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Quand les ostréiculteurs s'adaptent au changement climatique - Comment va la planète
Sud Radio
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il y a 10 mois
Avec Morad Aït-Habbouche, fondateur de la plateforme 2 degrés de plus.
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##COMMENT_VA_LA_PLANETE-2025-02-16##
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00:00
Sud Radio, comment va la planète ?
00:04
La planète se réchauffe avec Morad Haïtabouche. Bonjour Morad.
00:07
Bonjour Jean-Marie.
00:08
Réalisateur de la série Sale Temps pour la planète, c'est sur France 5.
00:11
Chaque semaine sur Sud Radio, vous nous emmenez quelque part sur le fond du changement climatique.
00:15
Exactement. Et ce matin, je vous emmène pas loin de l'île de Saint-Cado.
00:19
Vous connaissez l'île de Saint-Cado ?
00:21
On est près de l'océan.
00:23
Exactement, c'est dans le Morbihan.
00:25
Une image carte postale de la Bretagne avec son petit pont de pierre.
00:29
Une maison de pêcheurs et ses parcs à huîtres.
00:31
Il y a même une petite maison bleue.
00:33
Une carte postale, je vous dis.
00:36
Nous sommes ici sur la rivière d'Ethel.
00:39
Et sur la rive droite ou la rive gauche, il y a des parcs qui font partie du paysage.
00:43
345 hectares de rivières sont exploités par une petite centaine d'austréiculteurs.
00:49
On les appelle les paysans de la mer.
00:54
On va aller juste là, mettre le grappin court, c'est tout.
00:57
Celui qui parle, c'est Jean-Noël Yvon.
01:00
Il est à bord avec Tiffaine, sa femme.
01:02
Et ce jour-là, il fait beau, pas de vent, pas de vagues.
01:05
Conditions idéales pour une petite sortie.
01:08
C'était le métier de mes deux grands-pères et donc de mes deux grand-mères.
01:11
Et mon père a regroupé les deux entreprises.
01:13
Moi, j'ai pris la suite en reprenant une entreprise qui a cessé d'exister,
01:19
qui était en fâche, et donc j'ai agrandi encore un peu les parcs.
01:23
J'ai doublé la surface de parc avec comme objectif produire 10% de plus seulement.
01:28
10% de plus, c'est rien.
01:31
Une belle démarche éthique, écologique.
01:34
Pas mal, par les temps qui courent, ça évite en fait toute fuite en avant
01:38
et surtout toute surexploitation de la rivière et de ses richesses.
01:42
Jean-Noël ne fait qu'accompagner et cueillir les fruits de cette nature si généreuse.
01:47
Généreuse à condition bien sûr de la respecter.
01:52
Nous sommes à quelques petits kilomètres de l'embouchure.
01:55
Ici, l'eau n'est ni trop iodée, ni trop douce.
01:59
L'eau douce amène des sels minéraux.
02:01
Les sels minéraux, avec l'oxygène qu'il y a dans l'eau, ça c'est le courant et les vagues,
02:05
et la chaleur et la photosynthèse, ça c'est le soleil, ça donne naissance aux plantes à terre.
02:10
Ça donne naissance aux planctons en mer.
02:12
Le plancton c'est ce qui nourrit toutes les petites huîtres, c'est ce qui leur permet de se développer.
02:16
Une alchimie bien rodée.
02:18
Mais voilà, Jean-Marie, il y a toujours un petit grain de sel.
02:21
Ce dérèglement climatique avec un thermomètre qui parfois s'emballe.
02:26
Un peu comme la musique.
02:29
Mais c'est sûr qu'avec ce climat qui devient fou, les effets sont déjà visibles.
02:34
Et le biotope est forcément bousculé.
02:36
C'est Tiffen qui en parle le mieux.
02:38
C'est pour les huîtres que ça a été le plus dur, parce que la croissance a été ralentie.
02:42
Du fait qu'il y a moins de sels minéraux et moins d'eau douce à venir en mer.
02:46
Donc moins de planctons.
02:47
Ce qui fait que les huîtres ont moins mangé et moins profité de ce que la nature aurait pu donner.
02:51
Normalement, elles étaient très secs.
02:53
Ça veut dire que sur 100 kilos d'huîtres qu'on va mettre hors de l'eau, par exemple,
02:57
on en remet la moitié à l'eau pour qu'elles continuent de grandir.
02:59
Parce qu'elles n'ont pas la taille marchande.
03:02
On s'adapte, c'est la phrase clé ici en Bretagne.
03:05
Leur petite ferme austréicole est labellisée bio.
03:08
Pas mal aussi cette démarche responsable dans un secteur qui, il faut l'avouer, en manque parfois.
03:14
Il faut dire, Jean-Marie, que la pression est forte.
03:16
Le réchauffement de la planète va amener deux choses.
03:18
Acidification des océans.
03:20
Et l'acidification des océans va attaquer le calcaire des bivalves que sont les huîtres et les moules, par exemple.
03:28
La montée des océans aussi qui nous inquiète.
03:30
On nous annonce un mètre d'eau soit un siècle.
03:32
Mais ça veut dire que très rapidement, nos installations seront sous l'eau tout le temps.
03:36
Donc on ne pourra plus travailler de la même manière.
03:38
Il va falloir s'adapter.
03:39
Et nos installations à terre seront plus souvent inondées aussi.
03:43
Produire moins d'huîtres et de meilleures qualités, voilà sa philosophie désormais.
03:47
Pour la suite, aïe aïe aïe, ça coince avec la nouvelle génération.
03:51
Ces enfants en fait n'ont pas envie de trimer autant dans un contexte qui devient plus compliqué que jamais.
03:58
Mes enfants ont vu un papa qui a beaucoup travaillé,
04:02
qui s'est investi dans beaucoup de choses,
04:05
principalement pour la défense de la qualité de l'eau et du bassin versant de la Ria d'Etel.
04:08
Donc en fait, ils ont surtout vu un papa qu'ils n'ont pas vu.
04:11
Qui était un peu absent.
04:13
Et eux, ils ont choisi de faire un autre métier avec des week-ends, des vacances et une vie de famille.
04:20
Tiffany, l'ancienne journaliste parisienne, sa femme,
04:23
elle n'échangerait pour rien au monde la vie qu'elle s'est choisie ici.
04:28
On se retrouve confrontés à nous-mêmes parce qu'on ne maîtrise rien.
04:30
C'est là qu'on voit nos limites, nos forces.
04:33
On sait ce qu'on peut supporter et on l'apprend au fur et à mesure.
04:35
Les conditions ne sont pas toujours idéales ni bien réunies.
04:38
Mais quand il fait un temps comme aujourd'hui,
04:40
ou que les huîtres sont belles comme en ce moment,
04:42
c'est extrêmement satisfaisant et on en profite d'autant plus quand ça a été un peu plus dur avant.
04:46
Pour Jean-Noël, en revanche, il est peut-être temps de lever le pied.
04:50
Je ne suis pas en train de faire comme si je suis fatigué.
04:53
C'est juste que j'ai 61 ans et ça fait 43 ans que je fais ça.
04:57
Il y a des fois, les jambes sont un peu cassées en fin de marée.
05:01
43 ans ?
05:02
Oui.
05:03
J'ai passé mon bac à 17 ans.
05:05
J'ai fait un an d'IUT pour par plaisir.
05:08
C'est mon père qui m'avait imposé.
05:09
Il m'avait dit, ta gueule, t'es pas majeur.
05:11
Et après, je suis venu bosser parce que c'est ce que je voulais faire.
05:13
C'est ce que j'ai toujours voulu faire.
05:14
Ce n'est pas des contraintes, c'est une patience, ce métier.
05:17
Trois heures à retourner les poches d'huîtres.
05:19
Physique, quand même, ce boulot n'a vraiment pas de tout repos.
05:23
Et évidemment, on va repartir dans la direction
05:26
où on prépare les bourriches avant de les mettre, évidemment, au marché.
05:30
C'est bon.
05:32
Du repas au vent.
05:34
On peut le baisser le moteur encore.
05:36
Et le mot de la fin pour Jean-Noël,
05:38
qui nous régale avec ses huîtres produites dans un petit coin de paradis.
05:42
Avec amour et des lendemains, hélas,
05:44
qui seront peut-être plus délicats à gérer.
05:47
C'est un beau métier.
05:48
J'ai toujours aimé ce que je fais.
05:49
Il y a des fois, il m'arrive d'avoir un regard un peu dur envers la rivière
05:54
parce qu'il y a quand même des épreuves, c'est pas simple tous les jours.
05:56
Mais en fait, non, j'adore ce que je fais.
05:57
Je suis un vénard.
05:58
C'est magnifique.
06:00
Je vis en Bretagne, l'air iodé.
06:01
Et ça fait tellement de bien que j'y retourne, Jean-Marie,
06:04
pour un nouveau film dans le département de Lille-et-Vilaine.
06:07
Certes, évidemment, un territoire qui a été frappé par des crues terribles.
06:11
Mais les populations se relèvent, relèvent les manches
06:13
pour nettoyer et relancer l'activité.
06:16
C'est vraiment l'ADN de la série documentaire.
06:19
Ça le temps pour la planète.
06:20
Évidemment.
06:21
Et c'est pour ça qu'on pourra le regarder sur France 5.
06:22
Merci, Moradeï Tabouch.
06:23
Merci, Jean-Marie.
06:24
Où est-ce qu'on peut les trouver, les huîtres de Jean-Noël ?
06:26
Il est tellement sympa.
06:27
On a envie de les goûter, quand même.
06:28
Et dans la rivière d'Étel !
06:29
Formidable !
06:30
Allez, on y va !
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