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Michel Fugain : «Ma fille est sous un olivier dans mon jardin en corse (...) et j'irai rejoindre ses cendres»
Europe 1
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28/01/2025
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News
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00:00
11h-13h, Pascal Praud sur Europe 1
00:04
Attention mesdames et messieurs, dans un instant, on va commencer
00:08
Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment
00:12
C'est la vie qui va
00:16
Vive la, vive la, vive la
00:20
Tout a changé ce matin, je n'y comprends rien
00:24
C'est la fête, la fête
00:28
Jeunes et vieux, grands et petits
00:32
On est tous amis, c'est la fête
00:36
Michel Fugain est avec nous à Bobineau, vous serez les 17 et 24 février
00:40
Vous serez également le 3 et le 10 mars
00:44
Moi quand je vous vois, c'est la première fois que je vous rencontre, mais je trouve qu'il y a une énergie et une forme que tout le monde n'a pas
00:48
à l'âge canonique, vous savez monsieur Fugain
00:52
Parce que si vous avez fait ce métier depuis 60 ans, vous avez un certain âge
00:56
J'ai 83 cette année
01:00
J'ai l'impression que vous avez un secret, vous ne buvez pas, vous ne fumez pas ?
01:04
Tu fais du sport, on me l'a demandé hier soir, mais tu te prépares
01:08
Non, je me sers de ma nez boursailleuse
01:12
Je ramasse mes bûches
01:16
Je m'occupe de mon terrain, mais je vis en Corse
01:20
Donc loin de toute espèce d'agitation
01:24
Ca donne le recul suffisant pour être serein
01:28
Cette sérénité à laquelle je tiens
01:32
Et puis rien d'autre, et puis le bonheur
01:36
J'ai rencontré mon épouse actuelle
01:40
J'ai rencontré, j'avais 60 ans
01:44
Et ça m'a changé ma vie complètement
01:48
Ca l'a changé ou ça a été une autre histoire d'amour ?
01:52
Ca l'a changé, je vous explique pourquoi, on ne veut pas tomber dans le pathos
01:56
Je venais de perdre ma fille
02:00
Et j'étais en perdition totale
02:04
C'est pour ça que je l'ai appelée longtemps ma sirène
02:08
Vous savez l'image du mec qui est dans la piscine, il faut toucher le fond de la piscine pour remonter
02:12
J'étais plutôt au fond d'un océan et j'ai pas tapé très fort au fond pour remonter
02:18
Elle m'a chopé à mi-hauteur et puis elle m'a tiré
02:22
Elle m'a fait prendre ma première goulée d'air
02:26
Et elle m'a fait sentir que je n'étais pas fait pour ça
02:30
Et très vite j'ai repris non seulement goût à la vie
02:36
Mais en devenant une sorte de prosélite de la vie
02:40
Ce que vaut la vie
02:44
Ce qu'est la vie, j'ai besoin de le faire
02:50
Si je dois servir à quelque chose c'est ça
02:54
Est-ce que vous avez écrit d'ailleurs sur votre fille ou une chanson
02:58
Est-ce que vous avez eu envie d'écrire comme certains le font et je ne crois pas
03:02
Non, je ne pense pas, ma fille est sous un olivier dans ma propriété en Corse
03:08
J'ai mis ses cendres, j'ai mis un olivier dessus
03:12
Et très franchement, si je vous le dis maintenant, j'espère que ce sera comme ça
03:16
Je vais rejoindre ses cendres
03:20
Mais je vous dis, on n'est pas dans le pathos, on est dans l'imagerie
03:24
On est dans la symbolique
03:26
La carrière est longue avec des chansons extrêmement populaires
03:30
Ce matin je suis arrivé dans le studio avec mes amis
03:36
Et j'ai dit, il y a une chanson que j'adore, c'est Fortress
03:40
Parfois c'est ce que les autres doivent vous dire
03:46
Et puis ils doivent dire, moi j'aime bien cette chanson et puis vous ne l'avez pas chantée ce soir
03:50
C'est juste celle que vous n'avez pas chantée parfois
03:54
Mais si j'en touche, je ne peux pas en détruire
03:56
Quelle est dans toutes les chansons que vous avez écrites
04:00
Celle qu'on vous demande le plus souvent et qui touche le plus le public
04:04
Par exemple, est-ce que celle-là vous trouvez qu'elle est peut-être à part du reste de votre répertoire ?
04:08
C'est le sens du spectacle qui fait le choix
04:16
A partir du moment où j'illustre une vie
04:20
Je présente les auteurs
04:24
Ma femme brandit le portrait de Pierre Delannoye
04:28
Ou le portrait de Maurice Vidalin
04:30
Qui ne sont plus là pour protester
04:34
Et j'explique ça
04:38
Le Big Bazaar, imaginez que depuis 50 ans
04:42
Car le Big Bazaar, je le rappelle toujours avec un tout petit peu de malice
04:46
Je vous rappelle que le Big Bazaar c'était il y a 50 ans
04:50
Et que ça a duré 5 ans, pas plus
04:52
Alors ça fait 60 ans que je travaille, c'est même pas 10% de mon temps de travail
04:56
Et je ne sais pas ce qui s'est passé
05:00
C'est une époque le Big Bazaar
05:02
Alors c'est un enfant de mai 68 le Big Bazaar
05:06
D'abord je crois que vous étiez payés tous le même prix, c'est vous qui aviez mis ça en place
05:10
C'était une sorte de kiboutz
05:12
Mais cette aventure artistique
05:16
Elle ne pourrait plus exister aujourd'hui
05:18
On n'est pas du tout dans cet état d'esprit là
05:20
La société est infiniment plus fracturée
05:22
Il y a quelque chose d'idéaliste dans le Big Bazaar
05:24
Vous avez parfaitement raison
05:26
C'est actuellement impossible
05:28
Mais on a même senti le changement
05:30
Il y a eu des moments où il fallait changer un élément
05:34
Et on a passé des auditions avec plein de guillemets autour
05:38
Et on a senti quand les mecs arrivaient
05:42
Les jeunes gens qui arrivaient
05:44
Tu sais faire ça, tu sais faire ça, ok
05:46
Et lui c'était
05:48
Et on est payé combien ?
05:50
Alors que pour créer le Big Bazaar
05:54
On a travaillé au moins un an
05:56
Au moins un an
05:58
Sans qu'il soit question d'argent
06:00
Même de la part de Bruno Kokiatrix
06:02
Car le vrai mécène du Big Bazaar
06:04
C'est Bruno
06:06
Qui un jour
06:08
Parce que je cherchais un endroit
06:10
Il a dit mais pourquoi tu ne prends pas le quatrième étage ?
06:12
Il ne pouvait rien en faire
06:14
Car le parquet était déglingué
06:16
Dans un coin du studio
06:18
Sauf que les assurances ne prenaient pas en compte
06:20
Ils ne voulaient pas assurer
06:22
Sur ce parquet abîmé
06:24
Il y avait un vieux piano déglingué
06:26
Il n'y avait plus rien dessus
06:28
Mais il y avait un grand miroir
06:30
On était chauffé
06:32
A l'oeil pendant 7 ans
06:34
On a travaillé là-bas
06:36
Effectivement dans les titres qui sont créés
06:38
A ce moment là
06:40
C'est 72 la création du Big Bazaar
06:42
Ou 73 ?
06:44
72
06:46
Et ça s'arrêtera en 77
06:48
Si vous dites que ça dure 5 ans
06:50
Ça s'arrête à la fin 76
06:52
C'est effectivement très court
06:54
Et parmi les titres emblématiques
06:56
Il y a Chante
06:58
Sans doute
07:00
Il y a Chante
07:02
Emblématique
07:04
Mais emblématique de ma propre vie
07:06
C'est le message
07:08
Le super message
07:10
Que j'ai envie de laisser
07:12
Je suis d'accord avec vous
07:14
C'est un titre où on peut se réveiller tous les matins
07:16
Je pense qu'il y a des gens qui se réveillent tous les matins
07:18
Avec cette chanson
07:20
C'est drôle parce que
07:22
Ceux qui écrivent des chansons
07:24
Ont un talent assez rare
07:26
Tu peux être un grand écrivain
07:28
Un grand journaliste
07:30
Aimer l'écriture et ne pas savoir écrire des chansons
07:32
C'est très étonnant
07:34
C'est un beau roman, une belle histoire
07:36
C'est une romance d'aujourd'hui
07:38
De rentrer chez lui
07:40
Vers le brouillard
07:42
Elle descendait dans le midi
07:44
Et à chaque fois que j'entends ces chansons
07:46
Il y a bien sûr l'orchestration
07:48
Vous êtes un homme
07:50
Des années 70
07:52
Dans cette énergie qui existe
07:54
Cette joie de vivre
07:56
Cet idéalisme
07:58
Ce bonheur
08:00
Je trouve qu'il y a quelque chose
08:02
Chez vous qui symbolise ça
08:04
Que tous les chanteurs de l'époque n'ont pas forcément
08:06
Je ne dirais pas la même chose de Sardou
08:08
Votre grand ami Sardou
08:10
Il n'a pas la même couleur musicale que vous
08:12
C'est un bouddheur
08:14
Michel est un bouddeur
08:16
Je ne suis pas bouddeur
08:22
Définitivement je vois le verre à moitié plein
08:24
Plutôt que le verre à moitié vide
08:26
J'ai forcément un avis
08:28
Sur le monde
08:30
Qui m'entoure
08:32
Mais je n'en tire pas
08:34
Je n'ai pas envie d'en tirer
08:36
Je me souviens, j'avais une chanson
08:38
Une chanson
08:40
Qui est une super bonne chanson
08:42
Qui s'appelle La bête immonde
08:44
Et qui
08:46
Que j'avais dans le spectacle
08:48
Et qui faisait un gros effet
08:50
Je me souviens
08:52
Et vous l'avez enlevé ?
08:54
Oui je l'ai enlevé
08:56
Parce qu'au Canada
08:58
La bête immonde ça ne veut pas dire grand chose
09:00
C'est un pays qui n'a jamais été envahi
09:04
Où les gens sont relativement calmes
09:06
Mais je l'ai enlevé
09:08
Et ça n'a rien
09:10
Ça a allégé le spectacle
09:12
Et j'ai toujours regretté
09:14
Que cette chanson finisse
09:16
Sur une note
09:18
Relativement, enfin pas relativement
09:20
Véritablement noire
09:24
Or j'ai envie que ça s'éclaire à la fin
09:26
C'est génétique, c'est comme ça
09:28
J'ai envie que ça s'éclaire à la fin
09:30
J'ai envie qu'il y ait une solution
09:32
Ou une possibilité de séduction
09:34
Oui
09:36
D'espoir
09:38
Ou d'espérance
09:40
Pour passer ce message là
09:42
Mais puisque vous parlez du Canada
09:44
Il y a une chanson, je ne suis pas sûr que Géraldine la connaisse
09:46
Ni la régie
09:48
Mais c'est une chanson qui a été un tube incroyable
09:50
Je ne sais pas si c'est 75, 76 ou 77
09:52
C'est les Acadiens
10:02
Alors ça c'était un mélange de chansons
10:04
Alors vraiment là tu es dans la chanson populaire
10:06
Sympa
10:08
Évidemment en plus à l'époque il n'y avait que 3 périphériques
10:10
Donc tous les petits français chantaient ça
10:12
L'été on chantait ça
10:14
C'était une chanson qu'on aimait
10:16
Et puis il y a un registre effectivement très différent
10:18
Vous avez su marier des registres parfois différents
10:22
Sur scène qu'est-ce qu'on vous demande principalement
10:24
Aujourd'hui
10:26
Les gens ne demandent rien
10:28
Je leur impose
10:30
Non c'est à dire qu'il y a une suite logique
10:32
Ils comprennent très vite comment ça se passe
10:34
C'est à dire que toutes les chansons du Big Bazaar
10:36
C'est la première partie
10:38
Tous les gros tubes dont vous parlez là
10:40
Ils arrivent en premier
10:44
Mais vous n'avez rien à faire
10:46
J'explique
10:50
J'avais une petite mélodie
10:52
Pour expliquer le rôle du parolier
10:54
Le parolier
10:56
C'est ce que vous avez souligné tout à l'heure
10:58
Le parolier il mettait des paroles
11:00
Ce n'étaient pas des auteurs
11:02
Ils ne se considéraient pas comme des auteurs
11:04
C'est un métier très difficile
11:06
Il faut avoir le sens du rythme
11:08
Il faut respecter la mélodie
11:10
La mélodie qui est contraignante
11:12
Forcément
11:14
Ce n'est pas des alexandrins quand vous créez une mélodie
11:16
D'abord
11:18
C'est une évolution
11:20
La mélodie c'est un poème en notes
11:22
Et il faut que le poème qui va s'imbriquer dedans
11:26
Ne casse rien
11:28
N'abîme rien
11:30
Au contraire
11:32
Ce qui est important dans une chanson
11:34
C'est la musique
11:36
Mais on a besoin des paroles pour s'en souvenir
11:38
Je crois qu'il y a
11:40
1000 chansons
11:42
De Pierre Delannoye
11:44
J'en ai écrit 5000
11:46
C'est une conversation que j'ai souvent eu
11:48
Avec Didier Barbeau-Livien
11:50
Parce que moi je suis très admiratif des gens qui savent écrire des chansons
11:52
Et puis comme nous on sait quand même
11:54
A priori un peu écrire les journalistes
11:56
J'espère en tout cas
11:58
Parfois on a tenté d'écrire
12:00
Et puis c'est un genre
12:02
Très particulier effectivement
12:04
Je ne sais pas si on peut parler de technique
12:06
D'inspiration, de poésie
12:08
C'est un mélange de tout ça
12:10
Mais tout le monde n'a pas accès facilement
12:12
A pouvoir écrire une chanson même s'il sait écrire
12:14
Écrire sur de la musique
12:16
C'est un vrai métier
12:18
Ça c'est vraiment difficile
12:20
Si vous n'avez pas
12:22
Le recul
12:24
Pierre était
12:26
Il était
12:28
Musicien dans l'âme
12:30
Maurice Vidalin
12:32
Qui est mon deuxième père
12:34
Fondateur
12:36
Partent de la même manière
12:38
Et ils s'utilisaient
12:40
Beko c'est pas trompé
12:42
Il travaillait avec des balaises
12:44
Et j'ai bénéficié
12:46
Du talent de ces gens là
12:48
Et
12:50
C'est un vrai métier
12:52
Donc
12:54
En général
12:56
Vous parlez des journalistes qui écrivent
12:58
J'ai vu plein de textes de journalistes passer
13:00
Sauf qu'ils écrivent d'abord
13:02
Il faut faire une musique ensuite
13:04
Pour faire une bonne mélodie
13:06
Sur un texte
13:08
Qui est pré-écrit
13:10
Il faut être un balaise
13:12
Et vous vous préférez avoir la mélodie
13:14
Et la donner
13:16
Ensuite
13:18
Si vous m'interrogez vraiment
13:20
Il y a un album qui s'appelle Bravo et Merci
13:22
Je pensais que c'était le dernier
13:24
Et c'est pour ça que j'ai fait une lettre
13:26
A mes confrères et consœurs qui écrivaient des textes
13:28
Et je leur ai dit
13:30
Je pense que je vais mettre
13:32
Ça vous dit dans lesquels j'étais
13:34
Je vais mettre un point d'orgue à ma partition
13:36
Mais vous avez écrit
13:38
Tellement belles choses
13:40
Si vous avez un texte sous le coude
13:42
Que vous n'avez jamais utilisé
13:44
Envoyez le moi
13:46
Et je ferai le maximum
13:48
Et j'ai fait des très bonnes mélodies
13:50
J'ai parlé d'un des derniers textes
13:52
De Nougat
13:54
La rue du temps qui passe
13:56
Et on est déjà très en retard
13:58
Me dit Fabrice Lachit
14:02
Ça c'est le nouveau single
14:04
Parce que c'est important aussi
14:06
De parler
14:08
Des nouveaux titres
14:10
Et c'est très difficile
14:12
Évidemment lorsqu'on a la carrière que vous avez
14:14
De sortir un nouveau tube
14:16
Et que ce tube soit à la hauteur
14:18
Qui rencontre le public
14:22
C'est pas exactement ma démarche
14:24
Je ne sors pas un tube
14:26
Fais moi un tube à mon âge
14:28
En tout cas qu'il rencontre le public
14:30
12h49 la pause
14:32
Et nous revenons pour le grand débrief
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