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00:00Bonsoir à toutes et à tous, qu'attendent les patrons des candidats aux législatives ?
00:08Bonsoir Michel Picon.
00:09Bonsoir.
00:10Vous êtes président de l'UDP, l'Union des entreprises de proximité, vous représentez
00:13près de 4 millions de TPE, de PME, de l'artisanat, du commerce, des professions libérales, etc.
00:19Bref, les deux tiers des entreprises françaises.
00:22Vous avez reçu, avec d'autres organisations patronales hier, les chefs de file des grands
00:26partis.
00:27Vous en êtes ressorti avec quelle impression et dans quel état d'esprit ?
00:30Alors, on a obtenu un certain nombre de réponses aux questions que l'on avait posées.
00:35Bon, pas forcément des réponses qui nous ont satisfait, certaines qui nous ont laissé
00:39encore dans le doute, aussi bien des candidats du Nouveau Fonds Populaire que des candidats
00:46du Rassemblement National, sachant que les questions qui étaient posées à M.
00:49Le Maire, on connaissait à peu près les réponses puisqu'il s'agit d'une continuité
00:55de la politique qui est menée avec quelques ajustements, mais qui sont bas pour cela,
00:59de nature à nous inquiéter.
01:00Alors, on ne va pas pouvoir égrener toutes les propositions, mais il y en a une qui vous
01:03a fait bondir.
01:04C'est une proposition de l'Alliance de Gauche qui propose de faire passer le SMIC à 1 600
01:08euros net.
01:09Elle a un petit peu complété, aujourd'hui, cette proposition, mais c'est non pour vous,
01:14ça ?
01:15Non, en fait, c'est non.
01:16Moi, je pense toujours aux auditeurs qui nous écoutent aujourd'hui et qui se disent
01:19« mais pourquoi ils ne veulent pas, ils s'opposent à cette mesure ? » Parce que je mesure
01:23combien la vie doit être dure pour ceux qui sont au-dessous de cela.
01:27Mais ensuite, après, faut-il que les entreprises puissent supporter cette augmentation ? Et
01:31les informations que nous avons, et notre conviction, c'est que c'est non.
01:34C'est-à-dire que ça va faire du dégât.
01:36Les précisions qui sont données aujourd'hui, moi, elles ne me rassurent pas.
01:42Elles proposent aux entreprises de leur prêter de l'argent à taux zéro pour pouvoir faire
01:46face à cette mesure.
01:48Alors, je précise, effectivement, le nouveau Front Populaire a chiffré son programme tout
01:51à l'heure, reconnaissant que dans les premiers mois, certaines PME, TPE pourraient avoir
01:55besoin d'être aidées, donc proposent des accompagnements, fonds de solidarité pour
02:00le développement, pour la reprise à 0% des charges financières, des avances à 0% sur
02:04un ou deux ans par le pôle public bancaire, si la situation financière est difficile,
02:09un dispositif de crédit bonifié, tout ça, vous dites, ça ne suffira pas ?
02:13Tout ça, les prêts garantis par l'État, les prêts bonifiés, le taux zéro, tout ça,
02:18il faut rembourser, évidemment.
02:20Et puis, moi, je suis assez quand même sidéré qu'on puisse proposer des mesures dont on
02:25sait, ceux qui les proposent, dès le départ qu'elles ne sont pas applicables et on dit
02:30mais pour que vous puissiez les appliquer, on va vous prêter de l'argent.
02:33On est tout de même dans un monde un peu curieux.
02:38Soit c'est possible et c'est possible, moi, ce que je pense, c'est qu'il faut travailler
02:41sur les salaires.
02:42D'ailleurs, nous y avons commencé, mais il faut renvoyer ça dans les branches, secteur
02:47par secteur, là où c'est possible.
02:49Et on a déjà fait beaucoup de choses.
02:51Je rappelle que l'hôtellerie-restauration a augmenté les salaires de 15% l'année
02:56dernière.
02:57Donc, quand c'est possible et quand il y a de la marge, les branches peuvent négocier
03:00dans le cadre du dialogue social et du paritarisme, mais une augmentation brutale comme ça, applicable
03:05à tous, je pense que ce n'est pas raisonnable.
03:07Je vais vous parler d'autres propositions, celle-ci d'URN avec Jordan Bardella qui promet
03:11notamment des augmentations salariales exemptées de cotisations patronales jusqu'à un certain
03:15seuil, qui s'engage aussi, en cas de majorité absolue à l'Assemblée, à une baisse de
03:19la TVA sur l'électricité, le gaz, le fioul et les carburants.
03:23Ça vous, qu'en pensez-vous ?
03:24Alors, pour ce qui est d'une augmentation de salaire de 10% exonérée de cotisations
03:29sociales, je dirais que c'est un habillage, mais qui existe déjà.
03:32C'est là ce qu'on a appelé la prime Macron, la prime sur la valeur, qui permet de verser
03:37non seulement hors cotisation sociale jusqu'à 3 000 euros.
03:42Si vous voyez, 10% dans les 3 000 euros, on y est.
03:45Donc, ce n'est pas une grande nouveauté.
03:47En ce qui concerne la baisse de la TVA, alors la baisse de la TVA, d'abord, on n'est jamais
03:52certain qu'elle soit répercutée, on m'explique que oui, on contrôlera, on mettra des dispositifs.
03:57Moi, je ne suis pas certain qu'à la pompe, les Français, cette baisse de la TVA, quand
04:01ils vont partir en vacances, ils vont la trouver, parce qu'il y aura toujours une bonne raison
04:05pour que les grandes compagnies pétrolières, elles disent « ah ben oui, mais le raffinage
04:08a augmenté, les dispositions qui ont été prises nous ont augmenté nos coûts de production
04:13et par conséquent, on n'a pas tout ». Bon, c'est une promesse.
04:15Moi, je suis assez sceptique.
04:18D'une manière générale, de toute façon, Jordan Bardella lisse tous ceux qui peuvent
04:22contrarier et dit « on en parlera plus tard, on verra plus tard, la réforme de la retraite,
04:27on verra plus tard ». Mais c'est tout de même un chèque en blanc qui est demandé.
04:32Il y a quelque chose aussi qui s'est produit avec cette dissolution, c'est qu'il y a des
04:35projets de loi qui ont disparu, ou en tout cas, à ce stade, qui ne sont plus certains
04:40de réapparaître dans la prochaine législature, notamment celui sur la simplification.
04:44Ça, vous vous y teniez, à ce texte-là ?
04:46Évidemment.
04:47Évidemment, c'est plus d'une année de travail que nous avons mené avec les équipes,
04:51aussi bien de la direction générale des entreprises, aussi bien que l'ensemble des ministères.
04:55Nous avions fait 130 propositions de simplification pour décorseter l'activité des petites
05:01entreprises, lever de la charge qui leur bouffe du temps.
05:05Et ce dossier est prêt, il est en examen au Sénat, et on n'a pas de garantie, d'aucun
05:10candidat, l'exception bien évidemment de la majorité sortante, on n'a pas de garantie
05:15que ce travail va être repris.
05:16M.
05:17Bardella a dit qu'il allait en faire un autre, il allait faire des pochettes, la rouge, la
05:23verte, trois pochettes, la priorité, mais c'est déjà fait.
05:28Je veux dire, le pays souffre de ces coups de balai, les entreprises elles ont besoin
05:33de continuité et de lisibilité.
05:36Et le fait qu'il y ait un projet de loi qui fait l'unanimité dans les entreprises,
05:41et qui ne soit pas repris par engagement, ce n'est pas parce que c'est les autres
05:45qui l'ont fait que ce n'est pas bon en fait, il faut être un peu plus pragmatique
05:48nous semble-t-il.
05:49Alors on a parlé de ce qui ne vous allait pas, mais vous avez, je crois, vous UDP envoyé
05:52des questionnaires aux formations pour savoir ce que pensent les candidats de tel ou tel
05:56sujet, c'est ça ?
05:57Absolument, nous avons envoyé 21 priorités, et nous avons posé 15 questions extrêmement
06:02précises sur l'apprentissage, plein de sujets qui sont très importants, pratico-pratiques.
06:08Nous les avons adressés en début de semaine, on n'a pas encore de réponse, mais les
06:12réponses devraient nous parvenir lundi ou mardi, nous les collecterons, nous les transmettrons
06:18à l'ensemble des médias, mais bien évidemment à tous nos adhérents, et ensuite, éclairé,
06:23nous n'avons pas de consigne de vote.
06:24C'était ce que j'allais vous demander, éclairé mais pas de consigne de vote à
06:26donner.
06:27Non, nous n'avons pas de consigne de vote.
06:28Nous ne sommes pas un parti politique, moi le mandat que j'ai c'est de défendre
06:32les intérêts des petites entreprises, et ce mandat ne m'amène pas à pouvoir dire
06:36où est le bien, où est le mal, chacun choisira, le travail de l'UDP c'est d'éclairer
06:41ce choix.
06:42Merci beaucoup Michel Picon, vous êtes président de l'UDP, l'Union des entreprises de proximité,
06:46et vous étiez ce soir l'invité d'Eco de France Info.