00:008h41, la revue de presse d'Europe 1, Olivier Delagarde. On commence ce matin par une sculpture dans un jardin.
00:06Oui, celle d'un artiste un peu oublié de la fin du 19ème, Henri Vidal.
00:10Son œuvre la plus célèbre, c'est cette sculpture de Caïn qui, selon l'Ancien Testament, est l'auteur du premier crime de l'humanité.
00:17Vidal le saisit juste après le meurtre de son frère au moment où il prend conscience de son acte,
00:23cachant alors son visage dans sa main.
00:25Cette allégorie de l'affliction, c'est au jardin des Tuileries, à Paris, que vous pouvez la contempler,
00:29mais, sop, un mot d'explication, pourquoi vous parlez de cette sculpture dans cette revue de presse ?
00:34Eh bien parce qu'elle fait la une de l'équipe ce matin.
00:37Formidable, une magnifique photo, avec en contrepoint à cette tristesse de pierre la montgolfière olympique,
00:44dont la lumière ne va pas tarder à s'éteindre sur Paris, The End.
00:49C'est le gros titre cinématographique de l'équipe ce matin.
00:52Mais comme la fin d'un beau film, la fin des Jeux n'est pas si triste,
00:56car Hemingway a raison, Paris est une fête et nous avons la fierté en héritage, titre le Parisien.
01:02Oui, fier, répète Nicolas Charbonneau dans son éditorial,
01:06parce que le succès incontestable de ces JO aura cloué le bec à tous les grincheux,
01:10à tous ceux-là, et au monde entier, la France a montré le meilleur d'elle-même.
01:15Tout a été une immense réussite, et tant pis pour tous ceux qui trouveront toujours quelque chose à redire.
01:20Alors après les JO, la politique, Olivier ?
01:22Eh oui, after the end, the beginning !
01:25Au travail, s'exclament les échos, en titre au-dessus d'une photo de Michel Barnier,
01:30effectuant sa première sortie de Premier ministre, c'était samedi à l'hôpital Necker à Paris.
01:34Les échos qui reviennent aussi longuement sur sa nomination surprise,
01:38et révèlent qu'au dernier moment, il a bien failli se faire doubler par Laurent Berger.
01:43La manœuvre a été fomentée par Olivier Faure, s'apercevant un peu tard,
01:47après avoir consciencieusement torpillé Bernard Cazeneuve que Matignon allait échapper à la gauche,
01:52le premier secrétaire du PS s'est mis dans la tête de faire nommer l'ancien patron de la CFDT.
01:56Sauf que Laurent Berger ne voulait pas.
01:58Aidé par François Hollande, il parvient toutefois à lui faire accepter
02:01l'idée d'une conversation téléphonique avec Macron,
02:04puis prévient en urgence l'Elysée des possibles dispositions de Berger.
02:08Seulement le président n'appelle pas lui-même et charge Alexis Colère, le bien nommé du coup de fil,
02:13ce dernier n'étant pas a priori d'une grande diplomatie,
02:16il lui balance d'entrée « Parait que t'as envie d'être premier ministre ? »
02:19Terminé, rideau.
02:20Barnier pouvait alors préparer son cartable pour Matignon.
02:24Il est susceptible Laurent Berger. Autre coup de téléphone Olivier.
02:27Oui, celui-là a été raconté par le JDD hier.
02:29Jules Torres lève le voile sur des relations insoupçonnées
02:32entre les deux finalistes de la dernière présidentielle.
02:35En fait, c'est Thierry Solaire qui aurait d'abord servi d'entremetteur entre l'Elysée et Marine Le Pen.
02:40La cheffe du RN finit par assurer qu'elle ne s'opposera pas d'emblée
02:44à une nomination de Barnier à Matignon, qui doit intervenir dans les jours qui viennent.
02:49Mais le lendemain, le porte-parole du RN, Jean-Philippe Tanguy,
02:53se lâche en radio, traite Barnier de fossile, de type stupide.
02:58Panique à l'Elysée.
02:59Et c'est finalement Macron lui-même, cette fois, qui prend son téléphone.
03:02Il appelle Marine Le Pen. L'accord est scellé.
03:05Pas de censure contre Barnier avant le discours de politique générale.
03:09La suite de l'histoire est à découvrir à la une de l'opinion.
03:12Marine Le Pen-Barnier, le jeu du chat et de la souris.
03:15C'est le titre de ce papier que signe Olivier Bakuza.
03:18Et dans ce jeu dangereux, le matou, c'est Marine Le Pen.
03:21Patte de velours à l'annonce de la nomination à Matignon d'un homme jugé respectueux.
03:26Griffe à peine sortie pour signifier au Premier ministre qu'il est sous surveillance.
03:31Et puis, feulement, les dents bien en évidence à l'évocation de cet automne.
03:36Quand on est dans l'opposition en règle générale,
03:39on vote contre le budget, avertit une Marine Le Pen parfaitement consciente du rapport de force.
03:46On termine avec un président de la République.
03:48Oui, Georges Pompidou, qui a droit ce trimestre-ci aux honneurs de Schnock.
03:54Alors, Schnock, c'est une revue très troisième degré pour les vieux de 27 à 87 ans,
03:59comme elle l'annonce elle-même.
04:01Et le journal a eu la bonne idée,
04:03celle d'exhumer une interview de Pompidou parue dans le Figaro littéraire en 1966.
04:09Et il faut bien dire qu'on est bluffé, 58 ans plus tard,
04:12par l'intelligence et la culture de ce président
04:14qui aimait tant l'art, les idées et qui souhaitait qu'on arrête d'emmerder les Français.
04:18L'œuvre d'art, explique-t-il à Michel Droit,
04:20c'est l'épée de l'archange et il faut qu'elle nous transperce.
04:24L'art n'est pas de la décoration.
04:26Disons qu'il reste, comme l'écrivait Baudelaire,
04:29le meilleur témoignage que nous puissions donner à notre dignité.
04:33Fermez les guillemets, vous pouvez méditer.
04:35Mais avant de tirer ma révérence,
04:37je voudrais offrir ce numéro de Schnock à quelqu'un
04:39qui, comme moi, est pile dans la cible
04:41et dont c'est l'anniversaire.
04:43Salut à toi, Pascal !
04:45La vie commence à 60 ans...
04:49Cette interview, je l'ai lue ce week-end...
04:51Oh, il est lud, Pascal, il passe tout de suite à la carrière.
04:53Je l'ai lue ce week-end dans Schnock
04:55et j'ai prévenu deux ou trois amis dont, vraiment,
04:57je leur ai dit, mais lisez cette interview
04:59dans l'Express,
05:01accordée en 1966 à Michel Droit.
05:03C'est cinq ou dix pages
05:05sur l'art.
05:07Elle est extraordinaire
05:09et vous avez bien raison. Mais Schnock, c'est formidable !
05:11Tino Rossi chante un mensonge,
05:13écrivait-tu dans ta chronique du JTD hier ?
05:15Je ne suis pas sûr.
05:17J'essaye en tout cas de m'en persuader car je ne suis pas très loin derrière.
05:20Moi aussi.
05:22Je me disais qu'en guise de chute,
05:24je pourrais dire en résonance à mon introduction
05:26que l'œil était dans la tombe
05:28et regardait Pascal, mais que plutôt juste
05:30te souhaiter
05:32un très bon anniversaire.