SMART IMPACT - Mobilité : former à la transformation

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il y a 8 mois

Ils sont au croisement entre la voiture électrique et le vélo : les véhicules intermédiaires. Un nouveau mode de transport que les apprentis ingénieurs s’attèlent à développer. C’est l’un des enjeux auxquels ils doivent répondre pour concevoir une mobilité adaptée au réchauffement climatique.

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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Bertrand Barbedette, bonjour.

00:10Bonjour.

00:11Bienvenue, vous êtes enseignant-chercheur à l'Estaca, c'est donc une école d'ingénieurs,

00:14c'est ça ?

00:15Voilà, donc une école d'ingénieurs dans le domaine du transport et des nouvelles mobilités.

00:18Donc on forme sur plusieurs axes du transport, des filières de transport, donc l'aéronautique,

00:24l'automobile, le naval, l'aérospatial et puis le ferroviaire.

00:29On va beaucoup parler de mobilité à 4 roues, automobiles, mais tiens un mot sur l'aviation

00:35parce qu'on sait que l'équation de l'avenir du transport aérien est quand même compliquée

00:41à résoudre.

00:42A quel point on a fait des progrès, par exemple dans la motorisation, dans le poids des avions,

00:49qu'est-ce qu'on a pu faire évoluer depuis 20 ou 30 ans ?

00:51Aujourd'hui, de toute façon, les deux axes majeurs pour l'aéronautique, c'est l'allègement

00:56de la structure.

00:57Moins on met de masse, moins on va consommer d'énergie.

00:59Et puis la deuxième chose, c'est la motorisation, remplacer le kérosène par de nouveaux carburants.

01:05Aujourd'hui, c'est en plein essor.

01:07Et puis il y a aussi des visions sur la partie électrique.

01:10On a appris dernièrement que Safran a déjà inventé un nouveau moteur électrique

01:17pour du petit avion civil.

01:20Et ça, ça donne plein de nouvelles idées sur nos futurs ingénieurs

01:25pour faire de la nouvelle aviation.

01:26Ça ouvre des perspectives.

01:28Les enjeux de mobilité, c'est au cœur de l'ESTACA.

01:34Depuis quand vous parlez aussi d'environnement ?

01:38Vous voyez ce que je veux dire dans les modules, dans les enseignements que vous proposez ?

01:43En fait, l'environnement, on va le voir au travers déjà fatalement

01:48de ce qu'est la transformation de l'énergie.

01:51Quand on fait du transport, il faut de l'énergie pour se mouvoir.

01:55Cette énergie, au début, on était plutôt sur la transformation dite énergie thermique.

02:00C'est-à-dire qu'on prend un carburant, on le fait exploser, ça fait du mouvement et on avance.

02:05Tout ça, on en connaît maintenant les dégâts environnementaux.

02:09Aujourd'hui, en tout cas, des grands axes ont été pris sur l'électrification de la mobilité.

02:13À l'ESTACA, ça fait déjà 15 ans qu'on parle de l'électromobilité.

02:18Bien sûr, sur le transport terrestre. Et puis, on regarde sur les autres axes qui sont possibles.

02:23L'électromobilité, au début, c'est passé plutôt par de l'hybridation de la mobilité.

02:28C'est-à-dire qu'on passe du moteur thermique à un moteur électrique.

02:31Il y a eu des solutions intermédiaires qui sont déjà connues depuis des dizaines d'années.

02:36Et puis, progressivement, maintenant, on arrive à la totalité d'une mobilité qui est totalement électrique.

02:42Est-ce que quand on est dans une école d'ingénieurs, on est forcément technosolutionniste ?

02:47Est-ce qu'on intègre quand même l'idée qu'on doit aussi changer nos comportements, aller vers de la sobriété,

02:52prendre un peu moins l'avion, etc. ?

02:55Voilà ce qu'on attend. A priori, il y a un dernier ingénieur. La société va attendre de lui.

03:00Oui, c'est de trouver des solutions technologiques et politiques, bien sûr.

03:03Maintenant, il est clair qu'on va avoir une dimension dans nos discours pédagogiques

03:07à éclairer le raisonnement de nos ingénieurs.

03:12Effectivement, on va avoir des modules, ou en tout cas des conférences,

03:17qui vont permettre à nos jeunes ingénieurs de comprendre les tenants et les aboutissants

03:22de ce que sont les problématiques du transport.

03:24Aujourd'hui, le transport, c'est 30% des émissions des gaz à effet de serre dans le monde.

03:30On sait que c'est un tiers de la problématique dans le monde.

03:34Comment l'ingénieur va se positionner par rapport à ça ?

03:38Un tiers de la problématique, et donc un tiers de la solution aussi.

03:40C'est en ça que ça doit être assez excitant de relever ces défis.

03:45On va prendre un exemple, parce qu'il y a ce défi lancé par l'ADEME,

03:50qui s'appelle l'Extrême Défi, auquel les STACA participent depuis plusieurs années.

03:55C'est quoi l'Extrême Défi ?

03:57L'Extrême Défi, c'est un challenge qui est lancé par l'ADEME depuis maintenant trois ans.

04:02Ce challenge, c'est de dire comment on peut rouler en étant 10 fois, voire 100 fois plus vertueux.

04:11Ou en consommant beaucoup moins.

04:13Exactement.

04:14Ça passe par une idée de dire qu'on va faire des véhicules qui seront entre des vélos et la voiture.

04:22Aujourd'hui, il y a tout un tas de petites solutions qui commencent à émerger.

04:26Quand je dis solutions, entre guillemets, c'est les solutions des gens qui sont dans leur garage,

04:30qui font leurs propres véhicules.

04:32Mais aussi des solutions qui sont beaucoup plus industrialisées,

04:35où on voit, comme l'a dit Renaud, qu'ils ont déjà proposé des solutions comme ça depuis une dizaine d'années.

04:40Mais qui ont toujours laissé ces solutions entre parenthèses.

04:45Parce qu'effectivement, la réglementation n'était pas encore en train de dire qu'il faut avoir ces solutions.

04:50Aujourd'hui, ça bouge fortement.

04:52Dans les villes, on a de plus en plus de zones à faible émission.

04:56Il faudra des véhicules qui consomment le moins pour transporter les personnes,

05:00mais aussi pour transporter les merchandises.

05:02L'extrême défi, c'est de promouvoir la filière, une filière si possible française,

05:07pour développer ces véhicules, mais à l'échelle industrielle.

05:10C'est ça qui est intéressant.

05:12On va d'abord parler de la théorie, puis des liens avec les entreprises.

05:17On n'est pas seulement dans le jus de crâne.

05:21C'est un peu trivial.

05:23Par exemple, il y a un projet qui s'appelle NovaCycle.

05:25Ça ressemble à quoi ?

05:27Il faut nous décrire ce sur quoi travaillent vos élèves, vos ingénieurs.

05:30On a profité de ce challenge qui est proposé par l'extrême défi

05:34pour faire participer nos étudiants d'abord à une réflexion.

05:39Cette réflexion, ce n'est pas uniquement des solutions techniques, d'ingénierie.

05:44C'est aussi de dire qu'on travaille bien à un contexte global

05:48qui va bien sûr répondre à une problématique environnementale,

05:50mais aussi à une problématique d'usage.

05:52Derrière, NovaCycle, c'est de dire qu'on va développer à l'école

05:57une plateforme qui pourrait être utilisée par d'autres écoles

06:00pour faire différents types d'expérimentations.

06:03Par exemple, on a travaillé avec des écoles de design

06:06qui vont repenser l'intérieur, l'expérience de l'utilisateur

06:11pour ses nouvelles mobilités.

06:13Cette plateforme, qui est purement de l'ingénierie,

06:15où il faut quatre roues, des moteurs, une direction,

06:19on va la mettre à ses villes.

06:21C'est très proche de ce qui se passe aujourd'hui dans le monde industriel.

06:23Quand vous achetez une voiture, plusieurs marques se partagent

06:27la même plateforme et on est à peu près dans la même idée.

06:30L'idée, c'est de dire qu'on va former nos étudiants

06:33à faire des plateformes, mais sur des véhicules dits intermédiaires

06:36dans le cas de l'extrême-droite.

06:37Et qu'ils pourront ensuite s'aimer.

06:39Quel lien avec les entreprises ?

06:41A quel point vous êtes dans le concret

06:45ou dans l'industrialisation potentielle des solutions qui sont imaginées ?

06:49On travaille avec des petites entreprises qui peuvent déjà proposer,

06:54industrialiser des solutions qui peuvent être des tricycles,

06:58vélos ou jusqu'à des petites voitures électriques,

07:01mais qui ne sont pas encore aujourd'hui totalement arrivées sur le marché.

07:04Donc on va travailler avec ces entreprises-là.

07:07Mettre nos étudiants aussi en réflexion dans le cadre

07:11de projets qu'on peut faire avec ces entreprises.

07:13Mais aussi, on voit de l'autre côté de la chaîne de l'industrialisation,

07:16un acteur comme Renault qui sort avec des nouveaux petits véhicules,

07:19comme la Mobilize.

07:21Et en fait, on va aussi regarder leur développement

07:24et profiter un petit peu de leur vision d'ingénierie

07:27pour nourrir nos étudiants de leur réflexion.

07:30Mais est-ce que ça veut dire que l'Estaca, cette école d'ingénieurs,

07:34noue des partenariats, par exemple, avec des entreprises

07:37ou avec des réseaux de transport, la SNCF, j'en passe et les meilleurs ?

07:43Oui, bien sûr. Donc on a tout un tas de partenariats

07:46avec des grands groupes, voire des petits industriels.

07:49Ces partenariats peuvent prendre plusieurs formats.

07:52Ça peut être de l'accompagnement dans le développement

07:55de solutions techniques jusqu'à travailler sur des projets fins.

07:59Mais là, je dirais plutôt dans le domaine de la recherche

08:01ou dans nos laboratoires, on va pouvoir aussi répondre à ces questions-là.

08:05Il y a aussi ce salon qui s'appelle le Salon des véhicules légers,

08:08Salon Véli, qui est organisé à Laval.

08:11Il s'est déroulé au mois de décembre.

08:13C'était au mois de décembre à Laval.

08:14Troisième édition. C'est quoi l'ambition ?

08:17Qu'est-ce qu'on y trouve ? Tous ces prototypes dont on parlait ?

08:20Des entreprises, des chercheurs qui discutent ? C'est quoi l'idée ?

08:23C'était exactement ça. D'abord, avoir une place pour accueillir plus de 50 exposants.

08:29Et là aussi, on était des gens qui continuaient à développer

08:32un véhicule dans leur garage jusqu'à un Renault qui avait fait,

08:35juste avant le mondial de l'auto, qui nous montrait exactement la même chose

08:39dans ce type de salon, pour donner l'intérêt de ce type de solution.

08:44Là, on va effectivement voir toutes les solutions possibles.

08:47Et ça donne déjà une sorte de réponse à l'imaginaire de la mobilité.

08:51C'est-à-dire, on a les véhicules devant nous.

08:54On avait une piste de C, donc on pouvait aussi monter dedans,

08:56les tester sur une piste de C et se dire, voilà,

09:00est-ce qu'on se retrouve dans un usage comme si on avait un véhicule ?

09:03Est-ce que c'est un vélo ? Est-ce que c'est une voiture ?

09:05Comment je me retrouve dedans ?

09:06Et ça, ce qui est très intéressant quand on fait des salons comme ça

09:09et qu'on fait de l'expérimentation, c'est qu'effectivement,

09:11l'expérience utilisateur va être généralement assez positive

09:16parce qu'effectivement, on pense qu'on va avoir un véhicule comme ça,

09:21on va se dire, bon, c'est un vélo, alors je vais avoir froid,

09:23il faut que je me couche, ça va être trop peut-être sportif.

09:25Et en fait, on découvre quelque chose de tout à fait nouveau

09:28par rapport à ce qu'on pourrait avoir soit totalement dans une voiture

09:31ou totalement sur un vélo.

09:32Quelque chose d'assez intermédiaire et vraiment une expérience assez plaisante.

09:36Oui, mais est-ce que… Dernière question sur le…

09:39Ce que je comprends, c'est qu'on continue d'inventer

09:42de nouveaux modes de déplacement, sauf que moi,

09:45les nouveaux modes de déplacement que j'ai vus apparaître

09:47depuis quelques années, c'est plutôt ludique

09:49ou en tout cas pour un déplacement individuel.

09:51C'est possible d'inventer pour déplacer plus d'une personne

09:55ou deux ou trois ou quatre ? Vous voyez ce que je veux dire ?

09:57Oui, alors la plupart des véhicules qui sont développés dans…

10:00Ce qu'on appelle les véhicules intermédiaires,

10:02on est plutôt sur soit du transport à la personne, mais deux personnes,

10:05ou un adulte et deux enfants, par exemple,

10:08ou alors aussi des marchandises.

10:10Donc, on peut aller jusqu'à 200, 300 kilos d'emport.

10:12Ce qui est un enjeu majeur pour les centres-villes.

10:14Exactement. Et ça, effectivement, c'est…

10:16Enfin, je dirais que c'est un des axes importants

10:18parce que c'est quasi une obligation légale à un moment donné

10:22d'avoir ce type de véhicule.

10:24Donc, on a ces deux possibilités de format, en tout cas de véhicule.

10:34Dernière question. J'ai toujours une dernière question

10:37après la dernière question.

10:39Sur la motivation des élèves ingénieurs aujourd'hui,

10:42c'est-à-dire qu'ils veulent tous bosser sur la transition environnementale

10:47ou alors il y en a certains qui disent, bon non, c'est une mode, ça passera ?

10:53Alors, je vais prendre le cas particulier des SAKA.

10:56Nous, les SAKA, on va former à peu près 30% de notre promotion.

11:02Ce sont des ingénieurs qui vont aller dans le monde automobile.

11:05Généralement, leur passion, c'est l'automobile.

11:07Et leur passion…

11:09C'est encore un moteur qui fait du bruit et qui va vite.

11:12Voilà. Transmise de génération en génération.

11:14Et donc, effectivement, on arrive avec des étudiants

11:17qui aiment, quelque part, la puissance de ces véhicules.

11:22Donc, on pourrait se dire que c'est des peines perdues.

11:24Non, pas complètement, puisqu'on arrive effectivement à leur expliquer.

11:28Dans le cadre des cours, progressivement, puisqu'on a une formation en 5 ans,

11:31progressivement, on leur dit les impacts, les enjeux.

11:33Et derrière, dire, voilà, des nouvelles expériences.

11:36Regardez, montez dans ce type de véhicule.

11:38Vous allez voir les sensations.

11:40Vous n'allez pas rouler à 150 ou 200 km heure.

11:42Vous allez rouler à 25, 40 km heure.

11:44Vous allez voir, ces sensations sont assez quand même, entre guillemets,

11:48jouissives par rapport à ce qu'on peut avoir.

11:50Donc, voilà, l'idée, c'est de dire qu'aujourd'hui,

11:53on a des étudiants qui, effectivement, arrivent avec la passion.

11:56Et ils continuent, et ils sortiront, certains, en tout cas, des saccades

11:58avec cette passion de la voiture-puissance.

12:01Mais on a de plus en plus d'étudiants, d'étudiantes

12:04qui se posent vraiment des questions et voient,

12:06au travers de ce nouveau véhicule,

12:08quelque chose où ils peuvent se projeter comme futurs ingénieurs.

12:11Merci beaucoup, Bertrand Barbadette.

12:13Et à bientôt sur BeSmart for Change.

12:15On passe tout de suite à notre débat.

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