L'ancien Premier ministre, maire du Havre et fondateur du parti "Horizons", Édouard Philippe, donnait son premier meeting à Bordeaux ce dimanche 26 janvier. Il est le seul candidat officiellement déclaré à la présidentielle de 2027.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00— Acclamations et applaudissements du public —
00:13— Et quand même... Quand même, mes amis... — Acclamations et applaudissements du public —
00:22— Quelle semaine ! — Acclamations et applaudissements du public —
00:27— Quelle semaine ! — Acclamations et applaudissements du public —
00:31— Quelle semaine nous vivons. Commencez lundi à Washington, avec la prise de fonction de Donald Trump,
00:40et qui se termine aujourd'hui, dimanche, à Bordeaux, avec le premier congrès régional d'horizon.
00:45— Acclamations et applaudissements du public —
00:52— Lundi, à l'intérieur du Capitole, parce qu'il faisait très froid, devant ses troupes, devant ses prédécesseurs,
00:59devant des chefs d'État et de gouvernement étrangers. C'était la première fois, je crois.
01:03Devant tous les leaders de la tech, devant les caméras du monde entier,
01:08Donald Trump est devenu pour la deuxième fois président des États-Unis.
01:12Et je crois pouvoir dire que de ce côté-ci de l'Atlantique, nous avons assisté à ce spectacle
01:18en éprouvant une vague de sentiments mêlés. L'inquiétude, l'assidération, la colère, la surprise, l'envie, la peur,
01:34le déni, la stupéfaction, parfois tout cela ensemble. La vérité, c'est que l'accession de Donald Trump au pouvoir
01:46n'est pas une petite affaire. C'est la victoire d'une nouvelle forme d'action politique qu'on voit aussi se développer chez nous.
01:55Mais c'est surtout la victoire de l'ambition impériale aux États-Unis. C'est l'impérialisme dans toute sa splendeur.
02:03Et c'est le signe d'un basculement dont nous aurions grand tort de le sous-estimer.
02:10En vérité, la tentation impériale n'est pas nouvelle aux États-Unis. Elle est ancienne. Elle est peut-être même permanente à certains égards.
02:18Mais Trump, c'est autre chose. Trump, c'est la menace d'une prise de possession du canal de Panama.
02:25C'est la pression sur le Canada, pays ami, pays allié, pays voisin.
02:31C'est la volonté de prendre le contrôle du Groenland, un territoire intimement lié à l'Union européenne.
02:38Ce n'est ni plus ni moins que la remise en cause, dans les mots aujourd'hui, des frontières telles qu'elles existent.
02:45Le président turc Erdogan, qui n'est pas le plus grand des démocrates, évoque parfois, lorsque ses interlocuteurs occidentaux
02:55lui rappellent le principe quasi sacré du respect des frontières, il dit, le président Erdogan, qu'il faut prendre en compte,
03:03je le cite, entre guillemets, « les frontières du cœur ». Et de fait, Erdogan, comme Trump, semble avoir en la matière un cœur sans limite.
03:16Trump, c'est une conception de la diplomatie fondée sur quelques principes simples. Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est négociable.
03:27Ce qui est mon intérêt est légitime, ce qui est ton intérêt est un problème. Pour faire un bon allié, deviens un bon client.
03:38Trump, qui sort de l'OMS et qui se retire des accords de Paris, c'est la remise en cause frontale du principe du multilatéralisme
03:51et de l'idée d'une action concertée entre les nations face aux épidémies ou aux changements climatiques. Trump, qui, tel un César
04:00s'appuyant sur la foule et sur la technologie, sur les réseaux sociaux et sur les crypto-monnaies, assume avec une franche brutalité
04:09un néo-impérialisme décomplexé. Il affiche une volonté de puissance totale. Il remet en cause l'indépendance des juges. Il jubile à l'idée de réduire
04:20les droits des femmes. Il écrase tous les contre-pouvoirs au cœur de la démocratie libérale. Il réfute la science et les lumières en nommant
04:29un ministre de la Santé anti-vax et une ministre de l'Éducation spécialiste du catch. Il accorde la grâce aux émeutiers qui ont pris d'assaut le Capitole.
04:42Il fait revivre le mythe de la nouvelle frontière, une nouvelle frontière qui n'est plus à l'Ouest, qui n'est plus la Lune, mais qui nous sépare désormais
04:51de Mars. Et en invoquant Mars, il entend faire repartir l'Amérique, car les moins jeunes d'entre nous savent qu'avec un Mars, ça repart. Ce n'est plus,
05:02mesdames et messieurs... Ce n'est plus, mesdames et messieurs... On m'a beaucoup conseillé de ne pas la faire, celle-là, mais... Je me suis dit qu'après avoir parlé
05:14aussi autant de Trump, il fallait mettre quand même une petite touche de légèreté. Ce n'est plus, mesdames et messieurs, « America first », c'est « America only ».
05:23Trump propose au monde la vassalisation heureuse ou le rapport de force brutale, aux faibles l'écrasement et à ceux qui résistent la rétorsion douanière.
05:34Nous savions déjà qu'à l'Est, des régimes qui méprisent les démocraties libérales affirmaient leur volonté de puissance. La Chine, qui veut devenir
05:41la première puissance mondiale. La Russie, qui veut redevenir la puissance qu'elle aurait aimée ne jamais cesser d'être et qui a été capable de livrer
05:50une guerre meurtrière pour éviter que l'Ukraine bascule définitivement dans le camp occidental. La Turquie, qui veut aussi redevenir la grande puissance
05:59dominante de la Méditerranée orientale et du Proche-Orient. Voilà qu'à l'Ouest, il y a du nouveau. Et pas forcément du bon nouveau.
06:11Alors bien sûr, je ne dis pas que l'Amérique vaut la Russie. Bien sûr que non. Je ne m'aime pas sur le même pied quand il s'agit du fonctionnement du pays
06:21ou de la relation qu'il peut avoir avec la France et l'Europe. Je ne les mets pas sur le même pied, les États-Unis et la Chine. Mais je vois dans le monde
06:32des logiques impériales qui s'affirment. Je vois des politiques étrangères fondées sur la domination et la soumission beaucoup plus que sur la coopération.
06:43Je vois une Chine omnubilée par son ambition et une Amérique omnubilée par la Chine. Et ce que je vois m'inquiète. Et ce que j'entends m'inquiète aussi.
06:54Je crois même que ce que j'entends m'inquiète plus encore que ce que je vois. Ce que j'entends, c'est le silence assourdissant d'une Europe qui est tétanisée.
07:04Ce que j'entends, ce sont les petits signaux misérables de ceux qui sont prêts à préserver leur confort contre un hamburger. Ils ne sont pas si différents
07:15de ceux qui étaient prêts hier à renoncer à la liberté de l'Ukraine contre un peu de gaz russe et un sourire du Kremlin. Ce que j'entends, c'est l'immobilisme européen,
07:26là où l'Amérique se propose d'avancer dans un vacarme fracassant. Ce que j'entends, ce sont les soi-disant patriotes qui, en Europe, sont tellement fascinés
07:37par les hommes forts, hier Poutine, aujourd'hui Trump, qu'ils en oublient toujours les intérêts de leur pays. Le parti de l'étranger, il est là.
07:45Ce que j'entends, c'est le murmure de voix européennes dissonantes qui ne savent pas encore s'accorder pour parler fermement à un État allié qui les teste
07:54avant de les soumettre. Ce que j'entends, c'est le blocage français et l'indécision européenne. Mes amis, nous vivons une période de danger
08:06et de menaces. Et de tous les dangers et de toutes les menaces, les plus dangereux sont l'absence de lucidité, le découragement et la désinvolture.
08:18Alors soyons lucides et disons les choses. Le monde avance et nous sommes englués. Englués dans une crise politique nationale qui nous coûte cher,
08:31englués dans un débat public qui préfère le spectaculaire au profond, englués dans un déclassement économique qui résulte de notre propre incapacité
08:42à regarder la réalité en face. La France, aujourd'hui, vit un double décrochage. Nous décrochons vis-à-vis de l'Europe qui elle-même décroche vis-à-vis du reste du monde.
08:56Au cours des 8 dernières années, 53 %, un peu plus de la moitié donc, 53 % de tous les investissements industriels réalisés dans le monde l'ont été en Asie.
09:1017 % l'ont été aux États-Unis. 8 % l'ont été en Europe. Alors bien sûr, en France, nous avons inversé une vieille tendance, la vieille tendance de la désindustrialisation.
09:25Et nous en sommes heureux. Mais regardons la réalité en face. Quand nous faisons un pas, nos concurrents font des kilomètres. Pour la première fois qu'il y a une industrie en Europe,
09:37en fait, pour la première fois depuis la révolution industrielle, l'Europe, dans son ensemble, se trouve en concurrence avec des pays où les coûts sont moins chers
09:47et où il n'y a plus aucun retard technologique. Ça fait longtemps que la Chine ne copie plus, qu'elle innove, voire dans certains domaines qu'elle a 10, 15 années d'avantages technologiques sur nous.
10:07Dans ce monde de compétition féroce, nous travaillons moins, nous innovons moins, nous investissons moins que les autres, et nous faisons comme si ça pouvait durer.
10:19La semaine dernière, au Havre, j'ai eu la grande chance de recevoir l'écrivain, grand écrivain Kamel Daoud. Et dans le cours de la conversation, il m'a glissé cette formule
10:30qui m'a surpris parce que je la trouve remarquablement intelligente et remarquablement vraie et à bien des égards remarquablement triste. Il a dit
10:39« En France, l'intelligence, c'est souvent le pessimisme ». Et il n'a pas tort. Moi, je déteste les pessimistes, mais j'aime les lucides, j'aime la lucidité.
10:53Et donc, je le dis calmement, je le dis avec gravité, ce qui se joue aujourd'hui, c'est notre capacité à rester libre. C'est notre capacité à refuser que nos enfants soient soumis
11:04aux États-Unis ou à la Chine. Nous pouvons choisir de ne rien faire, mais si nous choisissons de ne rien faire, nous sortirons de l'histoire. Ou nous pouvons choisir de nous battre
11:14pour rester maîtres de notre destin. Et je pense, comme beaucoup d'entre vous ici, par nature, par tempérament, je préfère me battre.
11:22— Applaudissements —
11:31Il est donc temps, mes amis, que nous nous ressaisissions vraiment. Au niveau européen, la première marque du ressaisissement devrait être la protection de l'un de nos actifs
11:43les plus précieux, que nous oublions en général, et qui est notre marché. L'Europe, ça ne peut pas être qu'un marché, mais l'Europe, c'est un marché de 500 millions de personnes,
11:55de 500 millions de consommateurs qui vivent grosso modo dans des pays qui sont nettement plus riches que la moyenne. Ça n'a l'air de rien. Pour nous, ça semble presque évident,
12:05parce que nous en avons l'habitude. Mais la vérité, c'est que c'est un actif formidable et convoité. Aujourd'hui, l'équation est assez simple. Les États-Unis vont se fermer,
12:18soit réglementairement, soit par des tarifs douaniers, alors que la Chine dispose d'une production abondante de millions de voitures électriques, de panneaux solaires,
12:29de batteries à écouler. Elle va se tourner vers l'Europe pour inonder son marché. Et si nous ne faisons rien face à cette déferlante, le tissu industriel, le tissu productif
12:41qui est resté chez nous, qui fait parfois notre fierté et qui fait souvent notre richesse, risque bien fort d'être balayé. Il faut donc ne pas tomber dans un protectionnisme
12:54dont vous savez que je labore avec un B, mais protéger notre tissu productif. Ça n'est pas très simple. Cela voudra dire parfois accepter de payer plus cher des biens
13:09que nous aimons acheter. Cela voudrait surtout dire réussir à aligner tous les pays européens autour des mêmes priorités alors que leurs intérêts ne sont pas toujours
13:18convergents. Et pourtant, le temps presse. Cela veut dire mettre en œuvre l'excellent rapport de Mario Draghi qui appelle à un immense effort d'investissement et d'innovation
13:28dans l'avenir de l'Europe. Cela veut surtout dire mettre fin à trois conforts européens qui sont devenus des boulets dans un monde brutal et sans merci.
13:40Le premier de ces conforts européens a été de toujours privilégier la consommation sur la production. Dit comme ça, ça peut sembler théorique. Mais au fond,
13:48nous savons très bien ce que cela veut dire. Depuis 40 ans, nous avons préféré consommer à moindre coût que de garder nos usines. Et nous le payons aujourd'hui.
13:56La fragmentation de nos industries européennes favorise les énormes effets d'échelle américains et chinois et permet à des petits poussés d'entrer en compétition
14:10avec des géants. Les Européens doivent donc repenser complètement leur politique de concurrence qui a favorisé les prix bas pour le consommateur.
14:20C'était l'alpha et l'oméga de la politique de la concurrence, favoriser les prix bas pour le consommateur, au détriment de l'émergence de grands champions
14:27industriels européens. La vérité, c'est que l'intérêt des citoyens européens, c'est aussi la création de grandes entreprises mondiales, notamment dans les secteurs
14:36qui demandent des investissements de très long terme et donc des marchés très larges, comme les télécoms, l'intelligence artificielle, les technologies de systèmes de défense.
14:46Le deuxième confort européen, c'est de déléguer notre sécurité aux États-Unis, ou plutôt d'ailleurs, bien souvent, de leur acheter notre sécurité.
14:59Il faut que nous cessions de séparer, au niveau européen, notre politique commerciale et notre politique étrangère et de sécurité. En matière de défense,
15:08les États-Unis dépensent 3 à 4 fois plus que l'UE et achètent quasi exclusivement des entreprises américaines, alors que l'UE achète 80% de ce qu'elle achète
15:21en dehors de l'Europe, dont les deux tiers aux États-Unis. C'est moins vrai pour la France, bien entendu. C'est même beaucoup moins vrai pour la France.
15:30Car heureusement, en France, nous avons conçu, mis en œuvre, défendu et protégé la politique de souveraineté, la politique de dissuasion, la politique qui consiste
15:42à vérifier que nous sommes toujours en mesure de protéger nos intérêts par nous-mêmes, de protéger notre souveraineté, notre indépendance par nous-mêmes.
15:52Mais ce calcul français, cette ambition française, cet effort français n'a jamais été réalisé par nos amis européens, jamais, qui ont toujours compté sur l'OTAN,
16:00donc sur les États-Unis, pour garantir leur protection. Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, a parfaitement raison lorsqu'il dit qu'utiliser l'argent des contribuables
16:11européens pour financer des équipements militaires non européens, c'est une aberration historique. Pour tenir tête aux superpuissances américaines et chinoises,
16:20l'Europe doit apprendre à entrer la tête haute dans le rapport de force, s'encourber systématiquement les Chines avec tout type de concessions préventives,
16:29comme l'ont fait récemment Ursula von der Leyen ou Christine Lagarde, juste après l'élection du président américain, en invitant à acheter du GNL américain
16:37ou à écouter Washington sur la Chine. Parler le langage de la force, ce n'est pas renoncer au droit. Et au fond, c'est le troisième confort européen
16:48que je voulais évoquer avec vous aujourd'hui. Croire que la norme pourrait remplacer l'action et que le droit pourrait remplacer la volonté.
16:58Oui, bien sûr, l'Europe est le continent du droit. Et nous en sommes fiers. Mais le droit, ça ne peut être ni la lenteur, ni la faiblesse, ni la paralysie.
17:10Et malheureusement, notre passion pour la norme est devenue une faiblesse face à ceux qui ont une passion pour l'action.
17:16— Applaudissements —
17:26Aux États-Unis, on connaît maintenant cet exemple. TikTok a été fermé et rouvert, d'ailleurs, en quelques heures. En France, nous avons voté en 2023
17:35à l'initiative de Laurent Marcangeli et du groupe Horizon une bonne loi qui visait à limiter l'accès aux réseaux sociaux pour les mineurs.
17:43Depuis 2 ans, 2 ans, cette loi n'est pas appliquée dans l'attente du feu vert des autorités européennes. Franchement, nous avons l'air de quoi ?
17:52Comment voulez-vous que les Français croient à la politique, croient à notre capacité à prendre notre destin en main si nous n'arrivons pas à faire appliquer
18:02les lois votées par le Parlement français ? Ça peut pas marcher. — Applaudissements —
18:11Et je ne dis pas ça contre l'Europe. Nous sommes tous ici des Européens convaincus. Nous sommes tous convaincus que pour défendre leurs intérêts
18:19et leur vision du monde sur la scène internationale, les nations européennes, les citoyens européens ont tout intérêt à agir ensemble,
18:27à coopérer plus étroitement, à faire fructifier par des échanges toujours plus intenses leur intelligence, leurs ressources.
18:36Notre intuition et notre conviction se rejoignent dans nos cœurs, dans nos tripes pour dire que l'Europe est une chance pour nous,
18:43une garantie pour que nous vivions en paix, une condition de notre prospérité et l'un des piliers de notre souveraineté dans un monde
18:50où vont s'affronter des logiques impériales. Et nous ne le disons pas seulement au moment des élections européennes, chère Nathalie et chère Gilles.
18:58Nous n'avons pas l'Europe honteuse. Nous avons l'Europe exigeante, pas parce qu'elle nous enduit mais parce qu'elle nous est indispensable,
19:07pas parce qu'elle nous dérange mais parce que nous en avons besoin. Et c'est bien parce que nous n'avons pas l'Europe honteuse que nous avons
19:14l'Europe exigeante que nous ne voulons pas qu'elle décroche. C'est pour cela que nous voulons qu'elle soit le continent du progrès, de l'innovation,
19:26de l'avenir, du rêve même. Nous avons été en Europe à l'avant-garde de l'invention, du courage, de l'audace humaine pendant des siècles.
19:37Cette petite flamme humaniste, audacieuse, courageuse qui a fait vivre les peuples d'Europe pendant plusieurs siècles, qui croit ici qu'elle serait définitivement éteinte ?
19:57Tout le monde ici sait qu'elle est fragile mais qu'elle est là et qu'en y prenant soin, on peut la transformer à nouveau en une énergie exceptionnelle qui permet non plus
20:11de conquérir le monde mais de nous assumer comme une des grandes puissances à l'échelle planétaire.
20:18– Applaudissements –
20:27Nous sommes des Européens convaincus mais nous sommes aussi des Français qui aiment la France, qui aiment leur patrie, qui les inquiètent parfois,
20:38qui les ravient souvent et dont ils veulent contribuer à la servir. La lucidité commande de dire que nous n'aurons aucun résultat en Europe
20:52si nous ne resterons pas au préalable notre puissance française. L'Europe, ça n'est pas une invocation. Il suffit pas, comme disait l'autre,
21:02et je le dis respectueusement, de sauter sur sa chaise ou de s'agiter à cette tribune pour que l'Europe apparaisse. L'Europe, c'est toujours un effort.
21:11Et je dirais même que c'est souvent un effort français. Mais malheureusement, la France, pour des raisons qui lui sont propres, est engluée en ce moment
21:21dans un immobilisme dangereux. Nous sommes le 26. Comme le mois de janvier n'est pas terminé, je pourrais vous souhaiter à tous une excellente année.
21:32Et du reste, je vous souhaite sincèrement à tous une excellente année. J'espère qu'elle sera bonne, à vous tous, bien entendu. Mais qu'est-ce qu'elle s'annonce compliquée
21:41pour notre pays ? Le gouvernement commence l'année sans majorité à l'Assemblée et sans budget adopté. La France commence l'année avec une démographie
21:49historiquement basse. 663 000 bébés sont nés en 2024. On les salue. Lorsque je suis né en 1970, nous étions 850 000 bébés.
22:01La France commence l'année avec une dette historiquement haute et un déficit qui n'a aucun équivalent en Europe. Entre le 1er janvier 2024 et le 1er janvier 2025,
22:114 premiers ministres se sont succédés. 4. C'est autant qu'entre 1958 et 1972. La Ve République avait été conçue pour mettre un terme à l'instabilité ministérielle
22:23de la quatrième. Le régime des partis l'a transformée en l'ombre d'elle-même. Elle devait permettre au président de la République de fixer un cap clair
22:32et au gouvernement de mettre en œuvre des politiques publiques nécessaires. La voilà prisonnière des manœuvres partisanes, des tractations des groupes politiques,
22:41des faux semblants et des vrais forbans. Les carpes du palais Bourbon qui chérissent leur boue profonde, selon l'expression de Mauriac dans ses carnets.
22:51L'expression est terrible.
22:52Applaudissements.
22:57Mais Mauriac était bordelais, comme on nous l'a rappelé. C'est pour ça que je le cite. À Bordeaux, on peut citer donc Montaigne, Montesquieu et Mauriac.
23:05À Lille, la prochaine fois, je citerai Yourcenar et De Gaulle, je vous le promets. Mais ici, à Bordeaux, on fait dans le bordelais.
23:12Et ça me permet d'ailleurs d'avoir une pensée émue pour quelqu'un qui fut un maire exceptionnel, un patron admirable que je ne peux pas citer, bien entendu,
23:20parce que ça ne se fait pas de citer dans un congrès de partis politiques un membre du Conseil constitutionnel qui doit se situer au-dessus de la mêlée.
23:27Donc je ne cite pas son nom. Mais c'est vrai que j'ai toujours été impressionné par les transformations spectaculaires de Bordeaux quand Alain Juppé était maire de cette ville magnifique.
23:35Applaudissements.
23:47Les amis, nous devrions repenser la sécurité sociale, reconstruire notre école, relancer notre industrie, sauver notre agriculture de l'effondrement productif qui vient.
23:57Nous devrions adapter notre littoral à la montée des eaux qui va finir par bouleverser la vie de millions de nos concitoyens. C'est le maire du Havre qui vous le dit.
24:05Faites pas les malins à Bordeaux, ça va vous arriver aussi. Nous devrions investir dans de nouveaux modes de transport, encourager toutes les administrations et les entreprises
24:12à repenser leur activité à la lumière des possibilités démentielles de l'intelligence artificielle. Nous devrions faire tout cela et nous, nous ratiocinons sur les mesures à mettre en oeuvre
24:24pour contenir le déficit afin de préserver l'accord implicite de non-censure par l'aile du parti socialiste qui se demande combien de temps elle peut résister à la pression des insoumis
24:31et des écologistes. Le résultat, malheureusement, ce sera un consensus général pour augmenter encore les impôts. Un consensus général pour supprimer les investissements d'avenir.
24:42Un consensus général pour conserver toutes les autres dépenses. On dirait que notre pays est devenu un pays de vaches sacrées.
24:50Vous savez ce qu'on raconte sur Constantinople juste avant la chute ? On dit qu'à Constantinople, juste avant la chute, on discutait de la question du sexe des anges.
25:02Notre époque aime moins le sacré, mais elle sait tout aussi bien tourner la tête quand elle a du mal à regarder la réalité en face.
25:10Alors bien sûr, chez Horizon, nous soutenons le gouvernement. Bien sûr, nous savons qu'il faut stabiliser l'ensemble des forces politiques qui peuvent gouverner ensemble.
25:18En 2022, nous avons proposé, les premiers, les seuls d'ailleurs, une coalition entre la majorité relative qui prévalait à l'époque et les Républicains.
25:28Cette coalition aurait rassemblé 310 parlementaires, majorité absolue. Il suffisait de s'entendre. Personne n'a voulu faire l'effort.
25:36En 2024, nous avons indiqué, avant les élections, qu'il faudrait rassembler large de la droite conservatrice à la gauche sociale-démocrate pour pouvoir stabiliser.
25:45Tout le monde est arrivé avec ses lignes rouges. Personne n'a souhaité construire un accord de gouvernement.
25:50Michel Barnier, que je salue amicalement et qui sait combien j'ai de l'estime pour lui, Michel Barnier, qui sait ce que c'est qu'une coalition,
25:57n'a pas réussi à convaincre nos partenaires de discuter puis de conclure un accord de gouvernement.
26:03Et il a été censuré par la coalition baroque et triste des parlementaires du RN et de l'Union de la gauche.
26:10En 2025, nous soutenons le gouvernement. Nous voulons le faire clairement parce que la stabilité politique est essentielle au pays.
26:19Nous voulons le faire clairement parce que nous voyons des choses que nous aimons, comme la fermeté de Bruno Retailleau et de Gérald Darmanin,
26:25comme le sens du dialogue d'Astrid Panosian-Bouvet, comme la constance de Sébastien Lecornu, comme l'habileté intelligente de Laurent Marcangeli,
26:34sans oublier l'engagement déterminé de Charlotte Parmentier-Lecocq. Nous soutenons le gouvernement et nous le faisons à notre façon,
26:50sans afficher de lignes rouges mais en défendant des lignes claires, sans menacer mais en étant déterminé à faire valoir les idées auxquelles nous croyons,
27:00sans renoncer à construire des compromis mais en étant résolu à ne pas verser dans la compromission, sans illusion, malheureusement,
27:09sur le fait que nous ne ferons rien de décisif dans les deux ans qui viennent. Oh, nous aurons un budget.
27:17Le Premier ministre a affiché un objectif de déficit à hauteur de 5,4% du PIB, on verra. Entre la croissance qui est faible et les compromis qui coûtent de plus en plus cher,
27:25on verra où notre addiction à la dépense nous conduit. La stabilité du gouvernement a de la valeur, elle a donc un prix, mais ce prix, soyons clairs, a des limites.
27:36Oh, nos services publics fonctionneront, bien parfois, et il faut s'en réjouir, mal trop souvent, et cela ne fera que nourrir la colère et l'amertume de nos concitoyens.
27:47Et la société du spectacle continuera à provoquer des clashs, à provoquer des rivalités et des viralités sur les réseaux, à sonder, à commenter, à dénoncer,
27:58à interpeller, à insulter, à tronquer les raisonnements pour faire des petites phrases et à faire des longues phrases pour distiller de petites idées.
28:07Mais rien de décisif, rien de massif, rien d'essentiel. Rien de tout cela ne pourra être accompli dans les 2 ans qui viennent, je le crains.
28:20Sans mandat clair, sans majorité ferme, sans contrat de gouvernement solide, comment trancher, comment rompre, comment gouverner ?
28:30Deux ans. Deux ans. C'est long, deux ans. D'autres l'ont dit avant moi. Il peut s'en passer, il peut s'en passer des choses en deux ans.
28:53En deux ans, OpenAI, l'entreprise qui a créé Chadjipiti, est passé d'une valeur de presque rien à une valeur de 157 milliards de dollars. Deux ans.
29:05En deux ans... Deux ans et demi. Deux ans et demi. L'Inde fait presque autant de bébés qu'il n'y a de Français sur Terre.
29:16En deux ans, la Chine construit environ 5 000 km de lignes à grande vitesse. Moi, au Havre, depuis 2009, j'attends une ligne 180 km.
29:31Absolument essentielle au fonctionnement du port. Absolument essentielle, pas simplement au confort des voyageurs, mais au fonctionnement de l'économie française.
29:40En deux ans, les Chinois font 5 000 km de lignes à grande vitesse. Dans les deux ans qui viennent... C'est gentil de les applaudir, mais je préférerais qu'on nous applaudisse nous.
29:55En deux ans, le monde va avancer vite. Et il ne va pas nous attendre. Ça peut effectivement être très long, deux ans. Deux ans à écouter ceux qui se résigneront.
30:07Deux ans à supporter ceux qui, pour excuser leur inaction, diront qu'il faut bien gagner du temps. Je reviens à Mauriac, toujours lui, qui disait
30:16« Il n'est pas d'expression plus trompeuse dans notre langue que gagner du temps. En politique, gagner du temps, c'est le perdre au sens absolu, c'est gâcher d'avance
30:26le temps qui sera vécu par nos enfants lorsque notre génération aura passé la main. » Formidable Mauriac !
30:32– Applaudissements –
30:37Formidable... Vous savez ce que de Gaulle disait de Mauriac ? Imaginez un Conseil des ministres où le général de Gaulle préside, et où évidemment Malraux est à sa droite.
30:51Et c'est le Conseil des ministres juste avant la remise par le général de Gaulle des insignes de grand-croix de la Légion d'honneur à François Mauriac.
31:00Le général de Gaulle dit – je ne vais pas vous l'imiter – « N'oublions jamais que François Mauriac est le plus grand écrivain vivant. »
31:15Petite crispation autour de la table du Conseil des ministres, j'imagine Malraux pas totalement détendu jusqu'à ce que le général de Gaulle s'entende qu'il fallait corriger un petit peu son propos,
31:29comme quoi on peut être le général et corriger ses propos. « Les personnes présentes étant toujours acceptées. » C'est extraordinaire !
31:39– Applaudissements –
31:46Bon, revenons à aujourd'hui. Revenons à la France telle que nous la vivons. Et posons-nous la question essentielle, la seule question qui prévaut en politique, que faire ?
31:56D'abord, rien qui ne puisse envenimer la situation actuelle. La France est malade. Et face à un malade, la première règle, c'est ne pas nuire.
32:08C'est ce que savent tous les médecins. Il y en a quelques-uns dans la salle. Je les salue avec reconnaissance et affection.
32:16Ah, il y en a quelques-uns, manifestement, oui. Très bien. Vous pouvez citer toutes les professions, si vous voulez. Ne tentez pas.
32:28Ne pas nuire. C'est ce que nous devons essayer de faire. Ne pas prendre de décisions qui rendraient la France plus instable ou plus faible encore qu'elle n'est.
32:37Ne pas accélérer la glissade budgétaire, à défaut de ne pas complètement rétablir les comptes. Ne pas jouer plus encore avec les institutions.
32:45Vous vous souvenez peut-être qu'on nous disait, il y a encore peu de temps, si tous les partis étaient représentés au Parlement de façon proportionnelle,
32:52on aurait enfin une démocratie apaisée, capable de bâtir des compromis. J'ai entendu ça pendant toutes mes études, puis ensuite pendant toute ma vie politique.
33:03Les deux additionnées, ça commence à faire du temps. Je n'ai pas du tout cette impression. Et je ne voudrais pas que, par une réforme de circonstances,
33:13on s'interdise d'avoir demain une majorité stable dont nous aurons besoin pour faire repartir le pays.
33:20Applaudissements.
33:26Alors tâchons, ça et là, de faire bien, de mettre en place les éléments qui permettront demain de rebondir, de préparer le terrain politique ou les conditions techniques
33:36d'une réforme aujourd'hui impossible mais que nous porterons plus tard. Et je crains que cela soit tout ce que nous puissions faire. On nous dira « c'est bien peu ».
33:48On nous dira « vous êtes résignés ». On nous dira « vous êtes découragés ». Croyez-moi, j'ai déjà eu l'occasion de le dire dans des circonstances plus graves,
33:56mais je le pense toujours, le découragement ne fait pas partie de la gamme d'émotions que je m'autorise. Ce qu'il nous faut préparer exige, au contraire,
34:04du courage et de la ténacité. Ce à quoi vous, vous êtes engagés en rejoignant Horizon, c'est à refaire de la France une puissance. Oui, une puissance.
34:14Nous voulons redonner à la France les moyens de sa puissance. Applaudissements.
34:26Pas pour agresser les autres, mais pour être partout respectés. Pas pour dominer nos voisins, mais pour ne jamais avoir à nous soumettre à eux.
34:35Pas pour exhiber nos richesses, mais pour pouvoir garantir la prospérité collective et la qualité de vie à laquelle nous aspirons tous.
34:43Certainement pas pour prétendre que nous aurions raison contre tous, mais seulement pour assurer que nous puissions penser exactement comme nous le voulons.
34:51Applaudissements.
34:53Salut, mesdames et messieurs. Notre Occident tourmenté a longtemps été inhibé par les pages sombres de son histoire. Et avec cette espèce de morosité nostalgique,
35:04de mauvaise conscience sans cesse rabâchée, il a laissé s'installer l'idée que vouloir être puissant, c'était mal, dépassé, ridicule, impossible, indésirable.
35:17Eh bien non, nous voulons redonner à la France les moyens de sa puissance. Et cela passe... Applaudissements.
35:31Cela passe par une reprise en main complète, par des mesures massives, par un sursaut qui fera du bruit, par une lucidité exigeante, par un défort de vérité,
35:40celle qui se fonde sur l'analyse des faits et pas sur des constructions idéologiques, celle qui sait dire « je ne sais pas » quand elle ne sait pas
35:46et qui ne fait pas mine d'avoir un avis sur tout. C'est en disant la vérité aux Français que nous pourrons leur demander un mandat clair pour,
35:54comme l'avait dit Georges Pompidou en son temps, trancher quelques nœuds gordiens et faire les grands choix de sociétés que nous avons longtemps repoussées.
36:03La vérité, c'est d'abord de dire que dans notre pays, nous nous en sortirons par le travail. Sans le travail, rien n'est possible. Or, nous avons créé,
36:12au fil des années, un système social qui décourage le travail parce que le poids de notre démographie déclinante pèse presque entièrement sur les travailleurs.
36:22Il s'est même trouvé des économistes, et parfois même des ministres, pour faire croire aux Français qu'en travaillant moins longtemps la semaine et moins longtemps tout au long de la vie,
36:31on pourrait gagner plus. La vérité, c'est que notre pouvoir d'achat, à nous Français, a décliné nettement par rapport à celui des Allemands ou des Hollandais ou des Danois.
36:41Non pas du tout parce que les Allemands, les Hollandais ou les Danois sont plus intelligents que nous, mais parce qu'ils travaillent plus que nous. Ils travaillent plus que nous.
36:51Et nous avons été malheureusement plus loin encore. Nous avons laissé prospérer une très grande absurdité française. Pour corriger les effets de ce mauvais système sur l'emploi,
37:01nous avons multiplié les exonérations de charges sur les bas salaires et, sans le vouloir probablement, mais de fait, nous avons enfermé près de 3 millions de Français au niveau du SMIC.
37:14Et comme si cela ne suffisait pas, nous avons créé des filets de sécurité qui font qu'en ne travaillant pas, on peut aujourd'hui avoir un niveau de vie inférieur à ceux qui travaillent,
37:26mais légèrement inférieur, pas très éloigné, en dessous du SMIC. La réalité qu'on a aujourd'hui, c'est celle-là. Beaucoup d'inactifs en dessous du SMIC, mais pas très loin.
37:38Beaucoup d'actifs au-dessus du SMIC, mais pas très loin. Vous avez là la grande compression qui résume le grand malaise français.
37:49Et si nous voulons en sortir, il va falloir faire en sorte que les Français travaillent plus, qu'en travaillant plus, ils gagnent plus individuellement et qu'ils puissent de ce fait
37:59nourrir la prospérité collective. Pour cela, nous allons devoir transformer radicalement le financement de la protection sociale. Nous allons devoir libérer le travail
38:14et donner un grand bol d'air aux travailleurs. Nous allons devoir faire entrer notre modèle social dans le XXIe siècle avant qu'il ne meure et qu'en mourant, il ne nous entraîne avec lui.
38:26Reprendre globalement le modèle des retraites pour offrir plus de liberté et de sécurité à chacun tout en garantissant la solidarité entre les générations et entre les Français
38:36qui est au cœur de la conception française de la société. C'est le premier chantier, la première vérité que nous allons devoir mettre en œuvre.
38:46Le deuxième chantier, la deuxième vérité sur laquelle nous devons nous accorder, c'est que nous allons demander aux Français de faire le choix de la jeunesse.
38:54— Acclamations du public. — La vérité, c'est que notre jeunesse est la grande sacrifiée des 20 dernières années. Notre école décline.
39:20Nous le savons, nous le sentons, nous le mesurons même parfois, et nous ne réagissons que trop peu. En ne réagissant pas, parfois parce que nous savons que si nous devions
39:31transformer des choses, ce serait difficile, qui sacrifions-nous ? La jeunesse. La jeunesse d'aujourd'hui, la jeunesse de demain. L'ère des écrans et des réseaux incontrôlés, détruits,
39:46nous le savons, nous le vivons tous. La concentration de nos enfants émet parfois en danger leur équilibre psychique et social. Pendant le Covid, nous avons enfermé les jeunes.
39:57Je le sais. J'y étais. Et ça ne me fait pas sourire. Nous avons enfermé les jeunes pour protéger les plus âgés, qui étaient plus fragiles.
40:13Et nous avons causé dans une très grande partie de la jeunesse des troubles, des traumatismes, des dérèglements bien supérieurs chez des jeunes élèves ou chez des adolescents
40:32que ceux qui ont été provoqués chez les cadras ou chez les quincas. Et en plus, nous allons leur laisser la facture d'une dette qui n'aura jamais été atteinte en temps de paix.
40:44Les jeunes actifs qui entrent aujourd'hui sur le marché du travail entrent dans une société où il faut 80 ans de travail, c'est-à-dire deux vies de travail, pour doubler son niveau de vie.
40:56Alors que leurs parents doublaient leur niveau de vie en 40 ans s'ils étaient payés au SMIC continuellement, et leurs grands-parents en 15 ans. Enfin, pas au SMIC. À la médiane, passons.
41:08Les jeunes actifs qui veulent acheter leur premier appartement aujourd'hui en France, dans un pays où le logement est structurellement plus cher que dans les autres pays européens,
41:20doivent, en général, contribuer à hauteur d'un tiers de leur revenu. D'un tiers de leur revenu pour pouvoir acquérir ou pour pouvoir se loger. C'est là qu'elle est la contraction du pouvoir d'achat pour les jeunes actifs.
41:34Et elle les place dans une situation désespérante. Il faut bien le mesurer. Derrière les problèmes sur la politique du logement, vous n'avez pas simplement le fait que c'est difficile de trouver un logement.
41:45Vous avez une des raisons, et à mon avis une raison importante, de la baisse de la natalité. Quand vous ne pouvez pas changer facilement d'appartement, vous avez deux enfants,
41:54vous savez qu'un troisième vous imposera une pièce supplémentaire. Vous avez plein de gens qui se disent « Non, c'est pas maintenant », qui renoncent.
42:02Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. C'est pas la politique du logement qui est le déterminant principal de la natalité. Mais si on cherche une des causes qui, en vérité,
42:11dans les faits, dans la pratique, contraint notre capacité en la matière, je pense qu'on ferait bien d'aller chercher du côté de la politique du logement.
42:20Ajoutez à ça la violence de notre société. Ajoutez à ça l'angoisse climatique, qu'on aurait tort de sous-estimer chez beaucoup de nos concitoyens les plus jeunes.
42:29Eh bien vous faites un monde, en tout cas vous faites une France dont je ne suis pas sûr que nous voulons la laisser à nos enfants. Est-ce qu'après tout cela, il faut s'étonner
42:38que les jeunes votent massivement pour les extrêmes ? Je veux pour ma part qu'Horizon propose un grand modèle de solidarité pour la jeunesse, pour les jeunes travailleurs,
42:47pour les jeunes familles qui bâtissent l'avenir du pays. Nous devons réorganiser notre société pour faire en sorte que les jeunes puissent y prospérer.
42:56Applaudissements.
43:05La troisième vérité que nous devons au pays, c'est la réhabilitation de l'autorité. Trop longtemps, autorité et oppression ont été confondues alors que nous savons
43:15qu'il n'y a pas de vraie liberté sans une juste autorité. Autorité du juge, autorité du policier, autorité du maître, autorité des parents, autorité de l'élu.
43:25Dans un pays comme le nôtre, aussi divers que le nôtre, aussi peu spontanément enclin au civisme parfois, aussi marqué par la violence de ceux qui remettent en cause
43:35les usages de la démocratie et les principes de la République, ne pas assurer cette autorité, c'est prendre le risque de voir la France se déliter, se désunir, se fracturer.
43:46Nous ne redresserons pas la France sans un puissant choc d'autorité. Je proposerai lors de notre congrès de Marseille des axes pour retrouver l'autorité régalienne de l'État
43:56dans la sécurité, dans la justice, dont je continue à penser qu'elle est le maillon faible de notre système, sur l'immigration, où tant de transformations massives sont nécessaires.
44:05Applaudissements.
44:09La quatrième vérité qu'il est utile de dire et qui est une condition de notre puissance future, c'est la nécessité de la reconquête productive. Je le disais tout à l'heure, j'en suis convaincu.
44:21Nous avons trop longtemps préféré la consommation à bas prix de produits issus de l'autre bout du monde au fait de garder des usines sur notre territoire.
44:28Nous en payons le prix cruel en matière de prospérité, de souveraineté aujourd'hui. Pour renverser cette tendance, nous avons eu raison, et je le dis très sincèrement,
44:43d'engager aux côtés du président de la République un choc d'offres en 2017. Il a produit ses effets de façon réelle, significative. Mais ce choc d'offres qui a été salutaire,
44:56il est en danger et il est fondamental de le défendre. C'est pourquoi Horizon fera tout ce qui est en son pouvoir pour éviter toute nouvelle hausse d'impôts et pour défendre
45:05systématiquement la compétitivité de nos entreprises. Ça n'est pas parce que nous aimerions plus les entreprises que d'autres. C'est parce que nous savons qu'il n'y aura pas de prospérité,
45:16il n'y aura pas de puissance française si nous n'avons pas des entreprises qui fonctionnent bien, qui gagnent de l'argent, qui se développent, qui sont compétitives par rapport
45:25à leurs concurrentes françaises, sans doute, mais étrangères souvent.
45:28– Applaudissements –
45:31Alors, ne nous mentons pas. Ces quatre vérités, ces quatre choix sont assez faciles à formuler et assez difficiles à mettre en œuvre. Chacun d'entre eux représente un effort
45:44parce que depuis longtemps, consciemment ou inconsciemment, nous avons fait le contraire. Parce que c'était plus confortable. Parce que c'était plus facile.
45:54Parce que nous avions peut-être aussi perdu l'habitude des grands défis et des grands desseins. 2027 sera un rendez-vous. Un rendez-vous où les Français devront faire des choix fondamentaux
46:04pour retrouver le chemin d'un avenir puissant, prospère et libre. C'est le seul avenir digne de notre pays. C'est le seul avenir digne de la France.
46:13Et c'est l'avenir que je vous propose de construire.
46:16– Applaudissements –
46:23Mes amis, j'aimerais vous parler des heures, encore, je lis souvent dans la presse, quoique je lise assez peu la presse, que les commentateurs trouvent que je ne parle pas assez.
46:32Alors, c'est vrai que j'aime choisir mon moment. Et aujourd'hui, avec vous, j'aimerais aller plus loin. J'aimerais vous parler d'école et de justice.
46:40J'aimerais vous parler de défense et d'agriculture et d'innovation. J'aimerais vous parler de ce que j'apprends en parcourant le pays.
46:47Vous parler des Français, de l'identité de notre pays, de ses méandres, de ses atouts, de ses contradictions, de ses aspirations.
46:55Mais je veux garder des choses à vous dire dans les mois qui viennent. À Lille, le 16 mars, je vous parlerai méthode et calendrier.
47:04Car obtenir un mandat des Français et vouloir exercer le pouvoir, cela exige que l'on dise clairement comment les choses vont se passer si les Français nous font confiance.
47:14À Marseille, ensuite, nous parlerons de l'État et de sa responsabilité régalienne. Les premières conférences thématiques que nous allons organiser avec les secrétaires nationaux
47:23auront eu lieu et nous pourrons tracer quelques lignes claires sur des sujets essentiels.
47:27Alors depuis Bordeaux, je veux évidemment vous inviter à travailler, à vous engager, à prendre le destin du pays dans vos mains en insistant sur un point essentiel.
47:39C'est au fond la dernière vérité qu'il faut asséner et ne jamais oublier. C'est que l'action politique est d'abord affaire de rassemblement.
47:49Nous ne gagnerons qu'en travaillant avec des gens qui ne sont pas encore là, avec lesquels nous n'avons pas toujours été sur la même ligne,
47:57avec des femmes et des hommes qui ne pensent pas exactement comme nous, qui n'ont ni les mêmes références, ni parfois les mêmes mots,
48:04qui mettent des accents toniques à des endroits où nous mettons parfois des bémols, mais qui ont en commun avec nous d'être attachés à la démocratie,
48:13à la souveraineté de la France, à la construction européenne, à l'économie de marché et à la nécessaire solidarité entre les Français.
48:21Compte tenu de la violence idéologique et de la suprématie politique de la France insoumise sur la gauche, compte tenu de la séduction dangereuse
48:31du fourre-tout idéologique prôné par Mme Le Pen, nous ne gagnerons que si se dessine un rassemblement au sein de l'espace central.
48:39– Applaudissements –
48:46Trois élections législatives partielles se sont tenues récemment, ou plus exactement deux se sont tenues récemment et une est actuellement en cours.
48:57Ni dans les Ardennes, ni en Isère, ni dans les Hauts-de-Seine, nous n'avons été capables de nous parler.
49:07Les candidats de l'espace central sont partis en ordre dispersé. Partout, Horizon a pris ses responsabilités pour éviter que les candidats à l'extérieur
49:17de ce bloc central l'emportent. Mais reconnaissons ensemble que quelque chose ne tourne pas rond.
49:25Les forces politiques du bloc central participent au même gouvernement. Elles soutiennent le même gouvernement.
49:32Elles ont un intérêt commun à ce que la France ne sombre pas dans les extrêmes. Et pourtant, elles sont incapables de s'entendre sur un programme,
49:41même minimal, de gouvernement. Incapables de se parler pour réfléchir ensemble à ce qui est essentiel pour l'avenir du pays.
49:50Incapables de regarder comment elles peuvent éviter de s'affaiblir mutuellement. La France a besoin du rassemblement de celles et ceux
49:59qui s'entendent sur l'essentiel. Si, comme je le redoute, une nouvelle crise politique venait à provoquer, après juillet, de nouvelles élections législatives,
50:13nous ne servirions pas la France en laissant la dispersion prospérer. N'aurions-nous pas intérêt à constituer sous une bannière commune
50:21un bloc républicain et démocrate, respectueux des différences de chacun, qui n'aurait pas vocation à remplacer les partis existants,
50:30mais qui indiquerait clairement la volonté de gouverner ensemble ? Et en 2026, pour les élections municipales, allons-nous laisser des femmes
50:41et des hommes, membres de formations politiques qui concourent ensemble au gouvernement de la France, partir en ordre dispersé, chacun revendiquant
50:47sa logique partisane, là où l'action locale, elle aussi, repose sur le rassemblement ? Je suggère, mes amis, que tous les jours où vous faites de la politique,
50:59vous ayez à l'esprit, vous ayez viscéralement en tête, si j'ose dire, que ce rassemblement est la condition du succès. Et je suggère qu'avec
51:11tous les responsables politiques qui se reconnaissent dans cette logique et dans cette exigence, nous puissions nous rencontrer tranquillement,
51:20nous puissions voir comment nous pouvons servir et apporter quelque chose au pays. La vérité, c'est que pour beaucoup de nos concitoyens,
51:28le bloc républicain et démocrate existe déjà dans les faits. Parfois, j'entends les politologues, les commentateurs, dire que l'électorat
51:41est liquide, ce qui n'est pas très gentil, je pense, ce qui veut dire qu'en réalité, entre les formations politiques et entre les personnes,
51:50il y a une très grande capacité de l'électeur à passer de l'un à l'autre, et que les grandes verticalités partisanes ou idéologiques qui prévalaient
51:57jusqu'à présent se sont émoussées. Si véritablement, c'est vrai, si véritablement, lorsque nous parlons un peu partout en France à des électeurs,
52:08ils ne commencent pas par vous dire « Moi, je ne voterai jamais que ce parti », mais ils cherchent quelqu'un qui est capable de rassembler d'où qu'ils viennent
52:14cet espace central. Alors nous devons faire tout ce que nous pouvons pour tendre la main aux Républicains, à Renaissance, au Modem,
52:23à toutes celles et ceux qui, dans cet espace que j'ai défini, ont envie de faire avancer le pays. C'est ce que je fais, c'est ce que je fais.
52:32Les Français, je vous le dis, pensent que ce bloc républicain et démocrate existe déjà dans les faits. Il nous appartient de faire en sorte qu'il puisse prévaloir
52:42dans les urnes. Et mes amis, ne nous trompons pas, l'Union, c'est un combat, et ce combat, nous y sommes prêts. Le rassemblement, c'est une nécessité,
52:53et nous y sommes prêts. La préparation minutieuse et solide du rebond français est en jeu, et nous l'avons engagée. La tâche est immense,
53:03mais j'ai confiance en vous, en la France. Vive la République et vive la France !
53:10– Sous-titrage FR –