La loi d'orientation agricole a été définitivement adoptée au Parlement jeudi 20 février, point final d'un sprint pour livrer, avant le Salon de l'agriculture qui débute samedi, ce texte présenté comme une réponse à la grogne du secteur, mais critiqué à gauche pour des "renoncements" environnementaux. Pour Karine Duc, coprésidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne cette loi "passe à côté de l'essentiel".
00:00Et avec nous ce matin, Karine Duc, vous êtes coprésidente de la coordination rurale du Lotte-Garonne, Christophe Soulard en plateau avec nous, rédacteur en chef de l'agence de presse Actu Agri.
00:15Et on rejoint tout de suite dans les coulisses du Salon de l'Agriculture, Laura Baquet, on en est aux ultimes préparatifs du Salon, dernière organisation, il faut que tout soit prêt demain.
00:27Oui exactement, l'objectif que tout soit prêt pour accueillir environ 600 000 visiteurs mais que tout soit prêt également pour les bêtes car elles ont fait toutes un très long voyage.
00:37Alors pour l'instant, pas de public dans le Salon, les bêtes ont le temps de s'acclimater, elles vont arriver tout au long de la journée pour avoir le temps de s'acclimater aux nombreux visiteurs.
00:47Et nous sommes avec Nana et son éleveur Didier, racontez-nous alors comment est-ce qu'on la prépare pour accueillir autant de monde, pour qu'elle voit autant de monde ?
00:55Alors petite précision, je ne suis pas son éleveur, j'aide son éleveur. Donc là les animaux sont arrivés hier soir pour le concours de lundi, donc là on est en face d'acclimatation, préparation des animaux.
01:07Donc les reposer déjà du voyage qui peut être très long pour les plus éloignés et puis après c'est mettre en forme la vache correctement pour le concours de lundi.
01:19Et alors justement comment on la met en forme ? Alors ce matin vous m'avez raconté, il y a eu la traite, le lavage, là elle a l'air plutôt calme, vous la sentez comment ?
01:27Pour l'instant elle les aime, pour l'instant elle les aime. Maintenant c'est à elle de faire le boulot de son côté aussi.
01:32Donc pour qu'elle soit, et nous, de la mettre au top pour le concours de lundi et essayer de gagner quelque chose.
01:40Merci, merci beaucoup. Donc vous avez entendu, les éleveurs, aideurs d'éleveurs sont en train de se préparer et préparent leurs animaux pour l'ouverture des portes du salon qui aura lieu demain dès 9h.
01:52Oui parce que le salon c'est du concours, c'est aussi évidemment le grand défilé des politiques.
01:56Et Karine Duc, est-ce que la loi d'orientation agricole qui a été votée par le Parlement a apaisé un peu les tensions ?
02:03Ben écoutez non, elle n'a pas apaisé les tensions puisqu'on passe à côté de l'essentiel. Je pense sincèrement, c'est pas une satisfaction que d'arriver à la veille de ce salon de l'agriculture avec cette loi qui n'aborde pas les principaux points d'avancement que l'on attendait et que l'on attend depuis plus d'un an maintenant.
02:26Je le dis et je le répète, si nous ne focalisons pas sur...
02:30Vous pensez aux revenus agricoles ?
02:32Pardon ?
02:33Vous pensez aux revenus agricoles ?
02:35Bien évidemment je pense aux revenus agricoles mais pour faire du revenu il faut pouvoir produire de façon loyale avec l'ensemble des pays européens déjà dans un premier temps.
02:44Il faut qu'on puisse travailler à armes égales, mettre fin et avoir cette même réglementation française que partout en Europe ça nous permettrait de produire.
02:53Notre coeur de métier c'est produire. Pour pouvoir envisager un revenu il faut produire premièrement et là dessus la loi ne répond strictement à rien à cette préoccupation là.
03:05Le renouvellement des générations, les quelques points qui sont avancés dans cette loi ne peuvent pas aboutir si la base même de notre métier n'est pas réglée.
03:21On ne peut pas installer des jeunes si on n'a pas la possibilité de leur proposer de vivre de leur production.
03:29Les bases ne sont pas posées et donc bien évidemment qu'on ne peut pas se satisfaire de cette loi qu'on nous brandit comme une solution avant ce salon de l'agriculture.
03:40Est-ce qu'on est passé à côté de l'essentiel Christophe si on a oublié le revenu agricole ?
03:45C'est un élément de la loi mais il n'y a pas que ça dans la loi, il y a quand même d'autres avancées qui ont été réalisées.
03:53Je pense notamment comme madame parlait d'installation, il y a quand même un guichet unique qui a été acté pour la transmission pour les jeunes agriculteurs.
04:04Il ne faut quand même pas oublier que 220 000 agriculteurs seront en âge de partir à la retraite dans les dix ans qui viennent.
04:14Il y a un véritable défi pour assurer la souveraineté alimentaire de la France de ce point de vue-là.
04:20Autre chiffre aussi qu'il faut rappeler c'est qu'il y a un agriculteur sur cinq issu du milieu agricole qui reprendra la ferme des parents derrière.
04:29Quand on voit ces chiffres-là, effectivement l'installation c'est un vrai défi pour l'agriculture française.
04:35Parmi les mesures également de cette loi d'orientation agricole, il y a des mesures qui font débat et notamment chez les associations écologistes ou à gauche
04:42qui disent que la loi d'orientation agricole marque une régression environnementale. Est-ce que c'est vrai ça ?
04:47Oui et non. Il faut savoir déjà que très certainement la gauche va déposer un recours devant le conseil constitutionnel pour ces atteintes environnementales,
05:00pour ces régressions environnementales et que le président de la République aurait bien aimé venir demain avec une loi déjà promulguée, ce qui ne sera pas le cas.
05:09Ce qui pourrait créer quelques petites tensions, notamment avec la coordination rurale qui aime bien aussi faire un petit peu de buzz.
05:18Très concrètement c'est intéressant de rappeler Mathieu, pourquoi la gauche dit que c'est potentiellement une régression environnementale ?
05:24Parce qu'il y a à la fois des principes et des mesures qui la chagrinent. Le principe d'élever l'agriculture au rang d'intérêt majeur de la nation
05:30qui donne des arguments aux juges administratifs pour, quand on met en balance l'agriculture ou l'environnement, désormais il pourra les mettre sur le même plan
05:39et prendre une décision alors qu'on rappelle que la charte de l'environnement était dans la constitution. C'est pour ça qu'on a fait ça.
05:43Et puis il y a des mesures, notamment une simplification des normes sur les haies alors qu'on sait que les défenseurs de l'environnement considèrent que c'est un biotope
05:50qu'il faut à tout prix préserver. Il y a aussi l'intentionnalité de certaines atteintes à l'environnement. Si ça n'est pas intentionnel, dit la nouvelle loi,
05:58l'agriculteur sera sanctionné par une simple amende d'un stage de sensibilisation alors qu'avant il pouvait être poursuivi au pénal.
06:05Sans solution alternative, on ne supprime plus les pesticides.
06:08La loi aussi enjoint la réglementation à ne plus, c'était le slogan de la FNSEA, pas d'interdiction, sans solution, à ne pas faire mieux que les autres pays d'Europe.
06:18C'est-à-dire que si un produit est autorisé en Europe, elle invite à pouvoir le mettre en France.
06:22Clairement, les normes européennes, quand vous prenez un élevage de porcs, vous pouvez avoir 3000 porcs à l'engraissement et 950 porcs en maternité.
06:32Ça, ce sont les règles européennes. En France, on dit que ce sera 2700.
06:36Mais pour revenir au pesticide, Karine Ducasse, qu'est-ce que ça veut dire qu'il y a un risque que les pesticides, que l'on dit dangereux, fassent leur réapparition dans nos campagnes ?
06:45Quand je dis dangereux, c'est pour le consommateur, pour vous, pour tout le monde en fait.
06:50Alors, il faut arrêter avec ce langage incriminateur à notre égard.
06:55Je pense sincèrement que tous les efforts ont été faits.
06:59Aujourd'hui, on est au bout.
07:01On se retrouve sans solution pour certaines filières en termes de traitement, phytopharmaceutiques pour pouvoir mener à bien des cultures.
07:10On se retrouve en déproduction à cause de cela, mais pas que, en grande partie.
07:16Et en contrepartie, on se retrouve avec cette hypocrisie d'État qui est d'importer et donner à la consommation de l'ensemble de la population tous ces produits que l'on ne nous autorise pas.
07:29Tous ces produits alimentaires qui ont été traités et qui ont été soignés par des produits phytos qui sont utilisés dans d'autres pays d'Europe et que nous, on ne nous autorise pas.
07:38Et ces produits-là sont, que je sache, bons à la consommation et vous les consommez tous les jours.
07:46Des noisettes et tant de fruits et légumes, etc. et bien d'autres produits.
07:51Et ces produits-là, il n'y a pas de scandale d'État vis-à-vis de ces produits qui sont importés, qui sont consommés et qui sont propres à la consommation.
08:00Donc, je voudrais dire là, simplement, ayons tous les mêmes règles.
08:06Et je peux vous garantir qu'en termes d'environnement et en termes d'usage de ces produits-là, nous, ça ne nous fait pas plaisir d'utiliser ces produits.
08:16Mais ils sont essentiels pour mener à bien certaines productions.
08:20Comme vous, dans votre propre santé, vous avez un traitement certainement médicamenteux par moment dans votre vie.
08:26Et c'est essentiel pour vous maintenir en vie.
08:29Voilà. Donc, n'ayons pas peur des mots.
08:32Il faut, évidemment, pouvoir traiter avec raison ce que nous faisons, bien entendu, producteurs français.
08:39Mais en contrepartie, on ne peut pas continuer à nous envoyer et à nous faire reculer dans ce domaine-là
08:46et vous laisser consommer tout un tas de produits qui, par ailleurs, sont faits dans d'autres conditions chez nos voisins européens
08:55et qui, visiblement, sont tout à fait propres à être consommés.
08:58Donc, tout à fait sains et tout à fait acceptables par la population française et par le gouvernement.
09:05Vraiment d'un mot, Karine Duc. Vraiment d'un mot.
09:07Est-ce qu'il y aura, demain, à l'inauguration, un accueil particulier pour le président de la République ? Oui ou non ?
09:12Alors, très simplement, si le président de la République nous respecte, ça fait un an qu'il nous balade, ça fait un an qu'il n'avance pas
09:22ou très très peu sur le sujet agricole. Les agriculteurs sont toujours en grande difficulté.
09:29Les difficultés sont énormissimes en ce début 2025, comprenez-le bien.
09:35Si le président nous respecte et ne fait pas le showman à se retrousser les manches et à essayer de nous faire la leçon,
09:42leçon qui ne pourra pas tenir, on pourra engager une discussion.
09:46Et nous, évidemment, on est là pour essayer d'avoir des solutions, encore une fois, dans le respect des exposants.
09:52Et on va s'attacher à tenir ce cap-là. Mais il faut que le président de la République, enfin, nous respecte.
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