JO : la Seine est baignable, mais à quel prix ?

Sud Radio

16/07/2024

Avec Jean-Claude Oliva, directeur de la Coordination Eau Ile-de-France.

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00:00Sud Radio, les Jeux dans tous leurs états, Thierry Guerrier, Joseph Ruiz.

00:06Alors là on va parler justement de l'eau, l'eau de la Seine.

00:09Quand à l'erreur, on nous parlait d'une météo de l'eau de la Seine.

00:13Se baigner dans la Seine, c'est donc plus un danger et notamment ce sera pas un danger

00:17pour les athlètes Joseph ?

00:18Oui exactement et on va en parler avec Jean-Claude Oliva qui est directeur de la coordination

00:23eau Île-de-France.

00:24Bonjour.

00:25Oui bonjour.

00:26Alors ça a été une surprise ce matin parce que la Seine serait désormais baignable et

00:31les études dont on vient de parler de l'ONG spécialisée surfrider seraient rassurantes.

00:37Alors il y a Tony Estanguet qui va accompagner Agnès d'Algaud pour une baignade demain.

00:41Alors Jean-Claude Oliva, est-ce que ça y est, on ne s'inquiète plus pour eux ?

00:45Moi je crois que les résultats sont quand même beaucoup plus mitigés.

00:48Quand on regarde la météo de la Seine communiquée par la ville de Paris, on voit que la qualité

00:53de l'eau est parfois bonne, elle est parfois mauvaise et elle est le plus souvent très

00:57très moyenne.

00:58Donc voilà, s'il s'agit de se baigner devant les caméras pendant quelques minutes

01:04avec sa combi, il n'y a pas de risque.

01:07S'il faut y rester plus longtemps, des dizaines de minutes, c'est quand même un peu plus

01:11problématique.

01:12Je vois d'ailleurs que le médecin de l'équipe de France de triathlon a déclaré qu'il

01:17n'y aurait pas d'entraînement, il n'y aurait pas de repérage pour minimiser les

01:21risques.

01:23C'est très intéressant ce que vous dites, parce qu'effectivement, il y a trois épreuves

01:27qui sont dans la Seine pour être exact, il y a le triathlon 1,5 km dans la Seine, il

01:32y a la natation en eau libre, et là on parle de 10 km au programme, et il y a aussi le

01:36triathlon des paralympiques.

01:38Vous êtes du coup beaucoup plus mitigés, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il

01:41nous faut faire confiance ?

01:42C'est pas un petit plongeon.

01:43C'est très long.

01:44C'est pas comme Astéra ou Hidalgo où vous vous estanguez à l'eau, c'est 10 kilomètres.

01:48Avec les poumons qui prennent tout.

01:50Ce qu'on voit, c'est que dès qu'il y a des petits épisodes pluvieux, la qualité

01:57de l'eau se dégrade.

01:58Et encore, les épisodes qu'on a eus jusqu'à présent, on a l'impression qu'il pleut

02:02beaucoup, mais il n'y a pas beaucoup de quantité d'eau.

02:04Là, on a eu un épisode le 2 juillet où il y a eu 6 millimètres d'eau en 24 heures,

02:09mais un orage, une pluie orageuse, ça peut être 8 millimètres d'eau en une heure.

02:13Et donc là, je peux vous garantir que la qualité de l'eau de la Seine, elle va aller

02:18très rapidement, elle va se dégrader.

02:20Ça veut dire quoi ? Qu'il ne faut faire confiance qu'aux relevés de la mairie de

02:23Paris ?

02:24La mairie de Paris, avec 3-4 jours de retard, on a les relevés, bien sûr, réels et donc

02:30on peut les regarder.

02:32Mais enfin voilà, moi je crois que la qualité de l'eau pour ce qui est de la baignade reste

02:37problématique.

02:38Alors peut-être moins pour des athlètes, parce qu'ils sont en forme, on l'indique,

02:41si vous permettez le jeu de mots.

02:43Mais quels sont les risques pour eux quand on se baigne dans la Seine de manière prolongée

02:47et quand on fait par exemple 10 kilomètres pour la natation en eau libre ?

02:50Les risques, c'est les gastroenterites, c'est l'ésotithe, c'est des irritations cutanées,

02:57tous ces risques-là sont bien réels.

02:59C'est le maximum ça ?

03:00Peut-être pneumonie aussi, je ne sais pas, je ne suis pas médecin.

03:06On a l'air de se gausser des plongeons d'Amélie Goudet-Castrera et puis à venir demain peut-être

03:12Dany Dalgaux, mais enfin, on parle de choses sérieuses, c'est-à-dire qu'il faut mettre

03:16les athlètes sous antibiotiques dès qu'ils sortent après 10 kilomètres d'épreuve ?

03:22Je crois que même avant, ils ont des vaccins que la plupart des gens n'ont pas, comme

03:28contre la leptocirrhose par exemple, ils traînent des probiotiques, voilà exactement, ils traînent

03:35des probiotiques, enfin voilà, eux sont vraiment très soutenus et puis après ils sont suivis

03:41aussi heureusement pour eux.

03:42Jean-Claude Oliva, qu'est-ce que c'est la coordination eau Île-de-France dont vous

03:46êtes le directeur ?

03:47C'est une association qui regroupe des usagers, qui regroupe des associations locales, qui

03:52regroupe aussi des collectivités, qui agit pour la gestion publique de l'eau, mais aussi

03:55pour sa qualité, pour le droit humain à l'eau aussi en général.

03:59Alors la tendance en tout cas était à l'amélioration on va dire sur la qualité de l'eau de la

04:04Seine, maintenant à quel prix ? Quel a été le prix des infrastructures pour qu'Amélie

04:09Goudet-Castrera puisse se baigner ?

04:11Oui, et puis on dit tout le temps, Jean-Claude Oliva, que ça a coûté beaucoup d'argent,

04:15mais on a mis de l'argent où et pour faire quoi ? On n'a pas compris ça.

04:19Voilà, donc ça a coûté environ 1,5 milliard d'euros, alors ce qu'il faut savoir c'est

04:24que beaucoup de cet argent il vient des usagers de l'eau potable, c'est-à-dire en fait...

04:28Les bassins d'eau, c'est ça.

04:30Voilà, c'est l'agence de l'eau, l'agence Normandie, qui a versé beaucoup d'argent,

04:36et cet argent-là il vient de la facture des usagers de l'eau.

04:39Donc voilà, c'est vous, quand vous consommez de l'eau, vous allez payer ou vous avez déjà

04:44payé.

04:45Il a servi à quoi cet argent ? On a modifié quoi des bassins de retention ? On l'a purifié ?

04:48Qu'est-ce qu'il se passe ?

04:49Il a servi à plusieurs choses, il a servi par exemple à la création du bassin d'Austerlitz,

04:54qui à mon sens n'est pas quelque chose de très efficace, donc ça c'est 100 millions

04:58d'euros.

04:59Retenir de l'eau, ça fait cher.

05:01Voilà, on retient de l'eau pour qu'elle soit rejetée en différé dans le réseau

05:07d'assainissement, pour éviter que le réseau d'assainissement déborde.

05:10Il y a aussi de la désinfection qui est mise en place à l'usine du Siap de Valenton.

05:18Ça c'est plutôt une action pas très chère et plutôt efficace.

05:21Après il y a beaucoup, il y a toute une campagne pour les mauvais branchements, pour réduire

05:26les mauvais branchements.

05:27C'est-à-dire qu'aux endroits où il y a des branchements séparatistes, c'est-à-dire

05:32où on a à la fois un réseau d'eau usée et puis un réseau d'eau pluviale, on constate

05:35que souvent, enfin parfois, il y a des eaux usées qui vont dans le réseau d'eau pluviale

05:41et qui sont donc, qui après vont directement dans les cours d'eau.

05:44Donc ça c'est un énorme travail dont on ne sait pas très bien s'il a été jusqu'au

05:48bout ou non, parce qu'au départ on disait qu'il y avait 23 000 mauvais branchements

05:52à refaire, donc en amont de Paris, sur la Seine et sur la Marne, et là maintenant on

05:57nous dit qu'en fait ce n'était pas 23 000 mais c'était entre 63 000 et 126 000,

06:02qui change complètement la donne.

06:03Et de toute façon, sur les 23 000, on nous dit qu'il y en a 13 000 qui ont été refaits.

06:07Donc vous nous dites que les investissements ont servi notamment à rendre plus propres

06:13les branchements d'eau usée ou l'arrivée d'eau usée dans la Seine, pour les réduire

06:17et pour réduire cette insolidité.

06:19Voilà, pour réduire les mauvais branchements.

06:20Je vais revenir sur un autre sujet.

06:22Il y a aussi la question du débit, Jean-Claude Oliva, on rappelle que vous êtes directeur

06:26de la coordination eau Île-de-France, la question du débit, mettons-nous à la place

06:31des triathlètes ou même du nageur en eau libre, est-ce qu'il y a beaucoup de courant

06:34dans la Seine ?

06:35Oui, oui, tout à fait, on est sur des débits, là j'ai vu ces jours-ci, il y a eu un débit

06:41à 550 mètres cubes par seconde, d'habitude à cette période de l'année, on est à 100

06:47ou 150 mètres cubes par seconde, donc voilà, ça change complètement la donne.

06:53Mais ils vont être accompagnés quand même les athlètes, ils ne prennent pas trop de

06:57risques, tu sais ?

06:58Non, je pense que les athlètes, c'est sécurisé pour les athlètes, mais enfin voilà, moi

07:02je dis ça aussi pour qu'il n'y ait personne qui se dise « je vais faire une tête comme

07:06ça, je vais faire un plan autour de la Seine », voilà, je ne crois pas, je ne crois pas.

07:11Et on le rappelle du coup, le président du comité d'organisation Tony Estanguet et

07:15le préfet même de la région, Marc Guillaume, accompagneront la maire de Paris, Anne Hidalgo.

07:20Ils vont se baigner avec elle.

07:21Oui, ils vont se baigner avec elle, ce qui est plutôt, Jean-Claude Oliva, une bonne

07:25chose en termes d'exemplarité.

07:27C'est sûr, enfin voilà, eux ne risquaient pas grand-chose, ils vont y rester quelques

07:31minutes, voilà, ils auront des conditions, et c'est tant mieux, ils auront des conditions

07:36de sécurité.

07:37Il faut leur faire faire 10 kilomètres en fait, il faut leur faire faire 10 kilomètres.

07:40Ils resteront plus longtemps devant les caméras hors de l'eau que dans l'eau.

07:47On nettoie les lèvres après, un petit coup de whisky en plus pour le...

07:52Dites-moi juste une question quand même qui n'est pas anodine, et vous, Jean-Claude Oliva,

07:56vous vous baigneriez dans la Seine ?

07:58Dans la Seine, là, dans Paris, non, mais par exemple, je pense qu'on peut se baigner

08:04sur le bassin de la Villette, où la qualité de l'eau, d'ailleurs, où il y a, avec Paris

08:08Plage, où il y a depuis plusieurs années des piscines dans le bassin de la Villette,

08:13et où la qualité de l'eau est meilleure.

08:14Ce qui est une réussite du coup de la mairie de Paris aussi, le bassin de la Villette.

08:18Absolument, oui, oui, tout à fait.

08:20C'est une espèce de grande piscine, moi, j'osais pas plonger, j'habite pas loin.

08:23Quoi, on peut vraiment plonger dans le bassin de la Villette, vous croyez que...

08:26Absolument, absolument, oui, oui, non, non, mais c'est là, pour le coup, c'est très

08:29sécurisé, et puis il y a des analyses quotidiennes, et ça fait plusieurs années.

08:33C'est pas la même eau que la Seine, voilà, il n'y a pas autant de rejets polluants sur

08:39le canal de l'Ourcq, voilà, c'est pour le coup, d'ailleurs, je comprends pas pourquoi

08:43les épreuves des JO n'ont pas lieu là, parce que c'est quand même dans Paris aussi, et

08:48c'est une autre qualité d'eau.

08:50Peut-être pour l'emplacement des caméras, quoi, c'est peut-être plus simple.

08:53C'est pas fou, et aussi le global, le paysage qui va accompagner aussi notamment les triathlètes.

08:58J'ai déjà fait un triathlon dans la Seine, c'était du côté de Sartre-Trouville, alors

09:01je sais pas, Jean-Claude Oliva, s'il y a vraiment des grandes différences dans les

09:04relevés bactériologiques de l'un ou de l'autre, mais c'est un peu plus en amont de la Seine,

09:09mais j'avais signé une décharge, d'ailleurs, pour pouvoir faire ce triathlon.

09:12Témoignage en direct d'un athlète au micro de Sud Radio.

09:15Jean-Claude Oliva, merci infiniment, vous êtes directeur de la coordination Eau-Île-de-France,

09:21on retient que vous vous baigneriez peut-être pas, en tout cas sur Paris même, sur la Seine,

09:28on retient aussi que Joséphe Ruzel a lancé un défi à Nidalgo, qu'elle fasse les dix

09:33kilomètres.

09:34Merci, on vous rappellera peut-être pendant ces JO, parce que si par exemple il pleut

09:39trop, et bien...

09:40Ça peut vite changer, on a bien compris.

09:42Et la directrice des sports des JO a dit que ça pourrait être annulé, les épreuves,

09:47ce qu'on ne souhaite pas bien entendu.

09:48Merci encore à vous, à tout de suite, on se retrouve tous ensemble pour les JO dans

09:52tous leurs états avec Joséphe Ruzel sur Sud Radio.

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