutre et sincère qu'on me suit. Ça me permet aussi d'avoir des coups de gueule. Ça me permet de dire
05:49« Non, c'est pas assez. On peut faire plus », etc., parce que j'ai pas d'intérêt, en fait.
05:54— Merci beaucoup. Merci, Karine Lemarchand. On est très contents de vous avoir mis sur BFM TV.
06:00Vous avez pu détailler ces mesures. — Moi aussi. Je continue au BFM pour suivre le projet.
06:04— Exactement. On a compris le message. Quand il y aura de la surproduction, on dira qu'il y a trop de melons
06:09dans les rayons et qu'il faut aller acheter les melons. On passera le message. Merci, Karine Lemarchand.
06:13— Oui, oui, oui. Au revoir. Merci. Au revoir. — Merci beaucoup. Yves Puget nous a rejoint,
06:18directeur des rédactions du magazine LSA, le magazine des professionnels de la consommation.
06:22Est-ce que, déjà, vous saluez la démarche de Karine Lemarchand ? — Oui, c'est une belle initiative.
06:25Alors certains disent que c'est de la communication, mais la communication, c'est pas un gros mot, d'abord.
06:30Et ensuite, ça va dans le bon sens. Après, il faut être conscient que la mise en place sera compliquée.
06:36Quand on dit tout simplement « Je vais pouvoir, je suis, j'ai que 2 salariés, mette mes frises et légumes
06:42en rayon », il faut d'abord qu'il y ait de la place. Ça va prendre la place d'autres fournisseurs.
06:47Il faudra justifier, effectivement, d'être en perte. Il faudra justifier de certaines qualités, quand même,
06:53parce que le distributeur est responsable des produits qu'il met en rayon. Et puis dernière chose,
06:58celui qui va décider, in fine, c'est le consommateur. Encore une fois, il y a les déclarations.
07:03On est tous prêts à payer plus cher pour sauver le monde agricole. Mais encore une fois,
07:07les Français se précipitent sur les prix bas, donc seront plus prêts à faire cet effort.
07:11— C'est ce que j'allais dire. Est-ce que vraiment, les Français... Alors les Français, effectivement,
07:14sur le papier, ils veulent aider les petits agriculteurs. Mais dans les faits, ils achètent toujours moins cher.
07:19Et pas toujours français, d'ailleurs. — Non. Dans les faits, le lait qui se vend le plus,
07:22c'est un lait équitable qui est... Je sais plus la marque, mais qui a été créée par des producteurs de lait.
07:28— Si je peux me permettre, il le fait croire. C'est 3% de part de marché. — En tout cas, personne ne contredit
07:33les chiffres qui sont donnés et qui ont l'air d'être... — Je vous les contredit. C'est juste... Non, non.
07:37C'est de la très bonne communication, là, entre guillemets. C'est qui le patron ? C'est 3% de part de marché.
07:41Les deux leaders ont 20%. Et les marques de distributeurs... — En tout cas, ça fonctionne bien.
07:46— C'est 3%. C'est bien. C'est une belle initiative. Il faut la saluer. Mais ce n'est que 3%. Le lait produit en France,
07:53seulement 10% du lait va dans les briques et les bouteilles qu'on achète. Et dans ces 10%, c'est qui le patron ?
08:00C'est 3% de part de marché. En revanche, il a posé le sujet sur la table médiatiquement. Et là, il a raison.
08:07— Non mais ce qui est intéressant, je trouve... Juste en deux mots, ce qui est intéressant, c'est ce qu'a dit
08:10Karine Lemarchand. Si j'étais politique, je n'aurais peut-être pas... — C'est parce qu'elle n'est pas politique
08:15qu'elle arrive à tisser ce lien. — Voilà. C'est parce qu'elle n'est pas politique. Et là, elle met quand même le doigt
08:17sur quelque chose. C'est la complexité aujourd'hui dans laquelle se trouvent des politiques qui ne sont plus crues,
08:25dans lesquelles on n'a plus aucune confiance, à tort ou à raison. Il s'agit pas d'ouvrir ce débat-là. Et sur le fait que,
08:31finalement, c'est vrai que Karine Lemarchand est arrivée avec sa sincérité, son envie de communiquer. Qu'importe !
08:36Qu'importe ce qu'il y a derrière. En tout cas, elle est arrivée avec une connaissance des personnes dont elle parlait,
08:42avec une vraie empathie pour le sujet. Et les distributeurs se sont retrouvés dans une situation où ils n'ont pas voulu
08:48passer pour les gros méchants, parce que c'est ça qu'il y a derrière, en réalité. C'est qu'ils n'ont pas voulu qu'elles puissent
08:54pointer leur manque d'empathie envers les agriculteurs, sauf un. Et c'est comme ça qu'elle y est arrivée. Et là, il y a peut-être
09:01quelque chose à travailler et à comprendre pour avancer sur plein d'autres sujets, par exemple.
09:07Michel-Édouard Leclerc qui se justifie en disant qu'on l'aurait accusé de faire de la com'. D'où son absence. Voilà.
09:15Oui, c'est ce qu'on dit là, mais enfin, en même temps. Et c'est pas un gros mot, effectivement.
09:18Là, vous avez entièrement raison. Il y a eu 28 lois sur les négociations commerciales depuis la Seconde Guerre mondiale.
09:25Il y a eu 5 lois ces 8 dernières années. Là, ce n'est pas une loi. Et c'est ça qui est intéressant.
09:31J'ai envie de dire que c'est un code de bonne conduite. Et c'est pour ça que c'est intéressant.
09:36Ça ne va pas sauver les agriculteurs, ça va les aider. Et moralement, ça les soutient.
09:41C'est le format des fameuses concertations qu'aime tant faire Emmanuel Macron. Et c'est là qu'on voit,
09:46je suis parfaitement d'accord avec vous et avec Karine Lemarchand, la faillite du politique sur ces questions-là,
09:51à cause des intérêts, à cause des discours politiciens, à cause de tout cela, à cause de l'électoralisme,
09:56à cause de toutes sortes de populisme ou autre. Vous savez ce qu'on dit ? On dit « le partisan œuvre pour son parti,
10:02le paysan œuvre pour son pays ». C'est exactement ça qu'on est en train de voir aujourd'hui.
10:07Question sur une initiative. Tout ça, ça se déroule dans un contexte particulier.
10:10On sait qu'il y a des négociations assez tendues comme chaque année qui ont lieu entre les distributeurs et les industriels.
10:16Elles doivent être bouclées, ces négociations, avant le 1er mars. Ce sont ces négociations qui fixent les prix dans les rayons.
10:22Déjà, est-ce qu'on a la tendance à ce qui est a priori...
10:25D'abord, les négociations sont compliquées. Et je pense qu'il y aura de toute façon, à la fin de l'année,
10:30on terminera avec une petite inflation, avec effectivement, encore une fois, la moyenne qui ne veut rien dire.
10:34C'est-à-dire que vous allez avoir des marchés qui seront en déflation. On peut citer l'hygiène-beauté, l'entretien,
10:39sans doute tout ce qui est pâtes, parce que le blé est à la baisse. Mais si vous allez sur le jus d'orange, le cacao, le café,
10:44là, on aura des hausses.
10:46Vous avez vu cette proposition ? Si les distributeurs affichaient leur prix d'achat dans les rayons,
10:51et donc qu'on voit, qu'ils nous permettraient de voir, en gros, la marge qui se fond sur les produits ?
10:56Alors, c'est une enseigne de surgelé qui ne fait que de la marque de distributeurs.
11:01Donc, je peux le comprendre dans cette filière, mais c'est un prix unique dans tous les magasins.
11:05C'est totalement impossible économiquement et dans la pratique, dans une grande enseigne de distribution,
11:10où les prix varient selon les magasins, parce que les loyers ne sont pas les mêmes partout,
11:14les conditions de livraison ne sont pas les mêmes partout.
11:16Et j'ai envie de dire, trop de transparence, on va rapidement au populisme.
11:20C'est un peu démagogue.
11:22Vous trouvez ça démagogue ?
11:24Oui, c'est un peu démagogue.
11:26Je trouve que c'est une sorte de dérive du name and shame,
11:29qui est vraiment de dire, on va vous montrer tout la réalité,
11:32alors qu'effectivement, la réalité, elle est beaucoup plus complexe que ça, comme vous venez de le dire.
11:36Il y a beaucoup de facteurs et de paramètres qui entrent en jeu, qui ne seront pas sur l'étiquette.
11:39Donc, quelque part, je suis assez d'accord avec vous,
11:43ça va vite glisser vers un populisme qui n'est pas forcément souhaitable.
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