Michel Barnier va-t-il réussir à calmer la grogne des collectivités locales mises à contribution dans le cadre des restrictions budgétaires pour 2025 ? Le président du Conseil départemental du Nord, Christian Poiret, était l'invité ce lundi 18 novembre de France Bleu Nord.
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00:00Bonjour Christian Poiré. En fin de semaine, Nicolas Lacroix, qui préside le groupe des départements de la droite du centre et des indépendants, a dit que
00:06ces départements pourraient suspendre le versement du RSA à la CAF si le gouvernement ne revenait pas
00:11sur les restrictions budgétaires prévues dans le budget de l'an prochain. Ça voudrait dire que ce serait à l'État
00:16l'an prochain, virtuellement, de verser, de payer le RSA. Vous vous associez à cette démarche ?
00:21Vous êtes bien précis dans les choses.
00:23C'est bien la CAF que les départements ne paieraient pas, et non pas les allocataires du RSA qui seraient toujours payés.
00:30Je dis ça parce que, par l'État, voilà, je dis ça parce que la gauche départementale
00:37lève les bras au ciel en disant nous allons plus payer le RSA, je voudrais rassurer tout le monde, tout le monde sera payé du RSA.
00:44Donc, nous, peut-être, c'est pas sûr.
00:47Aujourd'hui, il y a un dialogue qui s'est ouvert avec le Premier ministre.
00:52Il y a une certaine confiance, il y a une méthode.
00:55Donc, on va voir.
00:57Il a ouvert quelques portes.
01:00On devrait obtenir 200 millions sur l'aide
01:06en compensation pour arriver à 50-50 au niveau pour les personnes âgées et les personnes handicapées.
01:12Chose que nous n'avons jamais obtenue.
01:14On va revenir sur ce qu'a dit Michel Barnier, plus précisément, effectivement, lors du congrès.
01:19Donc, il n'y a pas d'inquiétude pour le RSA en ce qui nous concerne.
01:21Mais, mine de rien, utiliser cet outil, est-ce qu'on ne se sert pas des plus précaires pour faire pression sur le gouvernement ?
01:25Mais non, on se sert de la CAF.
01:27C'est entre l'État et la CAF.
01:29Donc, la CAF, c'est l'État.
01:31Donc, les plus précaires, on continue à les payer.
01:33Combien cela représente, le RSA, pour le département du Nord ?
01:36620 millions.
01:38Il y a 90 000 personnes au RSA.
01:41Je voudrais bien, moi, j'ai demandé que le RSA soit géré directement par les présidents de départements
01:47et non pas par les technocrates et les règles de l'État et de Bercy.
01:52Et ça serait nettement mieux, je vais vous dire.
01:54600 millions pour un budget de 4 milliards d'euros.
01:57Le département du Nord, c'est énorme.
02:01Mais ça baisse.
02:02En même temps, il y a des allocataires du RSA qui retournent à l'emploi.
02:06Il y a aussi tous ceux qui ne le demandent pas.
02:0840% de taux de non-recours au RSA pour les Hauts-de-France.
02:12Ça reste un poste de dépense important pour une collectivité comme le département.
02:16Quand vous dites 40% qui ne demandent pas, moi, je voudrais voir ça.
02:20C'est le chiffre du secours catholique publié la semaine dernière.
02:23J'ai 6 000 auto-entrepreneurs qui touchent le RSA dans le département du Nord.
02:28J'ai 2 500 personnes qui devraient toucher aujourd'hui leur retraite et qui touchent le RSA.
02:35Moi, je voudrais bien que chacun puisse vivre de son travail.
02:39France Le Nord, il est 7h48.
02:41Notre invité ce matin est Christian Poiré, le président du département du Nord.
02:45Revenons donc sur ce qu'a dit Michel Barnier en fin de semaine à Angers,
02:48où vous étiez pour ce congrès des présidents du département.
02:51Michel Barnier, le Premier ministre, a dit que l'effort demandé au département
02:54serait réduit significativement dans le cadre du budget 2025.
02:58Vous êtes convaincu de ce qu'il a dit ?
03:01Il a baissé sur les 2% qui sont demandés à 83 départements.
03:08Le département du Nord était à zéro.
03:11Il n'y avait pas d'effort.
03:13Moi, je souhaiterais surtout qu'il nous compense la TVA qui envisage de nous geler.
03:20Parce que nous n'avons plus d'autonomie financière et fiscale.
03:25Donc, aujourd'hui, il n'y a plus de taxes foncières.
03:28L'État nous donne la valeur des taxes foncières, mais c'était sur la TVA.
03:33Donc, on devait avoir une évolution.
03:34Donc, nous, on va perdre 30 millions au département du Nord.
03:37Je voudrais bien qu'ils reviennent sur cette position-là également.
03:40Parce que le compte n'y est pas.
03:41Effectivement, si on ne demande pas au département du Nord des économies en particulier,
03:44puisque le département a été préservé,
03:46il fait partie des départements qui ont été ciblés en disant
03:48qu'il y a déjà des départements qui sont en difficulté.
03:51On ne va pas leur demander un effort.
03:52En plus, ce que vous demandez, c'est des recettes supplémentaires
03:54pour avoir un peu plus de marge.
03:55C'est de plus en plus compliqué aujourd'hui de boucler un budget.
03:57Nous ne bouclons pas le budget du département du Nord.
04:01Il manque 115 millions.
04:04Nous allons devoir faire des arbitrages.
04:07Je me demande des arbitrages.
04:09On les fait sur les personnes âgées, sur les personnes handicapées,
04:12sur les enfants de la ZEU.
04:14Voilà. Je me pose beaucoup de questions actuellement.
04:17Nous allons trancher.
04:19Et nous allons voter un budget en équilibre.
04:23Et sincère.
04:25Donc, vous êtes en train de nous dire qu'il y aura forcément
04:27des coupes budgétaires dans le budget du département l'an prochain,
04:30si le gouvernement ne débloque pas des recettes supplémentaires
04:33pour un département comme celui du Nord.
04:34Je suis bien obligé.
04:35Moi, mon budget doit être équilibré à celui de l'État.
04:39Et moi, il sera sincère.
04:41Pas comme en 2015 avec la gauche,
04:43où il y avait 11 mois de RSA et non pas 12.
04:47Christian Poiret, question également ce matin sur les agriculteurs
04:50qui manifestent ce matin dans le département du Nord,
04:52notamment avec cette action ce matin sur la place de la République
04:55qu'à Lille, vous soutenez cette mobilisation
04:57qui arrive moins d'un an après les dernières grandes manifestations
04:59qu'on avait déjà eues ici dans la région.
05:01Je vais vous dire, je la soutiens complètement.
05:03Les agriculteurs ont eu des promesses.
05:06Elles doivent être respectées.
05:08La parole de l'État doit être respectée.
05:11Et puis il y a une chose importante également.
05:13Je souhaite à titre personnel, pour mes enfants et mes petits-enfants,
05:17qu'ils ne mangent pas n'importe quoi.
05:20Parce qu'avec le Mercasur, on ira manger n'importe quoi
05:24qui viendra d'Australie ou autre, et ça, c'est pas acceptable.
05:28Mais cette position-là, c'est également la position de la France,
05:31si on écoute n'importe quel responsable politique national,
05:34tout le monde soutient les agriculteurs,
05:36mais eux continuent de se mobiliser en disant que ça ne s'arrange pas.
05:38Quand est-ce qu'on va sortir de ça ?
05:39Tout le monde les soutient, les agriculteurs, aujourd'hui.
05:41Oui, tout le monde les soutient.
05:42Mais vous savez, sur le Mercasur, c'est important.
05:44Le président de la République a dit qu'il ne donnerait pas sa bénédiction sur ça, par l'État.
05:49Le département du Nord fait beaucoup de choses pour les agriculteurs.
05:52On a un partenariat important.
05:54Moi, je suis au salon d'agriculture.
05:56Nous travaillons avec la Chambre d'Agriculture.
05:58Nous travaillons sur le terrain.
05:59Nous avons une politique de Nord durable.
06:02Donc, les agriculteurs, on en a besoin.
06:04C'est des emplois.
06:06C'est des personnes qui travaillent énormément,
06:08qui se lèvent le matin,
06:10qui n'ont pas beaucoup de vacances.
06:11On doit les respecter.
06:13Il y a eu des grèves.
06:14Il y avait un ministre, un premier ministre,
06:16qui a pris des engagements sur des ballots de paille.
06:19Il doit les tenir.
06:20Gabriel Attal, à l'époque, effectivement,
06:22et ce projet de loi d'orientation agricole
06:24qui a été un peu mis entre parenthèses avec la dissolution de l'Assemblée nationale,
06:28qui revient en début d'année au Sénat.
06:30On ne va pas attendre à chaque fois, si vous voulez,
06:31quand il y aura une dissolution ou un changement de gouvernement,
06:34ne pas tenir la parole de l'État.
06:36La parole du département, elle est tenue,
06:39quel que soit le président du département.
06:41Donc, ce projet de loi en début d'année,
06:43en attendant des manifestations aujourd'hui,
06:45notamment à Lille.
06:46Merci beaucoup, Christian Poirier,
06:47président du département du Nord,
06:49d'avoir accepté notre invitation ce matin.