Il en faudra sans doute encore bien de roulements de phrases et le timbre plus onctueux qui fait l’ordinaire de sa coquetterie, pour que René-Emmanuel SADI, Ministre en charge de la Communication et l’un des plus vieux fidèle de route de Paul BIYA, mis en selle sur son pas royal et sa chevelure de sage homme, fasse entendre à ses collaborateurs une voix autre que celle de l’humiliation qu’ils ressentent de longue date. La pâleur d’âme de ceux-là qui ont plongé leurs pieds dans le marasme d’une Maison sans cap ni ressources, et qui se retrouve – une fois encore – en ce début d’année 2024, à afficher sa misère et ses stigmates tombantes aux yeux de la nation entière. Un peu moins de 06 milliards de F. CFA de budget donc, qui sont vécus par les fonctionnaires de la Maison comme une véritable offense. Comment, dès lors, regarder l’avenir avec sérénité, face aux défis qui se dressent ? Ainsi en est-il du Ministère de la Communication et de son positionnement institutionnel. Ministère de la pauvreté et des hommes de médias pauvres, qui trainent leur humeur maussade au travers d’une presse devenue sorte de mur de lamentations de son époque. Seule façon d’y trouver voix au soleil : les conférences de presse gouvernementales où chacun vient se mettre en scène, sur des problèmes insolubles que des Camerounais, aussi épuisés que désabusés, regardent de loin. Comment donc se donner une place qui fait sens, lorsque le seul écho à entendre est celui des sempiternelles louanges à Paul BIYA ? Comment peser sur les enjeux en attente, et dont une part porte à l’endiguement des discours de haine, à l’essoufflement de l’ensemble de la presse écrite, au tassement des télévisions conventionnelles, à la multiplication des problèmes éthiques, à l’assassinat de journalistes et à l’errance des acteurs du numérique ? Autant de voies sans issues pour un Ministre qui a sa tête dans les étoiles.