Argentine : le président Milei a-t-il tenu ses promesses de campagne ?

FRANCE 24

12/06/2024

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00:00Le populisme qui gagne du terrain partout dans le monde, il est au pouvoir depuis six mois maintenant en Argentine,

00:05porté par le président ultralibéral Javier Millei.

00:09Le président anti-système s'est félicité d'un début de mandat positif grâce à ce qu'il appelle une thérapie de choc qu'il a administrée au pays.

00:16Bonjour Léa Hurel, on vous retrouve en direct de la rédaction hispanophone de France 24 à Bogotá.

00:21En six mois, le président Millei a-t-il tenu ses promesses de campagne ?

00:26Bonjour Julien. Alors, Javier Millei, en six mois, il avait promis des mesures choc,

00:33et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a tenu ses promesses.

00:36Il a bel et bien commencé à appliquer sa stratégie de la tronçonneuse, comme il l'appelle,

00:41qui est en fait une stratégie de couper un maximum de subventions dans les secteurs publics afin de réduire le déficit.

00:49Et le gouvernement, voilà, il s'est félicité de ce changement de cap, de ce changement vers un cap plus austère,

00:55au niveau de l'Argentine, et s'est entré dans une ère d'austérité en assurant que c'était le seul moyen

01:00de parvenir à la stabilité économique en Argentine.

01:04Et certains résultats sont plutôt positifs, cette stratégie, elle a commencé à apporter ses fruits,

01:09en tout cas du point de vue économique.

01:10Javier Millei, c'est le premier président à présenter un excédent budgétaire en dix ans en Argentine,

01:17et l'inflation, elle a effectivement ralenti ce mois-ci.

01:21Elle devrait se situer autour des 5%, mais à quel coût ?

01:24Et reste à voir aussi si ces mesures sont pérennes.

01:27Le Fonds monétaire international, il indique déjà que l'Argentine pourrait terminer l'année 2024

01:34avec un taux d'inflation annuel de 150%, et à cela s'ajoute l'augmentation galopante de la pauvreté.

01:42Une étude publiée la semaine dernière par l'Observatoire de la dette sociale de l'Université catholique

01:47a établi que plus de 55% de la population vivait aujourd'hui en dessous du seuil de provété.

01:52Ça, ça représente plus de 20 millions de personnes.

01:56À cela s'ajoutent plusieurs scandales au niveau de l'aide sociale.

02:00Le dernier en date, il concerne 5 millions d'aides alimentaires stockées et pas distribuées par l'État.

02:06Donc, voilà, si effectivement la stratégie économique de Javier Millei,

02:10durant ces six premiers mois, a commencé à porter ses fruits,

02:13eh bien, le contexte social, lui, est particulièrement tendu en Argentine aujourd'hui.

02:17Le président Millei, Léa, qui s'était aussi démarqué à l'international, de quelle manière ?

02:24Oui, Julien, alors, Javier Millei, en six mois de mandat, il a vu du monde,

02:28il a effectué déjà sept voyages à l'étranger.

02:32Sur ces sept voyages, il n'y en a aucun qui a été effectué dans un des pays voisins de l'Argentine,

02:36mais sur ces sept voyages, il y en a quatre qui ont déjà été effectués aux États-Unis.

02:41Et ce sont des voyages qui n'ont pas vraiment œuvré au renforcement des relations

02:45entre Javier Millei et d'autres chefs d'État.

02:48Il s'est souvent passé du protocole.

02:50Javier Millei, il a très peu rendu visite, voire pas du tout, à des chefs d'État.

02:54Il a privilégié les rencontres avec des chefs d'entreprise,

02:56comme Elon Musk ou comme Mark Zuckerberg,

02:59et à part rendre visite à des grands patrons,

03:01eh bien, Javier Millei, il a aussi attiré l'attention des médias internationaux

03:06pour ses attaques contre différents chefs d'État.

03:08Notamment, il a eu des propos très durs envers le président mexicain,

03:12Andrés Manuel López Obrador, aussi envers le président colombien, Gustavo Petro.

03:16On avait parlé dans une chronique, il y a quelques semaines,

03:20vous vous rappelez sûrement de sa fameuse dispute avec le chef du gouvernement espagnol,

03:24Pedro Sánchez, et il a également des rapports assez compliqués avec le pauvre François,

03:29qui pourtant est un compatriote argentin.

03:31Donc, ce que l'on peut dire de nouveau, c'est que sur six mois de mandat présidentiel,

03:37il n'y a pas eu vraiment de surprise au niveau de la présence sur la scène internationale de Javier Millei.

03:42Il veut montrer qu'il est un président qui n'est pas comme les autres.

03:45Il ne joue pas dans la finesse et compte bien le rester ainsi.

03:48Ça, on l'avait bien compris. Il y a six mois éprouvants qui sont passés, Léa.

03:51Il faut s'attendre à quoi pour la suite ?

03:56Alors, qu'est-ce qui va arriver dans les six prochains mois ou dans la prochaine année ?

04:00Eh bien, on parlait de ce contexte social assez compliqué.

04:04Autre situation très compliquée, c'est la situation législative.

04:07En six mois, pour le moment, aucune loi n'a été approuvée par le gouvernement de Millei.

04:13Et pourquoi est-ce qu'il n'est pas parvenu à approuver, ne serait-ce qu'une loi ?

04:17Eh bien, c'est parce que sa coalition au niveau du Parlement, elle est minoritaire.

04:21Et sans l'accord du Parlement, il est impossible de réformer structurellement, de réformer en profondeur l'Argentine.

04:29Or, il clame, Ravier Millei, que la fameuse reprise économique qu'il avait promis pendant sa campagne,

04:33elle est conditionnée par sa loi Omnibus, dont le nom le plus spécifique est d'ailleurs la loi BASE.

04:39Cette loi, qu'est-ce que c'est ? C'est une loi massive qui est passée de plus de 600 articles à 232 articles,

04:45qui cherche à créer les BASES, comme son nom l'indique, d'un nouvel État en Argentine,

04:50sans entreprise publique, avec une réglementation de travail plus flexible, des modèles industriels réduits,

04:57moins d'aides aux provinces, peu d'investissements publics, mais aussi plus d'impôts sur les travailleurs.

05:02Cette loi, son examen, il a commencé aujourd'hui au Sénat argentin.

05:07Donc, on va savoir très prochainement si elle va être approuvée.

05:10Si elle est approuvée, ce serait la première grande victoire législative pour Ravier Millei.

05:14Mais pour le moment, en tout cas, c'est ce que racontent tous les médias argentins surtout,

05:18c'est que vraiment, le débat risque d'être très incertain et très tendu et très serré, en tout cas, par rapport à son approbation.

05:24Et on le suivra, bien sûr, avec vous, les AURL.

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