La santé dans l'espace
L’exploration spatiale est confrontée à de nombreux défis relatifs à la santé des spationautes et elle est aussi source d’innovations en médecine : Effets de l’impesanteur sur le corps, prérequis pour aller dans l’espace, maintien de la santé des spationautes, innovations en médecine spatiale.
La Cité de la santé vous invite à découvrir les enjeux de la santé dans l’espace, autour d’une table ronde animée par des experts.
La Cité de la santé vous invite à découvrir les enjeux de la santé dans l’espace, autour d’une table ronde animée par des experts.
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00:00:00Donc on va démarrer, bienvenue à toutes et à tous au nom de la cité de la santé que
00:00:11je représente, donc je suis la chef de service, donc cette cité de la santé qui est située
00:00:15au sein de la bibliothèque de la cité des sciences et de l'industrie pour cette table
00:00:19ronde exceptionnelle sur la santé dans l'espace.
00:00:22Donc nous vous proposons aujourd'hui d'échanger et d'écouter avec quatre intervenants spécialisés
00:00:27sur le sujet en ce jour anniversaire du premier voyage humain dans l'espace et en lien avec
00:00:32l'exposition Mission Spatiale que vous pourrez découvrir au niveau 1 sur Explora, là où
00:00:38il y a toutes les expositions.
00:00:39Donc certains ne connaissant peut-être pas encore la cité de la santé, je vais juste
00:00:43en dire quelques mots.
00:00:44Il s'agit d'une cité de service qui a été créée fin 2001, début 2002, c'est-à-dire
00:00:49un espace multi-partenarial d'information, de documentation et de conseils sur la santé
00:00:54qui est situé au niveau moins 1 à l'entrée de la bibliothèque et qui est en accès libre
00:00:59et gratuit.
00:01:00Vous pouvez y trouver à la fois des conférences ou des rencontres comme aujourd'hui, des
00:01:06permanences, donc du conseil individuel, gratuit aussi, anonyme et sans rendez-vous, des ateliers
00:01:12collectifs, thématiques assurées par nos partenaires dans le cadre de visites de groupes
00:01:16et également un service documentaire de questions réponses en ligne qui s'appelle questions
00:01:22santé.
00:01:23Voilà, donc je vous invite à venir découvrir notre programmation sur le portail internet
00:01:29de la cité de la santé que vous pouvez trouver sur le site de la cité des sciences et de
00:01:33l'industrie.
00:01:34Je terminerai ce mot de bienvenue en remerciant chaleureusement les intervenants qui nous
00:01:38ont fait le plaisir de se déplacer parfois de loin, ainsi qu'Olivier Sarretta, journaliste
00:01:43qui va animer les échanges et un grand merci également à l'équipe de la cité de la
00:01:47santé, Mathias en particulier et celle de la régie de la bibliothèque, Paul qui est
00:01:51derrière nous, qui se sont mobilisés pour l'accueil de cet événement.
00:01:54Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente après-midi et de riches échanges.
00:01:58A bientôt.
00:01:59Et je passe la parole à Olivier bien sûr.
00:02:02Merci beaucoup Maya pour ces quelques mots d'introduction.
00:02:05Comme tu le disais à l'instant, la table ronde du jour est consacrée à la santé dans
00:02:10l'espace qui est organisée, et tu l'as souligné aussi, à l'occasion de la journée
00:02:15internationale du vol spatial habité.
00:02:17Alors cette journée, elle se tient le 12 avril, c'est une date qui ne doit rien au
00:02:21hasard puisque le 12 avril 1961, un certain Yuri Gagarin a été le premier homme qui
00:02:27a découvert le vide sidéral.
00:02:29Ce qu'il faut comprendre et savoir, c'est que 60 ans plus tard, en 2021 je crois, Thomas
00:02:34Pesquet lui a passé 6 mois dans l'espace et très probablement que d'ici quelques
00:02:38années, les astronautes y passeront plusieurs années.
00:02:41Ces exploits-là, ces grands progrès, ils n'ont été rendus possibles que parce qu'on
00:02:47a accompli aussi des pas de géants dans le domaine de l'accompagnement des astronautes
00:02:50et notamment dans le domaine de la santé.
00:02:52Et c'est vrai que c'est un volet, une dimension de l'aventure spatiale qu'on connaît assez
00:02:58peu, la santé, et fort heureusement, grâce à nos invités, on va pouvoir en apprendre
00:03:02davantage là-dessus.
00:03:03Je les remercie bien évidemment de nous accompagner pendant cette aventure.
00:03:08Je vais vous présenter quand même.
00:03:09Commençons par ça, Guillemette Gauquelin-Coch, merci beaucoup de venir nous rendre visite
00:03:14ici à la cité.
00:03:15C'est écrit ici mais je vais le rappeler quand même.
00:03:18Vous êtes responsable des sciences de la vie au Centre National d'Études Spatiales,
00:03:22le célèbre CNES.
00:03:23C'est un poste qui vous permet, entre autres choses, de coordonner le travail de pas moins
00:03:28de 45 laboratoires, je crois, c'est ce que vous m'aviez dit pendant l'entretien préliminaire.
00:03:33Français, autant pour moi, dont les recherches couvrent un spectre qui va des plantes jusqu'à
00:03:40la santé humaine.
00:03:41Il y a pas mal de boulot.
00:03:42Des plantes à l'homme en passant par les cellules, le poisson, 2 ou 3 domaines, pas
00:03:48beaucoup plus.
00:03:49A vos côtés, j'ai le plaisir d'accueillir Alain Maillet qui est responsable de l'équipe
00:03:54de l'Institut de médecine et de physiologie spatiale au Centre d'aide au développement
00:03:58des activités en micropesanteur et des opérations spatiales.
00:04:02Je reprends mon souffle.
00:04:03Nous aurons bien évidemment l'occasion de revenir sur vos travaux et ceux du CADMOS
00:04:08au cours de cette discussion, discussion à laquelle participe aussi Brigitte Godard.
00:04:14Brigitte, merci de venir nous rendre visite aussi à la cité.
00:04:17Vous êtes médecin généraliste spécialisé en biologie médicale et de 2010 à 2012, vous
00:04:24avez été médecin des spationautes au Centre européen des astronautes.
00:04:28Donc, c'est une expérience qui est très riche et qui vous a permis, entre autres choses,
00:04:32d'accompagner dans leur parcours une demi douzaine de spationautes, me semble-t-il,
00:04:35dont un certain Thomas Pesquet, qui n'est pas un inconnu, je crois, pour personne d'ailleurs
00:04:39aujourd'hui.
00:04:40Enfin, pour compléter notre riche plateau, j'ai la joie d'accueillir Marc-Antoine Custeau.
00:04:45Marc-Antoine, bonjour, merci aussi de venir nous rendre une petite visite.
00:04:48Vous êtes néphrologue, médecin responsable du Centre de recherche clinique au CHU d'Angers,
00:04:54professeur de physiologie à l'Université d'Angers et président de l'International
00:04:59Association for Gravitational Physiology, je ne sais plus comment en dire, enfin bref,
00:05:04on s'est compris.
00:05:05Merci beaucoup à tous d'être là, d'avoir accepté notre invitation.
00:05:09Je ne trahis pas le secret des dieux en disant que vous vous connaissez tous, non, pas trop,
00:05:15visiblement un petit peu quand même, voilà, l'espace est vaste mais ça reste un petit
00:05:18milieu et fort heureusement, votre complicité va beaucoup nous aider à fluidifier nos
00:05:23échanges.
00:05:24En parlant d'échanges d'ailleurs, je me tourne vers vous cette fois-ci, sachez que
00:05:28à la fin de chacun des thèmes que nous allons aborder, chacune des parties, vous aurez la
00:05:32possibilité d'adresser vos questions directement à nos intervenants, donc n'hésitez pas,
00:05:36moi je n'ai pas une seconde du fait qu'elles seront nombreuses ces questions.
00:05:39Mais commençons sans plus tarder, si vous le permettez, alors je vais essayer d'appuyer
00:05:43sur la bonne flèche, on va voir si je suis bon, voilà, je me suis même allé un petit
00:05:47peu trop vite.
00:05:48On va commencer notre exploration par un premier thème qui porte sur les contraintes qui s'exercent
00:05:53sur le corps et la santé humaine dans l'espace.
00:05:56Marc-Antoine, je le disais en introduction, vous présidez une société savante dont
00:06:01l'objet d'étude est la gravité.
00:06:02Et s'il y a bien une contrainte, ou plutôt une absence de contrainte qui s'exerce dans
00:06:08l'espace, c'est bien celle-là.
00:06:09Est-ce que vous pouvez, alors j'allais dire en quelques mots, c'est peut-être un peu
00:06:14ambitieux, mais nous en dire davantage sur l'influence de la gravité sur le corps humain.
00:06:19Tout à fait, merci à tous d'être présents, puis merci pour cette question et pour cette
00:06:26invitation.
00:06:27Alors en fait, oui, la gravité est omniprésente chez le vivant depuis le début de l'origine,
00:06:34puisque notre évolution s'est faite sous la pression de la gravité.
00:06:38Et si nous sommes tels que nous sommes aujourd'hui, c'est grâce ou en raison de la gravité.
00:06:44Sans gravité, pas besoin d'avoir un système squelettique aussi solide, pas besoin d'avoir
00:06:49des muscles aussi forts, pas besoin d'avoir un système cardiovasculaire qui permet de
00:06:54réagir rapidement au changement de position.
00:06:57Et donc, si on est tel que nous sommes aujourd'hui, c'est sous l'influence de la gravité.
00:07:02Et ce que je trouve absolument stupéfiant, c'est que le fait de soustraire l'influence
00:07:07de la gravité sur le vivant, sur le corps humain, fait qu'on se désadapte rapidement
00:07:11de la gravité.
00:07:12Comme si le corps humain oubliait la gravité, il y en a donc un déconditionnement à la
00:07:18gravité.
00:07:20Le vivant, le corps humain, n'arrive plus à réagir à la gravité.
00:07:25On en reparlera, je pense, tout au long de cette table ronde.
00:07:29Les os vont se fragiliser, les muscles vont être moins forts, le système cardiovasculaire
00:07:34va être beaucoup moins réactif.
00:07:36Donc, même si notre patrimoine génétique est intimement lié aux interactions avec
00:07:41la gravité, le fait de ne pas avoir notre dose quotidienne de gravité va induire une
00:07:46désadaptation très rapide à la gravité.
00:07:49Cette désadaptation, vous le dites à l'instant, elle est rapide, elle prend combien de temps
00:07:53à peu près ? À quel moment on commence à observer des effets vraiment significatifs
00:07:56sur le corps humain ?
00:07:58Alors après, ça dépend des systèmes.
00:08:00Les déconditionnements sont plus ou moins rapides, ça dépend des fonctions étudiées.
00:08:05Pour le système cardiovasculaire, au bout de quelques jours, déjà, comme il n'est
00:08:10plus stimulé, je passe en position debout, je passe en position couchée, il va être
00:08:14moins réactif.
00:08:15Les muscles, petit à petit, au bout de quelques semaines, quelques mois, les os, c'est un
00:08:20petit peu plus long, plusieurs semaines, plusieurs mois, donc il y a cette désadaptation à
00:08:26la gravité.
00:08:27Ça dépend des systèmes.
00:08:28Le plus rapide, c'est peut-être le volume sanguin, donc on a à peu près 800 millilitres
00:08:34de volume sanguin, entre guillemets, de réserve, pour justement permettre au système cardiovasculaire
00:08:38de s'adapter à la position, quand on est debout, il faut un petit peu plus de volume
00:08:44sanguin pour assurer la circulation sanguine.
00:08:46Quand on est allongé, on a moins besoin de volume sanguin, donc il faut qu'on ait cette
00:08:49réserve-là et on sait qu'en microgravité, au bout de 8 heures à 10 heures, déjà ce
00:08:55volume sanguin, ce volume plasmatique excédentaire de réserve est éliminé.
00:09:01Donc voilà, dès les premières heures, dès 8, 9 heures, on a déjà une petite désadaptation
00:09:06à la gravité.
00:09:07Et presque, on pourrait, on l'expérimente tous les matins quand on se lève, parce que
00:09:12le fait d'avoir été allongé toute la nuit, le matin, si on se lève un peu plus
00:09:15brutalement, on a un petit peu la tête qui tourne, alors qu'en journée, bon, si on
00:09:19a fait un peu d'activité et qu'on se lève brutalement, normalement, on n'a pas ce
00:09:22petit étourdissement.
00:09:23Ce petit étourdissement, le matin, quand on se lève, déjà, c'est le tout premier
00:09:27prémice d'une petite désadaptation à la gravité, parce que, voilà, quand on est
00:09:32allongé, on est soustrait à la gravité.
00:09:34Il se trouve que quand on préparait cet entretien, moi, je vous ai posé la question un petit
00:09:38peu naïvement, je me disais, enfin, la gravité, ça fait quand même des décennies qu'on
00:09:42envoie des spécionautes dans l'espace, on a dû faire un peu le tour des connaissances
00:09:48qu'on a sur ce sujet-là et sur l'influence que ça peut avoir sur le corps humain.
00:09:52Et en fait, vous m'avez poliment détrompé en me disant que ce n'était pas du tout le
00:09:55cas et qu'en fait, on continuait à découvrir beaucoup de choses sur ces phénomènes et
00:09:59ses conséquences.
00:10:00Je m'adresse à vous, mais je m'adresse évidemment à vos camarades de jeu.
00:10:04Est-ce que vous avez des choses à dire sur ce sujet-là, sur ces choses qu'on découvre
00:10:08encore aujourd'hui à ce sujet ?
00:10:09La gravité est tellement intimement liée à toutes les fonctions, mais toutes nos fonctions
00:10:16sont liées à la gravité.
00:10:17Pour donner l'exemple, la thermorégulation, le fait de dissiper la chaleur, s'il n'y a
00:10:21pas la gravité, cette dissipation de la chaleur, elle se fait beaucoup moins bien puisque le
00:10:25chaud va rester autour de notre corps et on va aller petit à petit vers l'hyperthermie.
00:10:30Sur Terre, si on n'a pas d'hyperthermie et qu'on arrive à évacuer la chaleur, c'est
00:10:34parce que l'air chaud monte et qu'il y a des mouvements convectifs autour de nous et donc
00:10:37on thermorégule.
00:10:38Dans la station, il faut qu'il y ait un courant d'air justement pour pouvoir compenser cette
00:10:43absence de gravité et permettre de thermoréguler.
00:10:47Les interactions entre le vivant et la gravité sont tellement multiples, tellement combinées
00:10:54avec toutes les interactions entre les fonctions que tout ce qu'on a acquis comme données
00:11:00nous permet de mieux comprendre les liens entre la gravité et le vivant et l'absence
00:11:03de gravité.
00:11:04Et le vivant, on n'y est pas encore, il faut comprendre toute la finesse des interactions
00:11:08entre le vivant et la gravité.
00:11:10En fait, on a beaucoup travaillé, enfin pendant longtemps, c'était des vols de courte durée
00:11:15on va dire, de 15 jours à un mois, maintenant c'est des vols de 6 mois, donc effectivement
00:11:19il y a quand même beaucoup plus de perturbations, donc déjà il faut voir les perturbations
00:11:22jusqu'à 6 mois et il faut savoir également, par exemple, il y a 5 ou 6 ans, on disait
00:11:27régulièrement le système osseux revient à la normale au bout de 6 mois, pour un vol
00:11:32de 6 mois au bout de 6 mois, et en fait on se rend compte qu'on a des instruments de
00:11:35plus en plus sophistiqués avec des scanners 3D etc. et on se rend compte que ce n'est
00:11:39pas du tout le cas.
00:11:40En fait à l'intérieur de l'os, il y a des petites architectures qui ne reviennent
00:11:42pas du tout à la normale et qui provoquent justement des cassures etc. de l'os et actuellement
00:11:47on est en train de faire des mesures, on s'est dit en 12 mois ça va peut-être être récupéré
00:11:51et en 12 mois ils ne sont toujours pas récupérés.
00:11:53Absolument, pas du tout ?
00:11:54Si, en partie mais pas complètement, donc maintenant on fait des expériences sur 18
00:11:58mois, on va voir si au bout de 18 mois ils ont récupéré leur os ou pas, donc c'est
00:12:02réversible mais en fonction de la progression des appareils qu'on utilise, on se rend compte
00:12:08que ce n'est peut-être pas si réversible, si inversible que ça.
00:12:11Maintenant on s'en va vers des vols d'un an dans la station donc effectivement il y
00:12:14a quand même beaucoup de choses et puis on travaille énormément en fait sur les
00:12:17contre-mesures actuellement, c'est-à-dire pour essayer de maintenir nos astronautes
00:12:20en bonne santé, il faut qu'on essaie de trouver des contre-mesures qui leur permettent,
00:12:24donc c'est quand même le plus compliqué à trouver.
00:12:26Justement pour y venir un petit peu plus tard au fil de la discussion, Brigitte voulait
00:12:30peut-être rajouter quelque chose ?
00:12:32Oui, je voulais dire qu'en fait c'est vrai qu'on s'est rendu compte peut-être
00:12:35au départ les problèmes cardiovasculaires, osseux et musculaires, mais tout le système,
00:12:41tout le corps humain va être impacté par cette gravité et en fait les chercheurs
00:12:46maintenant, c'est ça qui est intéressant, commencent à mettre en commun leurs études
00:12:51et finalement on se rend compte que le corps humain est un tout et ce n'est pas des
00:12:55bouts d'organes et ça pour moi c'est vraiment quelque chose d'important et pour revenir
00:12:58sur ce que disait Guillemette à propos, c'est vrai que le goal de standard actuellement
00:13:03pour la perte osseuse c'est un densitomètre osseux, donc les femmes en post-ménopause
00:13:08vont faire un densitomètre, vont faire cet examen, mais en fait on se rend compte que
00:13:12l'astronaute récupère un petit peu, mais c'est ce qu'elle disait, sur un scanner
00:13:20trois dimensions, on se rend compte que les chiffres, ils ont récupéré un petit peu
00:13:26mais pas de la qualité, en plus il y a une inter-variabilité énorme d'un astronaute
00:13:31à l'autre, parce qu'on se rend compte par exemple que la perte osseuse c'est entre
00:13:343% et 30%, ce qui est énorme, alors est-ce que c'est peut-être génétique, peut-être
00:13:39non, on peut difficilement voir en fonction des gènes si on envoie des astronautes ou
00:13:44pas, donc il y a toute cette variabilité en plus des gens dont il faut qu'on t'aide
00:13:49compte.
00:13:50Alain, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose sur ce thème-là ?
00:13:54Par rapport à ce que vous disiez tout à l'heure, vous étiez étonné qu'on continue
00:13:58à travailler sur le domaine et tout, mais il faut savoir qu'on est quand même pas
00:14:02mal limité, Brigitte a parlé d'encytométrie, donc c'est des appareils bien précis qu'on
00:14:07n'a pas en vol, qu'on a qu'au sol, et le meilleur exemple c'est les syndromes qui
00:14:12ont été mis en évidence il y a une dizaine d'années, c'est le 2011 sur l'œil, parce
00:14:17qu'on n'avait pas l'équipement avant à bord.
00:14:19Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus ?
00:14:20Alors je vais laisser parler la médecin.
00:14:23Oui, donc effectivement, je pense qu'il y a maintenant peut-être une dizaine d'années,
00:14:27dix ans à peu près, je ne sais pas, ça passe vite, donc il y a un astronaute qui
00:14:30a vraiment souffert de perte de la vue, enfin, pas de la vue, on savait très bien que quand
00:14:36des astronautes vont dans l'espace, au bout de quelques mois, s'ils partent sur des vols
00:14:40longs, on avait besoin de corriger la vision de près, en fait, comme s'il devenait presque
00:14:44vide.
00:14:45Et en vraiment en regardant les ultrasons, etc., parce que ce n'était pas fait en systématique,
00:14:49on s'est rendu compte qu'il y avait un aplatissement du golobe oculaire, et donc
00:14:52c'est ce qu'on appelle ce syndrome, le sang, et donc on fait de plus en plus de
00:15:02mesures maintenant à bord de la station, ça occupe beaucoup beaucoup de temps des
00:15:06astronautes de mesurer par les ultrasons, les low-city, un certain nombre d'instruments
00:15:13qui vont être dirigés depuis le sol pour vraiment comparer ce qui se passe, et c'est
00:15:17vrai que s'il y a une détérioration, pour l'instant, on pourrait demander à l'astronaute
00:15:22de rentrer, mais c'est quelque chose qui intéresse beaucoup les scientifiques, et
00:15:27on s'est rendu compte, notamment, peut-être plus avec les Russes, et je pense que là,
00:15:31Marc-Antoine pourrait en parler, que les astronautes à bord des Russes vont utiliser un système
00:15:37qu'on appelle le Chivis, qui va, avant qu'ils ne retournent sur Terre, va simuler, donc
00:15:43va entraîner une pression au niveau des membres inférieurs pour vraiment re-stimuler le système
00:15:47cardiovasculaire, et c'est vrai qu'il y a des études qui ont montré qu'il y avait
00:15:51peut-être une petite amélioration de ce syndrome oculaire, je ne sais pas si tu veux
00:15:56en dire d'autres mots, toi.
00:15:57Oui, donc voilà, sur Terre, nous on essaie de simuler la microgravité pour étudier
00:16:01ce qui se passe en microgravité, et en microgravité, on essaie de reproduire les effets de la gravité,
00:16:08donc je pense qu'on en reparlera quand on verra les contre-mesures, donc là, une des
00:16:11contre-mesures, c'est le LBNP, le Chivis, c'est ré-attirer le sang au niveau des membres
00:16:16inférieurs, c'est pour restaurer ces 800 000 litres de sang qui sont facilement mobilisables,
00:16:21il faut les mobiliser, donc le Chivis, sur l'utilisation des bandes vénoconstrictives,
00:16:25voilà, on montrait un effet sur la réactivité cardiovasculaire, sur pouvoir garder ce volume
00:16:32de sang, et surtout éviter qu'il y ait une accumulation de sang au niveau de la tête
00:16:36qui est en partie responsable de ce syndrome oftalmo, mais probablement pas qu'eux.
00:16:41Donc il y a sûrement d'autres paramètres qui interviennent qu'on essaie d'étudier,
00:16:45donc cette redistribution liquidienne, c'est un des facteurs des pathologies oculaires,
00:16:50mais il y a probablement aussi d'autres facteurs qui interviennent, peut-être le
00:16:54drainage véneux ou des interactions d'organes les uns par rapport aux autres.
00:16:59À la déchange scientifique, les astronautes ne nous disent pas toujours les symptômes
00:17:03qu'ils ont, les syndromes qu'ils ont, etc., c'est comme ils veulent repartir, il faut
00:17:08quand même qu'ils aient un minimum de symptômes à déclarer à l'arrivée, et ça c'est
00:17:12quand même un problème, c'est comme les contre-mesures, tout à l'heure on parlait
00:17:14du tchibis, quand on faisait des vols avec les Russes, on ne savait pas exactement quand
00:17:20est-ce qu'ils mettaient le tchibis, alors si on avait eu une expérience la veille,
00:17:23ou si on avait eu l'expérience le lendemain, on n'avait pas les mêmes résultats, donc
00:17:26il y a un certain flou au niveau des contre-mesures, au niveau des médicaments, on ne sait pas
00:17:30non plus quels médicaments y sont pris, etc., donc à la décharge des scientifiques on
00:17:34n'a pas toutes les billes comme on aurait dans un hôpital ou qu'on aurait dans un
00:17:37embédresse ou en immersion sèche, on ne mesure pas tous les paramètres on va dire.
00:17:42Je m'empresse de saisir la perche que vous me tendez, précisément je vais vous parler
00:17:46d'un phénomène dont on a parlé quand on a préparé cette table ronde, vous m'avez
00:17:49parlé du phénomène qui est certes temporaire, il existe, moi en tout cas je n'avais jamais
00:17:54entendu parler, c'est le mal de l'espace, et précisément vous me disiez, généralement
00:17:59les spationautes ils sont un peu assez discrets sur le sujet, précisément parce qu'ils veulent
00:18:03repartir, est-ce que malgré tout vous pourriez nous en dire un petit peu plus sur ce que
00:18:07c'est ce fameux mal de l'espace qui peut les toucher une fois qu'ils arrivent là-haut ?
00:18:11En fait si vous voulez sur Terre, vous percevez votre alentour on va dire avec les pieds,
00:18:17avec la propre réception, avec la vue et avec des petites billes qui sont dans les
00:18:20oreilles des autolithes, et en fait en vol vous n'avez plus la propre réception, donc
00:18:26vous ne pouvez plus vous appuyer là-dessus, vous n'avez plus que la vision puisque les
00:18:28petites billes qui sont dans les oreilles sont un peu perturbées on va dire, sont même
00:18:33beaucoup perturbées, donc en fait vous ne pouvez voir qu'en fonction des yeux, donc
00:18:37en fait vous avez une perturbation au niveau vestibulaire qui est quand même très importante,
00:18:40c'est pour ça que les astronautes au début des vols, ils se tiennent dans la station
00:18:44avec une espèce de ficelle qui est le long des murs, de façon à pouvoir avancer normalement
00:18:48sinon ils sont complètement désorientés, c'est ce que je vous disais, Claudie disait
00:18:52qu'au début elle ne savait pas si elle allait pouvoir passer dans un sas, alors qu'elle
00:18:55avait dit Claudie qu'il pouvait passer dans le sas, en fait ils ne se rendent plus compte
00:18:59de l'orientation dans laquelle ils sont, ils veillent plus le haut, le bas, le droite,
00:19:02la gauche, donc en fait voilà.
00:19:04Et ça dure combien de temps approximativement cette sensation-là ?
00:19:07Je ne sais pas, 4-5 jours, et ça dépend des astronautes mais en fait ils vous disent
00:19:09que même au bout d'un mois ils se sentent comme à la maison, donc une semaine, ouais
00:19:13alors après je n'en sais rien, mais ça va être quelques jours pour être vraiment mal
00:19:17à l'aise d'avoir des nausées, vomissements, c'est exactement comme le problème du…
00:19:21C'est le mal de mer.
00:19:22C'est le mal de mer, c'est exactement la même chose, alors maintenant c'est vrai
00:19:25qu'on prévient par des médicaments qui marchent pas mal mais bon il y a un moment
00:19:29donné ils ne peuvent pas continuer à prendre des médicaments mais ils vont s'adapter
00:19:32quand même relativement vite et les Russes justement avaient développé le TIT et la
00:19:36chaise, le fauteuil rotatoire, vous en avez peut-être entendu parler mais je crois que
00:19:39justement moi j'avais découvert, Claudie a ignoré, à travers un article où on disait
00:19:44qu'elle était la femme sans vestibule parce qu'elle n'était pas malade sur la chaise
00:19:46rotatoire, voilà, mais je me souviens lors de mon premier vol avec Luca Parmitano, en
00:19:52fait lui c'était un pilote de chasse et il allait voler avec le chef qui était russe
00:19:57qui voulait absolument qu'il fasse le fauteuil rotatoire, or la NASA, enfin l'ESA, l'agence
00:20:02spatiale européenne avait réussi à supprimer ça parce que c'est un test que si vous
00:20:05n'avez jamais fait, ça peut vous rendre malade et ça c'était peu de temps avant
00:20:08le vol et donc ils m'avaient dit ne t'inquiète pas, ça va aller et c'est vrai qu'en fait
00:20:12ils ont des techniques comme tout pilote de chasse va avoir des techniques pour mieux
00:20:15tolérer et c'est ça qu'ils font, ils redressent aussi les piédules, ils dorment,
00:20:19enfin que nous, enfin je ne sais pas si ça ne doit pas être comme ça maintenant parce
00:20:22qu'on vole avec SpaceX mais avec les Russes en tout cas il y avait un certain nombre de
00:20:25mesures qui étaient faites pour le prévenir.
00:20:27Est-ce qu'il y a d'autres contraintes qui s'exercent sur le corps et pour la santé
00:20:33des spationautes qu'on n'a pas abordé dans ces premières minutes et qui vous viennent
00:20:37à l'esprit Brigitte ?
00:20:38Il y a beaucoup de choses, il y a les radiations, alors je ne suis pas du tout une spécialiste
00:20:41des radiations mais ça ne va pas être le même niveau de radiation que ce qu'on reçoit
00:20:46sur la Terre et si on voulait respecter la quantité de radiation il faudrait que l'astronaute
00:20:52ne dépasse pas 150 jours, non ce n'est même pas 150 jours, 2-3 mois, enfin on sait que
00:20:57de toute façon ils vont être exposés à un niveau plus élevé qui ne peut pas être
00:21:00vraiment simulé par la radiothérapie, par tout ce qu'on connaît et pour les vols
00:21:06de très longue durée, enfin les vols vers Mars ça reste un problème, il va falloir
00:21:11qu'on déploie probablement des systèmes de protection plus efficaces.
00:21:14En fait les astronautes dans l'ISS d'après les données de l'IRSN, ils n'ont pas plus
00:21:22de radiation que les travailleurs dans les milieux infectés par les radiations etc.
00:21:28Ce n'est pas énorme dans l'ISS, on n'a pas finalement de travaux en fait dans l'ISS
00:21:31sur les radiations, par contre on est très préoccupé pour la Lune et pour Mars, ça
00:21:34c'est sûr, ça c'est le problème numéro 1, le problème le plus sérieux, mais ce
00:21:37n'est pas par rapport à, bon on a des chiffres par rapport aux mammographies, aux scanners
00:21:42et tout ça, ce n'est pas énorme ce qu'ils ramassent en fait, surtout que c'est des vols
00:21:45courts quand même.
00:21:46Oui c'est vrai, après je pense qu'il y a aussi le problème des radiations secondaires,
00:21:50c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de choses qu'on ne connaît pas, c'est vrai que moi
00:21:52pour ayant discuté avec des collègues qui sont radiobiologistes, vous sortez, vous
00:21:58avez beaucoup d'incertitudes, c'est-à-dire que c'est pas, les dégâts entre guillemets
00:22:01ne se voient pas, il y a des cataractes, ça on sait que c'est un phénomène mais qui
00:22:04n'est pas trop grave, mais tout ce qui est cancer, les études sont quand même un peu
00:22:07contradictoires.
00:22:08Je trouve des articles où il y a peut-être une élévation, d'autres non, donc je ne
00:22:11sais pas répondre, mais c'est vrai que pour les vols sur notre planète on n'est pas prêts
00:22:16je pense.
00:22:17Alain, Marc, Antoine, est-ce que vous avez vous de votre côté identifié d'autres contraintes
00:22:20qui s'exercent sur la santé qu'on n'a pas abordées ?
00:22:22Il y a des problèmes d'immunologie aussi qui sortent beaucoup, ils sont beaucoup plus
00:22:24fragiles en sortant après les vols, il y a des problèmes d'immunologie qui commencent
00:22:28à bien être étudiés, en fait c'est un certain nombre de lymphocytes qui sont moins
00:22:34actifs et qui sont moins produits on va dire, donc il y a ces problèmes-là aussi qui peuvent
00:22:38être peut-être embêtants au bout d'un certain temps on va dire.
00:22:41C'est comme les problèmes osseux, le redémarrage met beaucoup, beaucoup de temps, voire ne
00:22:47repart pas.
00:22:48Pour l'immunologie c'est relativement récent en fait, les études qui sont faites, donc
00:22:52on ne sait pas exactement au bout de combien de temps ça revient, ça revient mais c'est
00:22:56quand même encore très récent.
00:22:58Je pense que c'est lié non seulement à la microgravité mais aussi les radiations,
00:23:05on ne sait pas trop quel est vraiment le phénomène et tout ça c'est un peu intriqué et dans
00:23:10les expériences de Bédresse, donc de simulation de microgravité pendant qu'on allonge les
00:23:14gens, la tête 6 degrés au-dessous des pieds, on le voit aussi et en fait les gens vont
00:23:20avoir, je pense que c'est dû au fait du stress, ils vont avoir une réactivation des
00:23:25virus par exemple, donc ce n'est pas rare de trouver une manifestation répétite chez
00:23:29quelqu'un, mais en fait ce n'est pas grave, on tend toujours le dos comme on dit et le
00:23:34problème des virus, quand on a des infections bactériennes, c'est qu'ils vont être plus
00:23:40résistants aux antibiotiques, ça va nécessiter des doses plus élevées et on peut être plus
00:23:45longtemps à traiter.
00:23:47Tout ça vient du fait que le système immunitaire est vraiment altéré, à la fois l'immunité
00:23:51acquise et innée, il y a beaucoup d'articles là-dessus.
00:23:56Comme facteur aussi à prendre en compte, c'est l'effet confinement qui a sûrement
00:24:03des effets stress ou le fait d'être dans un ambiance complètement clos et fermée,
00:24:09probablement ça joue sur les modifications immunitaires et aussi cardiovasculaires et
00:24:14aussi psychologiques.
00:24:15Peut-être qu'on en parlera plus tard.
00:24:16Bien sûr, avec plaisir.
00:24:17La question que vous avez soulevée tous les trois, c'est celle du retour.
00:24:21Justement, quand on revient sur le plancher des vaches après avoir passé 6 mois dans
00:24:26l'espace, on peut être confronté à certains problèmes dont un que vous aviez soulevé
00:24:31au moment de la préparation de cette table ronde, c'était, j'espère que je ne dis pas
00:24:35de bêtises, l'hypotension orthostatique, c'est ça ? J'ai bon ? Est-ce que vous pouvez
00:24:42nous en dire un petit peu plus sur ce phénomène-là ?
00:24:44En fait, si vous voulez, Marc-Antoine vous a expliqué qu'il y avait un certain nombre
00:24:47de sang qui remontait dans la partie supérieure du corps au moment où on était en microgravité.
00:24:51Donc, quand les astronautes reviennent à un jet, cette partie de sang qui est captée
00:24:55en fait dans la partie supérieure du corps, dans tout ce qui est petits vaisseaux, etc.,
00:24:58redescend d'un seul coup dans les pieds, enfin dans le bas du corps.
00:25:04Et en fait, c'est ce qui provoque l'hypotension statique, c'est-à-dire que l'organe ne peut
00:25:08pas ajuster exactement la fréquence cardiaque et la pression artérielle.
00:25:11C'est ce que vous disiez tout à l'heure, Marc-Antoine, quand on est vieux et qu'on
00:25:14se lève à toute vitesse le matin, on a la tête qui tourne.
00:25:16En fait, c'est ça.
00:25:17Je ne suis pas si vieux que ça.
00:25:18Ça m'arrive régulièrement le matin.
00:25:20Je parle pour moi.
00:25:21Les jeunes femmes, on est obligés d'attendre.
00:25:23Si vous voulez, c'est pour ça que les astronautes, ils ne sortent pas de leur capsule en marchant
00:25:28à toute vitesse.
00:25:29En dehors de cet état de vertige, peut-il y avoir d'autres conséquences à ce phénomène-là ?
00:25:34Marc-Antoine, je pense que tu es spécialiste de ça.
00:25:37Pour revenir sur l'adaptation cardiovasculaire, quand on se lève brutalement pour le système
00:25:43cardiovasculaire, c'est un vrai challenge parce qu'il faut rapidement augmenter la
00:25:47fréquence cardiaque, vasoconstricter les petits vaisseaux au niveau des membres inférieurs,
00:25:51dilater les vaisseaux au niveau de la tête et puis que tout soit bien ajusté, bien régulé
00:25:56et ça se joue en quelques secondes.
00:25:58C'est un véritable challenge.
00:25:59Il faut qu'il y ait ce challenge tout le temps pour que le système reste réactif.
00:26:05Il y a en particulier un réflexe qu'on appelle le baroreflexe et donc il faut qu'il soit
00:26:08stimulé en permanence pour qu'il soit réactif.
00:26:11Restabilité longtemps, être dans l'espace va rendre tous ces réflexes inactifs ou imperformants
00:26:17et ça contribue au risque de syncope parce que c'est ce dont il s'agit.
00:26:22Il faut se lever souvent.
00:26:23Il faut bouger.
00:26:24C'est noté.
00:26:25J'y pensais la prochaine fois que je préparerais mon voyage dans l'espace.
00:26:31Merci beaucoup.
00:26:32Je pense qu'on a fait à peu près le tour de la question sur ce thème-là.
00:26:34On va nous tourner vers le public maintenant.
00:26:35Est-ce que vous avez des questions à poser à nos intervenants ?
00:26:37Monsieur ?
00:26:38J'ai une question qui est en rapport aux radiations.
00:26:39J'ai écouté qu'il y en avait une éleveuse qui parlait du PHM Mars qui disait qu'un mur
00:26:57d'eau très épais protégerait des radiations.
00:27:01Un mur très épais de H2O.
00:27:04Alain, je vois que vous opinez…
00:27:06Il y a plusieurs hypothèses aujourd'hui.
00:27:08C'est une vraie limitation technique.
00:27:10Pour faire référence à ce que vous mentionnez, ça serait une largeur de 40 cm d'eau qui
00:27:18pourrait protéger.
00:27:1940 cm d'eau, ça va être difficile à mettre sur une fusée parce que ça va la lourdir
00:27:27même si on pourrait en utiliser une partie pour autre chose.
00:27:30Il faut remplacer cette largeur par d'autres composants style blindage qui permettent de
00:27:37protéger.
00:27:38Mais pour l'instant, c'est vrai que c'est un gros facteur limitant.
00:27:41Il n'y a pas de contamination de l'eau par les radiations ?
00:27:44Non.
00:27:45Il y a des études qui sont faites avec des cellules qui sont lancées dans des ballons.
00:27:49C'est des études faites par le CNESP.
00:27:52On met des cellules d'œil, d'œufs, des cellules de cœur dans des ballons.
00:27:57Après, on regarde dans des boîtes à pétri, on met différents blindages.
00:28:01Il y a de l'eau, il y a du plomb, il y a de l'aluminium, etc.
00:28:03On regarde comment l'ADN des cellules est plus affecté en fonction du blindage.
00:28:08Effectivement, on s'est rendu compte que l'eau, c'était très bien.
00:28:11Mais comme dit Alain, il en faut des quantités…
00:28:14Un kilo d'eau, un kilo de plomb…
00:28:18Quel est le plus lourd ?
00:28:21Sauf que s'ils ont soif à l'arrivée, il vaut mieux de l'eau.
00:28:24L'avantage de l'eau, c'est qu'on peut l'utiliser pour autre chose.
00:28:28Y a-t-il d'autres questions qui portent sur ce thème ?
00:28:32Bonjour, je voudrais savoir si vos recherches, vos résultats, ça peut aussi servir pour ceux qui restent en bas.
00:28:38Par exemple, vous parliez que quand on est à l'ité, on est un peu en microgravité.
00:28:42Est-ce que vos résultats, par exemple, vont servir à ceux qui sortent d'une longue hospitalisation ou qui étaient longtemps allongés ?
00:28:49Oui, tout à fait.
00:28:51C'est vrai que le spationaute a un bon modèle de vieillissement accéléré dans l'espace.
00:28:55On a de la chance qu'en tirant, il se rétablit.
00:28:58Mais c'est vrai que ça fait partie des sources de financement.
00:29:01Je pense que maintenant, on ne peut plus dire qu'on va envoyer quelqu'un dans l'espace pour se faire plaisir.
00:29:05En fait, il faut qu'on ait des retombées et les retomber.
00:29:07Ça fait partie des retombées que l'on a sur Terre.
00:29:09On va devoir déployer de nouvelles contre-mesures pour servir pour les personnes âgées.
00:29:13On connaît surtout l'ostéoporose, mais il y a aussi tout ce qui est phénomène d'obésité.
00:29:17On se rend compte, en fait, qu'on a une insulino-résistance.
00:29:23Donc, il y a un certain nombre de retombées sur Terre.
00:29:27Donc, l'étudier dans l'espace est un modèle accéléré pour nos terriens.
00:29:32On abordera de toute façon ces sujets dans une prochaine partie, naturellement.
00:29:39Je voulais juste ajouter qu'il y a des retombées médicales, mais également des retombées technologiques.
00:29:43Puisqu'en fait, les agents fabriquent des appareils très sophistiqués,
00:29:48très petits, puisqu'en fait, on paye au poids du kilo,
00:29:50et vraiment la dernière performance pour monter dans la station.
00:29:54Et ces appareils-là, après, servent pour la médecine de tous les jours.
00:29:56Le CNES, par exemple, a fait un écographe télé-opéré.
00:30:01C'est-à-dire qu'on peut opérer depuis le sol.
00:30:03Et en fait, ces appareils-là, après, peuvent être mis dans les maisons de santé, etc.
00:30:06pour faire des écographies à distance,
00:30:11éviter que les gens viennent faire 40 km pour leur dire,
00:30:14Madame, vous pouvez rentrer chez vous, vous n'avez rien.
00:30:16En fait, il y a toute une quantité d'appareils comme ça qui servent.
00:30:19Il y a eu également, Alain peut en parler, pour le vol de Thomas Pesquet,
00:30:22tout ce qui a été emmené pour la contamination de l'eau, etc.
00:30:26Ce qui a été fait.
00:30:27Et ça, ce sera pour la suite, si vous le permettez.
00:30:29On va garder un petit peu de suspense pour la dernière partie.
00:30:32Mais c'est normal, il fallait répondre quand même au public.
00:30:36Eh bien, c'est mal, il fallait.
00:30:40Monsieur ?
00:30:41J'ai une question de gros macho de service, forcément.
00:30:44J'ai entendu dire que dans les grandes profondeurs à forte pression, par exemple,
00:30:49les femmes supportaient mieux les fortes pressions que les hommes.
00:30:53Et je me demandais s'il y avait...
00:30:55J'ai entendu dire, je ne sais pas si c'est vrai, je m'en fous.
00:30:58Je voulais savoir si, notamment, ce qui concernait les problèmes d'ostéoporose
00:31:01et des choses comme ça, de densité osseuse,
00:31:04s'il y avait une différence de réaction entre les deux sexes ?
00:31:10Là, on a fait quelques expériences au sol pour comparer,
00:31:13dans des conditions bien standardisées,
00:31:16les différences entre les hommes et les femmes en termes de déconditionnement.
00:31:20Pour l'instant, on n'a pas trouvé de différence très importante.
00:31:23Donc, globalement, en termes d'adaptation,
00:31:26il n'y a pas de différence majeure entre les hommes et les femmes.
00:31:30Il faut que vous sachiez qu'on a très peu d'astronautes.
00:31:33Surtout peu de femmes.
00:31:36C'est compliqué.
00:31:39Une expérience dans l'espace, dans l'ISS, dure entre 8 et 10 ans
00:31:42pour avoir un nombre suffisant d'astronautes, etc.
00:31:45Parce qu'à chaque fois, sur 6 astronautes, il y a combien ?
00:31:482 ou 3 qui font la manip, et encore.
00:31:51Oui, ça dépend. Les manip, on est entre 10 astronautes,
00:31:54mais c'est réparti sur plusieurs années consécutives.
00:31:57Par rapport à ce qui est des guillemettes, le nombre total d'astronautes
00:32:00en 1961, c'est vraiment faible.
00:32:03C'est moins de 590.
00:32:06Nous, là-dedans, on en a 10% ou 15%.
00:32:09Vous n'avez accès qu'à une partie de l'échantillonnage, c'est ça ?
00:32:12Non, mais les astronautes qui ont volé dans l'espace,
00:32:15il n'y en a pas tant que ça.
00:32:18Il y en a qui ont volé plusieurs fois.
00:32:21Donc, il y a un nombre de vols qui est important.
00:32:24Si on additionne tous ceux qui ont volé plusieurs fois,
00:32:27des personnes qui ont volé, il n'y en a pas tant que ça.
00:32:30Et des femmes, encore moins, puisqu'au départ, il n'y en avait pas du tout.
00:32:33Actuellement, il y en a un peu plus.
00:32:36On arrive maintenant à quasiment entre 30 et 50%,
00:32:39mais sur tout côté international, moins côté russe.
00:32:42Mais je crois que le nombre de femmes qui ont volé, c'est moins de 80.
00:32:45Il y en a en Europe aussi ?
00:32:48Oui.
00:32:51Après, pour rebondir là-dessus, c'est vrai que si vous regardez
00:32:54avec vos yeux naïvement, je me souviens d'un retour de vol,
00:32:57des femmes plus menus, moins grandes, vont mieux tolérer
00:33:00par rapport à l'hypotension orthostatique
00:33:03que certains astronautes beaucoup plus grands.
00:33:06Je ne sais pas scientifiquement ce que je vous dis.
00:33:09C'est juste pour ça que vous avez aussi cette notion.
00:33:12Quand on fait la globalité,
00:33:15les femmes ne sont pas plus résistantes que les hommes.
00:33:18Si on moyenne tout.
00:33:22Pas pire non plus.
00:33:29Je vous laisse vous distribuer la parole entre vous.
00:33:32Bonjour.
00:33:35J'ai une petite question qui serait plus axée sur la thermorégulation.
00:33:38Vous parliez tout à l'heure que la microgravité
00:33:41impactait plutôt l'évacuation de la chaleur.
00:33:44Je me demandais si ça impactait seulement les échanges de chaleur
00:33:47ou s'il y avait un vrai impact au niveau de la thermogénèse.
00:33:50Et notamment sur l'atrophie musculaire qu'on mesure.
00:33:53Elle peut impacter la thermogénèse de frisson ?
00:33:56Et si elle est compensée ?
00:33:59Je ne peux pas répondre très spécifiquement sur la thermorégulation.
00:34:02D'autant plus qu'il n'y a pas eu de mesure
00:34:05de la température centrale.
00:34:08Ce n'est pas facile de mesurer la température centrale.
00:34:11Ce sont des projets qu'on a en cours.
00:34:14Il y a des petits capsules qu'on peut avaler avec radiofréquence
00:34:17qui permettent d'avoir la température centrale du corps
00:34:20pour pouvoir analyser cette thermorégulation.
00:34:23Faire la température cutanée ou auriculaire
00:34:26n'est pas le reflet de la thermogénèse.
00:34:29Ce sont des expériences qu'on met en place au sol
00:34:32pour pouvoir le faire en vol.
00:34:35Je ne peux pas avoir plus d'éléments concrets à vous donner.
00:34:38Et je pense par manque de capacité de mesure
00:34:41de cette température centrale.
00:34:48Une dernière question peut-être ?
00:35:07Ce sont des modèles. Il n'y a pas de modèle parfait.
00:35:10Il y a deux modèles au sol particulièrement pertinents
00:35:13pour étudier les conséquences physiologiques.
00:35:16Il y a l'alitement avec la tête très légèrement déclive.
00:35:19Cela va reproduire l'inactivité.
00:35:22Cela va reproduire les transferts liquidiens vers l'extrémité thoracocéphalique.
00:35:25Et donc mobiliser à l'inverse
00:35:28les volumes sanguins par rapport à la position debout.
00:35:31Mais il y a toujours une zone d'appui privilégiée.
00:35:34C'est pour cela qu'il y a un autre modèle, le modèle d'immersion sèche.
00:35:37Ce sont des sujets qui sont dans une grande baignoire
00:35:40qui flottent. Le fait de flotter dans l'eau
00:35:43va reproduire l'inactivité physique et les transferts liquidiens
00:35:46un peu plus l'inactivité physique
00:35:49parce qu'il n'y a pas ces forces de proprioception privilégiées.
00:35:52Cela va ajouter un peu d'atomie musculaire.
00:35:55Quand on va dans l'eau, on a au début un sentiment de relâchement musculaire
00:35:58parce qu'il n'y a plus de proprioception.
00:36:01On dit que c'est l'immersion sèche
00:36:04parce que pour pouvoir maintenir ce modèle
00:36:07pendant plusieurs heures ou plusieurs jours,
00:36:10on a besoin d'un film élastique étanche qui les isole de l'eau.
00:36:13Ils plongent dans une baignoire, mais ils sont toujours entourés
00:36:16d'un film étanche et d'un drap.
00:36:19Ils sont plongés dans l'eau, mais au sec.
00:36:22C'est une technique développée par les Russes
00:36:25dès le début, dès les années 50-57.
00:36:28Grâce au CNES, on peut l'exploiter en France, au MEDES.
00:36:31Elle est même disponible pour les Européens.
00:36:34On s'est rendu compte avec cette technique d'immersion sèche
00:36:38qu'au bout de 24-48 heures, on a déjà une modification des marqueurs osseux,
00:36:41biologiques et urinaires,
00:36:44qui vont dans le sens de l'osseoporose.
00:36:47On va pouvoir passer au deuxième thème de cette table ronde.
00:36:50Je vais essayer, une fois de plus, de ne pas me tromper.
00:36:53Il est inscrit là-haut.
00:36:56C'est un thème qui va intéresser ceux qui auraient potentiellement des velléités spatiales
00:36:59qui aimeraient, eux aussi, découvrir ce qui se passe dans le vide sidéral.
00:37:02Quels sont les prérequis ? Quel est l'entraînement nécessaire
00:37:05pour aller dans l'espace ?
00:37:08C'est un sujet qu'on a abordé pas mal, tous les deux, Brigitte, en préparant cette table ronde.
00:37:11Puisque vous avez, je le disais en introduction,
00:37:14vous avez accompagné une demi-douzaine d'astronautes dans leur parcours.
00:37:17Evidemment, c'est quelque chose qui ne s'improvise pas.
00:37:20Est-ce que vous pourriez commencer par nous expliquer
00:37:23comment se déroule cet entraînement ?
00:37:26Je crois que vous les suivez pendant deux ans.
00:37:29Mais ça comprend aussi le temps qu'ils passent là-haut.
00:37:33On va peut-être même revenir au tout départ.
00:37:36Parce qu'un astronaute a déjà été sélectionné.
00:37:39La sélection est quelque chose d'extrêmement important.
00:37:42Parce qu'on ne va pas sélectionner quelqu'un qui fait des crises épipsychiques.
00:37:45Autrefois, on n'en voyait que des pilotes de chasse.
00:37:48Parce que c'était des « sur-hommes ».
00:37:51Un petit peu le terme de « sur-hommes » à l'Agence Spatiale Européenne.
00:37:54Les médecins n'aiment pas trop ce terme-là.
00:37:57Parce qu'on se disait toujours que plus l'astronaute va être entraîné,
00:38:01plus il va perdre musculairement.
00:38:04On ne veut pas les hyper-entraîner.
00:38:07Mais on va les entraîner quand même.
00:38:10Il y a une limite.
00:38:13Quand ils vont être assignés à une mission,
00:38:16c'est un an et demi, deux ans avant leur mission,
00:38:19on va commencer une batterie de tests
00:38:22qui vont être répétés régulièrement.
00:38:25Que ce soit cardio-vasculaire, biologique,
00:38:29l'œil, tout ce qu'on pourrait revenir là-dessus,
00:38:32osseux, musculaire.
00:38:35N'oubliez pas, quand vous demandez à un astronaute
00:38:38ce qu'il fait là-haut, il y va pour de la science.
00:38:43Ils vont faire en plus de s'entraîner,
00:38:46de les surveiller sur le plan médical,
00:38:49ils vont en parallèle se préparer aux expériences
00:38:52qu'ils vont faire là-haut.
00:38:55Pour les sorties extravéhiculaires,
00:38:58c'est le summum au niveau des quantités d'heures.
00:39:01Même si ce n'est pas sûr qu'ils en fassent.
00:39:04Nous, Européens, il faut qu'on négocie tout
00:39:07avec les Américains ou les Russes.
00:39:10Les sorties extravéhiculaires, ça va demander
00:39:13beaucoup d'entraînement.
00:39:16Et aussi piloter les engins.
00:39:19Je vais vous parler surtout du Soyouz.
00:39:23J'ai été son médecin adjoint.
00:39:26Pour les pilotes de Soyouz,
00:39:29ils passent beaucoup d'heures en Russie.
00:39:32L'astronaute va se déplacer en Russie
00:39:35pour s'entraîner sur l'équipement
00:39:38dont il va avoir besoin pour les expériences.
00:39:41Et à la NASA pour les sorties extravéhiculaires.
00:39:44Au final, ils vous disent qu'ils se sentent prêts.
00:39:47Même s'il y a un certain nombre d'aléas,
00:39:50ils vont se passer des choses.
00:39:53On commence par une batterie de tests.
00:39:56Vous avez évoqué l'épilepsie.
00:39:59Si l'aspirant est épileptique, c'est niet.
00:40:02Qu'est-ce qui est rédhibitoire ?
00:40:05Les coliques néphritiques.
00:40:08Il y a un certain nombre de choses.
00:40:11D'abord, il y a un risque accru
00:40:14d'avoir des coliques néphritiques
00:40:17qui sont des fuites dont on a parlé tout à l'heure.
00:40:20En plus, ils ne vont pas avoir les mêmes perceptions.
00:40:23Ils vont boire moins. Il faut les simuler.
00:40:26Il y a la perte de calcium dont on a parlé avec l'ostéoporose.
00:40:29Il y a une batterie de tests.
00:40:32On va faire régulièrement jusqu'à leur départ.
00:40:35Quand ils sont en vol, il y a un certain nombre de tests
00:40:38qui vont être suffis. Je vous ai parlé des tests oculaires
00:40:41mais aussi cardiaques. On va faire une épreuve d'effort.
00:40:44Elle n'est pas performante.
00:40:47On ne peut pas toujours faire ce qu'on voudrait faire au sol
00:40:50mais on les surveille.
00:40:53On les surveille pendant un an.
00:40:56On peut considérer
00:40:59que macroscopiquement,
00:41:02l'astronaute est revenu à son point de départ
00:41:05mais macroscopiquement.
00:41:08Ça ne veut pas dire que tout est normal.
00:41:11Théoriquement, on peut déjà le recertifier
00:41:14pour se réentraîner pour un vol de longue durée si tout va bien.
00:41:17Sur la question de l'entraînement, je m'adresse à tous les trois.
00:41:20Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter,
00:41:23notamment d'un point de vue physique ?
00:41:26On pourra peut-être passer à deux autres aspects sur lesquels j'aimerais bien vous interroger.
00:41:29Déjà, physiquement, avez-vous des choses à ajouter ?
00:41:32Brigitte a dit l'essentiel. Il faut éviter des surentraînés
00:41:35parce qu'il faut éviter la décompensation
00:41:38une fois qu'ils sont en vol.
00:41:41Il faut une personne qui soit en bonne santé, non-sédentaire,
00:41:44qui aime faire du sport parce qu'il va en faire à bord
00:41:47pour les contre-mesures qu'on verra après.
00:41:50Par rapport à ce que disait Brigitte, au niveau de l'entraînement
00:41:53qui se passe en amont du vol,
00:41:56juste à la fin, avant qu'il vole,
00:41:59on va déterminer sa capacité à l'exercice
00:42:02et ce qui va déterminer le niveau d'exercice qu'il fera pendant le vol.
00:42:05On va laisser petit à petit sur la durée du vol
00:42:08et on fera toujours par rapport à la référence d'avant
00:42:11de façon à le ramener à l'optimum.
00:42:14Très bien. L'autre aspect dont on a parlé
00:42:17qui est intéressant en termes d'entraînement,
00:42:20en plus il se trouve que c'est quand même le thème de notre table ronde,
00:42:23ça reste la santé,
00:42:26vous me disiez qu'il y avait au moins un spationaute
00:42:29Au moins deux.
00:42:33qui était particulièrement formé
00:42:36sur les questions de prise en charge médicale.
00:42:39Alors peut-être que prise en charge médicale c'est un peu abusif,
00:42:42mais est-ce que vous pourriez nous en dire quelques mots ?
00:42:45C'est ce qu'on appelle le crew medical officer,
00:42:48c'est-à-dire en général quand Yvon est à bord de la station,
00:42:51on a vu qu'il continue à faire des examens,
00:42:54et donc il y a parmi eux, c'est vrai que sur un vol de six personnes,
00:42:57on essaye toujours d'en avoir au moins deux,
00:43:01qui va s'occuper normalement plus d'aider ses collègues,
00:43:04prendre des mesures, etc.
00:43:07Après je crois que ce qu'il faut savoir,
00:43:10c'est que s'il y a un problème psychologique aussi,
00:43:13tout astronaute peut aussi mentionner ça
00:43:16à son médecin de vol.
00:43:19En fait il y a des crew medical officer.
00:43:22Pour gérer en cas d'urgence,
00:43:25c'est-à-dire en cas d'urgence,
00:43:28ils sont formés sur les urgences,
00:43:31ils apprennent à manipuler.
00:43:34Si c'est un médecin, c'est bien,
00:43:37parce qu'il peut manipuler plus facilement, faire une intubation, etc.
00:43:40Après si vous n'en faites pas tous les jours, ça ne va pas être facile.
00:43:43Mais il y a de l'équipement à bord,
00:43:46et donc c'est vrai qu'il y en a deux qui vont être plus responsables pour ça.
00:43:49Pendant cette formation-là, je crois que vous m'aviez expliqué
00:43:52qu'ils vont dans des services d'urgence,
00:43:55pour voir comment les choses se passaient.
00:43:58Alors effectivement, les tout premiers vols,
00:44:01c'était plutôt avec la NASA, et nos astronautes européens
00:44:04étaient privés de cet entraînement dans un hôpital de la NASA,
00:44:07parce qu'on leur disait, vous n'êtes pas de nationalité américaine,
00:44:10pas le droit d'entrée, etc.
00:44:13Donc ça m'avait été demandé par Luca Permitano,
00:44:16qui je vous rappelle, c'était le premier.
00:44:19Donc il y a eu d'autres vols de longue durée,
00:44:22parce que le centre européen des astronautes est à Cologne,
00:44:25la maison mère où normalement vivent les astronautes,
00:44:28quand ils ne sont pas en mission.
00:44:31Effectivement, on avait réussi à obtenir trois jours
00:44:34où on va dans des services d'urgence,
00:44:37et je me souviens avec Samantha, c'était une opération à cœur ouvert.
00:44:40Elle était très marrante, parce qu'elle me disait,
00:44:43où est la check list ?
00:44:46Parce que c'est vrai que les astronautes sont plutôt soit des pilotes,
00:44:49c'était la surprise, parce qu'aller comme ça dans un bloc,
00:44:52habillés, etc., il fait chaud, on était restés,
00:44:55on regardait tout ce qui se passait.
00:44:58C'était vraiment aussi pour leur donner une sensation
00:45:01de ce qui se passe quand un corps est inanimé,
00:45:04parce qu'on ne sait jamais ce qui peut se passer dans la station.
00:45:07S'il y a un blessé grave, on sait qu'on peut le faire revenir,
00:45:10mais s'il y a un mort, être côtoyé un petit peu
00:45:13de façon différente, parce que c'est vrai
00:45:16qu'ils s'entraînent avec des gens sains,
00:45:19donc qu'est-ce qui se passe quand ça va mal ?
00:45:22Il y a une part aussi d'entraînement purement technique
00:45:25sur la manipulation d'objets. Je me souviens d'un temps
00:45:28où j'avais eu la chance d'interviewer le spationaute
00:45:31qui avait réparé le télescope Hubble, son nom m'échappe,
00:45:34je suis navré, vous devriez le savoir, je pense, l'un de vous.
00:45:37Exactement, merci.
00:45:40Ce qui avait de très surprenant quand on l'interrogeait
00:45:43sur la manière dont il s'était pris, c'est qu'évidemment,
00:45:46quand on est profane, on se dit que vous deviez stresser
00:45:49terriblement quand vous avez dû réparer tout ça,
00:45:52et j'étais très surpris de sa réponse, puisqu'il m'a dit
00:45:55que je n'étais pas du tout stressé pour une raison essentielle,
00:45:58c'est que j'ai tellement répété ce geste,
00:46:01je l'ai tellement fait, puisque là-haut c'est one-shot,
00:46:04on n'a pas la possibilité de se reprendre,
00:46:07qu'en fait quand je suis arrivé, c'était quasi pavlovien,
00:46:10c'est devenu un réflexe, ça vous parle ce témoignage-là ?
00:46:13Il y a un autre élément aussi qui est important,
00:46:16et qui va aussi dans le sens de ce que disait Brigitte,
00:46:19c'est que si on remonte un peu en arrière du temps
00:46:22des vols russes par exemple à bord de Mir,
00:46:25les communications étaient beaucoup moins importantes.
00:46:28On avait une couverture de la station de 20 minutes
00:46:31toutes les orbites, donc toutes les heures et demie.
00:46:34Aujourd'hui sur la station, on a une couverture qui est quasiment continue,
00:46:37on doit être pas loin de 95% sur la journée,
00:46:40donc l'astronaute n'est plus du tout isolé comme il l'était avant,
00:46:43et donc il y a un lien quasi permanent avec le sol,
00:46:46et donc le sol peut amener de l'aide,
00:46:49peut amener de l'expertise médicale s'il y a un besoin,
00:46:52même si c'est à distance,
00:46:55et par contre l'inconvénient c'est qu'on va repartir
00:46:58dans l'autre sens dans le futur,
00:47:01quand on va se rééloigner de la Terre après la station,
00:47:04on va avoir de nouveau ces absences de communication,
00:47:07puisque là on aura en plus un délai d'aller et retour,
00:47:10mais je pense que c'est peut-être sur la suite.
00:47:13On l'abordera sur la fin.
00:47:16Il faudra développer d'autres outils pour aider l'astronaute.
00:47:19Bien sûr.
00:47:22Sur ce thème là qu'on vient d'évoquer, Alain, vous avez peut-être quelque chose à ajouter ?
00:47:25Non, je voulais simplement dire que je pense qu'ils ne se stressaient pas trop non plus,
00:47:28parce qu'en fait ils savent qu'ils peuvent redescendre très vite en cas de pépins,
00:47:31ce n'est pas le cas pour la Lune ou pour Mars,
00:47:34et en deux heures ils peuvent redescendre si vraiment il y a un gros pépin,
00:47:37pour l'instant il n'y en a pas eu je pense.
00:47:40Je pense que ça aussi psychologiquement ça joue quand même beaucoup,
00:47:43se dire, après tout c'est comme un désert médical en France,
00:47:46c'est pas pire, se dire en deux heures je peux être à l'hosto,
00:47:49je pense que ça les aide aussi.
00:47:52Alors pour nous c'est pas très intuitif de s'imaginer qu'ils se disent
00:47:55qu'en deux heures ils peuvent être à l'hôpital,
00:47:59c'est vrai qu'ils savent qu'ils peuvent rentrer,
00:48:02je pense qu'ils passent vraiment des heures et des heures,
00:48:05je me souviens avoir demandé à Luca Parmitano avant de parler de son vol,
00:48:08comment tu te sens là, on était tous les deux tout seul,
00:48:11il était en train de faire cuire son repas,
00:48:14il me dit, écoute moi, qu'est-ce que j'ai de la chance,
00:48:17tu vois mes petits copains ils s'en vont à la guerre,
00:48:20et moi je m'en vais en vacances à bord de la station.
00:48:23Bon, il ne savait pas ce qu'il allait se passer avec sa sortie extravéhiculaire.
00:48:26La première sortie qu'il a faite s'est très bien passée,
00:48:29et lors de la seconde il a eu de l'eau qui est remontée dans son casque,
00:48:32parce qu'il y avait un système défectueux au niveau du système de refroidissement,
00:48:35de son système de survie en fait quand ils sont dans l'espace,
00:48:38et là il a bien failli y passer,
00:48:41parce que c'est vrai que le temps qu'on réalise
00:48:44qu'il y avait vraiment un problème technique,
00:48:47qu'il fallait rentrer parce qu'il ne pouvait plus communiquer.
00:48:50Donc on a eu peur.
00:48:54Et là la question du sang-froid intervient de nouveau, forcément.
00:48:57Oui, de l'entraînement.
00:49:00Après c'est vrai que Luca a été quelqu'un d'exceptionnel,
00:49:03et je me souviens lors de la sélection,
00:49:06c'est vraiment quelqu'un de posé avec plein de sang-froid,
00:49:09bon je pense qu'ils auraient tous bien réagi aussi,
00:49:12mais bon là je pense qu'on a eu de la chance.
00:49:15Merci beaucoup. Est-ce que vous avez des questions à poser à nos intervenants
00:49:18sur ce thème-là, sur le thème de l'entraînement que subissent les astronautes ?
00:49:21Subir c'est peut-être un terme un petit peu fort.
00:49:24Bonjour, à nouveau.
00:49:27J'avais entendu dire que vu que le sang circule moins bien,
00:49:30ils ont quand même un peu de ralentissement cognitif.
00:49:33Est-ce que c'est vrai ça ?
00:49:36Par exemple quand ils font des opérations, ils sont aidés avec un casque
00:49:39pour qu'on leur dise un peu ce qu'il faut faire.
00:49:42Est-ce que c'est une légende ?
00:49:45Alors, ralentissement cognitif,
00:49:48oui non, je pense que c'est une légende.
00:49:51Le casque il n'est pas fait pour,
00:49:54d'abord c'est rare qu'ils en aient un,
00:49:57à part pendant les sorties extravéculaires où là le casque est à l'intérieur du scaphandre
00:50:00et donc il est en place en permanence,
00:50:03mais sur toutes les activités de la station
00:50:06qui sont faites en permanence,
00:50:09ils ne sont pas en liaison permanente.
00:50:12Nous on les voit du sol, on peut intervenir si c'est nécessaire,
00:50:15mais non, il n'y a pas une liaison permanente sur les activités.
00:50:18Après, il faut vous imaginer,
00:50:21Brigitte l'a dit tout à l'heure,
00:50:24l'entraînement c'est quelque chose qui est long.
00:50:27Si on prend l'exemple de Thomas par exemple,
00:50:30entre sa sélection et son premier vol, il s'est passé 9 ans.
00:50:33Pendant ces 9 ans, il a fait de l'entraînement,
00:50:36sur les 18 derniers mois il a fait de l'entraînement spécifique à sa mission
00:50:39et il se peut très bien que pour une expérience,
00:50:42il n'ait pas vu de la période d'entraînement
00:50:45et qu'il n'en reparlera pas de toute la période jusqu'à ce qu'il le fasse en vol.
00:50:48Il peut arriver parfois qu'il y ait
00:50:51quelques ralentissements
00:50:54sur comment faire le déroulé
00:50:57de la session,
00:51:00mais généralement tout est expliqué dans la procédure
00:51:03et ça se passe bien.
00:51:06Mais on ne peut pas parler de ralentissement au niveau nerveux.
00:51:10Ce qu'il y a eu, c'est au niveau du CO2.
00:51:13Avant on avait un taux de CO2 qui était beaucoup plus élevé à bord de la station
00:51:16et ça les affectait au niveau...
00:51:19ils avaient surtout mal à la tête,
00:51:22on va dire ça comme ça, et donc on a réussi à baisser ce taux
00:51:25et qu'ils tolèrent mieux.
00:51:28Mais après ça dépend de chacun.
00:51:34Moi je n'en ai pas entendu parler.
00:51:37Ça me parle de ce que vous me dites,
00:51:40parce qu'il y a des articles qui sortent, mais il faut vraiment éplucher
00:51:43dans quel but c'est fait, dans quel but c'est étudié,
00:51:46scanner, etc.
00:51:49Les EVA vont bien.
00:51:52Le scaphandre c'est une structure qui est très rigide,
00:51:55donc c'est sûr que ça ralentit un peu les mouvements,
00:51:58mais non.
00:52:01Bonjour, j'avais une question concernant
00:52:04tout ce qui va être aspect gestion du stress.
00:52:07Je suppose que ça va être un critère au niveau de la sélection,
00:52:10mais est-ce que pendant l'entraînement il y a des choses qui sont mises en place
00:52:13pour aider les spationautes à mieux gérer ça,
00:52:16et est-ce qu'une fois qu'ils sont dans la Station Spatiale Internationale,
00:52:19il y a des moments aussi qui sont dédiés à ça ?
00:52:22Est-ce que par exemple vous leur dites tous les jours, à telle heure vous méditez pendant 10 minutes,
00:52:25ou un truc du genre, par exemple ?
00:52:28On en parle, il y a des études,
00:52:31en fait pour l'instant ils ont un suivi psychologique aussi,
00:52:34qui va démarrer avant le vol, un petit peu comme le suivi médical,
00:52:37et donc le psychologue va intervenir 15 minutes, voire plus,
00:52:40une semaine sur deux.
00:52:43C'est quelqu'un avec qui ils peuvent parler.
00:52:46Après, ça me fait rebondir sur la sélection canadienne.
00:52:49Les Canadiens sélectionnent le critère de stress,
00:52:52qu'en Europe on a décidé de ne pas faire,
00:52:55parce qu'on s'est dit qu'on va tellement les entraîner
00:52:58qu'ils seraient potentiellement bons,
00:53:01parce qu'ils vont être stressés dans les conditions.
00:53:04Mais c'est vrai qu'en Canada, j'avais un collègue qui avait passé la sélection,
00:53:07c'était vraiment, on vous laisse,
00:53:10c'est l'histoire de Lucas avec l'eau dans le casque,
00:53:13c'est vraiment jusqu'au dernier moment.
00:53:16Donc ça nous fait passer en Europe.
00:53:19Pour l'instant ça se passe bien, et effectivement il y a des études qui sont en cours,
00:53:22notamment pour le bien-être des astronautes, plus sur des missions plus longues.
00:53:26Devant et derrière, au choix.
00:53:30J'ai une question concernant les personnes en situation de handicap.
00:53:34Est-ce qu'il y a des projets pour permettre à quelqu'un
00:53:39qui serait en situation de handicap de partir dans l'espace ?
00:53:42La dernière sélection, en fait,
00:53:45il y avait une sélection à la fois pour un astronaute normal,
00:53:48sans handicap, et puis des personnes handicapées.
00:53:52Alors c'est vrai que je n'ai pas trop suivi.
00:53:55Il y a un astronaute réserviste
00:53:58qui a été sélectionné qui est en condition de handicap,
00:54:01c'est un Anglais, si je ne me trompe pas.
00:54:04Par contre, je n'ai pas d'indication.
00:54:07Pour l'instant, il est dans certaines phases d'entraînement,
00:54:10mais je n'ai pas d'indication sur la date d'un prochain vol.
00:54:13Logiquement, il a été sélectionné pour voler.
00:54:16Et quel type de handicap, vous le savez ?
00:54:19Désolé, il me semble que c'est au niveau de la jambe.
00:54:22C'est au niveau de la jambe, c'est une gêne sur la marche.
00:54:25Je ne sais pas.
00:54:28Ça répond à votre question ?
00:54:31Tout au fond.
00:54:39Je me posais une question par rapport aux prérequis pour aller dans l'espace.
00:54:42Je sais que Thomas Pesquet, lors d'une interview,
00:54:45avait dit qu'il ne fallait pas avoir de carré pour aller dans l'espace.
00:54:48Est-ce que c'était du second degré ?
00:54:51Et si c'est le cas, pourquoi ?
00:54:54En bon moment, je vais vous dire oui et non.
00:54:57Il vaut mieux que vous ayez saigné tous vos dents avant de partir.
00:55:00Mais des antécédents de carré ne sont pas des victoires.
00:55:03C'est vrai que ça fait partie, notamment nous, Européens.
00:55:06Enfin, Français, je dirais même.
00:55:09J'ai des souvenirs.
00:55:12Au dernier moment, une semaine avant de partir,
00:55:15j'ai eu l'occasion de voir un dentiste alors qu'il avait déjà été examiné.
00:55:18C'est vraiment capital.
00:55:21Sur un vol de 6 mois, ils ont du matériel à bord.
00:55:24Ils m'ont aussi soigné et ils apprennent.
00:55:27Quand on était allé à l'hôpital, on n'était pas chez le dentiste
00:55:30qui avait remontré à l'astronaute tel type de dents, tel amalgame,
00:55:33comment faire, etc. Il s'est entraîné.
00:55:36C'est important.
00:55:39Si on demande à quelqu'un d'avoir des dents saines,
00:55:43je crois qu'on a fait le tour.
00:55:46J'en profite juste pour ajouter une petite dernière question sur le régime alimentaire.
00:55:49Est-ce qu'il y a des carences spécifiques à pallier ?
00:55:52Vous avez parlé du calcium, notamment.
00:55:55Qu'est-ce qui est mis en place pendant l'entraînement à ce sujet ?
00:55:58On fait très attention à la nourriture.
00:56:01On a vraiment développé avec la mission de Thomas Pesquim.
00:56:04On en reparlera peut-être après. C'est un outil.
00:56:07Sinon, c'est la vitamine D que la NASA et l'ESA donnent,
00:56:11et après, j'ai envie de dire que chaque médecin avec son astronaute
00:56:14peut décider suivant ses croyances, suivant ce qu'il veut.
00:56:17Est-ce qu'on ajoute des antioxydants qui ne sont pas encore montrés
00:56:20comme étant efficaces, mais la vitamine D va être ajoutée systématiquement ?
00:56:25Je crois que là, c'est bon. On va pouvoir passer à notre troisième thème.
00:56:28Un thème qui pourrait se résumer à l'épineuse question suivante.
00:56:31Comment maintenir et étudier la santé des astronautes dans l'espace ?
00:56:34Il y a un terme qui est revenu plusieurs fois
00:56:37depuis le début de notre table ronde.
00:56:40C'est celui de contre-mesure.
00:56:43Je crois que c'est vraiment le moment de pouvoir l'expliciter
00:56:46et de rentrer dans le détail.
00:56:49Qui veut prendre la parole ?
00:56:52Je vous laisse choisir.
00:56:55Les contre-mesures, c'est indispensable.
00:56:58J'allais juste se dire que tu allais dire que ce n'était pas le bon terme.
00:57:01Guillemette parle de moyens de prévention.
00:57:05Moyens de prévention, Guillemette, à vous.
00:57:09Les moyens de prévention sont indispensables.
00:57:12C'est pour essayer de maintenir les astronautes en bonne santé.
00:57:15Le seul problème, on vous a dit que tous les systèmes étaient affectés,
00:57:18cardiovasculaires, musculaires, osseux, immunologiques, etc.
00:57:21Pour l'instant, malgré tout ce qu'on a testé,
00:57:24on n'a pas trouvé un moyen de prévention
00:57:27qui marche sur tous les systèmes.
00:57:30Il y en a un certain nombre qui marche très bien sur tout ce qui est musculose.
00:57:33Sur le cardiovasculaire, c'est plus des séances de LBNP,
00:57:36des séances de centrifugation de gravité artificielle.
00:57:39On remet les astronautes à un jet, etc.
00:57:42Les expériences de baie de reste et d'immersion sèche
00:57:45nous permettent de tester ces contre-mesures,
00:57:48ces moyens de prévention, au sol,
00:57:51pour voir si ça marche ou pas.
00:57:54On se rend compte que le mieux, c'est de mettre
00:57:57plusieurs contre-mesures ensemble.
00:58:00On va essayer de tester de la gravité artificielle
00:58:03avec de l'exercice musculaire.
00:58:06On va essayer de tester des systèmes de cocktail.
00:58:09C'est beaucoup de problèmes métaboliques,
00:58:12les mêmes problèmes que les gens qui ne font pas d'activité,
00:58:15qui sont obèses, etc.
00:58:18On essaie aussi de voir au niveau des cocktails
00:58:21ce qui pourrait être bon.
00:58:24Il y a un système de moyens de prévention
00:58:27sur le sol et après on essaie de les monter dans la station.
00:58:30Comme le LBNP, comme l'exercice musculaire,
00:58:33comme des moyens de prévention au niveau nutritif, etc.
00:58:36Sur la question de l'entraînement musculaire, Marc-Antoine,
00:58:39quand on a préparé ce passage-là, vous avez employé
00:58:42des mots qui sont plus familiers de la salle de sport.
00:58:45Vous m'avez parlé de HIIT, d'aérobic, de beaucoup de choses comme ça.
00:58:48Est-ce que vous pourriez préciser le type d'exercice
00:58:51que les astronautes font pour essayer de préserver
00:58:54pas uniquement leur masse musculaire ?
00:58:57C'est la combinaison de beaucoup de types d'exercices
00:59:00qui fait qu'on veut se rapprocher le plus possible
00:59:03des conditions sur Terre.
00:59:06Toute cette réflexion amène à la conclusion
00:59:09que reproduire l'effet de la petite dose de gravité
00:59:12qu'on a en quotidien mais permanente, on n'y arrive pas.
00:59:15Même en faisant une heure d'exercice intense,
00:59:18en combinant une heure d'exercice en HIIT
00:59:21plus un peu d'exercice aérobic sur tapis roulant,
00:59:24en plus des keufs, du LBNP, etc.,
00:59:27même en additionnant tout ça, on n'arrive pas à compenser
00:59:30l'effet bénéfique de la gravité sur Terre.
00:59:33Là, on continue les travaux pour voir comment optimiser tout ça,
00:59:36comment combiner tous les types d'exercices,
00:59:39HIIT ou pas HIIT, avec des vibrations, avec des impacts,
00:59:42pour reproduire la stimulation mécanique sur l'os,
00:59:45induire des transferts liquidiens, faire l'exercice aérobic
00:59:48sur tapis roulant, combiner tapis roulant avec LBNP,
00:59:51peut-être des méthodes nutritionnelles.
00:59:54LBNP, c'est Lower Body Negative Pressure,
00:59:57c'est créer une dépression au niveau de la partie inférieure du corps,
01:00:00c'est le tibis, dont on parlait dès le début.
01:00:03C'est une combinaison où,
01:00:06on va attirer du sang au niveau des jambes
01:00:09pour stimuler le système cardiovasculaire.
01:00:12Ce qui est important, c'est que ce contre-messure,
01:00:15ces moyens de prévention soient vraiment individualisés.
01:00:18On se rend compte qu'il faut vraiment, comme disait tout à l'heure Alain,
01:00:21qu'astronaute par astronaute, chacun aura sa contre-messure,
01:00:24sinon on ne peut pas s'en sortir.
01:00:27Sur ce ciblage, sur cette individualisation des exercices,
01:00:30comment c'est déterminé ?
01:00:33Comment on se dit, par exemple,
01:00:36Thomas Pesquet va plutôt avoir besoin de HIIT,
01:00:39un petit peu moins d'aérobic, comment on choisit ça ?
01:00:42J'imagine qu'on ne fait pas ça aux doigts mouillés ?
01:00:45En fait, c'est l'équipe des coachs sportifs
01:00:48qui les connaît depuis longtemps et qui les fait travailler.
01:00:51C'est vrai que ça va être d'autant plus vrai au retour.
01:00:54Il faut trouver des choses qui soient stimulantes quand ils rentrent
01:00:57et qui les challenge parce qu'ils ont besoin de montrer
01:01:00qu'ils sont performants, donc il faut vraiment être vigilant là-dessus.
01:01:03En fait, il va y avoir des phases dans le vol.
01:01:06Au tout débarque, il va déjà falloir laisser l'organisme s'adapter.
01:01:10Il y a des règles de vol.
01:01:13Sur le plan médical, on ne va pas pouvoir les faire manger
01:01:16quand ils ont fait de l'exercice.
01:01:19Ils ne font pas d'exercice avant les 5 premiers jours.
01:01:22Il y a un certain nombre de choses qui ont été mises au point
01:01:25depuis le début du vol.
01:01:28Une fois qu'ils vont être à peu près en forme,
01:01:31ça va être une combinaison de ces exercices.
01:01:34Plus on va s'approcher du retour,
01:01:37plus on va changer les types d'activités qu'on va faire
01:01:40et ça va être adapté.
01:01:43Régulièrement, on va recevoir les résultats cardio-musculaires
01:01:46de ce qu'ont fait les astronautes en vol.
01:01:49Ce sont les équipes de sportifs et on va discuter
01:01:52s'ils se blessent, comment on va limiter tout ce qu'on a fait, etc.
01:01:55Le sport, c'est capital.
01:01:58Quand on dit 2 heures, il y a à peu près 2 heures de sport par jour.
01:02:01Tous les jours, les astronautes font des exercices ?
01:02:04Sur les règles standards, c'est normalement tous les jours.
01:02:07Justement, pour un astronaute particulier,
01:02:10il y avait eu besoin d'heures à récupérer.
01:02:13On m'a dit qu'il pouvait faire une journée de moins.
01:02:16En fait, ce n'était pas légal.
01:02:19Après, je pense que chaque astronaute peut vous le dire.
01:02:22Certains astronautes disent qu'ils font trop de sport.
01:02:25On les autorise à ne pas en faire,
01:02:28s'ils veulent, le samedi ou le dimanche, une journée de moins.
01:02:31Je pense qu'il faut vraiment laisser au libre cours.
01:02:34Je voulais parler de la nutrition.
01:02:37C'est un moyen de prévention
01:02:40associé à l'activité sportive
01:02:43qui semble important.
01:02:46Alain, vous avez un peu secoué la tête quand on a parlé
01:02:49de moins d'heures et de jours de sport.
01:02:52Alain connaît tous les secrets de la station.
01:02:55Il y a un programme d'exercice régulier.
01:02:58Il y a deux slots par jour pour chaque astronaute
01:03:01avec deux types d'entraînement différents.
01:03:04Mais il faut avoir en tête que dans la station,
01:03:07tout prend du temps.
01:03:10On s'est rendu compte que quand on moyenne les résultats,
01:03:13sur les slots d'une heure et demie,
01:03:16ils font 45 à 50 minutes d'exercice.
01:03:19Le reste du temps, c'est la mise en place, la préparation,
01:03:22le rangement du matériel.
01:03:25Aujourd'hui, on se rend compte que la quantité d'exercice
01:03:28qui est faite n'est peut-être pas suffisante.
01:03:31C'est peut-être le type d'exercice qui n'est plus cohérent.
01:03:34C'est pour ça qu'ils essayent de mettre
01:03:37les deux activités physiques ensemble.
01:03:40Mais vous imaginez qu'il n'y a pas assez d'appareils pour tout le monde.
01:03:43D'autant plus ils vont être nombreux à bord,
01:03:46plus ça va être difficile.
01:03:49L'emploi du temps serait intéressant.
01:03:52Je crois que ça dépend aussi de chaque astronaute.
01:03:55Il y en a qui sont extrêmement motivés et qui vont trouver un autre slot,
01:03:58mais ce n'est pas dans le slot.
01:04:01On ne sait pas ce qu'ils font, on n'y est pas.
01:04:04Vous avez évoqué tout à l'heure le fait qu'il y avait des coaches,
01:04:07des entrepreneurs qui pouvaient les suivre à distance.
01:04:10Cette notion de suivi à distance est intéressante,
01:04:13notamment d'un point de vue strictement médical.
01:04:16Comment les astronautes sont suivis ?
01:04:19Une fois par semaine,
01:04:22il y a un petit examen qui leur est consacré.
01:04:25Comment ça fonctionne ?
01:04:28C'est ce qu'on appelle une conférence médicale privée
01:04:31qu'on va faire une fois par semaine qui va durer 15 minutes en moyenne.
01:04:34On a une espèce de checklist et on va leur demander
01:04:37si ils ont un problème, que ce soit cutané ou autre.
01:04:40Vous pouvez être focalisé sur ce problème-là pendant toute la durée.
01:04:43On peut échanger aussi par mail.
01:04:46Si il y a des problèmes cutanés, ils peuvent vous envoyer une photo.
01:04:49Avant de faire des sorties extraviculaires, ils vont vous envoyer des photos de leurs tympans.
01:04:52Ils vont être surveillés une fois par semaine, 15 minutes où on discute.
01:04:55Il y a toujours la possibilité d'envoyer par mail.
01:04:58De faire aussi une conférence en dehors, ça ne se fait pas beaucoup
01:05:01parce qu'ils ne veulent pas montrer que ça ne va pas.
01:05:04Moi, ça ne m'est pas arrivé d'avoir une conférence à faire en dehors.
01:05:07Ça pourrait être le cas.
01:05:10Comme je vous disais tout à l'heure,
01:05:13si le commandant de bord trouve qu'il y a quelqu'un qui ne va pas bien,
01:05:16il peut aussi vous contacter.
01:05:19Ça vous est déjà arrivé ? Vous avez passé quand même 12 ans
01:05:22accompagné d'espionneurs. Ça vous est arrivé à distance
01:05:25d'avoir des situations délicates à gérer ?
01:05:28Vous avez évoqué tout à l'heure le cas de cet astronaute
01:05:31qui s'est retrouvé bloqué dans un...
01:05:34Là, je n'étais pas toute seule puisque j'étais à Houston.
01:05:37On a pris l'habitude, les Européens, d'aller surveiller avec nos collègues
01:05:40qui sortent à deux. Il y a le troisième qui prépare.
01:05:43Mais il y a toujours quelqu'un de la NASA avec un Européen.
01:05:46Donc, c'est mieux d'être sur place parce que vous pouvez vraiment suivre
01:05:49ses paramètres cardiovasculaires, etc.
01:05:52Oui, on avait eu une alerte qui était fausse à l'ammoniaque.
01:05:55Là, il y avait une suspicion de fuite d'ammoniaque.
01:05:58Là, on avait réfugié tous les astronautes dans une zone
01:06:01qui était réputée comme n'ayant pas été contaminée.
01:06:04C'est vrai qu'à ce moment-là, le sol a beaucoup travaillé.
01:06:07C'est plus le sol finalement que les astronautes parce qu'il y a un certain
01:06:10nombre de procédures. Mais on ne savait pas si on n'allait pas
01:06:13être obligé de les rapatrier. Je ne sais pas si vous vous rappelez.
01:06:16Sur cette question du maintien de la santé,
01:06:19vous l'avez abordé il y a quelques minutes. Vous n'êtes pas la seule d'ailleurs.
01:06:22C'est un des thèmes qui est intéressant, qui est important aussi.
01:06:25C'est celui de la nutrition. Et ce qui est étonnant,
01:06:28c'est qu'encore une fois, quand on préparait tout ça,
01:06:31on m'avait dit que pendant un certain temps, ça n'a pas forcément
01:06:34été l'objet d'un suivi très strict. Il a fallu moi-même
01:06:37que je demande avec insistance qu'est-ce qu'ils mangeaient,
01:06:40quels étaient les menus, etc.
01:06:43Ça peut être intéressant, je pense, d'aborder cette question-là,
01:06:46mais même au sens plus large, ce que peut apporter le suivi nutritionnel
01:06:49des spationautes.
01:06:52Oui, c'est vrai qu'en fait, même la nutrition peut avoir un impact aussi sur la santé.
01:06:55Vous m'avez parlé de colique néphritique. Ce n'est pas un bel exemple
01:06:58parce qu'ils n'ont pas à avoir de colique néphritique.
01:07:01Ils peuvent avoir une pathologie qui se développe.
01:07:04Et vous savez bien que suivant la pathologie, la nutrition peut être importante.
01:07:07C'est à ce propos-là que j'ai commencé à m'intéresser
01:07:10pour un astronaute en me disant que peut-être que c'est ça.
01:07:13Et quand j'ai demandé à mes collègues, je venais d'arriver toute fraîche
01:07:16au centre de la colonne, j'en demande,
01:07:19qu'est-ce qu'ils mangent là-haut ? J'ai eu beaucoup de mal à récupérer
01:07:22parce que c'était avec la NASA. On sait les packages qu'on envoie
01:07:25parce qu'Alain travaille là-dessus, tous les bons de CNES
01:07:28qui vont alimenter l'astronaute.
01:07:31Mais ça va faire quoi, 15 jours ?
01:07:34C'est très peu de temps.
01:07:37Les bonus en fait.
01:07:40Parce qu'en fait, comme c'est très bon, ils partagent en général.
01:07:43Donc ça dure très peu de temps.
01:07:46Je résume ça en gros. Je ne sais pas si tu vas corriger.
01:07:49Il va y avoir une correction je pense.
01:07:52Il était difficile d'obtenir des informations.
01:07:56Après, on n'avait pas d'outil. L'outil qui était utilisé
01:07:59était un questionnaire qui était rempli sur un grand tableau Excel
01:08:02mais qu'une fois par semaine. Donc on a amélioré un petit peu.
01:08:05Maintenant on a un outil que connaît bien Alain
01:08:08qui a été développé pour l'émission de Thomas Pesquet.
01:08:11On m'avait demandé ce qu'il fallait. J'avais dit
01:08:14si j'avais un iPad sur lequel on peut enregistrer et voir tout de suite
01:08:17s'il n'est pas sorti trop de ses calories,
01:08:20ça pourrait nous aider et c'est ce qu'on a effectivement mis au point.
01:08:24Après, je pense que sur Terre, on ne se contrôle pas tous les jours
01:08:27et les Russes font très différemment.
01:08:30Aux départs, ils donnaient des menus type
01:08:33à leurs astronautes. En fait, ça les ennuie. C'est pas bien.
01:08:36Mais je pense que quand l'astronaute se connaît suffisamment bien,
01:08:39il faut être là pour toujours suivre
01:08:42mais il y a un certain nombre de personnes pour qui
01:08:45suivre la nutrition va être ennuyeux.
01:08:48Ce qui est important, c'est une fois un slot de temps en temps dans la mission
01:08:51pour savoir quelle est la quantité de calories où ils en sont.
01:08:54Est-ce que ça matche avec l'épreuve d'effort qu'ils ont faite ?
01:08:57Ils ont fait une épreuve d'effort, ils récupèrent.
01:09:00Au niveau nutritionnel, ça a l'air d'aller. Je pense que c'est difficile
01:09:03de les suivre tous les jours. C'est très astreignant. Mais cet outil permet de le faire.
01:09:06Sur la question de la nutrition,
01:09:09quelque chose à ajouter ?
01:09:12La nutrition, ce n'est pas un sujet très
01:09:15porteur parce que
01:09:18au début des vols, ça a été une grosse question parce que les médecins
01:09:21se posaient la question, est-ce que les astronautes doivent être capables de manger ?
01:09:24Est-ce qu'ils vont pouvoir tenir ce délai longue durée ?
01:09:27Une fois qu'on a répondu à ces questions dans l'affirmative,
01:09:30la nutrition est un peu tombée dans l'oubli
01:09:33mais pas loin.
01:09:36Je pense aussi que c'est culturel.
01:09:39Notamment en Outre-Atlantique, la nutrition est beaucoup moins importante
01:09:42qu'en Europe. Je ne titrerai pas la France.
01:09:45Par contre, côté russe,
01:09:48comme l'a dit Brigitte,
01:09:51l'importance des repas est beaucoup plus marquée que côté américain.
01:09:54D'ailleurs, pour la plupart des astronautes, la nourriture russe
01:09:57est meilleure que la nourriture américaine.
01:10:00C'est que
01:10:03dernièrement,
01:10:06l'importance de la nutrition est remontée
01:10:09un peu
01:10:12dans la hiérarchie
01:10:15des choses à mieux appréhender.
01:10:18Et ça sera d'autant plus vrai
01:10:21pour les vols de très longue durée.
01:10:24Parce que là, on aura d'autres problèmes
01:10:27pour pouvoir avoir suffisamment de nourriture sur la durée.
01:10:30On a un programme qui permet
01:10:33d'amener quelques agréments aux astronautes
01:10:36dont Brigitte parlait,
01:10:39comme les bonus food.
01:10:42C'est un élément important
01:10:45qui aura aussi sa part.
01:10:48Tout à l'heure, Guilhemette mentionnait les moyens de prévention
01:10:51et la combinaison des différents moyens.
01:10:54La nutrition sera sûrement un des moyens pour améliorer les résultats
01:10:57au niveau du muscle et de l'oxygène.
01:11:00J'allais poser la question à Marc-Antoine,
01:11:03qui connaît bien ces sujets-là, ces questions d'entraînement.
01:11:06Quand on fait du sport,
01:11:09on a besoin d'avoir des apports nutritifs assez bien ciblés
01:11:12qui correspondent aux efforts qu'on fournit.
01:11:15Il y a une piste à creuser.
01:11:18Il faut assurer un bon équilibre entre les deux,
01:11:21à la fois qualitatif et quantitatif.
01:11:24Pour des missions de courte durée
01:11:27ou de moyenne durée,
01:11:30il n'y aura pas trop de conséquences.
01:11:33Sur Mars, ça va être des missions de plus d'un an.
01:11:36Un petit déséquilibre qui persiste tous les jours,
01:11:39à la fin, ça va faire un gros déséquilibre.
01:11:45Pour compléter ça,
01:11:48il y a quelques années, on a fait une expérience
01:11:51pour une équipe scientifique française
01:11:54qui s'était rendu compte que sur tous les vols navettes,
01:11:57les astronautes étaient en déficit énergétique.
01:12:00Les vols navettes, c'était 10-15 jours maximum.
01:12:03Ils ne prenaient pas le temps de manger correctement.
01:12:06Sur 10-15 jours, ça va.
01:12:09Vous allez revenir sans problème.
01:12:12Comme le dit Marc-Antoine, dès qu'on va passer les 6 mois à 1 an,
01:12:15si ce déficit énergétique vous l'avez en permanence,
01:12:18votre métabolisme va chuter.
01:12:21Les conséquences seront d'autant plus importantes.
01:12:24C'était le problème des missions courtes
01:12:27qu'il y avait beaucoup d'expériences incroyables à faire,
01:12:30même pas le temps de s'entraîner non plus.
01:12:33On disait que ce n'était pas la peine.
01:12:36Ils étaient vraiment défavorisés sur le plan médical.
01:12:39Encore une fois, question de Profane.
01:12:42J'imagine des sachets avec des espèces de glu nutritif dedans.
01:12:45Qu'est-ce qu'ils mangent en dehors des bonus food
01:12:48sur lesquels on pourra peut-être revenir aussi ?
01:12:51La glu nutritif, non, ce n'est plus le cas.
01:12:54Ça a été le cas au début.
01:12:57Les médecins ne savaient pas si les astronautes
01:13:00seraient capables d'avaler, mâcher et digérer.
01:13:03Là, on a été plutôt sur le style, pas glu,
01:13:06mais un peu pâte de dentifrice en tube.
01:13:09Ça a évolué petit à petit, assez rapidement.
01:13:12Avec l'arrivée des distributeurs d'eau,
01:13:15les Américains ont développé tout ce qui était nourriture déshydratée.
01:13:18Aujourd'hui, on va dire qu'il y a 5 types d'aliments.
01:13:21Il y a la nourriture déshydratée,
01:13:24la nourriture thermostabilisée en conserve.
01:13:27Il y a des aliments frais,
01:13:30qui sont amenés par les vaisseaux de ravitaillement.
01:13:33Ce qu'on n'aura plus dans le futur,
01:13:36si ce n'est les cultures qu'on pourra faire sur place.
01:13:39Il y a des aliments ionisés.
01:13:42C'est principalement les viandes de côté américaine
01:13:45qui sont traitées par ionisation pour les conserver.
01:13:48Et après, il y a tout ce qui est la nourriture stable,
01:13:51style biscuit, un peu nourriture sèche.
01:13:54Voilà, on a fait le tour.
01:13:57Côté russe, c'est plutôt de la conserve.
01:14:00Côté américain, c'est plutôt du lyophilisé et du ionisé.
01:14:03La carte n'est quand même pas très diversifiée dans ce sens.
01:14:06Les Américains ont à peu près 300 recettes en tout.
01:14:09C'est pas mal. Surprenant.
01:14:12Je ne sais pas ce qu'on affronte pour nous, pays de la gastronomie,
01:14:15nous on en a 50, mais elles sont bonnes.
01:14:18Après, ce qu'on reproche, c'est qu'il n'y a pas assez de légumes.
01:14:21Souvent, je me souviens la nutritionniste dire
01:14:24qu'il faudrait augmenter la part de protéines végétales.
01:14:27Quand vous leur dites qu'il faut que tu manges plus de ça,
01:14:30il n'y en a pas. C'est vraiment pas toujours facile.
01:14:33Ou ils ne les aiment pas.
01:14:36Est-ce que vous avez des questions à poser à nos invités
01:14:39sur ce thème du maintien de la santé des astronautes ?
01:14:42Attendez, je vais vous passer le micro.
01:14:45Ce sera plus simple.
01:14:48Merci pour ces réponses.
01:14:51C'est vrai que c'est quand même riche.
01:14:54On voit qu'il y a toute une évolution dans l'espace.
01:14:57Moi, je pense à l'hémolyse, notamment,
01:15:00dont on rapporte l'hémolyse chez les astronautes.
01:15:03Est-ce que c'est quelque chose qui est cliniquement pertinent ?
01:15:06Ou bien ça reste anecdotique et il n'y a pas de retentissement clinique ?
01:15:09L'hémolyse, la liste des globules rouges
01:15:12qui se produisent spontanément.
01:15:15C'est dans l'histoire de la régulation,
01:15:18de la volémie, puisqu'on a moins besoin
01:15:21de ces 800 millilitres de sang mobilisable sur Terre.
01:15:24Au début, dans les premières heures, c'est du volume plasmatique.
01:15:27C'est la partie liquide du sang qui est rapidement éliminée.
01:15:30Après, il y a une petite hémoconcentration.
01:15:33C'est-à-dire un petit peu plus de globules rouges
01:15:36qui vont petit à petit être éliminés presque naturellement
01:15:39avec la demi-vie du globule rouge.
01:15:42Pour arriver à la fin à une volémie normale
01:15:45avec une bonne proportion de globules rouges et de plasma.
01:15:48C'est presque physiologique.
01:15:51Il n'y a pas de facteurs extrinsèques
01:15:54qui vont faire qu'il y a une hémolyse
01:15:57qu'on peut voir chez des patients.
01:16:00C'est un processus de régulation du volume sanguin
01:16:03qui se fait en deux temps.
01:16:06C'est d'abord le volume plasmatique.
01:16:09C'est des bouts de régulation très rapides.
01:16:12La demi-vie du globule rouge, à peu près 120 jours.
01:16:15Il faut un peu plus de temps pour qu'il ne se renouvelle pas.
01:16:18Pour avoir un volume sanguin normal en composition
01:16:21mais en hypovolémie, adapté à la microgravité mais désadapté au sol.
01:16:24C'est une nouvelle homéostasie.
01:16:27Exactement.
01:16:31Mais lors du retour sur Terre,
01:16:34il sera moins réactif.
01:16:37Une dernière question.
01:16:40Est-ce que vous leur prescrivez des médicaments ?
01:16:43Oui, parce qu'ils peuvent avoir des douleurs
01:16:46musculaires, avec le sport, etc.
01:16:49Des antibiotiques, on en a parlé.
01:16:52Chaque astronaute doit pouvoir partir
01:16:55avec son petit bagage médical suivant ses pathologies.
01:16:58On a parlé des jeunes qui volent.
01:17:01On a dit que Thomas avait volé après 9 ans.
01:17:04Il y a des gens qui re-volent.
01:17:07Ils vont partir avec leurs médicaments.
01:17:10Quand on va présenter le candidat
01:17:13à l'équipe des partenaires internationaux,
01:17:16on va expliquer son cas clinique.
01:17:19Pour les besoins de ce vol,
01:17:22on a besoin qu'il parte avec tel médicament.
01:17:25Cela peut poser problème.
01:17:28Parfois, on peut se demander pourquoi.
01:17:31On va être obligé d'aller faire
01:17:34un certain nombre de tests
01:17:37pour montrer à nos partenaires
01:17:40qu'il a la vale pour partir avec ça.
01:17:43Malgré ce médicament-là,
01:17:46ils vont avoir.
01:17:49À bord de la station,
01:17:52il y a des anti-inflammatoires
01:17:55pour la vue dont on sait
01:17:58qu'ils peuvent être nécessaires à certains moments.
01:18:01On a parlé des dents.
01:18:04Il y a aussi une boîte à outils
01:18:07pour prendre l'otoscope
01:18:10pour regarder les oreilles et les envoyer.
01:18:13Je rebondis sur le fait
01:18:16que vous avez utilisé le mot futur
01:18:20du fait de la pauvreté de la quantité de données
01:18:23pour essayer d'arriver à des conclusions.
01:18:26Comment prédirez-vous les futures complications
01:18:29des longues durées dans l'espace ?
01:18:32Qu'est-ce qu'on pourrait prédire
01:18:35comme potentielle complication
01:18:38sur des vols dans l'espace plus longs que 6 mois ?
01:18:41On sait déjà pas mal de choses
01:18:44sur des vols de 6 mois.
01:18:48On sait simplement qu'il y aura
01:18:51de nouvelles choses qui vont arriver
01:18:54en fonction de la Lune, de Mars, etc.
01:18:57Je pense que pour la Lune et pour Mars,
01:19:00il y aura des facteurs limitants
01:19:03tels que les radiations.
01:19:06On travaille énormément là-dessus.
01:19:09Quand les astronautes vont plus voir la Terre
01:19:12comme ils le voient régulièrement,
01:19:15les problèmes osseux ne seront pas résolus.
01:19:18On se rend compte que la perte osseuse
01:19:21est proportionnelle au vol.
01:19:24Plus les astronautes volent,
01:19:27plus il y a une perte osseuse.
01:19:30On se rend compte qu'il y a des retombées sociétales.
01:19:33Par exemple, j'ai un labo
01:19:36de l'hôpital Lyon pour les cancers
01:19:39qui travaille avec nous.
01:19:42Il avait essayé de voir s'il y avait
01:19:45une sélection en fonction des individus.
01:19:48Grâce aux manipulations spatiales,
01:19:51il s'est rendu compte qu'il y avait
01:19:54des gens qui n'étaient pas du tout sensibles
01:19:57aux radiations, d'autres moyennement sensibles
01:20:00et d'autres très résistants.
01:20:03C'est comme ça qu'il a pu adapter
01:20:06pour des traitements de radiobiologie,
01:20:09mais il ne savait pas jusqu'à maintenant
01:20:12pourquoi certains avaient des ceintures noires,
01:20:15d'autres n'avaient aucun effet.
01:20:18Il y a des problèmes individuels
01:20:21qui vont beaucoup plus jouer qu'actuellement.
01:20:24Jusqu'où peut-on aller au point de vue éthique ?
01:20:27On peut dire à un astronaute
01:20:30qu'il est hyper radiosensible
01:20:33et qu'il ne peut pas partir parce que...
01:20:37Il y a également tout ce qui est matériel médical.
01:20:40Comme vous l'a dit Alain,
01:20:43il y aura 15 minutes ou 30 minutes,
01:20:4615 minutes le temps qu'on entend la question
01:20:49et 15 minutes le temps qu'on a la réponse.
01:20:52Il y a tout ce qui est problème de télémédecine,
01:20:55de problème de capteur qu'il va falloir
01:20:58qu'on développe de façon plus importante.
01:21:01On a tout un champ comme ça,
01:21:04on va se pencher avec Marc-Antoine sur le régolithe
01:21:07puisqu'on sait qu'en arrivant sur la Lune,
01:21:10on sait que les astronautes qui étaient sur la Lune
01:21:13ont eu des gros problèmes en redescendant
01:21:16avec leur combinaison qui était pleine de régolithes,
01:21:19des problèmes de rhume, etc.
01:21:22Il y a toute une quantité de nouvelles choses.
01:21:25On sait très bien maintenir un astronaute
01:21:28pendant 6 mois ou 1 an.
01:21:32On reviendra dans la 4e partie plus amplement.
01:21:35Est-ce qu'il y a des questions ? Monsieur ?
01:21:46Bonjour, merci pour cette super belle conférence.
01:21:49J'avais une question.
01:21:52Il a été évoqué plusieurs fois qu'il faut être vigilant
01:21:55au fait que les astronautes veulent montrer
01:21:58qu'ils sont performants et ne pas montrer
01:22:01que ça ne va pas.
01:22:04Est-ce que cet aspect-là peut causer
01:22:07des vrais problèmes ?
01:22:10Est-ce que ça a déjà causé des problèmes de cache
01:22:13au niveau du travail et de la communication
01:22:16avec les équipataires et entre les astronautes
01:22:19dans la station spatiale ?
01:22:22Je crois qu'il faut dire qu'ils sont très habitués
01:22:25à s'entraîner.
01:22:28C'est des équipages qui partent par 3 ou 4 maintenant.
01:22:31Ils passent des heures ensemble à s'entraîner.
01:22:34C'est très important d'avoir ça en tête.
01:22:37C'est leur nouvelle famille.
01:22:40Quand je dis qu'ils cachent des choses,
01:22:43il y a quand même des tests psychologiques
01:22:46qui peuvent être faits pour voir leurs réactions.
01:22:49On va le comparer avant et pendant le vol.
01:22:52Pour l'instant, je n'ai pas vu de problème lié à ça.
01:22:55C'est important qu'ils travaillent ensemble
01:22:58et qu'ils vont s'aider.
01:23:01Ça dépend des équipages.
01:23:04On se rend compte que les équipages internationaux
01:23:07marchent beaucoup mieux que les équipages
01:23:10anti-Avimir, où il n'y avait que des Russes.
01:23:13Il y a beaucoup plus de problèmes
01:23:16qu'avec les équipages internationaux.
01:23:19Si il y a des femmes, on dit que ça calme le jeu.
01:23:22La composition de l'équipage est essentielle
01:23:25pour la bonne réussite d'une mission.
01:23:28Merci beaucoup.
01:23:31J'ai une question par rapport à la nutrition.
01:23:34Dans l'histoire de France,
01:23:37la convivialité a été très importante
01:23:40dans la construction de la paix sociale.
01:23:43Au moment de la Révolution française,
01:23:46il y a eu beaucoup d'inquiétudes.
01:23:49Est-ce que maintenir en bonne santé
01:23:52un astronaute dans les longs voyages vers Mars,
01:23:55est-ce que ça veut dire que ça va être
01:23:58de plus en plus difficile d'aller chercher
01:24:01à travailler ce lien entre les acteurs
01:24:04à travers les repas partagés ?
01:24:07Partager un repas, ça veut dire
01:24:10que chacun s'éloigne de sa dose précise
01:24:13individuelle qui l'amènerait vers sa santé optimale.
01:24:16Vous voyez ce que je veux dire ?
01:24:19Vous avez beaucoup de choses à dire sur le sujet.
01:24:22Essayez d'en garder un peu pour la fin.
01:24:25Vous avez raison.
01:24:28Si on prend l'exemple du vol vers Mars,
01:24:31qui sera beaucoup plus long,
01:24:34il y aura beaucoup plus de temps.
01:24:37Ils auront plus de temps libre
01:24:40Ils sont occupés toute la journée.
01:24:43Ils sont là pour faire de la science.
01:24:46Ils ont aussi à maintenir l'état de la station.
01:24:49Ils travaillent quasiment 8 heures par jour,
01:24:52plus le sport.
01:24:55Il y a peu de temps libre.
01:24:58Sur le vol vers Mars, il y en aura un peu plus.
01:25:01La durée sera plus longue.
01:25:04On réfléchit déjà à utiliser le repas
01:25:07pour participer à cette cohésion d'équipage
01:25:10et aussi à créer la liaison avec la Terre
01:25:13pour leur rappeler les aspects sociaux
01:25:16vis-à-vis de la nutrition.
01:25:19C'est là que je vous interromps.
01:25:22On va contrôler le suspense.
01:25:25Il y aura d'autres éléments de réponse
01:25:28qui apparaîtront au cours de la quatrième partie.
01:25:31Le teaser, c'est la base.
01:25:35J'ai deux petites questions.
01:25:38Ça n'a pas forcément été abordé ici.
01:25:41C'est presque des questions de l'ordre de la science-fiction.
01:25:44On voit souvent dans les films des espèces d'anneaux
01:25:47qui tournent pour créer une espèce de gravitaire artificiel.
01:25:50Pourquoi pas ?
01:25:53C'est la première question.
01:25:56Est-ce que c'est vraiment souhaitable ?
01:25:59Vous dites qu'il y a un temps d'adaptation.
01:26:02Est-ce qu'on peut imaginer des systèmes comparables
01:26:05pour des voyages de grande durée où c'est complètement idiot ?
01:26:08Les vaisseaux qui tournent sur eux-mêmes ?
01:26:11Un système de gravité artificielle quel qu'il soit.
01:26:14C'est le problème technique.
01:26:17C'est la première contrainte.
01:26:20Aujourd'hui, on ne sait pas faire.
01:26:23Ça sous-entendrait des vaisseaux énormes.
01:26:26Aujourd'hui, ce n'est pas le choix qui a été fait
01:26:29peut-être pour des raisons financières, des raisons technos.
01:26:32En tout cas, ce n'est pas dans les plans.
01:26:35Pardon de préciser un peu.
01:26:38Les considérations techniques sont une chose, je suis d'accord.
01:26:41Je pensais plus en termes médicals.
01:26:44Est-ce que c'est souhaitable d'avoir une personne
01:26:47qui va osciller entre des conditions de gravité
01:26:50et des conditions d'apesanteur où c'est complètement idiot ?
01:26:53Ça le soumettrait à un mal de l'espace permanent.
01:26:56Dans le film, dans ces vaisseaux-là,
01:26:59il y a une gravité présente partout.
01:27:02La partie habitable est la partie qui tourne.
01:27:05Du coup, elle était gravité.
01:27:08Il n'y aurait pas de passage en micro-gravité et de gravité.
01:27:11Ce serait toujours la même.
01:27:14Mais aujourd'hui, ce n'est pas possible.
01:27:17Un peu de scepticisme quand même.
01:27:20J'ai un gros doute là-dessus.
01:27:23Imaginer qu'on doit faire une sortie
01:27:26ou qu'on doit simplement piloter le vaisseau,
01:27:29je n'imagine pas qu'on le fasse dans un truc tournant.
01:27:32J'imagine bien qu'il faudrait se placer
01:27:35par moment en situation d'apesanteur.
01:27:38Ce sera un des problèmes à résoudre.
01:27:41Quand ils iront sur Mars,
01:27:44ils seront en micro-gravité pendant 8 mois.
01:27:47Quand ils arriveront sur Mars, ils auront une gravité partielle.
01:27:50Et là, il va falloir qu'ils ébrouent tout seuls.
01:27:53Ils n'auront pas les brancardiers qui vont les prendre
01:27:56pour les mettre dans une petite chaise.
01:27:59Pour le changement de gravité,
01:28:02il va falloir les habituer à une gravité altérée
01:28:05à la fin du vol vers Mars ou vers la Lune.
01:28:08Petit à petit, on s'est approché
01:28:11du quatrième thème de notre table rond.
01:28:14C'est celui de l'innovation.
01:28:17On a un pied de mis dedans.
01:28:20Je vous propose de continuer sur cette lancée.
01:28:23Vous n'avez pas fini ?
01:28:26J'avais la deuxième question.
01:28:29Je crois que je n'ai pas concerné cette partie-là.
01:28:32On parlait de maintenir la santé
01:28:35de nos spationautes.
01:28:38Mais qu'en est-il de les soigner vraiment ?
01:28:41Typiquement, on passe sur Mars.
01:28:44C'est un cas catastrophique, une fracture.
01:28:47Pendant l'aller, on ne peut pas le ramener.
01:28:50Est-ce qu'on peut faire quelque chose ?
01:28:53Ou inhéborager ?
01:28:56Il y a des études qui sont faites actuellement
01:28:59pour les vols pour la Lune et pour Mars.
01:29:02J'ai deux équipes qui travaillent.
01:29:05Il y en a une qui travaille sur l'aryngoscopie.
01:29:08Ils font des manips en vol parabolic.
01:29:11C'est à 2G.
01:29:14Ensuite, l'avion se met à plat.
01:29:17Il redescend à 2G.
01:29:20Soit on fait des gravités lunaires et martiennes.
01:29:23Il y a également des études qui sont faites
01:29:26sur tout ce qui est massage cardiaque.
01:29:29On estime qu'au départ, c'est les 2 grandes choses
01:29:32dont on a besoin.
01:29:35Il y a une équipe qui travaille sur tout ce qui est mis en place
01:29:38pour voir si on ne peut pas faire exploser
01:29:41un calcul dans les reins.
01:29:44On sait qu'il y a une accumulation du calcium extra
01:29:47qui risque d'avoir des calculs rénaux.
01:29:50Il y a toute cette médecine interventionnelle
01:29:53qui est en train de se mettre en place, notamment en France.
01:29:56On est vraiment les leaders là-dedans pour l'instant
01:29:59et qui avance petit à petit.
01:30:02Mais on n'est pas encore sur Mars.
01:30:05On va poursuivre sur cette question de l'innovation.
01:30:08Je profite de la perche une fois de plus.
01:30:11On reste sur ce thème-là.
01:30:14Au début de cette table ronde, une question a été posée
01:30:17et vous avez répondu en disant qu'il ne faut pas perdre de vue
01:30:20que pour essayer d'avoir des financements,
01:30:23là je suis dans le concret,
01:30:26il faut prouver que le travail qu'on fournit
01:30:29peut aussi avoir des applications sur le plancher des vaches.
01:30:33Il y a un thème qu'on avait abordé, Marc-Antoine.
01:30:36Vous m'avez donné un exemple de ce cas précis.
01:30:39C'était la question de la sédentarité.
01:30:42Sur les questions de sédentarité,
01:30:45ce qui se passe là-haut peut avoir des répercussions très positives.
01:30:48Les études qu'on mène peuvent avoir des répercussions très positives
01:30:51sur les pathologies qu'on rencontre beaucoup sur Terre.
01:30:54Pouvez-vous nous en dire un peu plus là-dessus ?
01:30:57On a vu que le problème pour la santé de l'astronaute
01:31:00est un problème de sédentarité.
01:31:03Ce que va développer l'astronaute,
01:31:06c'est de façon exagérée ce que développent
01:31:09tous ceux qui sont sédentaires et ceux qui sont alités
01:31:12pour des raisons médicales.
01:31:15Comprendre les mécanismes qui lient la sédentarité
01:31:18à une atteinte de la fonction, c'est les mêmes études.
01:31:21Et puis les contre-mesures que l'on développe
01:31:24ou les mesures prophylactiques que l'on développe...
01:31:27Les moyens de prévention développés,
01:31:30c'est aussi des choses qu'on peut imaginer pour des patients.
01:31:33Par exemple, les plateaux vidants, les plateaux vibrants
01:31:36que l'on développe pour limiter la perte osseuse,
01:31:39les appliquer à des patients qui sont dans le coma
01:31:42ou qui sont alités de façon prolongée
01:31:45pour maintenir l'ossification osseuse,
01:31:48c'est tout à fait applicable et directement applicable.
01:31:51C'est la même problématique.
01:31:54Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit le début de la maladie.
01:31:57On peut voir, comme les bédresses,
01:32:00qu'on fait les deux premiers mois ou les astronautes les six premiers mois.
01:32:03Quand vous êtes obèse ou diabétique ou que vous ne bougez pas,
01:32:06vous allez voir le médecin au bout de dix ans.
01:32:09Donc déjà, tout est installé.
01:32:12L'installation de la maladie, c'est quand même très intéressant pour les médecins.
01:32:15Vous avez évoqué, Marc-Antoine, le cadre d'une équipe de chercheurs
01:32:18à Strasbourg qui travaille aujourd'hui
01:32:22sur l'hibernation des ours. C'est bien ça ?
01:32:25Exactement. J'en parle un peu, mais peut-être que Guillemette pourra mieux en parler
01:32:28parce qu'elle connaît très bien aussi cette équipe.
01:32:31Les ours qui hibernent,
01:32:37donc qui sont en inactivité et incomplète,
01:32:40ne perdent pas de masse musculaire.
01:32:43On se demande pourquoi ils ne perdent pas de masse musculaire.
01:32:46Parce que l'astronaute ou les gens qui ne bougent pas
01:32:49ne perdent pas de masse musculaire.
01:32:52Il y a des études qui sont faites depuis déjà pas mal de temps
01:32:55et on s'est aperçu que dans le plasma de l'ours,
01:32:58il y avait une protéine
01:33:01qui pouvait les protéger
01:33:04contre cette masse musculaire.
01:33:07On s'est rendu compte que si on met...
01:33:10On a un modèle d'hypogravité chez la souris
01:33:13qui est la souris suspendue par le train postérieur.
01:33:17On a la même redistribution des volumes et elle ne se sert pas de ses pattes.
01:33:20Si on injecte à ces souris
01:33:23et elles perdent du muscle quand elles sont suspendues,
01:33:26si on injecte cette protéine peut-être aux souris,
01:33:29on se rend compte qu'elles ne perdent pas de muscle.
01:33:32Ils ont fait également la même chose sur les cellules humaines musculaires
01:33:35et les cellules humaines musculaires croissent tout à fait normalement
01:33:38avec cette protéine.
01:33:41On pense que c'est une protéine.
01:33:44On pourrait essayer d'extraire cette protéine,
01:33:47de la synthétiser et de voir
01:33:50si peut-être à plus ou moins long terme,
01:33:53on ne pourrait pas par exemple injecter cette protéine
01:33:56à un sujet pour le protéger
01:33:59contre la perte musculaire.
01:34:02Est-ce que vous avez d'autres exemples de recherches,
01:34:05d'études assez prometteuses qui seront menées aujourd'hui
01:34:08grâce justement à la recherche
01:34:11pour la santé dans l'espace et qui pourraient avoir des répercussions chez nous ?
01:34:14On a fait le parallèle, si vous voulez,
01:34:17les chercheurs travaillaient sur les muscles des ours
01:34:20et ils se sont rendus compte de ça.
01:34:23Moi j'ai ce problème-là avec les astronautes,
01:34:26donc on s'est mis ensemble et on a fait une coopération.
01:34:29Vous avez d'autres exemples de ce type-là qui vous viennent à l'esprit ?
01:34:32Ou c'est le plus significatif ?
01:34:35De retomber...
01:34:38Pas spécialement, mais peut-être...
01:34:41Plus sur les contre-mesures, comme par exemple les chercheurs qui travaillent sur les os,
01:34:44ils appliquent beaucoup plus facilement tout ce qui est vibrations,
01:34:47à leurs personnes qui font de l'ostéoporose.
01:34:50Il y a Laurence Vico qui travaille à Saint-Etienne
01:34:53qui me dit, mes petites mamies de 80 ans qui sont ostéoporotiques,
01:34:56je viens les faire vibrer pendant 2 heures,
01:34:592 fois par semaine à l'hôpital et ça marche beaucoup mieux après.
01:35:02C'était des trucs qu'on n'aurait peut-être pas fait instantanément,
01:35:05ça s'est fait au départ avec des poules, des dindes,
01:35:08qu'on faisait faire ça pour qu'elles aient plus de muscles.
01:35:11C'est des petits trucs comme ça en fait.
01:35:14Par exemple, le scanner 3D c'est pareil,
01:35:17on a voulu pousser vraiment beaucoup plus loin sur les astronautes pour dire,
01:35:20est-ce que vraiment c'est rétabli ? Parce que ça paraît bizarre que ça se rétablisse si vite, etc.
01:35:23En fait il a été développé un scanner 3D, c'était vraiment pour l'espace,
01:35:26ce scanner qui a été développé.
01:35:29Et maintenant il est à l'hôpital à Saint-Etienne et il sert énormément pour voir tout ce qui est
01:35:32dans l'intérieur des os, comment les gens se comportent
01:35:35quand ils ont de l'osteoporose, etc.
01:35:38C'est toute une quantité de petites choses comme ça au quotidien
01:35:41où on se rend compte qu'effectivement on peut rapprocher les deux spécialités.
01:35:46Sur les outils notamment, vous aviez évoqué aussi le cas d'un Doppler, je crois,
01:35:50qui avait été développé, qui a été miniaturisé pour l'espace
01:35:54et qui pourrait potentiellement avoir d'autres applications.
01:35:57Un appareil Doppler ?
01:36:00Quand on a fait Physiolab et puis Cardiomède à l'époque,
01:36:03on avait un Doppler qui était quand même très performant.
01:36:06Et je ne sais pas comment le SAMU de Paris, la pédiatrique, avait appris qu'on avait ce Doppler.
01:36:10Ils nous avaient dit est-ce que le CNES pourrait m'en fournir pour les ambulances, etc.
01:36:13Il tient très peu de place, il fait une quantité de choses et il n'est pas trop cher.
01:36:18Surtout pour les hôpitaux ça n'a pas été cher.
01:36:21Donc si vous voulez, il y a des systèmes comme ça qui peuvent être utiles.
01:36:24Mais je vous dis, c'est comme ça en discutant.
01:36:27Ce que je vous dis, les appareils sont très performants, très petits
01:36:30et peuvent être très utiles dans n'importe quel cabinet.
01:36:33Sur quoi on développe des outils ? Ils sont très petits, très intégrés,
01:36:36qui permettent aussi d'enregistrer plusieurs paramètres en même temps.
01:36:39Un autre exemple aussi, c'est la question des syncopes.
01:36:42Les astronautes font de l'hypotension orthostatique, c'est la syncope.
01:36:45Mais un sixième de la population est à risque aussi de syncope.
01:36:49Et essayer de comprendre pourquoi ils font des syncopes, en fait c'est les mêmes outils.
01:36:52On essaie de comprendre pourquoi les vaisseaux se dilatent ou ne se dilatent pas,
01:36:56comment se fait la répartition liquidienne, comment la fréquence cadavre augmente.
01:36:59Donc c'est les mêmes outils, optimisés avec le CNES,
01:37:03que l'on peut utiliser auprès des patients pour comprendre cette problématique de syncope.
01:37:08Alain, tout à l'heure, une personne dans le public a évoqué la question de la convivialité.
01:37:15Et il se trouve qu'au sein du CADMOS, vous développez beaucoup d'outils différents.
01:37:20Il y en a un dont vous m'avez parlé, qui a trait à la cuisine.
01:37:25Je pense que ça peut être intéressant que vous nous en preniez un petit peu
01:37:29pour montrer jusqu'où on peut aller en termes de recherche sur ce type de domaine-là.
01:37:35Et qu'au fond, ça va plus loin que d'apporter une expérience gustative un peu différente aux astronautes.
01:37:41Ça va beaucoup plus loin que ça. Est-ce que vous pourriez nous en toucher deux mots ?
01:37:44En fait, c'était parti initialement de la seconde mission de Thomas.
01:37:49Et puis finalement, ça a dérivé un peu à cause du Covid au départ.
01:37:53Et puis après, les problèmes d'approvisionnement. Donc on l'a fait un peu plus tard.
01:37:57On a développé un prototype d'outils qui permettait de cuisiner dans la station.
01:38:03Et on a en tête de développer un instrument qui permettrait de faire des repas
01:38:09à bord d'un véhicule spatial ou d'une station sur les voiles de très longue durée.
01:38:14Ce serait une des contributions françaises aux voiles d'exploration.
01:38:18Et donc la première étape, c'était de valider et de montrer qu'on était capable de cuisiner dans l'espace.
01:38:24Et pour ça, on a voulu valider deux fonctions primaires qui étaient le foisonnement,
01:38:29donc l'émulsion et le mélange.
01:38:32Et donc pour faire ça, on a utilisé une recette un peu simple,
01:38:39qui regroupait ces deux fonctions et qui était basée...
01:38:44À la sortie, on devait avoir une mousse au chocolat.
01:38:48Verdict ?
01:38:50Verdict. On a eu une mousse au chocolat. A priori très bonne, d'après les retours qu'on a eus.
01:38:56Et donc on a montré que c'était faisable.
01:39:00Et maintenant, le travail, c'est d'aller plus loin, notamment pour l'exploration.
01:39:08Et bon, on a deux fonctions sur la démostation.
01:39:12Il faudra rajouter bien d'autres fonctions pour arriver à un outil qui permet de faire des repas.
01:39:17Et le but, c'est d'avoir un système qui permette de gérer l'ensemble de la partie nutrition,
01:39:23depuis la gestion du stock, à la fois ce qui a été amené et ce qui pourrait être produit sur place.
01:39:29Intégrer les deux, à partir de recettes et du suivi nutritionnel dont a parlé Brigitte tout à l'heure,
01:39:37orienter les astronautes vers des recettes dont ils pourraient avoir besoin,
01:39:42aider l'astronaute à faire ses recettes, et après avoir de nouveau la fonction suivie.
01:39:48Et ça, on a aussi en tête, ce n'est pas une contrainte, mais c'est le souci,
01:39:58d'avoir cette possibilité aussi de l'appliquer aux terrestres,
01:40:02et notamment de le mettre à disposition de personnes qui seraient soit en mobilité réduite
01:40:10ou déficients au niveau mobilité, ou des personnes âgées pour les aider à préparer leur repas.
01:40:17Donc on a toujours cet aspect hors spatial en tête.
01:40:24On y arrive de plus en plus depuis une quinzaine de minutes dans cette discussion,
01:40:28on parle beaucoup de l'exploration lointaine.
01:40:31Une question, une seule que je pose évidemment à tous les quatre,
01:40:35question large, réponse pas forcément très simple.
01:40:38Pour vous, quels sont les principaux défis qu'il va falloir relever pour mener à bien ce type d'exploration là ?
01:40:46Je vous laisse la parole.
01:40:48Moi je pense que c'est la médecine à distance, déjà, pouvoir soigner les gens à distance.
01:40:53Je vous ai dit tout à l'heure les radiations, parce que c'est quand même pas banal,
01:40:57parce qu'il faut déjà savoir quelles sont les radiations,
01:41:00le bain de radiation que les astronautes vont se ramasser, sur quoi ça va agir,
01:41:05et puis je pense que la psychologie va quand même être très très importante.
01:41:09Parce que honnêtement, un vol, ça va faire deux ans quand même mars, c'est quand même très loin,
01:41:16c'est quand même très long, ils savent quand même, je vous ai dit tout à l'heure,
01:41:19ils ne voient plus la Terre, ils savent quand même qu'en cas de pépins,
01:41:21ils ne peuvent pas redescendre en quelques heures.
01:41:23Donc je pense qu'au point de vue psychologique, il va falloir quand même avoir un assemblage d'astronautes
01:41:29qui soit quand même très très sélectionné.
01:41:31Je pense que ça c'est quand même les grands défis, je vous dis la médecine opérationnelle à distance,
01:41:36les radiations, la psycho, et puis les problèmes de doses et tout ça.
01:41:40Mais sinon le reste, bon, ça devrait à peu près passer.
01:41:45En rabattant les rétros, ça passe ?
01:41:47Et puis alors tout ce qui supporte vie, bien sûr, ça c'est la question,
01:41:51leur donner à manger, faire le manger sur place, recycler l'eau,
01:41:56recycler, alors là, bon, il y a des start-up, en fait on s'amuse beaucoup,
01:41:59parce qu'il y a plein de start-up qui sont super sympas,
01:42:01qui arrivent à faire des choses extraordinaires à partir de certains produits
01:42:04qui sont produits dans l'urine.
01:42:05Ils peuvent tricoter des pulots verts avec des machines 3D.
01:42:09Enfin bon, si vous voulez, il y a des quantités de trucs comme ça qui nous tombent dessus.
01:42:12En fait, ça fait énormément travailler les start-up, tout ce qui est spatial, etc.
01:42:17Ça les fait énormément cogiter et en fait, ils sortent des trucs qui sont pas mal du tout.
01:42:21Il y a des trucs vraiment extraordinaires.
01:42:22Une question complémentaire, quelles sont les choses les plus spectaculaires
01:42:25qui sont en cours d'études aujourd'hui, des projets qui vous ont scotché,
01:42:28qui vous ont fait dire, là vraiment, on progresse.
01:42:31C'est un peu dans tous les domaines, si vous voulez.
01:42:34Tout est extraordinaire pour nous.
01:42:36Vous savez, on a des enfants, on aime ce qu'on fait,
01:42:40donc on est toujours ébahis par ce qu'on apprend.
01:42:42Mais en fait, oui, je vous dis, des choses comme ça qui sortent,
01:42:45l'histoire des pullovers, moi j'étais un peu scotché quand même.
01:42:47Et puis bon, il y a plein d'autres choses, je pense, Brigitte.
01:42:52Par rapport à ça, je me dis, il y a un seul mot qui me paraît résumer la situation,
01:42:57c'est quand même l'autonomie.
01:42:58C'est-à-dire que je pense qu'il faudra qu'il soit beaucoup plus autonome.
01:43:01Oui, oui, oui.
01:43:02Voilà.
01:43:03Je reviens en arrière parce que je suis intéressée avec ça.
01:43:07Oui, c'est vrai qu'on découvre des projets qui sont…
01:43:10C'est vrai que les astronautes n'ont pas de douche, n'ont pas accès.
01:43:14Ils vont se nettoyer avec une petite lingette imbibée.
01:43:17Je crois qu'il y a eu des projets avec l'idée de création de douche.
01:43:20Je n'ai jamais vu ça passer.
01:43:22Ça déploie un bon goût de recherche, très amusante parfois.
01:43:29Bien sûr.
01:43:30Quelque chose à ajouter sur la question des défis, de l'innovation ?
01:43:34Les défis, si on prend la station aujourd'hui,
01:43:41les deux plus gros pôles de production de déchets,
01:43:44le premier, c'est la nutrition et le deuxième, c'est les vêtements.
01:43:49Donc ces deux pôles, il va falloir les modifier complètement
01:43:53parce que sur les voiles d'exploration, les déchets, on ne pourra pas les éliminer.
01:43:57Donc il faudra les recycler ou les retraiter.
01:44:00Donc ça, c'est vraiment un gros challenge aujourd'hui.
01:44:04Guillemette a parlé de solutions innovantes pour faire du vêtement.
01:44:08Parce que les vêtements, il en faudra.
01:44:10Il faudra pouvoir les changer sur trois ans de mission.
01:44:12Il faudra qu'ils puissent s'habiller pendant toute la mission.
01:44:15Et après, moi, ce que je vois aussi comme un challenge,
01:44:18et c'est identifié aujourd'hui comme risque pour les missions martielles,
01:44:22je ne parle pas des radiations parce qu'on l'a évoqué plusieurs fois,
01:44:25mais il y aura le risque de fracture et le risque d'intolérance orthostatique
01:44:29au moment où ils vont poser le pied sur Mars.
01:44:31Et là, on n'aura pas d'équipe médicale sur place.
01:44:34Donc il faudra qu'ils soient autonomes,
01:44:37notamment parce qu'ils vont avoir très rapidement des sorties extravéhiculaires à faire
01:44:41pour pouvoir mettre en fonction la base ou le vaisseau
01:44:45dans lequel ils seront au niveau énergétique.
01:44:48Et ça, c'est vraiment un gros challenge.
01:44:50Est-ce que vous avez des questions à poser à nos intervenants
01:44:53sur cette question de l'innovation ?
01:44:55Oui, je vois une, deux. On va commencer peut-être par...
01:44:58Allez-y, je vous en prie. Je passerai le micro ensuite.
01:45:01Merci. J'ai une question. Je vais essayer d'être claire, pardon.
01:45:05Vous faisiez part tout à l'heure de cette nécessité d'avoir un suivi individuel,
01:45:11notamment pour le suivi médical des spationautes.
01:45:17Et je sais qu'il y a beaucoup d'études, je crois,
01:45:20qui ont été effectuées sur le métabolisme dans ces conditions-là.
01:45:24Et vous parlez justement de l'hibernation et de la torpeur chez l'Ours de Brun.
01:45:27On a toute une régulation, toute une modification du métabolisme
01:45:31et des postes de dépenses énergétiques.
01:45:33Et je me demandais si vous aviez pu déjà mettre dans ces conditions-là
01:45:37des études qui vous permettraient d'analyser le métabolisme
01:45:41à l'échelle individuelle.
01:45:42Donc peut-être cellulaire plus qu'à l'échelle de l'organisme.
01:45:47Je ne sais pas si je suis très claire.
01:45:49Si, pardon.
01:45:50On a la question, mais je n'ai pas la réponse.
01:45:52Je ne sais pas si...
01:45:55Le métabolisme individuel.
01:45:59Au niveau de l'hibernation, c'est ça, si on a étudié ?
01:46:01Même pas, en fait.
01:46:03En fait, je vous ai donné cet exemple parce que c'est ce qui a construit
01:46:05ma réflexion pour la question.
01:46:06Est-ce que vous avez déjà réussi à mettre en place,
01:46:09dans des conditions aérospatiales, des études longitudinales
01:46:12qui permettraient d'analyser le métabolisme individuel,
01:46:15peut-être à l'échelle cellulaire, du coup mitochondriale ?
01:46:17En fait, il y a essentiellement des études faites en Bédresse et en Imers-en-Seige.
01:46:23Et en fait, ce qu'ils appellent la médecine individualisée,
01:46:27c'est de mettre des rations alimentaires différentes
01:46:30en fonction des sujets, en fonction de leur métabolisme de base, etc.
01:46:35Pour l'instant, c'est à ce niveau-là qu'ils travaillent.
01:46:37Donc, chaque sujet a sa ration alimentaire différente
01:46:41en fonction de son métabolisme de base.
01:46:43Voilà, tu peux peut-être parler plus dans la station.
01:46:47Pour l'instant, ils ne font pas les manipulations de Stéphane.
01:46:52Elle était faite en pré-vol et en post-vol.
01:46:54On a des scientifiques qui travaillent là-dessus.
01:46:56Et c'est vrai que l'expérience, il y avait beaucoup de prises de sang.
01:47:01Et donc, ils se prélèvent eux-mêmes à bord de la station.
01:47:06Mais cette expérience-là, on avait de la chance
01:47:08parce qu'elle était faite en pré-vol et en post-vol.
01:47:11Ça suffisait pour le scientifique.
01:47:15Effectivement, il y a beaucoup de données là-dessus.
01:47:17Il y a un champ.
01:47:19Vous regardez sur Internet, vous allez trouver PubMed, plein de choses.
01:47:24Et pour l'exercice, c'est pareil.
01:47:26Les sujets font un certain nombre d'exercices
01:47:28en fonction de leur VO2 max, etc.
01:47:32On se rend compte que c'est quand même la meilleure solution pour essayer de...
01:47:37Moi, j'ai un commentaire.
01:47:39On a une belle recherche spatiale dans le domaine de la santé biomédicale en France.
01:47:47Comment on fait pour accéder justement à toutes ces informations,
01:47:51tous ces programmes de recherche, notamment, qui sont pilotés par le CNES ?
01:47:56Parce que vraiment, je découvre un monde qui est formidable pour le médecin que je suis.
01:48:04Je vois votre enthousiasme aussi que vous partagez avec le public qui est là
01:48:10et vraiment, vous le partagez avec nous.
01:48:12Mais comment on accède à toute cette richesse de la recherche française
01:48:16dans le domaine spatial et dans la santé spatiale ?
01:48:21En fait, déjà, vous pouvez regarder sur le site du CNES.
01:48:24Il y a beaucoup de choses.
01:48:25Sur le site du Catmos, où Alain travaille.
01:48:28Il n'est pas très à jour.
01:48:30Il n'est pas à jour, mais bon, il y a un minimum de manip de fait.
01:48:32Et puis, sur tout ce qui est MEDES, c'est la clinique spatiale,
01:48:35qui est un JIP dans lequel le CNES a 40% de part,
01:48:42qui est à l'intérieur de l'hôpital de Rangueil à Toulouse
01:48:48et qui fait toutes les manip spatiales.
01:48:51Et l'autre question, parce que...
01:48:53Mais je pourrais vous voir à la fin.
01:48:54Si vous voulez, on a écrit un bouquin, L'Homme et l'Espace, il y a deux ans.
01:48:57Je l'ai fait commander à la BU déjà.
01:48:59J'aurais pu vous en envoyer un exemplaire.
01:49:01Avec grand plaisir.
01:49:03Et l'autre question, parce que la recherche continue.
01:49:07Ma fille, elle est âgée de 9 ans.
01:49:09Comment on va former la future génération de chercheurs
01:49:13dans le domaine de la santé spatiale en France ?
01:49:15Donc nous, on travaille, le CNES travaille avec des unités INSERM,
01:49:18des unités CNRS, des universités, des hôpitaux, le CEA, l'IRSN, l'INRA,
01:49:24enfin bon, l'INSERM, tout ce que vous voulez.
01:49:26Et en fait, les Français, j'ai un labo à Caen
01:49:32qui a fédéré en fait une partie des universités françaises
01:49:37avec les Allemands et avec les Slovaques.
01:49:40Et ils sont en train de monter à M2, à M1, M2,
01:49:45et je pourrais aller jusqu'à la fin de ta thèse
01:49:47sur tout ce qui est médecine spatiale et recherche scientifique spatiale.
01:49:50Et en Rouennais, j'ai vu l'initiative du CNES.
01:49:53Vous êtes là en fait.
01:49:55Et en Rouennais ?
01:49:56Je suis Rouennais, oui.
01:49:57J'ai déjà vu l'initiative.
01:50:00Je crois qu'ils sont groupés avec Rouen et Le Havre.
01:50:02D'accord.
01:50:03C'est Pierre Denis.
01:50:05Oui, oui.
01:50:07Mais je pense que vous aurez droit à des cours,
01:50:09enfin vous aurez droit peut-être à intervenir.
01:50:11Vous pourrez intervenir parce que je crois qu'il m'a dit que c'était...
01:50:14Ah non, c'est pour les vols paraboliques.
01:50:15Non, vous savez que la région Normandie va faire une série de vols paraboliques
01:50:18et c'est l'université de Rouen justement, du Havre et de Caen
01:50:23qui organise ça en 2025, je pense.
01:50:28On va faire une campagne de vols paraboliques pour la région Normande,
01:50:31pour les chercheurs normands au point de vue scientifique
01:50:33et pour les start-up et les industries normandes.
01:50:36Je veux le camembert en micro-violine.
01:50:39Monsieur, une question ? Je crois.
01:50:41Et pour l'IVEC.
01:50:42Je voulais savoir si les astronomes étaient aussi déçus des études sur la naïve sommeil.
01:50:47Comment ça se déroule et si ça peut être une solution pour les choses
01:50:50qui ont des problèmes de sommeil pareil.
01:50:52Ça m'intéresse.
01:50:54Oui, il y a eu des études. Je pense que ça continue.
01:50:57Le problème qu'on a, c'est qu'enregistrer le sommeil, ça les perturbe quand même un peu.
01:51:01Donc on a eu du mal à la faire accepter, j'ai envie de dire.
01:51:04Mais bon, c'est en cours.
01:51:06Parce qu'eux-mêmes dorment mal.
01:51:07Vous avez entendu parler peut-être de tous ces problèmes d'insomnie.
01:51:11Bon, pour diverses raisons d'ailleurs.
01:51:13Ceux qui vivent à l'heure de l'ombre, on peut croire que c'est ça.
01:51:15Mais ils doivent être 16 jours de soleil.
01:51:17Ah oui, c'est ça, exactement.
01:51:19Donc pour la chronobiologie, c'est pas terrible.
01:51:22Est-ce que vous avez d'autres questions à poser, à nous inviter ?
01:51:27Moi j'ai une dernière question.
01:51:29Ah ben, j'en vois une là.
01:51:32Je passerai après.
01:51:36Question simple. Est-ce qu'on peut mesurer la valeur étonique de la nutrition ?
01:51:40La valeur ?
01:51:41Édonique.
01:51:43Le plaisir qu'on prend à manger ?
01:51:47Dans le cas d'une expédition au pôle Nord.
01:51:49Est-ce que j'attaque la nourriture américaine ?
01:51:51Je sais.
01:51:57Je l'ai mentionné plusieurs fois.
01:51:59Au niveau du CNES, on a un programme où on fournit des repas annuellement pour la station.
01:52:07Chaque année, on vient de les produire cette semaine.
01:52:11C'est pour ça que j'étais en Bretagne.
01:52:13Et on les envoie régulièrement à la station.
01:52:15Ils sont disponibles après pour tous les astronautes.
01:52:17C'est ce qu'on appelle des repas événementiels.
01:52:20Ce n'est pas la nourriture de tous les jours.
01:52:22C'est pareil quand on est sur Terre.
01:52:24On ne va pas au restaurant tous les jours.
01:52:26Ce que le CNES a voulu faire, c'est fournir des repas pour remonter un peu le moral des astronautes
01:52:32et leur amener un peu le plaisir de manger comme on peut avoir quand on va au restaurant.
01:52:38Donc on a designé ces repas autour de...
01:52:43Nous, on utilise la boîte de conserve parce qu'à l'époque où on a redémarré,
01:52:48le moyen de réchauffage était plus adapté à la boîte de conserve.
01:52:52Et donc on utilise cette boîte de conserve comme outil de présentation aussi de la recette qu'on a à l'intérieur.
01:52:57Et ça nous paraît très important de faire cet effort de présentation
01:53:01parce que c'est un des facteurs importants de la qualité du repas.
01:53:06Et si je compare avec certaines recettes qui sont fournies de l'autre côté de l'Atlantique par exemple,
01:53:12qui sont dans des pochettes opaques, aluminium,
01:53:15et où on va plonger la fourchette pour prendre ce qu'il y a à l'intérieur sans le voir,
01:53:19pour moi, oui, l'importance de l'nutrition passe par le plaisir des yeux.
01:53:23Parce que le mâchis...
01:53:25Entre autres aussi, oui.
01:53:27Ça enclenche la digestion.
01:53:29Oui, oui, tout à fait.
01:53:30Et donc qu'avez-vous pensé des repas de Thierry Marx qu'il avait fait pour Thomas Pesquet ?
01:53:35Alors, je ne peux pas en dire du mal.
01:53:37Elles étaient faites au même endroit que les nôtres.
01:53:39Ah oui, d'accord.
01:53:40Non, non, elles étaient bien, oui.
01:53:42Mais ça, c'était le super événementiel, les repas.
01:53:46En fait, au niveau du CNES, on a un programme qui est avec Ducasse, le groupe Ducasse.
01:53:53Et l'ESA a aussi une activité où à chaque fois qu'ils ont un astronaute à bord,
01:53:58ils fournissent des repas avec un chef de la nationalité de l'astronaute.
01:54:02Donc pour Thomas, c'était particulier puisqu'il avait les repas du CNES-Ducasse
01:54:06et les repas ESA faits par Thierry Marx.
01:54:09Mais les deux étaient faits au même endroit.
01:54:11D'accord. Et je crois qu'il a partagé et que ses collègues étrangers étaient très contents de partager.
01:54:16Oui, oui, mais c'est pareil.
01:54:17À chaque fois, en fait, la plupart du temps, les astronautes essayent d'emmener...
01:54:22Alors, quand ils ont accès à ces repas du CNES, par exemple,
01:54:26Thomas, il a monté 96 boîtes de nos repas.
01:54:30Il les a partagées avec les autres aussi.
01:54:33Et quand les astronautes d'autres nationalités,
01:54:36souvent, ils amènent aussi des éléments, des aliments dans les bonus containers
01:54:42pour faire partager et goûter avec leurs collègues.
01:54:45D'accord. Et donc, dernière question. Après, je me calme.
01:54:48Comment dire ?
01:54:50Donc, un étranger qui prend le repas de Thomas Pesquet, au niveau santé, il n'a pas de problème ?
01:54:55Non. Pourquoi ?
01:54:58Il n'est pas habitué ? Enfin, habitué.
01:55:00Alors, déjà, ils les ont goûtés au sol.
01:55:03Ah, d'accord.
01:55:04Il faut savoir qu'en fait, tout à l'heure, j'ai dit que les Américains,
01:55:08ils avaient à peu près 300 recettes.
01:55:10Donc, tous les astronautes vont goûter toutes les recettes disponibles au sol
01:55:14de façon à ce qu'on puisse créer une liste de préférences
01:55:17et une liste d'aliments qu'ils n'aiment pas
01:55:20pour ne pas montrer des aliments qu'ils ne seraient pas consommés.
01:55:23Et après, non, les recettes sont suffisamment stables
01:55:27pour qu'ils tous puissent les manger et les assimiler correctement.
01:55:33On s'habitue vite.
01:55:34Ducas, Marx, généralement, ce n'est pas trop difficile.
01:55:37Il y a pire.
01:55:38Donc, pour animer les longs voyages, il y a moyen après de différencier des repas.
01:55:44Donc, il y a événementiel et de créer une espèce de rythme comme ça
01:55:48où on va animer la convivialité.
01:55:50Après, l'événementiel, nous, on est sur une base de 1 à 2 repas par mois.
01:55:54Ce n'est vraiment pas du repas, on va dire, de tous les jours.
01:55:57Non, non.
01:55:58C'est anniversaire de Noël.
01:55:59Oui, voilà.
01:56:00Les événements.
01:56:02Et donc, ils se distinguent par la valeur étonique qui est supérieure.
01:56:07Autre question ?
01:56:10On va passer au fond de la salle.
01:56:21S'il y a un scénario où des bactéries, par exemple,
01:56:26dont on ne connaîtrait pas l'organisme sur Mars ou sur l'espace,
01:56:31seraient peut-être infectieuses, est-ce qu'il y a des recherches sur ce plan-là
01:56:36ou est-ce qu'on donne des antibiotiques qui sont généraux,
01:56:40comme l'ampicilline ou d'autres ?
01:56:44Il va y avoir des antibiotiques généraux, effectivement,
01:56:46un peu à large spectre à bord de la station.
01:56:48Donc, on peut espérer que ça pourrait fonctionner.
01:56:50Après, oui, il y a un certain nombre d'études sur qu'est-ce qu'on fait
01:56:55et surtout comment analyser les bactéries.
01:56:57Pour l'instant, finalement, on est assez démunis au niveau microbiologie
01:57:01pour étudier...
01:57:03En fait, on va s'assurer que l'eau n'est pas contaminée,
01:57:06mais ça, c'est ce qu'on connaît au niveau des germes classiques.
01:57:09Après, c'est vrai que sur un germe potentiellement...
01:57:12Tout en qu'ils ne sortent pas de la station, ça va.
01:57:14Mais ça, c'est pour Mars, effectivement.
01:57:16Mars ou la Lune.
01:57:17Après, quand ils vont sortir sur Mars, ils ne vont pas sortir sans scaphandre.
01:57:21Sans rien, voilà.
01:57:22Donc, quand ils vont re-rentrer, il y aura ça.
01:57:26Avant que les bactéries rentrent, il va falloir quand même qu'elles travaillent.
01:57:32Il y a des études qui sont faites actuellement sur des satellites
01:57:35pour voir si les médicaments,
01:57:38si certains médicaments ont la même durabilité, etc.,
01:57:41ou si, au contraire, ils sont moins bons plus rapidement, etc.
01:57:45Il y a toute une quantité d'expériences qui sont faites aussi à ce niveau-là
01:57:48qui est assez intéressante pour voir comment les médicaments, on va dire,
01:57:53se dégradent plus facilement, moins facilement,
01:57:56en fonction des radiations, etc.
01:57:59Le champ est large.
01:58:01Une dernière question.
01:58:04Ça sera rapide, merci.
01:58:06Je suis assez impressionnée par la coopération scientifique internationale
01:58:10que doivent nécessiter aussi ces missions-là.
01:58:16Outre le fait que ce soit des professionnels, je suppose qu'enfin,
01:58:19il en reste des humains.
01:58:20Je me demande si, dans votre quotidien,
01:58:22lors des vols, vous êtes amenée justement à devoir gérer peut-être des problèmes culturels
01:58:27ou politiques liés justement à ces divergences internationales.
01:58:31Ça fait sourire Brigitte Goddard, ça.
01:58:33La question politique.
01:58:34En fait, quand vous êtes médecin des astronautes,
01:58:36vous n'êtes plus tellement un médecin classique.
01:58:38Vous gérez tous ces petits problèmes.
01:58:40Enfin, ce n'est pas moi qui gère tout seul, mais je veux dire,
01:58:42il y a un certain nombre de conflits.
01:58:46Alors, ça peut être très intéressant.
01:58:47C'est très riche.
01:58:48Vous apprenez beaucoup de choses.
01:58:49Mais c'est vrai que là, vous temporisez aussi.
01:58:52Le but, c'est de défendre.
01:58:54Enfin, moi, je parle de ce que je connais.
01:58:55En tant que médecin d'astronaute,
01:58:57vous essayez de temporiser que tout se passe au mieux pour lui,
01:59:00de le défendre aussi.
01:59:01Si vous vous apercevez qu'il y a une expérience qui ne passe pas bien,
01:59:04et puis après, effectivement, on en a un petit peu parlé
01:59:07pour les sorties extravéhiculaires au niveau financier.
01:59:10C'est vrai que c'est un très large domaine, ça aussi.
01:59:12Non, mais dans la station, ça se passe bien, en fait,
01:59:14même avec les nouveaux événements.
01:59:15Nous, avant, moi, personnellement, je travaillais énormément avec les Russes.
01:59:18Mais à partir du 23 février 2022, on m'a dit arrêtez.
01:59:23On était en pleine expérience en confinement.
01:59:26On arrêtait du jour au lendemain.
01:59:28Si vous voulez, il y a quand même la géopolitique qui joue beaucoup.
01:59:31Il y a également au niveau des Chinois.
01:59:32On a beaucoup travaillé avec les Chinois, certainement.
01:59:34Maintenant, on va moins sur la station chinoise
01:59:36parce que si on travaille avec les Chinois,
01:59:37on peut difficilement travailler avec les Américains.
01:59:39Il y a toute une question géopolitique.
01:59:41Moi, c'est les affaires internationales qui…
01:59:43Moi, j'essaie de travailler avec tout le monde,
01:59:44mais des fois, on me dit non,
01:59:45tu n'as pas le droit de monter dans la station des Chinois.
01:59:46Donc, je ne monte pas dans la station des Chinois.
01:59:48Mais si vous voulez, c'est vrai que la géopolitique joue quand même beaucoup.
01:59:51Il faut au niveau scientifique, au niveau agence, au niveau tête d'agence,
01:59:54au niveau expérience scientifique, qu'on peut faire en collaboration ou pas.
01:59:57Et sinon, c'est évident que c'est une collaboration scientifique depuis toujours.
02:00:01Moi, je commence à collaborer avec les Russes
02:00:03depuis le vol de Jean-Luc Chrétien.
02:00:07Il n'y a pas si longtemps que ça, au fond.
02:00:09Comment ?
02:00:10Parce qu'il n'y a pas si longtemps que ça, au fond.
02:00:12Non, 81.
02:00:15Est-ce qu'il y a d'autres questions ?
02:00:17Je vais juste placer ma question rapidement.
02:00:20Il me semble que sur l'exploration spatiale,
02:00:22il y a comme une sorte de vieillissement accéléré
02:00:24qui se met en place au niveau des tissus.
02:00:26Et du coup, est-ce que grâce au spatial,
02:00:28on pourrait trouver de nouvelles thérapies anti-vieillissement ?
02:00:32Oui, je pense qu'on en a parlé un petit peu avec le muscle.
02:00:35Donc, oui, c'est le but, en fait, ça serait de trouver des choses.
02:00:38Le problème, c'est que souvent, les astronautes ne vont pas tester ça.
02:00:42En fait, on va tester sur des expériences,
02:00:44sur des volontaires sains avant.
02:00:46Mais c'est le but, en effet.
02:00:48Après, il y a tout ce qui est biphosphonate, etc.
02:00:51On sait que ça fonctionne bien,
02:00:52mais on ne peut pas l'utiliser à bord parce qu'il y a d'autres effets secondaires.
02:00:55Donc, ça se fait en plusieurs temps.
02:00:58On a déjà l'expérience avec le passeur sur les organoïdes,
02:01:02pour voir s'ils vieillissent plus là-haut.
02:01:04Alors, des organoïdes sains, des organoïdes d'enfants
02:01:07qui sont nés avec le syndrome de l'enfant déjà vieillissant.
02:01:12On a des manips avec le généton.
02:01:15Effectivement, on travaille beaucoup sur ce problème de vieillissement.
02:01:18Est-ce qu'on peut ralentir le vieillissement ?
02:01:21Est-ce que le vieillissement est accéléré à quel niveau, etc. ?
02:01:24On pourrait parler tout l'après-midi.
02:01:27Il reste plein de choses à découvrir sur ce sujet.
02:01:31Je crois que vous aviez une question.
02:01:32Ce sera la dernière, normalement courte.
02:01:36Vous disiez qu'effectivement, le mot autonomie va être prépondérant
02:01:39dans les missions Artemis et potentiellement futur Mars.
02:01:42Est-ce qu'au niveau médical, il va falloir qu'il y ait une autonomie
02:01:45sur leur formation ou est-ce qu'il y aura une autonomie
02:01:47sur leur recrutement et qu'il y ait un médecin à bord ?
02:01:50Je crois que c'est une question qui reste ouverte.
02:01:53Est-ce que c'est un médecin ou un chirurgien qu'il faut ?
02:01:56L'intelligence artificielle aussi.
02:01:58Je pense que tout est ouvert à psychiatres.
02:02:01En parlant de méditation, je pense que c'est hyper important.
02:02:05Ça peut être intéressant, je pense, pour essayer de maintenir
02:02:08les astronautes en bonne santé.
02:02:10Et maintenir l'entraînement aussi.
02:02:12C'est vrai qu'il y a tout ça.
02:02:14L'intelligence artificielle.
02:02:16Un médecin, oui, ça serait certainement.
02:02:18Peut-être un dentiste.
02:02:20Merci.
02:02:22Peut-être des vocations.
02:02:23Ça peut susciter des vocations, ce genre de questions-là.
02:02:25Moi et mon collègue, on est médecin.
02:02:27On se posait la question, justement.
02:02:29Vous êtes volontaire pour partir sur Mars ?
02:02:31Je pense que vous pourrez venir leur parler
02:02:33à la fin de cette table ronde.
02:02:35Merci infiniment à tous les quatre
02:02:37de nous avoir accompagnés pendant ces deux heures.
02:02:39Je pense qu'on peut vous applaudir bien fort.
02:02:41Merci vraiment, c'était passionnant.
02:02:43Merci aussi à vous également
02:02:45de nous avoir suivis pendant deux heures.
02:02:47Merci pour vos questions, votre engagement.
02:02:49C'était super.
02:02:51Merci pour de nouvelles rencontres.
02:02:53Bonne fin de journée à tous et bonne fin de journée à vous.
02:02:55Merci infiniment, encore une fois.